L'empereur Théodose a partagé l'empire entre ses
deux fils et l'ainé, Arcadius va régner en
Orient, il a environ dix-huit ans. Il est associé
à l'empire depuis l'âge de six ans, plusieurs fois
consul, mais il manque d'expérience bien qu'il soir auguste
depuis l'âge de 9 mois, soit le 19 janvier 383 ! Le pouvoir
réel est exercé par Flavius Rufinus comme en
Occident, il est aux mains de Stilichon. Et l'année 395 se
termine par un raid d'Alaric, mécontent de la
façon dont il est traité après la
campagne de Théodose contre l'usurpateur Arbogast. Son
attaque qui va le mener jusqu'aux murs de Constantinople,
entraîne le pillage de la Thessalie et la prise
d'Athènes. A cette épreuve s'ajoute le
franchissement du Danube gelé par les Huns alors
que les Wisigoths qui le gardent sont emmenés par
Théodoric jusqu'à Rome.
Les Huns attaquent la Syrie et pillent Antioche. Les
Goths qui pillent la Thrace, l'Illyricum et la Mésie,
apprenant cette nouvelle, fuient vers le Sud et entrent
profondément dans l'Empire. La solution prévue
par Théodose, Stilichon protégeant les deux
jeunes empereurs ne convient pas du tout à la cour de
Constantinople, aussi comme l'Illyricum vient d'être
rattaché à l'empire d'Occident, toujours par
Théodose, les rapports sont très froids entre
les deux empires.
L'empereur Arcadius (395 - 408)
Rufin et
Eutrope
Le pouvoir est entre les mains de Rufin, le préfet du
prétoire, originaire du sud ouest de la Gaule et
favorisé par Théodose. Il offre sa fille en
mariage au jeune empereur et veut associer la pourpre
impériale à sa famille. Stilichon apprenant cette
nouvelle, part pour l'Orient et chasser Rufin. Ce dernier obtient
d'Arcadius un ordre obligeant Stilichon à rester en
Occident. L'autorité de Rufin est grignotée par
Flavius Eutropius, le Grand Chambellan au service de l'empereur.
Eutrope profite de l'absence de Rufin pour, le 27 avril 395, faire
épouser Eudoxie, la fille d'un général
franc nommé Bauto, à l'empereur Arcadius. Et
Stilichon renvoie les troupes que Théodose a
ramenées d'Orient et qui sont réclamées
par Rufin. Ces troupes sont commandées par Gaïnas,
un général goth que Stilichon a chargé
d'éliminer Rufin. Quand le préfet du
prétoire vient inspecter ces troupes le 27 novembre 395, il
est entouré par les soldats de Gainas qui l' assassinent.
Eutrope remplace Rufin et récompense Gaïnas en le
nommant comes reis militari (comte des affaires militaires).
Pendant ce temps, Alaric ravage la Grèce, la Thrace, la
Macédoine et le Péloponnèse sont
pillés et les Grecs prisonniers sont vendus comme esclaves.
Eutrope ne peut l'en empêcher et Stilichon doit venir les
chasser en 396. Mais
Eutrope réussit à éloigner Alaric en
l'installant en Illyrie d'où il menace l'Occident ce qui
occupe Stilichon.
Un parent de Gaïnas, nommé Tribigild,
également officier dans l'armée romaine,
insatisfait d'une réception par l'empereur et
inspiré par les prouesses d'Alaric, met avec ses
troupes, la Phrygie à sac. Les mécontents se
joignent aux rebelles et cette petite armée ravage
la Lydie. Gainas ne réagit pas et annonce qu'il
préfère négocier. Eutrope envoie les
légions contre ces mutins. Trigibild,
déjà en difficulté avec les
montagnards pisidiens, et affaibli dans une embuscade par
les paysans de Pamphylie, voit ses guerriers goths basculer
du côté de l'empereur. Le reste de l'armée
de Trigibild est dispersé par les légionnaires.
Trigibild s'enfuit avec 300 hommes et il est
éliminé en 400 ou 401, ses fidèles
s'éparpillent. Le contrôle du faible Arcadius est
total et en 399, Eutrope devient consul. Mais Eudoxie n'est pas
dénuée de caractère et en août
399, une intrigue de palais exile Eutrope à Chypre
puis il est décapité.
A ce moment, Gaïnas tente sa chance et veut devenir le
maître de l'Orient. Il entre dans Constantinople avec trente
mille goths, (y compris les femmes et les enfants), écarte
le nouveau préfet du prétoire Aurélien
en fin d'année 399. Ces Goths sont adeptes de l'arianisme et
le patriarche Jean Chrisostome attise les chrétiens
orthodoxes. Mais après six mois de désordres dans
la cité, une grande hostilité se manifeste dans
la population et le 12 juillet 400, un affrontement provoqué
par Eudoxie, dégénère en une
élimination de sept mille barbares. Gaïnas s'enfuit
vers la Thrace, mais il faut traverser l'Hellespont.
Dépourvu de navires, Gainas fait construire des radeaux,
le bois étant abondant, mais au moment de passer, Fravitta,
un général goth combattant pour l'empereur,
l'attaque avec une flotte et détruit les radeaux et de
nombreux rebelles. Gainas pense alors qu'un corps de cavaliers
est plus mobile, avec ses compatriotes, il élimine les
auxiliaires ralliés, jugés peu sûrs et atteint
rapidement la Thrace. Pendant ce temps Fravitta rentre à
Constantinople se faire applaudir par le peuple. Mais Gainas ne va
pas loin, il est capturé par le roi hun Uldin qui envoie sa
tête à Constantinople, en décembre 400.
Eudoxie, débarrassée de ces ambitieux "conseillers"
peut diriger la politique de l'empire. Mais un sujet les oppose
vraiment. Arcadius est nicéen et pieux et compte
persécuter les hérétiques et Eudoxie
est arienne et intrigue pour faire exiler le patriarche Jean
Chrisostome. Elle y réussit deux fois, au prix de forts
affrontements entre ses partisans et ceux du patriarche, la
cathédrale Sainte Sophie est incendiée le 6
octobre 404.
Le
règne de Théodose II
Arcadius meurt dans son lit le 1er mai 408. Théodose II,
son fils lui succède mais il n'a que sept ans. Il est
César depuis 402. Le préfet du prétoire
Anthème assure la régence jusqu' à sa
mort en 414. Anthème noue des relations diplomatiques
apaisées avec les Perses Sassanides. Le chef Hun Uldin,
vers 408, envahit la Mésie mais son offensive est
bloquée et il rebrousse chemin. L'empereur renforce les
défenses sur le front du Danube et commence en 413, la
construction d'une grande muraille pour protéger la
cité de Constantinople contre les menaces des barbares.
Cette muraille est longue de sept kilomètres et sept cents
mètres, c'est une triple ligne de défense, de la
Corne d'Or à la Propontide. Du point de vue de l'assaillant,
voyons les obstacles à surmonter.
D'abord, il rencontrera un fossé sec (le relief ne permet
pas de le remplir d'eau), de quinze à vingt mètres
de large, profond de cinq à sept mètres et
hérissé de pieux destinés à ralentir
le pas ! Pour éviter le comblement, ce fossé est
bordé par des murs maçonnés d'escarpe
et de contre escarpe. Puis il trouvera un glacis ou péribole
extérieur de quatorze mètres de profondeur,
hérissé de quatre-vingt-douze tourelles carrées,
hexagonales ou en demi-lune de dix mètres de haut,
disposées en quinconces avec les tours du mur intérieur.
Il sera alors face au mur extérieur qui mesure huit mètres
cinquante de hauteur et est épais de deux mètres. S'il
franchit ce mur extérieur, il trouvera derrière un autre
glacis ou péribole intérieur de douze mètres de
large. Enfin il verra le mur intérieur, dominé par un
chemin de ronde à courtines situé à onze
mètres de hauteur, épais de cinq mètres et
hérissé de quatre-vingt-seize tours espacées
d'environ quatre-vingt mètres. Ces tours sont de formes
variables, allant du carré à l'octogone, hautes de
quinze à vingt-trois mètres, épaisses de cinq
mètres et avancent de huit à dix mètres dans le
péribole. Elles comportent deux étages abritant les
défenseurs. Ce dispositif mérite sa réputation
d'invulnérabilité qui ne craint que les tremblements
de terre. Ensuite l'artillerie de Mehmet II pourra y faire des
brèches ... en 1453 !
Une des murailles de Théodose II
En 414, Anthème meurt et Pulchérie, la soeur
aînée de Théodose II, devient
régente, elle est âgée de quinze ans
mais elle a un caractère affirmé. Elle est
rapidement nommée Augusta et elle obtient, en 421,
le mariage de l'empereur et d'Athénaïs, une
païenne, la fille d'un rétheur d'Athènes,
après le baptême de la promise sous le nom
d'Aelia Eudocia. Une fois mère d'une petite fille,
Licinia Eudoxia, Pulchérie la nomme Augusta. Mais
la nouvelle impératrice supplante Pulchérie
dans la tête de l'empereur. Théodose II est
aussi sous l'influence de l'égyptien Cyrus, du
maître des Offices Nomus et de l’eunuque
Chrysaphius. Pulchérie accuse faussement
l'impératrice d'adultère et Aelia Eudocia
est exilée à Jérusalem.
Pulchérie reprend son rôle auprès de
l'empereur mais Chrysapius est toujours là.
Les bonnes relations avec la Perse sassanide dont Arcadius avait
bénéficié ne sont plus qu'un lointain
souvenir. En effet, le souverain perse Yazdgard 1er est très
tolérant avec les chrétiens et
l'évêque Marutha. Mais il change radicalement de
politique une fois que l'évêque adjoint Abdas
donne l'ordre de brûler le temple de Zoroastre à
Ctésiphon et qu'il refuse de le reconstruire. Yazdgard
permet aux prêtres zoroastriens de détruire toutes
les églises chrétiennes et les chrétiens
sont arrêtés en masse. Ils fuient en nombre vers
l'empire d'Orient et demandent protection à l'empereur.
En 420, Bahram V Ghûr, le nouveau souverain sassanide
réclame auprès de Théodose II les
chrétiens perses réfugiés. L'empereur,
poussé par sa soeur dévote Pulchérie,
refuse et c'est la guerre qui va durer un an de 421 à
422. La paix entre les deux puissances durait depuis 395
Région de la frontière entre l'Empire Romain d'Orient et
la Perse (origine wikipedia)
En 421, l'empire d'Orient envoie une forte armée en
Arménie, commandée par le magister militum
Ardaburius, Alain d'origine, qui est vainqueur du
général perse Narsehi. La province
arménienne d'Azarene est pillée. Narsehi s'est
réfugié dans la cité de Nisibis et
Ardaburius en fait le siège. Pendant ce temps, l'empereur
envoie ,les troupes stationnées en Thrace, en renfort vers
l'Arménie et les Ostrogoths installés en Pannonie
sont autorisés à s'installer en Thrace. Narsehi
demande une trêve mais Ardaburius qui a reçu ces
renforts, refuse. Mais devant l'armée
considérable que Bahram V dirige en personne pour secourir
Nisibis, Ardaburius lève le siège de Nisibis et
se dirige vers la Mésopotamie que Narsehi tente d'attaquer
et le bat. Puis comme Rua, le roi des Huns, attaque la Dacie et la
Thrace, l'empereur, ne voulant pas d'une guerre sur deux fronts,
rappelle Ardaburius. Aussitôt l'armée de Bahram V
tente un assaut sur la cité fortifiée de
Theodosiopolis (actuellement Erzurum en Turquie), mais cet assaut
échoue malgré les machines de siège de
l'armée perse. En 422, cette guerre se termine rapidement
car selon une tradition fréquente chez les Sassanides, un
combat singulier a lieu devant les troupes. Il oppose le champion des
Perses et un gymnaste goth romanisé et celui ci remporte le
combat. Bahram V n'a pas d'autre choix que de demander la paix. Un
traité est négocié et signé
par les deux belligérants. C'est un retour à la
situation d'avant le conflit (statu quo ante), les deux parties
conviennent de rejeter les transfuges arabes (Lakhmides ou Ghassanides)
et de garantir la liberté de religion dans leurs territoires
respectifs. La paix est signée pour 100 ans !
Mais il ne faut pas attendre si longtemps pour voir une
armée perse traverser la frontière. En effet en
moins de vingt ans, les Romains ont construits des fortifications
près de la frontière vers Carrhae. Le souverain
sassanide, Yazdgard (Yezdegerd) II intervient rapidement et envoie en
438, une armée comprenant des alliés indiens et
prend les Romains par surprise. Mais une inondation importante
empêche l'armée perse d'avancer.
Théodose II demande la paix et envoie son commandant de camp
pour négocier. En 441, les deux puissances s'engagent
à ne plus construire de fortifications proches de la
frontière. Yazgard II qui est en bonne position, ne
réclame rien d'autre car la Perse subit des incursions de
Kidarites.
Mais bientôt l'armée d'Orient part pour d'autres
fronts. En effet en 423, l'empereur d'Occident, Honorius meurt sans
enfants. Théodose II songe à reconstituer
l'Empire romain et il choisit son cousin, le neveu d'Honorius comme
futur empereur, car c'est un enfant de quatre ans. Mais à
Ravenne, un candidat est choisi par les fonctionnaires de la cour, il
s'agit de Jean (Johannes) le primicier des notaires, non reconnu
à Constantinople. Théodose prépare la
guerre et une armée qui est confiée au
général Ardaburius. De son côté,
l'empereur Jean charge Aetius de recruter des mercenaires huns.
Le plus rapide est Ardaburius qui arrive à
Aquilée par navire en mai 425 pendant que son fils Aspar
conduit la cavalerie par la route. Mais Ardaburius voit son navire
envoyé dans le port par la tempête et il est
capturé par les soldats de l'empereur Jean. Ce dernier
le traite fort bien espérant que Théosose lui en
saura gré et peut être fera la paix pour
récupérer son général.
Ardaburius en profite pour gagner des officiers de Jean et parvient
à prévenir Aspar qui se précipite
à Ravenne, se saisit de Jean et l'envoie
enchaîné à Aquilée. Jean a
la tête tranchée. Le futur Valentinien III et sa
mère Gallia Placidia sont prêts à
gouverner ce qui reste de l'Occident quand trois jours plus tard,
Aetius se soumet à Gallia Placidia.
L'empereur veut éviter la confrontation directe avec les
Huns et il accepte de leur payer un tribut dès 422. En 430,
les Huns sont reconnus par l'empereur comme
fédérés et vers 435, des
négociateurs sont envoyés par l'Empereur
auprès de Bleda et Attila, aux environs de Margus, en
Moésie inférieure. Le tribut versé par
Constantinople est doublé et atteint 700 livres d'or et
l'Empire d'Orient s'engage à livrer tous les Huns en fuite.
En 425, à Constantinople, Théodose fonde
l'Université. On y enseigne la grammaire latine, la
grammaire grecque, l'éloquence latine,
l'éloquence grecque, la philosophie et le droit.
L'empereur fait compiler tous les textes constitutionnels depuis 312,
ce recueil est connu depuis 438 sous le nom de Codex Theodosianus. Mais
d'autres soucis atteignent la cour de Constantinople
dans le domaine religieux.
L'objet de la controverse est encore la nature du Christ et
à présent le statut de la Vierge Marie. De
nombreux évêques et l'archevêque de
Constantinople Nestorius, n'acceptent pas le dogme de la double nature,
humaine et divine de Jésus Christ, et sont en opposition
frontale avec le patriarche d'Alexandrie Cyrille. Le concile
d'Ephèse de 431, réaffirme la doctrine et
condamne Nestorius. En fait la thèse de Nestorius qui
considère que la mère de Dieu ne peut
être une femme créée, est
condamnée par l'Eglise de Rome et à
Constantinople le soutien de Rome est nécessaire.
Mais un deuxième concile d'Ephèse se tient en 449
avec une majorité de prélats qui suivent
l'hérésie d'Eutyches qui affirme la seule nature
divine du Christ, selon Socrate de Constantinople. L'archimandrite
(supérieur d'un couvent) Eutychès,
protégé par l'empereur, n'hésite pas
à utiliser des arguments "frappants" pour imposer ses vues.
Mais le patriarche de Constantinople, Flavien condamne cette doctrine.
Une intervention de la flotte romaine d'Orient suit la prise de
Carthage par Genséric. En effet les Vandales sitôt
entrés par surprise dans Carthage, se précipitent
sur la Sicile au printemps 440 et débarquent dans la partie
occidentale de l'île. Aussitôt ils marchent sur
Palerme. Mais la flotte a le temps d'apporter des renforts et le
siège de Palerme échoue. Les Vandales s'installent
solidement à Lylibée comme
avant eux les Puniques. A Constantinople, on ne peut que
constater la passivité de l'Empire d'Occident devant
la mainmise des Vandales sur l'Afrique du Nord romaine. Et les
raids de la marine Vandale concernent aussi l'Empire d'Orient.
Pendant que l'Empire d'Orient est occupé par ses guerres
contre les Perses ou les Vandales, les Huns se montrent
menaçants. Ainsi, ils attaquent en Thrace sous le
commandement de Rugila et celui ci serait mort frappé par la
foudre, vers 434. Ses deux neveux, Bleda et Attila lui
succèdent et interviennent sur le plan diplomatique. Le
tribut versé par l'Empire est doublé et
l'Empereur promet de ne plus s'allier avec les barbares ennemis des
Huns. Quand les Perses envahissent l'Arménie et mobilisent
l'armée romaine, Bleda attaque l'Empire d'Orient. Mais
Attila ne le soutient pas, il mène une politique
séparée, et négocie avec l'Empire, la
restitution des princes huns réfugiés
à Constantinople depuis la mort de Rugila.
En 444, 445, Bleda meurt probablement de la main d'Attila et ce dernier
devient le seul maître de l'empire hunnique. Pour conserver
le soutien des populations germaines qui accompagnent les Huns, Attila
est obligé de faire la guerre. Aussi en 445, il conquiert la
province de Pannonie-Savie, ce que l'empereur Valentinien III
régularise en nommant Attila maître de la milice.
Mais en janvier 447, un tremblement de terre dévaste
Constantinople et détruit une grande partie de la muraille.
Attila se retourne alors vers l'Empire d'Orient et l'attaque avec le
soutien des Gépides et des Ostrogoths selon Etienne
Demougeot. Il y a aussi des Alains aux côtés des
Huns. Ce raid traverse l'Illyricum et la Thrace, les Dacies, la
Mésie et jusqu'à la Propontide sont
ravagées. En Grèce, Attila traverse la
Macédoine et la Thessalie et s'avance vers le
défilé des Thermopyles. Mais les troupes romaines
sont regroupées à Marcianopolis en Moesie II.
Là, Aspar et Aeobinde ainsi que Arnegisdys, le
maître de la milice de la Moesie inférieure
réussissent à lui barrer la route à la
bataille de la rivière Utus dans l'actuelle Bulgarie.
Cette bataille est très sanglante et les pertes
sont importantes des deux côtés. Mais Arnegisdys a
son cheval tué sous lui et meurt après une
farouche résistance. Sa disparition provoque la
défaite.
Carte de la Moesie avex Marcianopolis en 400
origine wikipedia
L'armée romaine continue de menacer les flancs de
l'armée d'Attila qui doit faire un détour par
Serdica (actuellement Sofia) pour continuer son chemin vers
Constantinople. Pendant ce temps, les murailles de la capitale sont
restaurées. Attila rebrousse chemin. A partir de ce moment,
l'Empire d'Orient ne paire plus le tribut aux Huns et les
arriérés ne sont pas payés..Les
négociations se poursuivent sans résultats. Mais
en 448, le Patrice Anatole obtient un traité de paix
provisoire avec Attila. Le Hun obtient le paiement des sommes dues et
réclame la création d'une marche
frontière en Moésie et la création
d'un marché à Naissus. Mais les Romains ne
peuvent accepter. A la cour de Constantinople, Chrysaphius corrompt
Edika, le roi skire pour faire assassiner Attila. Ce plan est
déjoué par le secrétaire d'Attila,
Flavius Oreste et Attila réclame Chrisaphius directement
à l'Empereur. Enfin en 450, le traité est
signé entre Attila et le Patrice Anatole. Attila renonce
à ses exigences territoriales ainsi qu'à ses
demandes d'extraditions et libère sans caution, beaucoup de
prisonniers romains. Le 28 juillet 450, l'Empereur
décède des suites d'une chute de cheval.
Sa soeur Pulchérie se marie avec un officier, Marcien, un
adjoint d'Aspar et lui remet la couronne impériale le 25
août 450 en ignorant tout à fait les droits de
Valentinien III de désigner un empereur pour l'Orient.
Le nouvel empereur a cinquante quatre ans, ce mariage est
purement politique. Sa fille, Aelia Marcia Euphemia
épousera le futur empereur d'Occident Anthémius.
Comme le parti des bleus (sénateurs et aristocrates)
triomphe, la politique favorable aux Huns change rapidement et celui
qui l'incarnait, Chrysaphius est éliminé peu
après le couronnement du nouvel empereur. Marcien refuse de
continuer à payer le tribut à Attila. Le
souverain des Huns hésite et comme il sait qu'il ne peut
prendre la cité de Constantinople, il se
décide à tenter sa chance en Occident, une proie
assurément moins défendue et tout de
même riche. Marcien "accompagne" la migration des Huns vers
l'Occident en concentrant des troupes dans les Balkans sur leurs
arrières, en 452.
Mais l'empereur ne s'intéresse guère à
la situation de l'Occident qui doit contenir l'invasion d'Attila. En
454, Marcien reconnait l'empereur d'Occident Avitus, mais il ne
s'occupe pas de la guerre contre les Vandales. L'empereur est
mobilisé en Orient. En Syrie, le général
Ardaburius est vainqueur des tribus arabes à Damas et
obtient avec eux la paix. Les Perses de leur côté
se livrent à quelque raids mais Marcien
rétablit la paix. Le Grand Chambellan Maximin est
envoyé en Thébaïde pour enrayer les
attaques des Blemmyes et des Nubiens selon Priscus et Jornandes.
Procope écrit que depuis l'empereur Dioclétien,
une promesse a été faite de donner tous les ans,
une somme d'argent, aux Nubiens qu'il nomme Nobates et aux Blemmyes. Le
traité de paix est conclu dans le temple de Philae. Le
règne de Marcien est marqué par le concile de
Chalcédoine qui consacre le triomphe de la foi catholique
face au nestorianisme et aux monophysites. Les relations avec le
pape Léon 1er sont très bonnes. Marcien envie des
troupes contre la Lazique (correspondant aujourd'hui à
une partie de la Géorgie) qui veut être
indépendante mais son successeur abandonne ce projet.
L'empereur a une politique économique prudente qui
laisse un trésor bien rempli. Marcien meurt en janvier
457 d'une gangrène.
Léon
1er et les Isauriens
Flavius Valerius Leo est tribun militaire et sa famille est Thrace, de
la tribu des Besses qui vivent sur le cours supérieur de la
Maritsa et le versant nord des Rhodopes, actuellement en
Bulgarie. Le magister militum de l'Orient, Aspar,
élève sur le trône, le 7
février 457 cet officier qu'il pense facile à
manoeuvrer. L'empereur Léon 1er a 56 ans et c'est
le premier couronnement auquel le patriarche de
Constantinople est associé. Son règne est
marqué par une lutte de pouvoir avec Aspar qui va durer
jusqu'en 471. Léon 1er est confronté aux
Ostrogoths. Ces derniers, après l'effondrement de l'empire
des Huns, ont été installés en nombre
en Pannonie comme foederati par l'empereur Marcien vers 454. Beaucoup
de Goths ont servi dans l'armée romaine sous le
commandement d'Aspar. Mais en 460, le paiement des soldes
ayant cessé, les Ostrogoths ravagent l'Illyrie. Un
traité est signé en 461, le prince
Théodoric Amal est envoyé en otage à
Constantinople selon Procope.
Mais la tension entre l'empereur et son magister militum va croissant
et Léon Ier compte sur les Isauriens pour s'en
débarrasser. Les Isauriens sont des montagnards du Taurus,
farouchement indépendants et ils demandent à
l'empereur de donner la main de sa fille Ariadne pour Tarasicodissa, un
officier isaurien qui s'est distingué dans la lutte contre
Attila en 447 et a reçu la charge de consul. L'empereur
accepte et pour compenser l'influence des bucellaires ostrogoths sur
lesquels s'appuie Aspar, il crée les Excubitores, des gardes
impériaux choisis parmi les Isauriens, les Thraces et les
Illyriens.
Au nombre de trois cents, ils sont cantonnés dans le palais
impérial et constitueront la seule garnison de
Constantinople pendant le VIème siècle.
Tarasicodissa devient officier dans ce corps des Excubitores et en 466,
il apporte la preuve de la trahison d'Ardaburius au profit des Perses
devant le tribunal. Ardaburius est le fils d'Aspar et celui ci tente de
tuer Tarasicodissa en corrompant des soldats de cet Isaurien en 469. En
471, Ardaburius est mis en cause dans un complot contre l'empereur et
avec son père, ils sont tués par les eunuques
impériaux sur l'ordre de Léon 1er.
Carte montrant l'Isaurie (origine wikipedia)
A l'inverse de son prédécesseur Marcien,
Léon 1er s'investit beaucoup dans les affaires de
l'empire d'Occident. Ainsi lorsque l'empereur Avitus, reconnu par
Marcien est éliminé par le magister militum
d'Occident Ricimer, Léon 1er lui octroie le titre de
Patrice. De la même façon, l'empereur nomme
Majorien magister militum pour l'Occident et quand Ricimer demande
l'aide de l'empire d'Orient pour combattre les Vandales,
Léon choisit en 467, le nouvel empereur d'Occident,
Anthemius, un Patrice, consul et magister militum dans l'empire
d'Orient. Et Anthemius est envoyé en Occident
accompagné par une armée commandée par
Marcellin, dans le but de faire pièce à
Genséric.
Les Vandales se montrant agressifs, l'empereur met au point un projet
colossal pour venir à bout de Genséric. En effet, les Vandales
ont pillé Rome en 455, puis les îles de
la Méditerranée occidentales voient des garnisons
vandales s'installer et enfin les Vandales se sont installés
dans une île près de Naples d'où ils
partent écumer les côtes de Campanie et de
Calabre. Alors, un effort financier important, le budget annuel de
l'Empire, 32 tonnes d'or, est consacré à la
préparation d'une flotte de 1 113 vaisseaux de guerre et une
armée de cent mille soldats. Sur le papier, le plan est
magnifique : une flotte transporte une armée
commandée par Heraclius d'Edesse qui doit, depuis la Libye,
marcher sur Carthage. Une autre flotte, conduite par Marcellin, doit
reprendre la Sardaigne et la flotte principale, dirigée par
Flavius Basiliscus, se concentre en Sicile avant l'attaque finale.
Mais le caractère arrogant de Basiliscus, le
beau-frère de l'empereur joint au caractère
roublard de Genséric transforment cette
démonstration de force en catastrophe pour la flotte romaine.
Le bilan de cette aventure est d'environ 600 navires perdus
(brûlés, coulés ou capturés)
et les raids des navires vandales sur les côtes de l'Orient
se font plus destructeurs et Genséric redevient le
maître de la Sardaigne et de la Sicile, personne ne pouvant
l'arrêter. Les pillages des Vandales durent
jusqu'à la signature d'un coûteux
traité de paix par Constantinople.
Léon 1er meurt début février 474 de
façon naturelle à 73 ans, après 17 ans
de règne. Son petit fils Léon II, fils d'Ariadne
et Tarasicodissa, devenu Zénon, lui succède,
comme l'a décidé son grand-père car
Zénon n'est pas populaire. Mais Léon II n'a que
sept ans et son père Zénon est le
régent. Tout va bien entre d'une part, Vérine, la
veuve de Léon 1er et la mère d'Ariadne et
Zénon d'autre part. Ce dernier envoie Julius Nepos, son
cousin, nommé par Léon 1er Cesar, dans l'empire
d'Occident. Et il lui fournit les moyens de renverser
Glycerius qui est actuellement empereur à Ravenne.
Le
règne mouvementé de
Zénon (474 - 491)
monnaie représentant l'empereur Zenon
Mais Léon II meurt en septembre et aussitôt
Vérine change d'attitude, s'oppose au couronnement de
Zénon et projette une révolution de palais. La
raison de ce comportement semble le refus de Zénon
d'accepter le remariage de Vérine avec Patricius. Il s'agit
d'élimer Zénon et de le remplacer par Patricius
avec l'aide de son frère Basiliscus, de Illus et Trocundes,
ainsi que lz magister militum ostrogoth Theodoric Strabon. Au dernier
moment Zénon réussit à fuir avec sa
famille et le trésor impérial. Mais ils sont
poursuivis par Illus et Trocundes ce qui force Zénon
à se réfugier dans une forteresse en Isaurie
où il est assiégé par Illus qui
réussit à capturer son frère Longin.
L'usurpation de Basiliscus
Flavius Basiliscus profite de l'impopularité de
Zénon, qui bien qu'ayant changé son nom reste un
Isaurien et du complot de Vérine qui force Zénon
à fuir en janvier 475. Il monte sur le trône mais
les conjurés vont bientôt s'opposer et son
règne est fort court. D'abord il met à mort
Patricius. Puis il laisse la foule de Constantinople tuer les Isauriens
ce qui casse le lien avec Illus et Trocundes. Basiliscus nomme son
neveu Armatus magister militum ce qui le fait rompre avec Theodoric
Strabon. Il doit aussi alourdir les impôts car
Zénon est parti avec le Trésor. Mais ce qui le
dessert c'est qu'il adopte les positions monophysites
considérés comme hérétiques
et l'Eglise le rejette. Zénon en profite et avec l'aide
clandestine du Sénat et quelque pots de vin, Illus rejoint
le camp de Zénon, ainsi que ses troupes. L'armée
de Zénon ainsi renforcée marche sur
Contantinople. Baasiliscus réagit en envoyant une
armée commandée par son neveu Armatus.
Zénon réussit à corrompre Armatus lui
promettant de le conserver à ce poste jusqu'à la
mort et de nommer César, son fils, également
appelé Basiliscus. L'armée de Zénon
n'est pas arrêtée par Armatus ni par Theodoric
Strabon.
Daniel le stylite, un des disciple de Siméon, descend de sa colonne et prend la tête d'une gigantesque manifestation de rue destinée à faire tomber l'usurpateur monophysite. Basiliscus fuit avec sa famille dans l'église Sainte Sophie. En août 476, Zénon assiège Constantinople, mais la muraille est en bon état. Le Sénat lui ouvre les portes et Zénon peut récupérer son trône. Basiliscus est trahi par le Patriarche Acacius et il se rend avec sa famille après que Zénon lui ait promis solennellement de
ne pas verser leur sang. Ce que respecte tout à fait la décision de l'empereur d'emmener Basiliscus et sa famille dans une forteresse en Cappadoce où ils sont enfermés dans une citerne sèche jusqu'à leur mort. Cette lutte pour reprendre son trône empêche l'empereur d'agir pour sauver l'empire d'Occident puisque quand Oreste oblige Nepos à fuir en Dalmatie, Zénon est bloqué dans sa forteresse par Illus. Et quand enfin Zénon recouvre son trône à Constantinople, Odoacre a déjà renversé Augustule et renvoyé les insignes impériaux à Constantinople.
Zénon est à peine rentré dans ses fonctions
à Constantinople qu'il se heurte à une tentative
d'usurpation. Son beau-frère Marcien, le fils de l'empereur
d'Occident Anthemius et le mari de la soeur d'Ariadne et consul en 467
et 472, tente de renverser l'empereur en 479. Aidé par ses
frères Procope Anthémius et Romulus, il regroupe
dans la cité de Constantinople, une troupe rassemblant des
citoyens ainsi que des étrangers Il y a beaucoup
d'émeutiers qui prennent à partie les
soldats dans Constantinople. Zénon manque de se faire
prendre par les émeutiers mais Illus, dans la nuit,
réussit à rapprocher du palais
impérial, une unité d'Isauriens qui sont
logés dans les environs et à corrompre les
troupes de Marcien qui laissent l'Empereur s'enfuir. Le lendemain,
Marcien se voyant perdu, se réfugie dans l'église
des Saints Apôtres où il est pris avec ses
frères. Il est envoyé en Cappadoce puis
s'étant échappé, et ayant
rassemblé des nouveaux guerriers, il attaque Ancyre mais il
est vaincu par Trocundus le frère d'Illus.
En 484, une autre révolte se produit dans l'empire d'Orient.
Il s'agit cette fois d'Illus. Jouissant d'une position
dominante et d'une grande popularité, Illus devient un objet
de suspicion, Vérine et même Zénon
veulent le voir disparaître, un des esclaves de l'empereur
est surpris, en embuscade, l'épée à la
main. Puis Vérine monte un complot contre lui et l'assassin
potentiel, avoue agir sur l'ordre de Vérine et du
préfet Epinicus. Ensuite, comme un tremblement de terre a
détruit une partie des fortifications, Zénon craint
que les Goths n'en profitent et rappelle Illus qui fait une sorte
de chantage, il revient à condition qu'on mette Vérine
sous sa garde ! Vérine est enfermée dans la forteresse
de Papurius. A la demande de Vérine, Ariadne intervient
auprès d'Illus pour la libération de sa mère,
mais Illus refuse. En 482, alors qu'Illus entre dans le stade, il
est assailli par un membre de la garde impériale et son
écuyer réussit à lui éviter le coup
d'épée mais la lame lui coupe l'oreille doite et
c'est Ariadne qui est à l'origine de cet attentat. Jordanes
a une autre explication de l'attitude d'Ariadne, Illus aurait
introduit des soupçons de jalousie dans l'esprit de Zénon.
Illus alors, se retire à Nicée avec son ami
Pampreius et ses frères Leonce et Trocundus. Puis au motif
de changer d'air et guérir de sa blessure, il part vers
l'Est dont il est le magister militum. Il traverse l'Asie Mineure et,
en 484, une révolte en Syrie, éclate pour
rétablir la religion païenne. Zénon
demande à Illus de prendre la tête de
l'armée chargée de réprimer la
révolte. Illus accepte mais il trouve aux commandes de
l'armée, Longin, le frère incompétent
de l'empereur qui manifeste son dépit devant ce qu'il
considère comme un empiètement sur son
autorité. A la suite d'une violente querelle, Illus fit
mettre en prison Longin. A cette nouvelle, Zénon
réagit brutalement, il donne l'ordre de libérer
son frère, déclare Illus ennemi public et
confisque ses biens. Illus passe dans le camp de Léonce et
ils vont tous les deux libérer Vérine. Celle ci
couronne Léonce empereur à Tarse et le suit
à Antioche où à partir du 27 juin 484,
il fonde une cour rivale de celle de Constantinople. Zénon
envoie une armée commandée par
Théodoric et composée d'Ostrogoths contre eux et
Illus et Léonce qui sont restés passifs sont
repoussés dans l'Isaurie. Vérine est morte et en
488, Illus et Léonce doivent se rendre. Leurs
têtes sont envoyées à Constantinople.
Avec les Goths, la menace pèse durant la plus grande partie
du règne de Zénon. Il a beaucoup tenté
d'opposer Théodoric Amal à Théodoric
Strabon. Et cela a fonctionné, mais il a payé et
offert des postes à ces chefs ostrogoths pour
éviter qu'ils ne s'en prennent à Constantinople.
Zénon s'allie avec Théodoric Amal le futur
Théodoric le grand contre Théodoric Strabon. Et
quand cela ne suffit pas, il fait appel aux Bulgares qui arrivent dans
la région en 480, pour les attaquer en Thrace. Mais les
Bulgares conduits par Ernakh, un des fils d'Attila, sont vaincus par
les Ostrogoths de Théodoric Strabon en 480 ou 481. Ce
dernier marche sur Constantinople mais des dissensions parmi ses
soldats l'obligent à revenir en Grèce. Sur le
chemin du retour, il meurt en essayant de maîtriser un cheval
fougueux et il tombe sur une lance accrochée à un
chariot en 481. Théodoric le grand devient indispensable
pour l'empereur et il fait tout pour obtenir de meilleure conditions
pour son peuple, il devient magister militum en 483, et consul
l'année suivante. En 488, il marche sur Constantinople et
demande de nouvelles terres, son peuple étant sous la
pression des Bulgares. C'est alors que Zénon lui propose
l'Italie et la destitution d'Odoacre qui est un vassal tout ce qu'il y
a de plus indocile. L'expédition vers l'Italie commence en 488
et se termine par la mort d'Odoacre en 493.
Sur le plan religieux, Zénon est a posteriori, responsable
du premier schisme de 484. A vouloir ménager les fortes
communautés monophysites présentes en Egypte, en
Syrie, en Asie Mineure et en Palestine, l'empereur a cherché
le compromis par l' Hénotique (Acte d'union)
écrit par le Patriarche de Constantinople, Acacius. Dans ce
document, le Nestorianisme et le Monophysisme sont condamnés
mais le Christ est décrit comme le Fils unique de Dieu,
"l'un et pas deux" et il n'y a pas de référence
explicite aux deux natures. A Rome, le Pape Félix III,
refuse ce texte et excommunie Acacius qui en réponse, efface
le nom du Pape des dyptiques liturgiques. Ce schisme va durer jusqu'en
519. En Palestine, les Samaritains se révoltent, incendient
cinq églises construites sur leurs lieux saints et coupent
les doigts de l'évêque Thérébinte
pendant la cérémonie de la Pentecôte. Les
Samaritains élisent un roi Justa à
Césarée. Mais le dux Palestinae,
Asclépiade dont les troupes sont renforcées par
celles de Césarée, est vainqueur de Justa, et il
envoie la tête de ce roi à Zénon.
L'empereur se rend sur place, la répression est sanglante
pour ceux qui refusent de se convertir.
Ariadne impératrice
Anastase 1er (491 - 518)
Après un règne de 17 ans et 2 mois, l'empereur
meurt le 9 avril 491. Aucun fils ne lui survit, Ariadne choisit un
fonctionnaire du Palais pour le mettre sur le trône le 11
avril, au détriment du frère du défunt, Longin.
A l'Hyppodrome, la population de Constantinople réclame un
"empereur romain". Flavius Anastasius épouse Ariadne le 20
mai 491, il est favorable au monophysisme. Il commence son
règne en exilant Longin en Thébaïde (au
sud de l'Egypte) et en brisant la révolte isaurienne que ce
dernier a déclenché. Cette guerre Isaurienne est
marquée par une victoire de l'armée romaine
dirigée par Ioannes Scytha face à Longin de
Cardala, à la bataille de Cotyaeum en 492, en Mysie,
ainsi que deuxième victoire romaine qui brise cette
révolte mais la résistance dure jusqu'en
498 dans les forteresses des montagnes isauriennes
après la capture des chefs Isauriens Longin de
Sélinonte et Athénodore. Il assainit les finances
de l"état en définissant avec
précision le poids du follis, pièce de monnaie
dont l'usage remonte à l'époque de
Dioclétien mais qui a beaucoup perdu de sa valeur depuis. La
réforme monétaire d'Anastase date de 498 et le
follis byzantin est une grande pièce de bronze. A la fin de
son règne, en 518, le trésor impérial
comprend 23 millions de solidi d'or soit 320 000 livres.
Follis d'Anastase en 498
(origine wikipedia)
La paix règne avec l'empire sassanide depuis le
règne de Théodose II et les deux empires montrent
une solidarité face aux barbares, ainsi les passes du
Caucase sont renforcées avec partage des dépenses
pour empêcher les Huns Ephtalites d'attaquer l'un ou l'autre
empire. Mais le refus d'Anastase 1er de payer la subvention
habituelle en 496 déclenche la guerre avec le roi Kavadh 1er
en 502. L'armée perse capture la cité de Theodosiopolis
et le 5 octobre, met le siège devant Amida à la
frontière de la Mésopotamie. Cette cité est
prise le 10 janvier 503 après un siège difficile et
mise à sac. Dans l'année 503, les Romains essayent de
reprendre Amida mais une armée romaine est lourdement battue
en Mésopotamie en juillet. Kavadh envahit l'Osroène
en août et assiège en vain la cité d'Edesse.
Deux assauts, les 17 et 24 septembre sont repoussés. En 504,
le siège d'Amida reprend sous la conduite des
généraux romains Patricius et Hypatius qui sont
renforcés par Celer en été après son
incursion en Arzanène. Pendant ce temps, Aerobinde
dévaste la Persamenie, en Arménie, près du lac
d'Ourmia et les abords de Nisibe. Les deux armées sont
épuisées et en 505 les Huns du Caucase envahissent
l'Arménie.
Un armistice est signé et la paix est
conclue pour sept ans en avril 505. Amida est évacuée
de sa garnison perse contre le versement de 1000 livres d'or par
Constantinople. Une contre offensive romaine reprend les
hostilités en 506 et la paix revient le 28 novembre 506.
Anastase fait fortifier la frontière, surtout la ville de
Dara dont la forteresse deviendra le point central de la
défense romaine et qui provoque les protestations des Perses
car c'est une violation du traité de 422, mais Anastase
tient bon. Edesse, Batnac et Amida sont aussi fortifiées et
les tensions entre les deux empires vont rester vives même si
aucun engagement n'a lieu pendant le règne d'Anastase. En
Occident, Théodoric intervient en Pannonie à la
suite de disputes entre Gépides et pousse jusqu'à
Sirmium et bat une armée byzantine. Anastase pousse le roi
Franc Clovis à combattre les Wisigoths d'Alaric II et envoie
pour fixer les Ostrogoths en Italie, une flotte menacer les côtes
italiennes. En 507, après sa victoire de Vouillé, Clovis reçoit un
diplôme de consul honoraire de la part de l'empereur.
Selon Procope de Césarée, les rapports diplomatiques
avec les rois francs, témoignent de leur part le même
respect qu'envers un suzerain. L'Empire d' Orient s'allie
formellement avec Clovis, le roi des Francs, à qui
il octroie le consulat puis en 508, le titre de Patrice.
Les provinces des Balkans sont dégarnies et subissent les
ravages des Bulgares et des Slaves. Anastase fait construire
un nouveau mur qui relie la propontide au Pont Euxin. Sa politique
religieuse qui suit l'Henotique et ménage les monophysites
provoque en réaction une révolte des orthodoxes
chalcédoniens qui soutiennent Flavius Vitalianus, thrace ou
scythe selon les sources, il commande les troupes romaines en Thrace et
se révolte contre l'empereur en 513. Il rassemble plus de 50
000 hommes, et vient s'installer à l'Hebdomon (à
7 miles de Constantinople, actuellement à
Bakirköy). Il réclame le rappel de Macedonius et de
Flavien d'Antioche et se retire sur les promesses d'Anastase de faire
cesser le schisme monophysite. L'empereur choisit un fonctionnaire
Cyrille et le nomme magister militum pour la Thrace et celui ci est
d'abord victorieux de Vitalien mais il est surpris par ce dernier
près d'Odessos (actuellement Varna en Bulgarie au bord
de la mer Noire) et mis à mort. Anastase envoie alors
l'armée des provinces orientales commandée par
son neveu Hypatius. Il remporte un premier succès mais
à l'automne 513, subit un désastre et est fait
prisonnier. L'ambassade envoyée par l'empereur porter la
rançon de mille livres d'or pour Hypatius est
capturée à Sozopolis. Vitalien franchit le
nouveau mur d'Anastase et menace Constantinople par la mer et
par la terre en 514. Pendant ce temps, des émeutes
éclatent dans la cité. Anastase verse à
Vitalien 5000 livres d'or et lui octroie le titre de
magister militum pour la Thrace. Il fait profession de foi
orthodoxe, restaure les évêques chalcédoniens
déposés et convoque un concile le 1er juillet 515
qui n'aura jamais lieu.
Vitalien ne voyant rien venir, mobilise ses troupes en fin
d'année 515, et marche sur Constantinople, s'empare du
faubourg appelé aujourd'hui Galata. Mais une bataille navale
a lieu dans la Corne d'or et elle est remportée par Marinus
qui commande la flotte impériale et qui chasse les soldats
de Vitalien. Ce dernier plonge dans la clandestinité
jusqu'au règne de Justin.
Selon l'Anonyme de Valois, Anastase qui n'a pas d'enfants mais trois
neveux, ne sait lequel choisir pour lui succéder. Il imagine
un stratagème pour les départager, consistant
à déposer un papier sous l'un des trois
sièges où ses neveux sont conviés
à s'asseoir, mais deux d'entre eux prennent place sur le
même et le papier est resté sur un
siège vide. Alors il décide que le premier qui
entrera dans sa chambre le lendemain sera choisi et c'est le commandant
de ses Excubitores, Flavius Iustinus connu sous le nom de Justin.
Anastase 1er meurt le 9 juillet 518 à quatre-vingt huit ans.
Carte de l'Empire d'Orient en 500
L'armée de l'empire d'Orient au Vème
siècle
La menace représentée par Attila
transforme l'armée d'Orient. L'infanterie lourde a
montré à la bataille d'Andrinople, sa lourdeur et
sa faible maniabilité. Le mouvement commence avant,
dès l'empereur Gallien vers 260. La cavalerie de l'empereur
est polyvalente, pour réagir rapidement face aux
incursions barbares ou pour réprimer des révoltes
urbaines. Mais comment s'en servir ?
Faute de victoires contre les Huns, la décision est prise
d'imiter les archers de cavalerie des Huns, tout en les
équipant d'une armure pour être polyvalents. Mais
une telle transformation ne s'improvise pas, un long
entraînement est nécessaire surtout pour ces
hommes qui n'ont pas la culture de la steppe et de la chasse. La
formation dure plus d'un an, le maniement de l'arc composite n'est pas
une mince affaire et en plus à cheval ! Mais ceux qui n'ont
pas toutes ces compétences peuvent servir, ainsi des
cavaliers sont équipés de frondes et des archers
servent dans l'infanterie. Les archers montés sont tout
à fait capables de participer à un combat au
corps à corps et de descendre de cheval pour se battre, tout
comme les Huns d'ailleurs. Ils n'ont pas la même endurance,
ni la même maîtrise de l'équitation que
ces hommes de la steppe, en revanche, ils ont cette armure qui leur
offre une bonne capacité de résistance et ils ont
une lance attachée dans le dos, qu'ils peuvent saisir
aisément pour une charge, comme nous le relate Procope, un
témoin oculaire :
"les archers d'aujourd'hui vont au combat revêtus de
corselets et équipés de jambières qui
leur montent jusqu'aux genoux. Ils portent leurs flèches du
côté droit, l'épée du
côté gauche et certains portent
également une lance." Procope : Histoire des Guerres : la
guerre contre les Perses.
La cavalerie cuirassée correspond bien à la
mutation de la pensée stratégique qui s'effectue
à cette époque. On ne cherche plus comme avec
l'infanterie lourde à broyer l'ennemi dans une guerre
d'attrition et comptant sur la paix après la victoire.
L'empire d'Orient sait que un ennemi vaincu est
immédiatement remplacé par un autre et que
l'effectif militaire étant limité, la
disparition de soldats de qualité est une perte
considérable, aussi l'attaque frontale est elle
évitée, de même les positions fixes.
Les officiers ordonnent des raids, dressent des embuscades, cherchent
à prendre l'ennemi à revers et
à l'envelopper, à le disloquer. La cavalerie est
faite pour cela.