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Elle se tient en Sicile où travaillent de nombreux esclaves dans les latifundia ou comme bergers. L'origine de la révolte vient de la cruauté d'un propriétaire nommé Damophile et de sa femme, dans la région d'Enna, contre lequel ses esclaves se révoltent. Dirigés par Eunus, un berger syrien magicien et prophète qui tue son propriétaire Antigène, comme l'écrit Diodore, la troupe de 400 esclaves entre dans les maisons d'Enna et massacre les habitants. Les esclaves libèrent leurs camarades qui les rejoignent. Le gouverneur L. Plautius Hypsæus ne dispose que d'une milice et il est écrasé par Eunus. Cette troupe grossit rapidement et compte vite plusieurs milliers de révoltés qui continuent de libérer les esclaves des ergastules et ravagent les fortins, villages et villes, s'emparant de Taormina, Heraclea et Morgantina. Une autre troupe, menée par Cléon de Cilicie, regroupe 5000 hommes, dans le sud de l'île et ravage les environs d'Agrigente. Les deux troupes d'esclaves fusionnent sous le commandement d'Eunus qui est élu roi, sous le nom d'Antiochus et prépare un royaume d'esclaves avec des assemblées et une monnaie. Cléon est un bon militaire et les deux hommes se complètent bien. Les meilleures troupes romaines sont à ce moment, mobilisées en Hispanie.
De - 138 à - 135, tous les prêteurs envoyés contre Eunus sont vaincus et l'effectif de la troupe d'esclaves dépasse les 60 000 hommes. Le Sénat envoie les troupes consulaires et en - 133, à Messana, le consul Calpurnius Pison est le premier à remporter une victoire face à l'armée servile, la région de Morgantina est reconquise pendant qu'une révolte d'esclaves éclate dans le Latium. L'année - 132 voit la fin de la révolte avec la campagne du consul Publius Rupilius qui reprend les villes de Taormina et d'Enna en affamant les esclaves assiégés. Cléon est tué, Eunus est capturé et le général Marcus Perperna écrase les esclaves survivants qui sont mis en croix. La Sicile reconquise est réorganisée.
La deuxième guerre servile (- 104 -101) :
Cette révolte commence en Campanie. Un chevalier romain, Vettius, criblé de dettes, arme ses esclaves et tue ses créanciers. Il prend le diadème et la pourpre, s'entoure de licteurs et appelle à lui tous les esclaves campaniens. Il rassemble 3 500 esclaves mais Le prêteur Lucullus accourt en toute hâte avec dix mille hommes. Vettius, trahi se donne la mort.
En pleine guerre de Cimbres et des Teutons, le Sénat, pour s' assurer des alliés en Asie, décide que tout homme libre, originaire d'un pays allié, et retenu injustement dans l'esclavage, soit déclaré affranchi. Aussitôt, huit cents esclaves se présentent au prêteur de Sicile, et sont rendus à la liberté. Bien entendu, de nombreux esclaves les imitent, la plupart d'entre eux sont la propriété des chevaliers romains que les magistrats de province n'osent contrarier. Les esclaves furieux de voir leur droit bafoué se révoltent et par chance, s'emparent d'un stock d'armes de la garnison d'Enna. A l'Ouest de l'île, un certain Salvius, rassemble 20 000 combattant et 2 000 cavaliers et manque d'enlever la forte place de Murgantia. A l'ouest, Athenion, lève 10 000 hommes et se constitue une armée, mais il n'enrôle pas les esclaves, il les renvoie aux champs. Le premier, un ancien chef de brigands, se proclame le roi Tryphon. Le second reconnaît l'autorité de Tryphon.
En - 102, le prêteur
Lucullus arrive d'Italie avec
l'armée que le Sénat a pu lui confier en pleine guerre
des Cimbres. Athenion risque la bataille et les
révoltés tiennent bon, mais le voyant tomber, ils
s'enfuient et s'enferment dans la cité de Triocale. Peu de temps
après le roi Tryphon meurt. Lucullus cesse le siège et
licencie son armée quand il apprend qu'on lui a choisi un
successeur, Servilius. Athenion qui n'est pas mort, succède
à Tryphon et il empêche Servilius d'agir. Le Sénat
furieux exile Servilius et se résout à envoyer
l'armée consulaire commandée par le consul Marius
Aquilius Nepos, en - 101. Celui ci occit Athenion en combat singulier
et disperse ses troupes. Il en capture un petit nombre qu'il envoie
à Rome. Ils sont destinées aux fauves mais ils se
suicident avant. Un nombre important d'esclaves a disparu dans ces deux
guerres et des règles strictes leurs sont imposées leur
interdisant toutes sortes d'armes.
Cette fois ci, c'est dans l'école de gladiateurs de Lentulus Batiatus que tout démarre. La révolte est spontanée. Spartacus est un Thrace contraint de servir pour l'armée romaine comme auxiliaire et qui a déserté. Devenu bandit, il est capturé et vendu comme esclave. Acheté par une école de gladiateurs de Capoue, il devient rapidement un meneur. Une nuit, volant des couteaux pour s'en faire des armes, il s'échappe avec 73 compagnons, Thraces, Gaulois, Germains etc. Avec lui, Crixus et Oenomaus, des Gaulois, récemment tombés en esclavage, animent le mouvement. Ils réussissent à prendre le contenu d'un chariot contenant des armes, sont rapidement 300 et se réfugient sur les pentes du Vésuve.
Le Sénat ne réagit
qu'au moment où les
esclaves sont plusieurs milliers et opèrent des coups de main
contre les grandes propriétés et il envoie le
prêteur Claudius Glaber avec quelques cohortes d'auxiliaires,
environ 3 000 hommes. Glaber se contente de bloquer les esclaves pour
les affamer. Spartacus ne tente pas de livrer bataille aux troupes de
Glaber car son armée est trop mal équipée. Il
profite du terrain car une pente vertigineuse n'est pas gardée
par les Romains. Il fait descendre, de nuit et en silence, ses hommes
par des échelles construites sur place avec des sarments de
vigne et surprenant les auxiliaires de Glaber par derrière, en
élimine un grand nombre.
Spartacus par Foyatier (wikipedia)
Pourvue des armes des auxiliaires
vaincus et après un tel succès, cette troupe attire de
nombreux esclaves et en particulier les bergers habitués
à porter des armes. Rome envoie aussitôt un autre
prêteur pour réduire Spartacus, Publius Varinus, avec plus
d'hommes mais d'aussi piètre qualité. Son légat,
Lucius Furius, est mis en déroute, avec trois mille hommes.
Cossinius vient avec des forces considérables mais il est
surpris par Spartacus au cours d'une halte : il se baignait et il
manque de se faire capturer comme nous le relate Plutarque. Mais
après avoir saisi ses bagages, Spartacus pille son camp et tue
Cossinius et la majorité de ses hommes.
Varinus n'est pas plus efficace, il est trompé par Spartacus lorsque les deux armées sont établies un soir face à face. Du côté des esclaves, on a planté des pieux auxquels on a attaché des cadavres pour simuler des sentinelles. Des feux sont allumés dans le camp et les sonneries réglementaires sont entendues du camp de Varinus. Pendant ce temps, l'armée de Spartacus s'échappe en silence. Le lendemain, Varinus trouve le camp des rebelles bien calme et s'aperçoit de la tromperie. Dispersant dangereusement ses forces, il est battu à plusieurs reprises et perd ses licteurs ainsi que son cheval.
La situation est d'autant plus grave pour Rome que l'Italie du Sud fournissant beaucoup de céréales, est menacée par plusieurs dizaines de milliers de combattants qui attaquent les cités de Campanie, de Lucanie et du Bruttium. De plus, cette armée est imprévisible et vient de se scinder. Spartacus commande une troupe de 30 000 combattants et à côté, des bandes de Gaulois armés dont celle de Crixus et celle d'Oenomaus qui vient de périr contre Varinus. Tous n'ont pas les mêmes objectifs. Certains veulent rentrer dans leur pays alors que d'autres sont tentés par le pillage et la vengeance. Et quand ils attaquent une cité, c'est pour la piller et repartir aussitôt.
Crassus confie deux légions à son légat Mummius avec l'ordre de suivre l'ennemi et de rapporter tous renseignements utiles, mais soudain, Mummius attaque une partie de l'armée de Spartacus et c'est un désastre, de nombreux légionnaires sont massacrés et le reste jette ses armes et s'enfuit. Crassus les récupère, blâme son légat et décide de faire un exemple en recourant à une punition inutilisée depuis longtemps, la décimation. Il prend 500 légionnaires formant la première ligne qui a déclenché la panique devant l'ennemi et tire au sort un homme sur dix qui est mis à mort devant la légion, les autres sont l'objet de traitements humiliants et réintégrés dans l'armée après avoir promis de ne jamais se séparer de leurs armes.
Puis Crassus marcha sur l'ennemi qui retraite en Lucanie. Crassus engage plusieurs combats qui provoquent de lourdes pertes chez les esclaves. Spartacus prévoit de s'embarquer pour la Sicile et traite avec les pirates ciliciens pour traverser le détroit. Mais une fois le prix payé, les pirates quittent l'Italie et laissent les esclaves au bout de la péninsule. Crassus, pendant ce temps, a fait creuser un fossé de cinquante cinq kilomètres de long, de 4,5 mètres de large et autant de profondeur, doublé d'un remblai pourvu d'une palissade, pour barrer l'isthme devant Spartacus. Celui ci fait construire des radeaux mais la mer est très mauvaise et Spartacus est bloqué dans le sud de l'Italie. Les tentatives de franchir l'obstacle par Spartacus échouent et ce dernier engage des négociations qui n'aboutissent pas. Mais par une nuit de neige, dans l'hiver - 72 - 71, il réussit à combler en partie le fossé et un tiers de ses troupes franchit l'obstacle.
Crassus craignant d'être cerné, lève le siège et demande au Sénat de rappeler Pompée et ses légions qui se trouvent en Hispanie. Pendant ce temps Spartacus doit faire face à de la rogne dans son propre camp. Il remporte un succès contre Quinctius, un légat de Crassus mais il sait que le gouverneur de la Macédoine, Lucullus, vient de débarquer à Brindes et que Pompée vient vers lui. Les esclaves se sentent confiants en leur force et Spartacus est contraint à livrer la bataille décisive en Lucanie en - 71, sur le Silaros. Crassus fait creuser un fossé, les esclaves, nous dit Plutarque, sautent dans le fossé et combattent ceux qui creusent. Les renforts arrivent et Spartacus n'a plus le choix, il abat son cheval en disant que l'ennemi en avait en abondance. Puis il attaque furieusement Crassus et deux centurions sont tués mais il ne peut atteindre le consul. Il est bientôt blessé à la cuisse par une flèche. Son armée, en désordre, est mise en pièces et un nombre d'esclaves très important est tué dont Spartacus, environ soixante mille hommes, les Romains ne perdent que mille légionnaires. Crassus capture 6 000 fugitifs qu'il fait crucifier le long de la via Appia. Pompée détruit un corps de 5 000 fugitifs et c'est lui qui tire profit de la victoire de Crassus.
La guerre
sociale - 90 - 88 (socius :
allié)
Les motifs
:
Les relations entre Rome et les
autres cités d'Italie
dépendent des traités signés après la
conquête. Ces cités sont alliées (socii) au
peuple romain. De ce fait, les inégalités sont grandes en
matière de législation agricole : les impôts ou
l'accès à l'ager publicus (terres publiques) est
différent selon que l'on citoyen romain ou italien. Au
IIè
siècle, la situation s'est aggravée : pour un effort
militaire devenu plus lourd et une exposition au danger plus grande,
les alliés reçoivent une plus
faible part de butin et ne bénéficient pas des
allégements apportés au droit de la guerre, ainsi un
officier italien condamné par le conseil de guerre durant la
campagne contre Jugurtha est immédiatement
décapité quand un simple soldat, citoyen romain, peut
faire appel devant les tribunaux de Rome. De plus, Rome a rendu
très difficile l'obtention du droit de cité et
après l'échec de la tentative des Gracques
d'étendre le droit de cité à toute l'Italie,
l'expulsion de tous les non citoyens résidant à Rome est
effective entre - 126 et - 122, après un plébiscite.
Le début de
la crise :
Un mouvement se dessine chez les alliés pour obtenir au besoin par la force le droit de cité. Alors que Marcus Livius Drusus est tribun, en - 91, des négociations ont lieu avec le Marse Quintus Pompaedius Silo. Drusus abroge la Lex Licinia Mucia de civibus redigendis de - 95 qui affaiblissait les droits de la cité de Corfinium et qui a provoqué une insurrection. Puis il propose un projet de création de colonies nouvelles en Italie et en Sicile sur des terres publiques romaines concédées aux peuples alliés de Rome et en compensation la citoyenneté romaine octroyée aux peuples italiens. Les Marses marchent en foule vers Rome soutenir le projet et sont dissuadés de poursuivre leur chemin. Le Sénat, inquiet, rejette le projet et Drusus est peu après retrouvé mort chez lui. Tous les textes favorables aux alliés votés sous le tribunat de Drusus sont abrogés. Les Marses furieux s'organisent et Pompaedius Silo prend la tête du mouvement au Nord, tandis qu'au Sud, c'est le Samnite Caius Papius Mutilus qui en fait autant. D'Hispanie, d'Afrique, d'Asie et de Narbonnaise le Sénat forme une armée de 100 000 hommes, commandée par les deux consuls Jules Cesar et P. Rutilius et une dizaine de légats dont la mission est de refouler et cerner les insurgés dans l'Apennin. Mais la guerre commence par une offensive des alliés. Une armée vient du Nord par la Sabine et la vallée du Tibre et une autre arrive par le Sud par la vallée du Vulturne. En - 91, les cités se livrent des otages et à Asculum, dans les Abruzzes, le prêteur Servilius, qui a brutalisé et cherché à intimider les habitants par des menaces, est mis à mort ainsi que son lieutenant avec tous les Romains et Romaines présents dans la ville. Les Marses, les Péligniens, les Vestins, les Marrucins, les Picentins, les Lucaniens, les Apuliens et les Samnites adhèrent au mouvement et se déclarent indépendants. Tout le Centre et le Sud jusqu'à Naples est en insurrection. Les Etrusques, les Ombriens et les Gaulois ne participent pas. Une nouvelle tentative est faite à Rome, les députés italiens promettent de déposer les armes si on leur octroie le droit de cité, le Sénat refuse de les entendre et somme les alliés de se soumettre immédiatement, la réponse est la sécession et une république fédérale, la confédération italique voit le jour avec une capitale Italica (Corfinium dans les Abruzzes), un sénat de 500 membres, deux consuls, une armée de 100 000 hommes et une monnaie. Mais les rebelles n'ont ni ports, ni flotte et ils manquent de machines de siège. Rome recrute des volontaires La première armée est arrêtée par les Romains mais la seconde, commandée par Vettius Scato bat le consul Jules César dans le Samnium, force le passage et le consul italien Aponius Motulus, arme des esclaves et envahit la Campanie méridionale puis capture par trahison la cité de Nole. La garnison est traitée selon son rang, les nobles et les chevaliers sont éliminés, les soldats et les esclaves sont enrôlés. Le consul Rutilius meurt dans une embuscade. Cesar, en venant dégager Acerrae, est battu par Egnatius. Cneius Pompee est battu devant Asculum et enfermé dans Firmum par Afranius. Cette première année est à l'avantage des alliés, mais l'entrée du Latium par le Sud est fermée, Capoue, Nucérie et et Acerrae tenant bon.
La réaction de Rome
Les Etrusques et les Ombriens,
jusque là inactifs,
commencent à s'agiter. A Rome, patriciens et
plébéiens se liguent contre les rebelles. La situation
est aussi sombre que pendant la guerre d'Hannibal. Rome enrôle
tous les hommes valides y compris les affranchis et forme douze
corps qui sont placés à Ostie, à Cumes et le long
de voie Appienne. Les renforts arrivent en particulier de Sicile.
Sertorius apporte 10 000 Gaulois cisalpins et l'Afrique envoie
plusieurs milliers de fantassins Maures et de cavaliers Numides qui
sont confiés à Cesar et il marche sur Acerrae,
élimine 6 000 Italiens commandés par Motulus et envoie un
secours dans la ville assiégée. Sulpicius vainc les
Péligniens et délivre Cneius Pompee qui reprend le
siège d'Asculum. Marius qui s'est emparé du camp des
alliés, est investi des pouvoirs consulaires mais doit partager
les troupes avec Cepion. Celui ci tombe dans un piège tendu par
Pompedius Silo et meurt avec un certain nombre de légionnaires.
La cité d'Aesernia est prise dans la foulée. Alors le
Sénat doit donner à Marius toute l'armée
consulaire. Marius y remet de l'ordre et remporte des victoires
en s'appuyant sur de fortes positions puis il tue le prêteur des
Marrucins, Herius Asinius. Mais Marius qui a recruté beaucoup
d'Italiens dans ses campagnes souhaite la fin de cette guerre. Mais le
Sénat a chargé Sylla d'une autre armée. Et
bientôt Marius va se retirer dans sa maison de Misène et
Sylla continue la guerre. Le Sénat profite de ces succès
pour accorder la Lex Julia qui accorde la
citoyenneté romaine aux alliés des cités qui sont
restées
fidèles et qui viendront à Rome dans les deux mois. Cette
loi divise les adversaires de Rome entre ceux qui
veulent se soumettre et ceux qui veulent continuer le combat. La
présence à Rome en un court délai est
prévue pour démobiliser les insurgés. De nombreux
Italiens se font inscrire mais les peuples des Abruzzes s'abstiennent.
Sur le plan militaire, l'année - 89 débute à Rome
par une offensive générale. Deux grosses armées
sont formées,
l'une au Nord, commandée par les nouveaux consuls Cneius Pompee
et Porcius Caton par la vallée du Tibre, Caton envahit le pays
des
Marses et les bat à plusieurs reprises, mais il tombe au combat
près du lac Fucin. Pompee assiège Asculum et repousse
Vettius Scato dont la retraite en plein hiver est douloureuse. Les
Marses, les Vestins, les Péligniens et les Marrucins
capitulent. Cesar est mort de maladie, l'armée commandée
par Sylla reconquiert la
Campanie, remonte la vallée du Vulturne, détruit
Stabies et force Herculanum et Pompei à la reddition. Il est
vainqueur du Samnite Cluentius. Les Pouilles et la Lucanie sont
recouvrées par les prêteurs Cosconius et Lucceius. La
guerre se limite aux Apennins, Les alliés ont
déplacé leur capitale à Bovianum. Pompedius Silo
rassemble les dernières forces encore en lutte contre Rome,
environ 30 000 hommes, il incorpore en plus 21 000 esclaves
et fait appel au roi Mithridate. Sylla coupe les communications entre
les Samnites et les Lucaniens, prend Eclanum (à l'est de
Bénévent). Résolu à entrer au cœur du
Samnium, il trompe Motulus et franchit des montagnes
réputées impraticables et menace Aesernia. Motulus
accourt pour protéger cette place, il est vaincu et
blessé mortellement. La campagne se termine par la prise de la
cité de Bovianum, nouvelle capitale fédérale.
La résolution
de la crise
A la fin de - 89, la
révolte est brisée
à l'exception de quelques troupes samnites qui sont vaincues en
- 88 par Sylla au cours d'une courte campagne, mais se prolonge
jusqu'en – 80 par des troubles endémiques. Pompaedius Silo est
tué après avoir tenté de soulever l'Apulie, Nole
est prise. Cette guerre sanglante aboutit
à l'octroi de la citoyenneté romaine à tous les
socii qui siègent désormais à l'Assemblée
du Peuple à Rome et font partie des trente cinq tribus
existantes. Sylla à la fin de cette guerre
bénéficie d'un grand prestige par ses victoires à
l'opposé de Marius, trop compréhensif vis à vis
des révoltés.
Les guerres
de Mithridate (- 88 - 66)
Alors que le bassin
méditerranéen entier semble accepter
la domination romaine, le royaume du Pont, jusque là
allié de Rome, présente une menace à
l'Orient.
Conquérant, Mithridate VI Eupator s'empare entre - 110
et - 107 du
Bosphore Cimmérien (la Crimée), puis il s'allie avec
Nicomède III, roi de Bythinie pour dépecer la
Paphlagonie. Vers - 100, Mithridate envahit la Cappadoce
dont le roi le roi Ariarathe VII trouve la mort. Il est remplacé
par le propre fils de Mithridate. C'est alors que le Sénat
romain intervient et exige que Mithridate et Nicomède
évacuent la Paphlagonie et la Cappadoce, les deux rois
s'exécutent et un noble perse, Ariobarzane monte sur le
trône de Cappadoce. Le roi du Pont dispose d'une armée de
250 000 fantassins, 50 000 cavaliers et des chars à faux. Il
recrute des Sarmates, s'allie avec Tigrane, le roi d'Arménie,
son
gendre, se procure des navires
et des pilotes en Egypte et en Syrie. Mithridate soutient les opposants
qui renversent le roi Ariobarzane et en - 91, fait de même
avec Socrates qui chasse son frère Nicomède IV de
Bythinie. Le Sénat envoie 3 délégués
conduits par Aquillius pour faire "coopérer" Mithridate au
rétablissement des deux rois. Mithridate est encore l'ami du
peuple romain.
Selon Florus, Aquillius incite Nicomède à entrer
en guerre contre Mithridate pour pouvoir rembourser ses dettes vis
à vis de Rome en pillant le royaume du Pont. Ainsi,
Nicomède attaque Mithridate à l'ouest, ce dernier
se plaint auprès d'Aquillius et lui demande de faire cesser
cette agression. Le Romain ne fait rien et gagne du temps. Mithridate
alors envahit la Cappadoce et remplace Ariobarzane. Aquilius doit
contenir Mithridate avec des forces romaines insuffisantes. Cassius, le
prêteur en charge de l'Asie et Oppius, le proconsul de Cilicie
commandent quelques troupes. Une attaque triple est programmée
contre Mithridate dont les Romains sous estiment les forces :
- Aquillius soutient l'attaque de Nicomède à partir de
l'ouest.
- Cassius attaque au sud en passant par la Galatie.
- Oppius soumettra la Cappadoce à l'est.
Ce plan va tourner au désastre. L'armée de
Nicomède est complètement détruite dans la
vallée de l'Amnias et ce roi rejoint les forces d’Aquillius.
Cette armée, trop dispersée, est à son tour
détruite par Mithridate
à Proton Pachion. C'est la retraite pour les Romains. Aquillius
fuit sur la côte de la province d'Asie et Cassius est rejoint par
Nicomède : ils retraitent vers le sud-ouest.
Mithridate envahit la province d'Asie en - 88, il est
maître de la Bithynie, de la Phrygie du nord et de la Mysie. Il
contrôle le Bosphore et peut faire passer sa flotte de la Mer
Noire à la mer Égée. Certaines cités se
livrent au roi du Pont mais beaucoup résistent. Aquillius est
arrêté à Mitylène et il est livré
à Mithridate. Aquillius est humilié à Pergame puis
on lui verse de l'or fondu dans la bouche en punition pour la
rapacité des Romains. Le proconsul Oppius est aussi livré
à Mithridate par la ville d'Apamée, mais il est bien
traité en captivité.
Sylla
Mithridate est très bien accueilli à
Éphèse et enthousiasme les Grecs, mais les
Romains opposent une farouche résistance. Mithridate
soulève les Grecs contre Rome et en un jour, 80 000
Romains sont éliminés dont un grand nombre à
Ephèse. Mithridate envoie ses généraux
Archélaus et Néoptolème en Grèce et
conquiert toutes les Cyclades sauf Rhodes, Delos, l'Eubée et
occupe Athènes. Ses officiers sont accueillis en
libérateurs. Mithridate s'attaque à la Macédoine.
Rome est
préoccupée par la lutte entre Marius et Sylla et par la
révolte de Sertorius. Enfin Sylla est envoyé par le
Sénat contre Mithridate et après un siège de six
mois, il
reprend et saccage Athènes en - 86 et brûle le
Pirée. La
même année, Sylla remporte une écrasante victoire
contre Archélaos
et Taxile
à Chéronée, et face à Dorilaüs
à Orchomène en
Béotie, dans l'année - 85. C'est là que selon
Appien, pour stimuler ses troupes impressionnées par le grand
nombre de leurs ennemis, il "saisit un étendard, se plaça
entre les deux armées avec ses gardes du corps, hurlant :
- Si jamais on vous demandait, Romains, où vous avez
abandonné Sylla, votre général, vous
répondrez que c'était à la bataille
d'Orchomène.".
Une armée romaine commandée par Gaius Flavius Fimbria est victorieuse en Asie et Sylla contraint le roi du Pont à signer la dure paix de Dardanos en - 84. Mithridate doit abandonner la Bithynie et la Cappadoce, livrer 70 navires et payer 3.000 talents. Les villes d'Asie qui avaient soutenu Mithridate sont condamnées à une amende extraordinaire de 20.000 talents, ce qui les ruine. Mithridate conserve son trône et toute liberté d'action en Mer Noire. Il repousse ainsi Lucius Licinius Murena, un lieutenant de Sylla en - 82, qui agit dans les territoires restés sous son contrôle. Mais les relations entre Rome et Mithridate restent pacifiques entre - 85 et - 74.
Le testament de Nicomède IV qui lègue son royaume
à Rome est la source de la nouvelle guerre. Mithridate se sent
menacé et entre en guerre en - 75, avec son allié
Tigrane. Il commence par vaincre, à Chalcédoine, le consul
Aurélitis Cotta qui n'a pas attendu l'armée de soutien que
lui envoie le Sénat et à détruire ainsi 70 vaisseaux
romains, en - 74. Mithridate met le siège devant Cyzique qui
résiste héroïquement, mais Lucius Lucullus bloque le
roi et son armée de 300 000 personnes, le fait quitter Cyzique puis
le bat sévèrement sur les bords du Granique en - 73. Une
campagne énergique de Lucullus le chasse de Bythinie et même
du Pont. Mithridate est vaincu à Lemnos et s'enfuit en
Arménie chez Tigrane. En -72, avec une nouvelle armée,
Mithridate repart en campagne mais il est vaincu en Cappadoce et
repoussé en Arménie. Dans une nouvelle
campagne, Lucullus envahit l'Arménie en - 69, vainc Tigrane,
prend Tigranocerte et Nisibe et là obtient la
soumission de Tigrane. La révolte des troupes de Lucullus,
détournées par Publius Clodius, permet à
Mithridate de reconquérir le royaume du Pont et de
reprendre la guerre. Mais par la Lex Manilia, le Sénat
crée un commandement exceptionnel dans la province d'Asie et le
confie à Pompée. Celui ci prend la direction de
l'armée de Lucullus et celle de trois légions ciliciennes
et dispose d'un fort avantage numérique contre Mithridate avec
environ 60 000 soldats. Il envoie une armée depuis la Bythinie
en passant par la Galatie, Mithridate retraite. Pompée avance
de la Cilicie vers le haut Euphrate en passant par la Cappadoce. Il
coupe la retraite de Mithridate qui subit une lourde défaite
entre Nicopolis et l'Euphrate. Mithridate se réfugie à
Panticapée en Crimée en - 66. Son fils, Pharnace,
organise une révolte contre lui en -63, il tente de s'
empoisonner mais comme il s'était immunisé contre tous
les poisons connus, il demande à un de ses mercenaires galates
de l'occire. Le territoire de Rome s'étend jusqu'au royaume du
Pont, la Bythinie et la Syrie.
Après la mort de Marius et la victoire de Sylla,
Quintus Sertorius part pour l'Hispanie en - 83 préparer la
résistance contre Sylla. Il trouve une
province rétive à l'autorité de Rome en raison de
la cupidité des gouverneurs qui viennent chaque année. Il
organise des milices locales et y mêle les déserteurs
romains et les autochtones. Refoulé en Afrique par la puissante
armée que Sylla envoie depuis la Gaule, commandée par
Annius, Sertorius est vainqueur de Paccianus, un général
de Sylla, près de
Tingis. Les Lusitaniens qui ont souffert des hommes du parti
de Sylla lui demandent d'être leur chef. Il accepte et
malgré la flotte romaine, revient en Hispanie avec avec mille
neuf cents Romains et sept cents Africains. Les Lusitaniens ajoutent
quatre mille fantassins et sept cents cavaliers et avec cette "petite
armée" doit
lutter contre des
généraux romains commandant des troupes plus nombreuses.
Et comme
nous dit Plutarque :
"Il défait Cotta dans un combat naval, près du
détroit de Mellaria, il vainc Phidius, qui commande dans la
Bétique, et lui tue deux mille Romains près du fleuve
Bétis. Son questeur remporte une grande victoire sur Lucius
Domitius, proconsul de l'Espagne citérieure qui trouve la mort
au combat. Il bat en
personne l'armée d'un des lieutenants de Quintus Cæcilius
Métellus Pius, nommé Thoranius, qui périt dans
le combat. Enfin, Métellus lui-même, l'un des plus grands
et des plus célèbres généraux que les
Romains eussent alors, se trouve dans un tel embarras, et réduit
à une si grande extrémité, que Lucius Manlius est
obligé d'accourir de la Gaule Narbonnaise à son secours".
Malgré cette puissante armée romaine, Sertorius
réussit à former une sorte de
république indépendante avec un sénat de 300
membres. Il entretient des relations diplomatiques avec le roi du Pont
et s'allie avec les pirates de la Méditerranée. Mais il
ne cède pas à Mithridate qui lui demande un
général et des troupes pour reconquérir toute
l'Asie après la paix de Dardanos en échange de vaisseaux
et d'argent. Le traité est signé vers - 76, sur la base
de la reconquête de la Bithynie et de la Cappadoce uniquement. La
province d'Asie doit rester romaine. Sertorius envoie pour
général, en Asie, Marcus Marius, l'un des
sénateurs romains qui l'ont rejoint.
Quintus Sertorius
En -76, Marcus Perperna Vento
vient avec quelques sénateurs et 20 000
légionnaires faire la guerre à Metellus mais ses soldats
veulent se battre sous la direction de Sertorius et la venue de
Pompée oblige Perpenna à céder. Mais
Pompée, venu avec trente mille fantassins et mille cavaliers,
se montre bien plus efficace que Metellus. Il ne réussit pas
à vaincre Sertorius mais bat certains de ses officiers,
Herrenius et Perpenna. Le
premier engagement entre Sertorius et Pompée coûte
à ce dernier 10 000 légionnaires et le bagage de son
armée en raison d'une superbe embuscade :
Sertorius oblige les soldats de Pompée à
fourrager au même endroit Puis il attaque en milieu de
matinée quand les Romains sont confiants et la garde fourrageant
elle aussi. Il encercle les Romains avec la cavalerie et capture tous
les rescapés. Quand Pompée envoie une légion en
renfort, la cavalerie de Sertorius la laisse passer et l'attaque par
l'arrière quand elle se trouve face à l'infanterie
espagnole. La légion est taillée en pièce comme
nous le précise Frontin. Et la guerre se poursuit avec des
déconvenues répétées pour Pompée.
Sertorius remporte contre Pompée la bataille de la
Turia mais il ne peut l'exploiter car Metellus intervient, c'est un
échec pour Sertorius qui n'a pu empêcher la réunion
des deux généraux près de Sagonte. Mais la
difficulté de se
ravitailler oblige les deux armées romaines à se
séparer. Pompée va même jusqu'à menacer le
Sénat de poursuivre la guerre en Italie s'il ne reçoit
pas des vivres et le consul Lucullus s'exécute et lui envoie
aussi deux légions.
Les deux généraux romains pourchassent Sertorius
dans la vallée de l'Ebre supérieur mais il sait se tirer
d'affaire et en hiver - 74, Metellus se replie sur l'Hispania Ulterior
tandis que Pompée revient en Narbonnaise où les Gaulois
ont repris les armes. Les deux années suivantes, la situation se
dégrade dans le camp de Sertorius. Les sénateurs sont
aigris de dépendre de Sertorius et le desservent auprès
des Espagnols qui trouvent l'effort de guerre trop lourd. Sertorius
réagit brutalement et un complot se forme contre lui,
dirigé par Perperna qui se conclut par l'assassinat de Sertorius
au milieu d'un repas en - 72.
Perperna qui commande à présent la résistance à Pompée voit une partie de ses troupes se disperser, en particulier les Lusitaniens. Il est battu à plusieurs reprises et capturé. Mais les chefs ibériques résistent encore une année. Pompée réorganise les deux provinces, fonde chez les Vascons, une cité qui porte son nom, Pompelon (Pampelune).
La guerre contre les pirates
A la mort (naturelle) de Sylla en - 79, le consul de - 78, Marcus Aemilius Lepidus veut lui succéder et pour commencer il propose le rappel des proscrits, la restitution du droit de cité à ceux qui l’avaient perdu ainsi que la restitution des terres confisquées. Le second consul Quintus Lutatius Catulus oppose son intercession. Lepidus part en Etrurie soutenir la révolte des habitants de Faesulae contre les colons de Sylla (vétérans qui avaient bénéficié de terres confisquées), il fait venir les enfants des proscrits et il tient la Gaule cisalpine avec une armée commandée par Brutus. En - 77, il envoie un ultimatum au Sénat qui vote le senatus consultum ultimum, une loi martiale et charge Catulus comme proconsul de réprimer Lepidus. Celui ci marche sur Rome. Catulus envoie Pompée qui a rallié l'aristocratie, attaquer Brutus qui le capture et l'élimine. Lepidus est arrêté au pont Milvius et à la nouvelle de la mort de Brutus, il part en Sardaigne et meurt naturellement peu après.
En - 70, Crassus et Pompée sont nommés
consuls de façon tout à fait illégale. Crassus
finit juste sa préture et Pompée est trop jeune pour
être candidat. Les
consuls annulent les réformes de Sylla, rétablissent le
tribunat de la plèbe et la censure.
Pendant toutes ces années de luttes intestines, la
police des mers était fort mal assurée. Le Sénat
envoie en expédition Servilius et Marcius en Cilicie et Metellus en Crète, Gaius
Triarius, un lieutenant de Lucullus, fortifie l'île de
Délos, mais rien n'y fait, les navires marchands sont
pillés mais aussi les ports et les îles et les pirates
n'hésitent pas à rançonner des
généraux romains et de plus, ces pirates aident
Mithridate à l'occasion. Le préteur Marcus Antonius est
chargé par le Sénat du titre de curator tuendae totius
orae maritimae, c'est à dire de faire la police sur toutes les
côtes méditerranéennes, au moment ou les pirates
font communiquer Mithridate et Sertorius. Antonius dispose de
l'imperium infinitum (illimité) et il est vaincu en Crète
et meurt prisonnier. Rome a perdu la maîtrise de la
mer et plus de mille navires pirates gênent la navigation et le
trafic et menacent Rome de disette. En - 67, le tribun Aulus Gabinius
fait voter la Lex Gabinia qui
donne à Pompée l'imperium sur l'ensemble de la
Méditerranée, c'est à dire "jusqu’aux
colonnes d’Hercule et sur terre, en tous lieux, jusqu’à quatre
cents stades (environ 72 kilomètres)" nous dit Plutarque, dans
le but d'éradiquer la piraterie.
Pompée a le pouvoir de lever 20 légions et
d'armer 500 navires, de nommer
24 légats disposant de leur propre imperium sur une zone
limitée et de grandes sommes
d'argent sont à sa disposition. C'est tout à fait nouveau
! En fait, il dispose de 270 navires et de l'aide des Rhodiens.
Son plan est simple, il verrouille toutes les mers et tous les golfes
de la Méditerranée au Pont-Euxin et s'occupe
personnellement de la Cilicie, vainc facilement les pirates devant
Coracesium
et les éloigne de la mer en les fixant à
l'intérieur des terres. Le bilan est positif : aucune perte de
navire et la mission est accomplie en quarante neuf jours et selon
Pompée, 846 navires pirates sont pris ou détruits. Les
prisonniers
Ciliciens vont introduire à Rome le culte de Mithra.
Les conquêtes de Pompée en
Orient
Après la disparition de Mithridate, Pompée
organise le royaume du Pont en 11 satrapies, il occupe la Cilicie
orientale, fait de la Bythinie une province romaine. Il est
attiré en Syrie par les troubles dynastiques des derniers
Séleucides. Pompée envoie ses légats dès
- 64 en Syrie et en Judée où Hircan II et Aristobule II
se disputent le pouvoir. Les légats Scaurus et Gabinius
corrompus par Aristobule font lever le
siège de Jérusalem mené par Hircan et son
allié Aretas III de Nabatène.
En - 63,
Pompée est à Antioche, il y prononce la
déchéance des Séleucides et transforme la Syrie et
la Phénicie en provinces romaines en conservant des dynastes
locaux comme en Asie Mineure.
Devenu voisin des Parthes, Pompée qui s'était
allié avec eux pour vaincre l'Arménie de Tigrane,
favorise ce dernier et humilie les Parthes. Ainsi il expulse les
Parthes au delà de la frontière et ne respecte plus la
frontière de l'Euphrate reconnue par les traités. En -
64, Phraate est sur le point de déclarer la guerre à
propos des frontières de l'Arménie mais le souverain
parthe renonce à affronter la puissante armée de
Pompée. Mais cette politique ruine le bon voisinage que souhaite
le roi parthe.
Devenu arbitre de la querelle entre les princes hasmonéens, Pompée reçoit à Damas, Hircan et Aristobule venus plaider leur cause. Pompée donne raison à Hircan et Aristobule tente de s'enfuir. A Jérusalem, les Saducéens tiennent les portes du Temple fermées. Les légionnaires percent une brèche et entrent dans le Temple. Aristobule est envoyé prisonnier à Rome. Absalom, un oncle d'Aristobule, résiste trois mois sur le Mont du Temple puis pendant que les assiégés fêtent le Jour du Jeûne, les Romains attaquent et éliminent les défenseurs. Pompée rétablit Hircan dans le statut d'ethnarque et de Grand Prêtre et laisse l'Iduméen Antipater au pouvoir. La Judée est un protectorat romain et doit payer un tribut.
Après avoir servi avec prudence la politique de Rome,
Pompée reçoit un triomphe en septembre - 61. Le
général a distribué 16 000 talents à ses
officiers et à ses soldats et il a versé environ 200
millions de sesterces aux caisses du fisc. Pompée victorieux
songe au pouvoir politique. Un
candidat sérieux est sur sa route, le sénateur Jules
César qui a les faveurs de la plèbe. Mais pendant ces
campagnes de Pompée, la République a connu de nouvelles
menaces.
La conjuration de Catilina
Marcus Tullius Cicéron est élu
consul pour l'année - 63 alors
que Lucius Sergius Catilina, un ancien préteur de la province
d'Afrique et démagogue, rêvait d'obtenir cette
fonction. Catilina dispose d'un réseau d'influence important, il
prépare un complot dont Fiesole en
Etrurie est le centre. On rassemble des soldats et des
armes, un ancien officier de Sylla, Gaius Manlius en prend
le commandement. Cicéron bien informé dénonce ce
complot en plein Sénat et il s'appuie sur une troupe de jeunes
de l'ordre marchand pour neutraliser les conspirateurs. La guerre
civile éclate le 27 octobre - 63, en Etrurie, avec un appel de
Gaius
Manlius à l'armée. Cela n'a aucun effet. Le Sénat
qui n'avait rien décidé face à cette conjuration,
investi Cicéron des pleins pouvoirs en votant le senatus
consultum ultimum, appelle les milices aux armes, et envoie des
officiers écraser
l'insurrection. Catilina dans la cité de Rome continue ses
complots mais Cicéron est toujours informé et contrecarre
toutes ses tentatives. Catilina se rend à Fiesole et se proclame
consul. On découvre que les conjurés sont en train de
rallier les délégués Allobroges venus à
Rome pour se plaindre des gouverneurs. Les complices de Catilina
présents à Rome sont arrêtés et le 5
décembre sont jugés tandis que Marcus Licinius Crassus et
Caius Julius Cesar sont accusés de participer à la
conjuration. De nombreuses troupes patrouillent dans Rome. Les
complices de Catilina sont condamnés à mort et
exécutés dans le Tullianum (du nom de Servius Tullius qui
l'a fait construire). A Rome la conjuration est vaincue. Catilina,
pendant ce temps, organise ses troupes en une armée mais les
nouvelles de Rome font fuir les moins résolus. Les troupes
loyales arrivent enfin, Metellus venant de Gaule avec trois
légions, bloque Catilina dans la Cisalpine. Le Sénat a
rassemblé toutes les troupes disponibles et en a confié
le commandement au consul Gaius Antonius (l'oncle de Marc Antoine).
Mais ce dernier qui était
complice de Catilina, réussit à se faire remplacer par
Petreius. Ce dernier l'attaque en janvier - 62, à Pistoria et
Catilina, comme les autres, combattent avec un courage reconnu par les
vainqueurs et les révoltés sont vaincus.
Pompée est confiant dans sa renommée et licencie
son armée. Mais en - 61, le Sénat ne lui accorde pas de
titre et, avec Crassus et César, ils forment un
triumvirat.
Suite et fin des relations
entre César et Pompée
Suite de l'histoire de Rome dans
la page Rome
Jules César le stratège