La premiere victoire de Julien

CONFLITS ET BATAILLES DE L'HUMANITE


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La situation en Gaule:

L'année 357 commence difficilement pour la Gaule et pour le Cesar Julien, qui est assiégé pendant un mois dans la cité d'Agedincum (Sens) avec un peu de cavalerie, information que les Alamans ont collectée et qui en profitent. Malgré l'abandon de Marcellus, le commandant de cavalerie qui aurait du lui envoyer des renforts, Julien repousse les ennemis. L'empereur Constance vient à Mediolanum (Milan) et convoque Marcellus qui est relégué à Sardique. En avril, Julien est le commandant suprême des opérations en Gaule, mais Constance remplace Marcellus par Barbatio, le nouveau Magister Peditum (commandant de l'infanterie), pour surveiller le Cesar.

Un plan est établi par Constance pour prendre en tenaille les Germains qui sont établis sur le Rhin. Julien doit partir d'Agedincum vers les Vosges tandis que Barbatio se dirigerait de Bâle vers Tres Tabernae. Mais un fort contingent d'auxiliaires germains abandonne ses positions en Franche-Comté et tente de s'emparer de Lugdunum (Lyon). Julien envoie immédiatement 3 escadrons de cavalerie légère bien entraînés qui anéantissent la révolte. Julien consolide Tres Tabernae (Saverne) et se tient prêt à intervenir selon le plan. Mais Barbatio qui doit ratisser la rive gauche du Rhin, improvise et décide de passer sur la rive droite au moyen d'un pont de bateaux. Les Germains en amont, le surveillent et lâchent sur le fleuve des troncs d'arbres qui disloquent le pont de bateaux. Barbatio, consterné ne veut pas rejoindre Julien et justifier son retard. Il refuse de continuer et participer à un éventuel succès du Cesar. Il fait demi tour, les Germains considèrent que c'est une retraite et ils reconduisent Barbatio jusqu'à son point de départ. Son armée de 25 000 hommes arrive en piteux état, l'essentiel de ses transports et de ses moyens de subsistance est laissé aux mains des Germains. Puis Barbatio répartit ses troupes dans divers cantonnements pour l'hiver et s'en va à la cour de Constance pour tenter de faire endosser à Julien qui l'attend toujours à Tres Tabernae, la responsabilité de son échec.

Pendant ce temps, les Alamans informés de la situation du Cesar, forment une coalition pour en finir avec cette petite armée d'environ 13 000 soldats qui ne sera pas renforcée. Les Alamans concentrent les forces de sept de leurs rois et commencent à traverser le Rhin en direction de Tres Tabernae. Ils vont même jusqu'à envoyer des émissaires, porteurs de sommations à Julien maintenant isolé. Mais Julien est pugnace ! Il voit son heure de gloire venue : les aïeux, Claude le Gothique, Constance Chlore, les dieux, la Gloire de l'Empire!

Toutes ces pensées envahissent son esprit pour l'aider à se surpasser. Malgré l'exaltation, Julien réfléchit posément et se garde de toute précipitation. Ainsi, il calme l'ardeur de ses troupes qui veulent attaquer tout de suite. Pour Julien, il vaut mieux que l'ennemi concentre la plus grande masse compatible avec ses effectifs. Il laisse donc les Alamans franchir le fleuve et affluer vers lui, trois jours et trois nuits. Le 15 août 357, il estime atteint le nombre d'ennemis qu'il peut vaincre et donne l'ordre de marcher sur Argentoratum (Strasbourg). A la hauteur de l'actuelle Mundolsheim, l'armée ennemie estimée à 35 000 hommes, est repérée par les éclaireurs.

Le Nord Est de la Gaule au IVè siècle (wikipedia)

La bataille, le 15 août 357

Julien dispose ses troupes comme Saloustios lui a appris, l'infanterie au centre et à l'aile gauche sur deux lignes et les Catafractarii (cavalerie lourde) sont en jonction de son aile droite, composée de Scutarii* et de Sagitarii*.

* Scutarii, unités d'infanterie légère, souvent issue d'Ibérie, combattant avec des épées, des grands boucliers ovales et de lourds javelots.
* Sagitarii, unités d'archers, fantassins ou cavaliers, utilisant un arc composite.

Julien donne l'ordre d'avancer. Les Alamans se forment en coin et attendent le choc. Les romains frappent en cadence leurs spatha (épée courte) sur leurs boucliers.

Avant que les premières lignes se rencontrent, l'aile gauche romaine, commandée par Severus, redoutant une embuscade, s'arrête et quelques troupes légères sont envoyées en éclaireur vers l'orée d'un bois. Un détachement alaman soigneusement embusqué, se voyant découvert, charge l'aile gauche et la bouscule. Aussitôt, Julien et deux cents cavaliers de sa garde personnelle, se précipitent pour rétablir la situation. Les Alamans passent à l'attaque.

Chnodomar et ses deux mille cavaliers attaquent l'aile droite, disperse les Scutarii et les Sagitarii et vient buter sur les Catafractarii. La mêlée est d'abord indécise, mais l'infanterie légère qui accompagne ces cavaliers s'infiltre dans les rangs romains et éventre leurs chevaux. Les javelots et les flèches pleuvent. Le tribun Boinaubaudes qui commande les Catafractarii est grièvement blessé et tombe de cheval, c'est le sauve qui peut ! Mais les Catafractarii sont arrêtés par les vétérans ce qui permet à Julien de venir rallier ces cavaliers. Le chef d'un escadron réussit à reformer son unité.

La bataille d'Argentorate ou Argentoratum (près de l'actuelle Strasbourg) en 357 (wikipedia)

Au centre, l'infanterie romaine fléchit sous la poussée des Alamans. Julien engage ses réserves auxiliaires d'élite, gaulois et bataves pour soutenir la première ligne. L'aile gauche est revenue de sa défaillance première et progresse sur le terrain. Ce sont les Alamans qui craignent désormais l'encerclement. Julien contrôle la situation, il est partout à la fois, improvise selon l'urgence du moment. Il crie :

"Exurgamu, viri fortes"qu'on peut traduire par "Debout les braves"

Alors, des nobles Alamans avec leurs rois en tête, mettent pied à terre et attaquent la première ligne à leur tour. Les auxiliaires vacillent, une brèche s'élargit au centre de la première ligne. Julien ordonne à la légion d'élite des Primani d'avancer et deux unités d'auxiliaires d'élite, les Batavii et les Regii, appuient l'attaque. Toute l'armée romaine entonne le Barritus (rugissement). Et cette percée est arrêtée. A présent la poussée romaine tout le long du front, provoque l'effondrement des Alamans, d'abord par petits groupes qui lâchent pied puis c'est la débandade.

Les Alamans sont poursuivis par les unités légères romaines et subissent de lourdes pertes. La cavalerie romaine vaincue s'est reformée. Julien arrête la poursuite au fleuve où les Alamans se noient par centaines en essayant de traverser le Rhin à la nage. Le roi Chnodomar est capturé et envoyé à Rome ou il finira ses jours. La bataille a duré une demie journée, huit mille Alamans et deux cent quarante trois Romains sont morts, ce qui est de l'ordre de grandeur des pertes de la bataille de Marathon. La Gaule est délivrée. Julien est indemne et peut se considérer désormais comme un véritable Cesar.

Mais même si l'armée est éprouvée, Julien estime qu'il faut profiter de l'écrasement des troupes d'invasion pour porter la guerre sur le territoire germain. Le Cesar utilise toute sa persuasion pour mobiliser ses troupes et sur un pont de bateaux, il traverse le Rhin, tandis que des légionnaires, à bord de navires bien équipés, vont semer la mort et le feu, le long du fleuve. Les représailles sont implacables, des prisonniers romains sont libérés. Les chefs barbares demandent une trêve, l'hiver est bien avancé quand Julien rentre à Lutèce.

un cataphractari romain


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