Le conflit avec le Sénat
Jules César incarne le "parti" proche des
plébéiens tandis que le Sénat est dominé
par les Optimates soutenant les patriciens. Durant un premier consulat
en -59, il est combattu par les sénateurs qui refusent ses
réformes populaires. Il obtient en sortie de consulat le
proconsulat de la Gaule cisalpine et transalpine et d'Illyrie contre la
volonté du Sénat. Le triumvirat qui lie Pompée,
Crassus et César est vite caduc après la mort de Crassus
contre les Parthes et celle de la fille de César et
épouse de Pompée. Le Sénat cherche un contrepoids
à ce conquérant des Gaules et Pompée accepte.
ALEA
JACTA EST
A Rome, la situation politique est instable. L'alliance avec
Pompée n'est plus qu'un souvenir et ce dernier, comblé
d'honneur par les optimates est le protecteur de Rome et dispose de
troupes autour de l'Urbs. Pompée est consul pour la
deuxième fois en - 55 et en - 52, il est seul consul. Le
Sénat prolonge ses pouvoirs dans les provinces pour une nouvelle
période de quatre ans. Quand Jules César
revient à Ravenne, le Sénat décide d'envoyer deux
légions en renfort en Syrie, Pompée et César
doivent fournir chacun une légion. Pompée décide
d'envoyer la XVè légion qu'il a prêtée
à César en - 53. Ce qui revient à ôter deux
légions à César et à laisser les siennes
à Pompée. Le proconsul s'incline mais il compense ses
pertes en déplaçant la XIIIè
légion (d'élite) en Cisalpine et d'autres troupes ainsi
que de la cavalerie. Le Sénat demande à Pompée de
remonter vers Rome, pour y réprimer l'anarchie.
Jules César compte se présenter aux élections
consulaires pour l'année - 48 tout en restant dans sa province
avec son armée. Mais le Sénat refuse d'abord d'avancer
d'un an son consulat alors que Pompée n'a attendu que trois ans
pour se présenter à un nouveau consulat. Alors Jules
César demande à faire prolonger son Imperium
jusqu'à la fin de l'année - 49 pour passer directement de
son commandement militaire au consulat, c'est un nouveau refus. Enfin,
Jules César demande qu'on lui accorde le droit d'absence, c'est
à dire de postuler pour le consulat sans venir à Rome.
C'est encore un refus du Sénat. Jules César ne sort pas
de sa réserve, mais il fait venir les VIIIème et
XIIème légions, stationnées à Mâcon
et donne l'ordre aux cohortes nouvellement recrutées en
Narbonnaise de
venir le rejoindre à Ravenne, là même où la
XIIIème légion vient de le proclamer imperator. Marc
Antoine, tribun de la plèbe réussit à obliger
Pompée à expédier en Orient les deux
légions qu'a du laisser César. Ce dernier commence
à rallier l'opinion publique. Il attend que la rupture vienne de
Pompée et du Sénat.
Aux ides de janvier - 49, sous le consulat de Lentulus et Marcellus,
alors que Pompée est aux portes de Rome avec son armée,
le Sénat décrète que "César licenciera son
armée dans un délai prescrit, et que, s'il y manque, il
sera déclaré ennemi de la république". Puis le
Sénat décrète le rappel du proconsul des Gaules et
son remplacement par Domitius Ahenobarbus son ennemi. Les tribuns de la
plèbe y opposent leur veto mais ils sont bientôt
obligés de fuir pour assurer leur sécurité et
rejoignent Jules César à Ravenne. La rupture est
consommée, dans l'illégalité puisque les
sénateurs ont passé outre au veto des tribuns. Jules
César doit agir vite, il harangue la XIIIème
légion et lui donne l'ordre de marcher sur Ariminum (Rimini) et
ainsi de franchir le Rubicon. Selon Suétone, après avoir
longtemps médité sur les bords de cette petite
rivière,
le 11 janvier, César dit :
"Allons où nous appelle les signes des dieux et l'injustice de
nos ennemis ! Les dés sont jetés !
Alea jacta est".
La
poursuite en Italie
Franchir cette "frontière" pour un général romain
et ses troupes, signifie se déclarer rebelle et encourir le
châtiment suprême. Jules César harangue une nouvelle
fois ses soldats inquiets de se précipiter dans la guerre
civile. Il envoie Marc Antoine et trois colonnes pour occuper Arretium,
Pisaurum , Fanum et Ancône. dans la foulée, Iguvium et
Auximum se rallient à César malgré les troupes qui
y sont stationnées. Durant toute cette période, Jules
César n'a cessé de proposer que Pompée, et lui
même licencient leur armée, mais en vain. A Rome, les
nouvelles provoquent l'affolement au Sénat. Pompée
n'envisage pas de résister à Rome, il veut faire le vide
devant lui et se prépare à partir vers le Sud de
l'Italie. Les Sénateurs délibèrent et
décident d'évacuer Rome. Son fidèle lieutenant
Labienus rejoint le camp de Pompée. C'est le seul.
Pompée se dirige vers Brindes, sur l'Adriatique. Jules
César le suit, obtenant la soumission du Picenum. Il occupe
rapidement l'Ombrie et l'Etrurie et se trouve retardé par
Domitius Ahenobarbus qui s'enferme avec une vingtaine de cohortes dans
la cité fortifiée de Corfinium. Jules César
l'assiège et perd ainsi huit jours. Ahenobarbus se rend et
la poursuite continue. Pompée pendant ce temps recrute de
nouvelles troupes, arme des pâtres et des esclaves et investit
Brindes. Jules César arrive devant Brindes avec six
légions dont trois composées de vétérans.
Il apprend que les consuls ont traversé l'Adriatique et sont
à Dyrrachium (actuellement Durazzo en Albanie), avec une grande
partie de
l'armée. Il tente de bloquer le port de Brindes et
d'empêcher Pompée de traverser. En même
temps il lui propose un entretien pour obtenir la paix.
Pompée s'oppose à ces travaux et répond qu'il ne
peut rencontrer César puisque les consuls sont partis. Quand
la flotte qui a emporté les consuls revient, il embarque avec
ses troupes dans la nuit.
LA CAMPAGNE D'HISPANIE
Jules César renonce à poursuivre Pompée qui a
emmené presque tous les vaisseaux, et préfère
contrôler l'Hispanie et l'empêcher de soutenir son rival.
Il envoie Valerius en Sardaigne avec une légion contre Marcus
Cotta qui est chassé par les habitants, et Curion en Sicile, en
tant que propréteur avec quatre légions contre Caton qui
a renforcé sa flotte et son armée mais ce dernier
s'enfuit. Tubéron, en revanche échoue en Afrique face
à Attius Varus qui a formé deux légions sur place.
Jules César rentre à Rome et tente de convaincre les
Sénateurs de sa bonne foi et de gouverner avec lui. Mais la
crainte du retour de Pompée rend cette démarche
stérile. Jules César remet l'administration de Rome
à son préteur Marcus Aemilius Lepidus et repart vers la
Narbonnaise.
Marseille a choisi de soutenir Pompée et fermant ses portes
à César, se prépare à soutenir un long
siège.
Celui ci se décide
à conquérir la cité phocéenne, il
commence à l'investir et fait construire douze galères
à Arles. Puis il laisse Brutus et Trebonius continuer le
siège et part en Hispanie, combattre Vibellius Rufus. Il a
envoyé Fabius, trois légions et six mille auxiliaires,
trois mille cavaliers et autant de Gaulois, occuper les passages des
Pyrénées que devait contrôler Afranius.
Pompée a envoyé trois lieutenants en Hispanie, Afranius
tient avec trois légions l'Hispanie citérieure, Petreius
est au sud avec deux légions jusqu'aux limites de la Lusitanie
et enfin, Varro est en Lusitanie avec deux légions aussi. Les
deux premiers doivent s'opposer à César et ils recrutent
des hommes et des chevaux. Ce sont donc cinq légions et environ
40 000 fantassins, celtibères et lusitaniens et 5 000 cavaliers
ibères qui se dirigent vers les Pyrénées. Mais
Fabius a devancé Afranius et occupe en force les passages.
Petreius rejoint Afranius et ensemble ils décident de se battre
près d'Ilerda (actuellement Lérida). Fabius
réussit à tenir alors qu'il est en
infériorité numérique et que le blé et le
bétail a été enlevé par Afranius. Fabius a
jeté deux ponts par dessus le Sicoris pour aller rechercher du
fourrage. Jules César arrive avec neuf cents cavaliers. Il tente
de couper le ravitaillement des Pompéiens et envoie ses trois
légions occuper une hauteur, mais les soldats d'Afranius, plus
près, arrivent en premier et les refoulent. Alors se produit un
bataille indécise où les légionnaires de
César sont surpris de voir les soldats pompéiens
combattre dispersés et par petites troupes à la
manière des Lusitaniens. César ne réussit pas
à s'emparer du pont de pierre sur le Sicoris et dépend
uniquement des deux ponts jetés à la hâte par
Fabius.