CONFLITS ET BATAILLES DE L'HUMANITÉ
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En 581, une offensive est lancée avec succès
contre le territoire Chen, mais apprenant la mort de leur
empereur Xuan, il rappelle ses troupes, jugeant illicite
d'attaquer un état dont l'empereur vient de mourir. En
582, il fait construire une nouvelle capitale nommée
Daxing qui devient utilisable en 583. Cette année
là, Wen estime que les dissensions entre Tujue sont
assez fortes pour lancer une attaque majeure contre Ashina
Shetu, dirigée par son frère Yuan Shuang, le
prince de Wei. Ce prince obtient une grande victoire et force
Gao Baoning à fuir chez les Khitan, mais celui ci est
tué par ses propres soldats sur le chemin. En 584,
Ashina Shetu se soumet à l'empereur et celui ci
décide de faire construire un canal entre Daxing et
Guanzhong, dans la basse vallée de la Wei.

L'empereur Wen, règne 581 à 604
origine greatwallonline-info
En 587, l'empereur Wen annexe le royaume de Liang occidental et
l'année suivante, annonce officiellement la guerre contre
Chen. La disproportion des forces et le comportement de l'empereur
Chen Subao facilite la victoire. Selon les Zizhi Tongian,
l'armée d'invasion Sui compte 518 000 soldats dont des
aborigènes du sud Ouest du Sichouan et une flotte
considérable réunie au nord du fleuve Yangtsé.
Le plus grand de ces navires a cinq ponts et peut transporter 800
passagers.
La capitale des Chen, Jiankang est rasée. Les lois de
l'empire Sui sont appliquées sur le territoire Chen et la
noblesse locale est mécontente. Une rumeur circule selon
laquelle des Chen seront déplacés dans le Guanzhong,
et provoque en 590, une révolte dans presque tout le
territoire mais de façon inorganisée. Yang Su,
envoyé par l'empereur, réprime ces révoltes.
L'empire Tuyuhun, au nord du Tibet, voir la carte ci dessus,
recherche la paix avec Sui. Son khan, Murong Shifu, propose sa
fille comme concubine à l'empereur Wen qui accepte
l'offre de paix mais décline l'offre de la fille du khan.
La politique de l'empereur Wen a permis d'améliorer les
infrastructures en particulier, il établit des greniers
à la fois pour y stocker de la nourriture, mais aussi pour
réguler les prix du marché. Mais l'empereur Wen
dépense beaucoup et ruine le trésor public par
ses chantiers pharaoniques et pour les dépenses militaires.
Ainsi il engage les travaux pour relier le Nord et le Sud de la
Chine par un canal et il fait restaurer la Grande Muraille et les
digues. Wen veut rétablir les liens de vassalités
entre la Chine et les pays voisins. Dans le Koguryo, le plus proche
des états coréens, le roi Yeong-yang revendique
l'égalité. L'empereur Wen réclame
l'arrêt de toute alliance militaire entre Koguryo et les
Turcs et la cessation des pillages des régions
frontalières. Le roi de Koguryo semble respecter cet
ultimatum, puis en 597, il lance une invasion avec les Mohe dans
l'actuelle province du Hebei.
En 598, l'empereur Wen décide une invasion du Koguryo avec
300 000 soldats, l'ennemi pouvant en aligner 50 000. L'armée
chinoise commandée par le fils cadet de l'empereur Yang
Liang et le général Shiji Wang, progresse le long du
fleuve Liao. Mais les pluies et l'épidémie ravagent
l'armée chinoise qui connait de fortes pertes tant pour sa
marine laminée par la tempête et la flotte
coréenne commandée par l'amiral Gang Isik, à
la bataille de la mer de Bohai, que pour l'armée de terre,
paralysée par des pluies lourdes et harcelée par les
soldats coréens. Mais quand le roi Wideok de Paekche propose
à Sui son aide, c'est l'inquiétude au Koguryo. Le roi
Yeong-yang ne peut mener une guerre sur deux fronts, il envoie des
ambassadeurs à Daxing qui présentent leurs excuses
pour la guerre. Wen accepte cette aide et la paix est signée,
mais 90 % de l'armée chinoise et de sa marine est perdue.
Dans la fin du règne, l'empereur Wen a soutenu Ashina
Rangan, un prince Tujue qui le prévient de toute attaque
contre les Sui. Ashina Rangan devient le khan indiscuté des
Tujue. En 602, le souverain du Van Xuân (actuel nord du
Vietnam), Ly Phât Tu, est convoqué à la cour
des Sui. Il refuse d'y venir. Une forte expédition
dirigée par Lin Fang est envoyée au Sud pour ramener
dans l'empire les territoires de l'ancien Nam Viet. L'armée
du Van Xuâm est battue et le nouveau souverain, Ly Nam
Dé II, abdique. L'autorité chinoise est rétablie.
Les causes de la mort de l'empereur en 604 sont mal connues. Yang
Guang, le prince héritier lui succède sous le nom
d'empereur Yang. Il est confronté rapidement à la
révolte de son frère Yang Liang, puis à
celle du commandant de la province de Bing. Yang Liang est soutenu
par 19 provinces mais n'a pas de plan global. Il remporte quelques
succès initiaux mais rapidement ses offensives
s'arrêtent. L'empereur envoie Yang Su contre lui. Et
rapidement Yang Liang est assiègé dans son quartier
général dans la province de Bing et forcé
à se rendre. Yang Liang passe le reste de sa vie en prison.
A la fin de l'année, Yang juge que la capitale Tch'ang-ngan nuit
à sa santé et se rend à Luoyang dont il fait
la capitale de l'Est. Il engage des centaines de milliers d'hommes
pour creuser une tranchée entourant la région de
Luoyang afin d'établir un périmètre de
défense. Dès 605, l'empereur lance de grands projets,
le luxueux palais impérial de Luoyang, le canal de Tongi et
la reconstruction du canal de Han, ces deux canaux, formant le
grand canal de Chine, sont réalisés en cinq mois mais
les pertes humaines sont considérables, entre 40 et 50 % des
travailleurs. En 605, les tribus Khitan attaquent la province Ying,
dans l'actuel Yunnan, l'empereur requiert les troupes Tujue relevant
d'Ashina Rangan pour attaquer les Khitan. Les envahisseurs sont pris
par surprise et vaincus.

Empereur Yang des Sui (604 - 618)
(history-cultural-china.com)

Gaozu, le 1er empereur T'ang
(origine wikipedia)

L'empereur T'ai-tsong
(site chine-information.com)
Pour éviter toute vengeance et pacifier l'Empire, T'ai-tsong
fait disparaître rapidement ses belles-soeurs et ses neveux.
L'ancien empereur se retire dans un de ses palais. Et T'ai-tsong doit
faire face à une nouvelle invasion des Turcs, attirés
par ce drame familial. Cent milles cavaliers dirigés par le
qaghan Hie-li, traversent le Gobi et le 23 septembre 626, leur
avant-garde approche du pont de Pen-Kiao, à la porte Nord de
Tch'ang-ngan. Un ambassadeur turc vient réclamer le tribut,
sinon, un million de nomades viendront saccager la capitale.
T'ai-tsong réplique en menaçant de faire trancher la
tête de l'ambassadeur, alors qu'il ne dispose que de peu de
troupes dans cette ville.
Pour impressionner l'ennemi, il fait sortir ses soldats par les
différentes portes et les déploie au pied des
murailles. Pendant ce temps là, avec un petit groupe de
cavaliers, l'empereur, comme il en a l'habitude, part
reconnaître l'armée ennemie. Il chevauche en
confiance, En le voyant "les Turcs, frappés de cet air de
grandeur et d'intrépidité qui était
répandu sur toute sa personne, descendirent de cheval et le
saluèrent à la manière de leur pays."
A ce moment l'armée chinoise se déploie
derrière lui, ses armures et ses étendards
brillant au soleil. T'ai-tsong, au milieu de l'armée turque,
fait signe à l'armée chinoise de reculer et de
rester en ordre de bataille. L'empereur appelle les deux khans pour
leur proposer un combat singulier. "Li-che-min n'a pas
oublié de se servir de ses armes." leur dit-il avant de leur
reprocher violemment d'avoir rompu les trêves, en faisant
appel à leur sentiment de guerrier. Bravés en
face et surpris par le déploiement de la cavalerie chinoise,
Hie-li subjugué, demande la paix. Elle est conclue le
lendemain après le sacrifice traditionnel d'un cheval
blanc.
Plutôt que de renforcer la grande Muraille comme on le lui
conseille, T'ai-tsong mine l'autorité des Turcs de l'Orkhon
par des révoltes entretenues par ses diplomates. Suite
à une imprudente provocation d'El-qaghan, l'empereur en
630, lance contre lui toute l'armée chinoise. Le khan est
rejoint dans la Mongolie Intérieure, au Nord du Chan-si.
L'armée chinoise surprend son camp près de
Kouen-houa-tch'eng et disperse ses hordes; puis elle le poursuit en
Haute Mongolie, vers l'Orkhon et le Kerulen et le force
à se réfugier chez une tribu qui le lui livre.
Pendant un demi-siècle (630 - 682), le Khanat des Turcs
Orientaux est soumis à la Chine et son territoire,
l'actuelle Mongolie, attaché à l'Empire.
L'empire des Turcs de Mongolie abattu, l'empereur s'occupe de ceux
du Turkestan, à l'Ouest. Dirigés par un puissant
souverain, nommé T'ong che-hou ou T'ong le Yaghou, ils
dominent de l'Altaï à la mer d'Aral. Nous le
connaissons par le témoignage du pèlerin
bouddhiste Huan-Tsang qui le rencontre en 630 près de
Toqmaq, à l'ouest de l'Issyq-qoul, sa résidence
d'hiver, dans le Kirghizistan actuel :
"Tous étaient montés sur des chevaux ou des
chameaux et vêtus de fourrures ou de laine, portant de
longues lances, des bannières et des arcs droits. Leur
multitude s'étendait tellement loin qu'on ne pouvait en
découvrir la fin."
T'ai-tsong pensant "qu'il faut s'unir avec ceux qui sont loin contre
ceux qui sont proches", a ménagé ces hordes de
l'Ouest, tant qu'il avait comme menace celles de Mongolie. Mais en 630,
le hasard (peut être sollicité) le sert bien ! Le
Khan du Turkestan est assassiné dans des circonstances assez
troubles. Et aussitôt son royaume se morcèle en
plusieurs groupes de tribus ennemies.
Quand on conseille à l'empereur de renforcer la Grande
Muraille, il sourit : "Qu'est-il besoin de renforcer les
frontières ?". Il est vrai que sa diplomatie entretient des
discordes intérieures et des révoltes chez ses
voisins trop puissants. Mais il dispose d'une armée
renforcée par l'apport des invasions barbares qui ont
dominé la Chine du Nord pendant trois siècles. Il
peut aussi compter sur des auxiliaires turcs. Qu'ils soient fantassins
ou cavaliers, ces soldats sont protégés par leurs
armures de cuir bouilli, renforcées au niveau du plastron et
du dos de plaques de métal, et au niveau du bas-ventre par
une pansière de cuir ou d'écailles
métalliques. Ils portent aussi de grands boucliers ronds ou
rectangulaires décorés de figures de monstres.

Cheval de l'armée T'ang (culture.gouv.fr)
Mais pour porter ces cavaliers lourdement équipés,
il faut de solides montures, à regarder les statues qui
ornent leurs tombeaux, les empereurs T'ang ont trouvé ce
qu'il leur fallait et les chevaux de race Tahoe sont fameux dans
la Chine des T'ang. A présent que le danger turc est
évanoui, T'ai-tsong peut songer à rétablir
le protectorat sur les oasis du Tarim, indispensables pour
contrôler la route des caravanes
vers l'Inde et aussi vers l'Iran.
L'empereur songe à les attirer pacifiquement.
L'oasis la plus proche et la plus influencée par la culture
chinoise est celle de Tourfan, dont la dynastie est d'origine chinoise.
Le roi de Tourfan est venu en 630 rendre hommage à
T'ai-tsong mais en 640, il est imprudent et s'allie avec des
révoltés turcs pour couper la route des caravanes
entre la Chine, l'Inde et l'Iran. Il compte sur le désert de
Gobi pour le protéger. Un corps de cavalerie chinois
franchit ce désert et apparaît soudain devant la
cité de Tourfan. Le roi, apprenant la nouvelle, meurt de
saisissement. Les Chinois assiègent la cité. Une
grêle de pierres s'abat déjà sur
l'oasis, un très jeune homme se présente au camp
chinois:
"Avant que ses explications fussent devenues d'une humilité
complète, un des généraux chinois, se
leva et dit :"Il faut attaquer la ville; qu'est-il besoin de discuter
avec cet enfant. Qu'on donne le signal et qu'on marche à
l'assaut!"
Le nouveau roi, trempé de sueur, se prosterne à
terre et accepte tout ce qu'on lui demande. Les
généraux chinois le font prisonnier et le
rapportent à l'empereur. L'épée
enrichie de joyaux du roi de Tourfan est offerte au
général turc A-che-na-chö-eul. Tourfan
est annexé à l'empire et devient ensuite le
siège du gouvernement chinois de l'Ouest pacifié
"Ngan-si" jusqu'en 658, ensuite c'est Koutcha qui prend le relais.
Tou-ki-tche, le souverain de l'oasis suivante, celle de Qarachahr, a
aidé les Chinois à écraser les
Tourfanais, leurs frères ennemis, mais Tourfan
annexé, il prend peur et s'allie aux Turcs dissidents.
T'ai-tsong envoie une nouvelle armée dans le Gobi,
dirigée par un chef plein de ressources, Kouo-Hiao-k'o.
"Le site de Qarachahr avait un pourtour de dix-sept
kilomètres. Il était protégé sur
les quatre côtés par les monts des Tien-chan et
par le lac Baghratch. Aussi les habitants étaient-ils
convaincus qu'ils ne pouvaient être surpris. Mais
Kouo-Hiao-k'o, s'avançant à marches forcées,
franchit la rivière et arriva de nuit au pied des remparts.
Il attendit le point du jour pour donner l'assaut au milieu des
cris de la multitude. Les tambours et les cornes sonnèrent
à grand bruit et les soldats de T'ang se donnèrent
libre carrière. Les habitants furent saisis de panique.
On coupa mille têtes et un prince loyaliste est mis sur
le trône. Toute l'opération est dirigée
par l'empereur, de sa capitale, en 644. Mais le prince loyaliste
est détrôné par Sic-po, son cousin, hostile
aux Chinois. A-che-na-chö-eul doit marcher contre Qarachahr,
Sic-po est décapité en 648.
L'oasis la plus prospère du Tarim est celle de Koutcha.
Son souverain de la dynastie Swarna, Sou-fa-tie, en
koutchéen Swarnatep ce qui signifie "le dieu d'or", a
reconnu vers 630, la suzeraineté chinoise mais en 644,
il se révolte en même temps que le roi de Qarachahr
contre l'Empire et il meurt peu après. Son jeune
frère Haipouchpa "Fleur divine" lui succède en 646.
Le nouveau roi sentant l'orage gronder, se presse d'envoyer
à la cour de T'ai-tsong des protestations de
dévouement (647) Trop tard !
A-che-na-chö-eul est déjà parti pour
l'Ouest avec une armée de réguliers chinois et
de mercenaires tartares.
L'armée chinoise est attendue venant du sud-est en
sortant du désert de Gobi. A-che-na-chö-eul suit
la piste qui va d'Ouroumtsi au petit Youkdouz, du
côté des Tien-chan et arrive sur Koutcha par
le Nord Ouest. Le roi Haripouchpa sort des murailles avec la
brillante chevalerie koutchéenne. Les Chinois feignent
de céder, attirent les Koutchéens dans le
désert et les détruisent. A-che-na-chö-eul
entre en vainqueur dans Koutcha et comme "Fleur divine" s'est
réfugié avec les débris de son armée
dans le bourg de Yaqa-ariq, il l'y relance et emporte la place
au bout de quarante jours de siège. A Koutcha, le bilan
est de onze mille têtes. Une révolte
ultérieure est brutalement réprimée. C'est
la fin de l'indépendance pour la cité
indo-européenne du Gobi. Sa brillante civilisation ne
se relèvera pas entièrement de la catastrophe.
Après les oasis du nord du Tarim, T'ai-tsong pense
à se subordonner ceux du Sud. Le roi de Khotan a
dès 632 accepté la suzeraineté de la
Chine, il a même envoyé son fils servir dans la
garde impériale, mais cela ne paraît pas
suffisant. En 648, après avoir écrasé
Koutcha :
"Après ce coup, les contrées d'Occident sont
frappées de terreur, c'est le moment de prendre de la
cavalerie légère et d'aller passer le licou au
roi de Khotan !"
Et A-che-na-chö-eul détache un corps de cavalerie
en tournée d'inspection jusqu'à l'oasis de Khotan.
Le roi Fou-chô-Sin tremble et le général
l'exhorte à venir se présenter au fils du Ciel.
Le roi s'exécute et après un séjour de
plusieurs mois à la cour de Tch'ang-ngan, il est
autorisé à rentrer chez lui avec une robe
d'honneur, cinq mille pièces de soie et de nouveaux
privilèges. Kachgar et Yarkand ne causent pas de soucis
pour accepter la suzeraineté chinoise.
Au Tibet, un chef
énergique, Songsten Gampo, organise dans la
région de Lhassa, un royaume structuré, il est
maître de tout le plateau tibétain. Une
première demande en mariage avec une princesse chinoise de
rang impérial est rejetée en 634. Une armée
tibétaine intervient et assiège la préfecture
de Songzou qui contrôle la branche sud de la Route de la Soie.
Une première armée chinoise venue les déloger
est vaincue. Il faut une deuxième armée conduite par
Nin Jida pour que les Tibétains se retirent. L'empereur de
Chine est conscient qu'avec cette armée de cent mille
soldats, le souverain du Tibet est puissant et une négociation
s'engage qui aboutit au mariage demandé en 641, ainsi qu'à
l'envoi de maîtres pour enseigner le chinois et l'autorisation
pour des membres de la famille royale tibétaine d'étudier
à l'Université d'Etat de Tch'ang-ngan. la Chine et le Tibet
sont en paix jusqu'à la fin du règne de Songsten Gampo.
En 631, Le Champa recommence à prêter serment de
vassalité à l'Empire. Mais l'empereur ne réussit
pas à soumettre le Koguryu. En 618, le roi de ce pays meurt et
il est remplacé par Yeongnyu, un souverain bien plus diplomate
qui dès 619 reconnaît la suzeraineté chinoise et
paye le tribut. En 621, l'empereur Gaozu propose l'échange des
prisonniers et 10 000 Chinois rentrent chez eux. Les rapports restent
courtois et le Koguryo renforce ses défenses. La Chine des Tang
devient une puissance militaire et vers 640, la paix est solide,
T'ai-tsong qui prend modèle sur l'empereur Han Wudi, envisage
une double attaque terrestre et maritime pour conquérir le nord
de la Corée. En 641, il envoie Chen Date cartographier la zone
de la frontière nord est, et y recueillir des informations pour
une éventuelle campagne !
Mais en 642, le général Yeon Gaesomun, qui supervise
le renforcement de la frontière, ouvertement anti-chinois,
renverse Yeongnyu par un coup d'état puis l'élimine
avec une centaine de fonctionnaires loyalistes. Il met sur le
trône le neveu du précédent roi : Boyang.
L'empereur et sa cour s'inquiètent mais le Koguryo a fait
tomber la dynastie Sui, alors prudence ! Silla, un des royaumes
coréens vassaux de l'empire, annonce qu'il est attaqué
par le Koguryo au Nord et le Paekche à l'ouest. La Chine
doit agir militairement mais tous les conseillers de l'empereur ne
sont pas de cet avis. Le général Li Shiji fait
remarquer que si le Koguryo unifie la Corée à son
profit, il peut s'allier avec les Malgal de Mandchourie ou les
Xueyantuo ce qui deviendrait dangereux pour la frontière
du Nord ! T'ai-tsong envoie des diplomates au Koguryo, en vain, et
Yeon Gaesomun en enferme un. C'est une déclaration de guerre !
La guerre
de T'ai-tsong contre le Koguryo
Au printemps 645, les troupes chinoises, menées par
l'empereur, avancent dans le Liaodong, tandis que la marine conduite
par Zhang Liang suit les côtes vers la capitale du Koguryo,
WanggOmsOng, le motif déclaré de la guerre est de
renverser le régicide qui a tué un fidèle
vassal, Yeongnyu et attaqué un autre, le Silla. L'empereur
a interrogé des vétérans des guerres des
Sui et a fait construire quatre cents navires pour transporter le
ravitaillement.
L'armée de Koguryo, forte de 150 000 Coréens
auxquels s'ajoutent des mercenaires Mohe est signalée,
l'empereur envoie un message qui détend la situation, le
seul but de la campagne est la chute du régicide. Les
généraux ennemis relâchent les défenses.
T'ai-tsong monte une embuscade : Zhangsun Wuji avance avec onze
mille soldats, l'Empereur est accompagné de quatre mille
soldats et cavaliers, tandis que Li Shiji mène 5 000
cavaliers et prennent position près du camp ennemi. Le
groupe de l'Empereur paraît isolé et le 20 juillet
645, le général Go Yeonsu, déclenche une
attaque audacieuse pour capturer l'Empereur T'ang, mais il est
pris en tenaille par les troupes de T'ai-tsong et celles de
Zhangsun Wuji, qui se découvrent soudain. L'attaque de Go
Yeonsu est stoppée et ses troupes subissent de fortes pertes
(20 000 soldats). Go Yeonsu tente de réorganiser ses troupes
mais il est encerclé, le seul pont permettant la retraite est
coupé par Zhangsun. Go Yeonsu, Go Hyezin, et 36 800 hommes
doivent se rendre aux troupes chinoises. Les officiers
capturés sont intégrés dans l'Empire
avec des titres chinois et envoyés dans des villes
chinoises, les soldats coréens sont pardonnés et
relâchés tandis que trois mille trois cents
mercenaires Mohe sont éliminés.

Campagne de Corée en 645 (wikipedia)
Plusieurs cibles sont maintenant disponibles pour l'armée
T'ang, Jianan (Geonan) Xincheng et Wugu sont peu défendues
mais trop enfoncées dans le Koguryo pour assurer les lignes
de ravitaillement. L'empereur se range à la proposition
de Zhangsun Wuji, : le siège de Anshi, cité
fortifiée, bien défendue par le site et par une
armée puissante commandée par un général
compétent. Mais la cité ne se rend pas et au bout de
deux mois, le 13 octobre 645, l'herbe se faisant rare, l'Empereur
donne l'ordre de la retraite et prudemment il fait couvrir la route
du retour par Li Shiji et Li Daozong. Mais un terrible blizzard
fait perdre à l'armée chinoise 70% de ses chevaux
et plusieurs milliers de soldats. T'ai-tsong a compris qu'il lui
faut un allié dans la péninsule pour venir à
bout de ce voisin gênant qui empêche les ambassades
du Silla et du Paekche de lui apporter le tribut ainsi qu'aux
envoyés de l'empire du Japon. Or le Silla fait appel à
lui, car il est attaqué par le Paekche et le Koguryo. K'ai-tsong change de stratégie et choisit de ravager
la plaine de la rivière Liao par des troupes chinoises et
barbares et de faire un blocus maritime. Une nouvelle invasion est
prévue en 649, avec une armée de 300 000 soldats
mais la mort de l'empereur "enterre" le projet.
Une ambassade chinoise conduite par Wang-Hiuan-ts'o est
envoyée auprès du royaume nord indien Harcha.
Elle est attaquée par des Indiens. L'ambassadeur revient
avec des contingents tibétains et
népalais et capture ses agresseurs qu'il ramène
enchaînés à la cour de Tch'ang-ngan en
647.
Sur le plan juridique, le code T'ang comprend cinq cents articles en
637. C'est le premier code chinois qui est parvenu complet
jusqu'à nous, il était toujours en vigueur en 1912 !
En 638, une ambassade de la Perse Sassanide est accueillie à
Tch'ang-ngan et en 643, c'est au tour d'une ambassade byzantine.
Dès son intronisation, l'empereur est en harmonie avec les
lettrés confucéens à propos du Bouddhisme.
C'est à dire qu'il approuve les critiques faites contre
le monachisme bouddhique pour son caractère antisocial,
anticivique, et antinational. Cent mille bonzes et autant de
bonzesses sont ainsi voués au célibat dans la
Chine du début du VIIè siècle. Aussi
T'ai-tsong décide dés 626, de placer tous les
monastères bouddhistes des territoires de la couronne
impériale sous un contrôle confucéen
sévère. Mais la domination chinoise
établie sur une région aussi
profondément bouddhique que le bassin du Tarim et les
relations diplomatiques avec les états indiens modifient
progressivement les idées de l'empereur.
Ainsi le pèlerin célèbre
Hiuan-tsong qui a sollicité en 629, l'autorisation de
partir en pèlerinage vers le Gange s'est vu refuser les
passeports nécessaires. Il est donc sorti de l'Empire
"en cachette" et s'est engagé dans le désert de
Gobi dans des conditions dangereuses. Puis la traversée
du Tarim, du Turkestan et de l'actuel Afghanistan lui a permis
de recevoir un accueil empressé de ses coreligionnaire
et aussi des autorités car c'est aussi un philosophe
venu pour étudier la philosophie sanscrite, ainsi qu'un
explorateur et un géographe. A son retour en Chine, en
644, T'ai-tsong lui réserve le meilleur accueil,
l'interroge longuement sur la situation des royaumes indiens et,
fort satisfait de ses réponses, veut lui confier un poste
de ministre. Hiuan-tsong en pleine rédaction de ses ouvrages
religieux ou philosophiques, décline cette offre mais se
fixe dans la capitale au couvent de la Grande Bienfaisance en
train d'être terminé et d'où l'empereur le
fait souvent appeler au palais pour converser en toute amitié
avec lui.
L'expansion de l'empire chinois jusqu'aux confins indo-iraniens
provoque aussi un contact avec le Christianisme, par la Transoxiane.
Il s'agit du Christianisme Nestorien qui délègue en
635, à Tch'ang-ngan, un prêtre nommé A-lo-pen
une transcription chinoise de Rubban. Ce missionnaire construit
une église dans la capitale en 638 et une inscription
syro-chinoise en 780, célébrera cet
événement et la bienveillance de l'empereur
T'ai-tsong pour le Christianisme.
Sur le plan économique, l'expansion chinoise en Asie
Centrale est bénéfique. C'est à l'imitation
des Indiens et à l'époque des T'ang que les
Chinois apprennent à fabriquer du sucre à partir
de la canne à sucre, cultivée dans le
Sseu-tch-ouan et dans la région de Canton. Pour le vin
à base de raisin, les premier contacts sont pris à
l'époque des Han, avec les oasis de Tourfan, Qarachah et
Koutcha ainsi qu'au Ferghana, célèbres pour leurs
raisins. Selon la tradition, le raisin serait introduit en Chine
vers 125 de notre ère. Mais en fait c'est à partir
des T'ang que les Chinois se mettent à fabriquer du vin.
Le thé, plante du sud de la Chine, est connu depuis les
Tcheou mais sous les Han, il reste une boisson de luxe. C'est
sous la dynastie T'ang que le thé devient accessible
à tous les Chinois.
Le 10 juillet 649, à l'âge de 53 ans, T'ai-tsong
s'éteint après un règne glorieux de
presque 23 ans, dans son palais de Tch'ang-ngan. Son fils
Kao-tsong lui succède. Ce souverain n'a pas les
qualités de son père, mais les collaborateurs de
T'ai-tsong aident le nouvel empereur à poursuivre la
même politique étrangère.

L'empereur Kao-tsong (origine : wikipedia)
Le règne de Kao-tsong
Au début de son règne, il lui faut soumettre les
Turcs Occidentaux soit leurs deux groupes ennemis : ceux du
Sud Ouest de l'Issiq-koul, les Nou-che-pi et ceux du Nord Est
de l'Issiq-koul, les Tou-Lou. Ho-lou (651-657), un khan des
Tou-lou réussit à rassembler les Nou-che-pi, et
refaire l'unité de son peuple. Il se révolte
contre la suzeraineté chinoise. L'Empire s'assure de
l'alliance des Ouigours (les anciens Tölös ou
Tolèch). Leur khan P'o-juen se montre un allié
efficace. En hiver, le général chinois Sou
Ting-fang marche vers l'Ouest !
"L'hiver approchait, le sol était couvert de neige. Nul
chez les Turcs ne soupçonnait que les Chinois puissent
s'engager dans une telle saison dans ces solitudes
désolées." Sou Ting-fang surprend To-lou sur la
rivière Borotala, affluent de l'Ebinor en Dzoungarie
(dans le Sinkiang actuel), puis le bat encore sur le Tchou
à l'Ouest de l'Issiq-koul en 657 et le force à
s'enfuir jusqu'à Tachkent où il est livré
à la Chine. Les Turcs occidentaux acceptent comme khan
des clients de l'Empire.
Pendant ce temps, l'Empire joue efficacement les états
coréens les uns contre les autres. La Chine fait de Silla
son allié. Les expéditions vers la
péninsule reprennent en 655 et en 660 une flotte chinoise
transporte une armée conduite par le général
Sou Ting-fang qui attaque le Paekche, sur la côte sud ouest
de la péninsule coréenne, allié au Silla. Le
Paekche réussit d'abord à arrêter ces deux
attaques, mais les troupes du Silla commandées par Kim
Yu-sin forcent le passage et après la victoire de
Hwangsanbeol remportée par le Silla, la capitale Sabi est
faiblement défendue et rapidement prise. Le roi de Paekche
et le prince héritier ainsi que de nombreux prisonniers sont
envoyés en Chine. Mais la guerre reprend sous l'impulsion de
patriotes et remporte des combats contre les soldats de l'Empire et
ceux de Silla. Le prince P'ung rentré du Japon devient roi
de Paekche. En 663, le Japon envoie une flotte importante pour soutenir
son allié, le Paekche. Les flottes de la Chine et de Silla
se portent au devant de cette "armada" japonaise et remportent
la bataille navale de Backgang
dans une rivière étroite. A terre, les patriotes
se querellent et les alliés en profitent pour prendre l'une
après l'autre les cités de Paekche. C'est la fin de
cet état coréen en 665. La coalition se retourne contre
le Koguryo. Une offensive navale de la marine chinoise contre la
capitale en 661 a été repoussée mais des
oppositions chez les patriotes et une bonne coordination des
alliés aboutissent à la prise de WanggOmsOng par le
général chinois Li-Tsi et la capture de son roi
Po-tjang en 668. C'est la fin du Koguryo même si la
résistance dure encore deux ans.
La Corée est couverte de commanderies chinoises, cinq dans
le territoire du Paekche et neuf dans celui du Koguryo, mais Silla
refuse cette domination chinoise et une nouvelle guerre reprend entre
d'une part, les troupes chinoises et celles de Puyo Yung, le fils de
l'ancien roi de Paekche, nommé gouverneur de la commanderie
d'Ungin et d'autre part, Silla soutenu par des patriotes du Koguryo.
Les combats sont violents et le Pekche est conquis par Silla en 671.
Les Chinois sont refoulés partout et se replient en Mongolie
en 676. Un traité est signé avec Silla. La Chine
reconnaît son hégémonie sur la péninsule
moins une bande au Nord. La Chine abandonne ses prétentions
sur la péninsule coréenne vers 679 pour se concentrer
sur les guerres contre les Turcs et les Tibétains.
Mais la Chine est atteinte à la tête, l'empereur est
devenu le jouet d'une ancienne favorite de T'ai-tsong partie comme
les autres femmes du harem qui n'ont pas eu d'enfant, au
monastère Ganesi. Le deuil officiel terminé,
Kao-tsong fait sortir Wu-t'so-tien (Wu Zetian), et lui rend sa place
à la cour. Mais la concubine veut une meilleure situation et
selon certains historiographes, étrangle de ses mains la fille
qu'elle vient d'avoir avec l'empereur et tente de faire soupçonner
l'impératrice de ce crime en 655. La comédie est bien
jouée mais faute de preuve, l'empereur reste prudent et ne se
mêle pas ces "histoires de femmes". Wu-t'so-tien doit
réagir vite et elle accuse la première et la seconde
épouses de sorcellerie. Elle a touché juste ! L'empereur
effrayé laisse carte blanche à sa concubine pour tirer
au clair cette affaire de sorcellerie. Wu fait arrêter les
"coupables" et leur fait subir des tortures horribles qui ne
s'arrêtent qu'avec leur mort. Kao-tsong, reconnaissant lui
accorde la place de première épouse. Elle a trente deux
ans, cela fait quatre ans qu'elle est revenue du monastère. Son
influence est de plus en plus forte, elle assiste en secret,
derrière un rideau, aux délibérations du conseil
et en 660 dirige au nom de l'empereur, affaibli par une maladie inconnue,
toutes les affaires de l'état et, en 683, se débarrasse de
son mari, probablement en l'empoisonnant. Puis pendant vingt deux ans
(683 - 705), elle reste maîtresse absolue de l'empire.
La situation sur le front Nord Ouest, s'est dégradée.
Depuis 675, les deux groupes de Turcs occidentaux, les Tou-lou et
les Nou-che-pi commencent à se révolter. Les
Tibétains font irruption dans le bassin du Tarim. Les Quatre
Garnisons : Koutcha, Qarachah, Kachgar et Khotan sont occupées
vers 663, suite au refus par l'Empire d'une union du souverain
tibétain Mangson Mangsten avec une princesse chinoise en 658.
Bien plus grave, le khanat des Turcs orientaux, celui de "l'Orkhon
et de la forêt sacrée d'Ôtuken" (sans doute
le Khangaï entre le Gobi et le lac Baïkal),
détruit par l'empereur T'ai-tsong en 630, se reconstitue
à partir d'un membre de l'ancienne famille royale, le qaghan
Qoutlough (l'Heureux), que l'inscription de Kocho-Tsaïdan
nomme Elterich-qaghan. Qoutlough est aidé dans sa lutte
contre la Chine par son ministre On-ouqouq qui,
élevé à la chinoise, en Chine, connait
les faiblesses de l'empire T'ang. En 682, Qoutlough vient ravager
le Nord du Chan-si en particulier le district de Lan-tcheou, un
préfet au sud-est de Ta-t'ong est tué, le gouverneur
de Fong-tcheou (actuel Yu-len) est capturé.

Wu-t'so-tien, la seule impératrice de Chine
(source wikipedia)

Hiuyan-tsong 713 - 756
(origine wikipedia)
C'est pendant le règne de cet empereur que la cour de
Tch'ang-ngan brille d'un vif éclat, on parle à
son propos de l'âge d'or de la culture T'ang. Deux des plus
grands poètes chinois sont contemporains : Li T'ai po (v 701
- 762) et Tou-Fou (v 712 - 776). Hiuyan-tsong accorde une protection
éclairée aux arts et aux lettres.
Mais c'est aussi un grand politique qui a la chance de voir
disparaître le terrible Bèk-tchor,
éliminé par les Bayrikou dans la
région de la Toula le 22/07/716. Son successeur est son
neveu Bilgè-qaghan (716 - 734), "le sage empereur", connu en
chinois sous le nom de Mo-ki-lien. Il est soutenu par son
frère aîné Kul-tegin pour
réprimer les révoltes des tribus qui
éclatent un peu partout. Mais l'empire turc est
épuisé par toutes ces guerres. Une paix est
signée avec la Chine en 721 ou 722. Vers 740, l'empereur des
"Turcs Bleus" est renversé par les Ouigours, peuple turc qui
devient maître de l'Orkhon et de la Mongolie jusqu'en 840 et
reste fidèle à l'alliance chinoise.
Ayant les coudées franches du côté de
la Mongolie, l'empereur Hiuyan-tsong se tourne vers l'Asie centrale.
Depuis 714, A-che-na-Hien, un général turc au
service des T'ang a remporté à Toq-maq,
à l'ouest de l'Issiq-koul, une victoire qui
ramène dans l'orbite chinoise, les tribus Tou-lou de
Dzingarie, ainsi que les Turcs Qarlouq du Tarbagataï. Mais les
Turgesh qui nomadisent au Sémiretchié, vers le
delta de l'Ili, restent en dissidence et leur khan, Sou-lou (717 - 738)
s'allie contre la Chine, aux Tibétains et aux Arabes qui
commencent à se montrer en Transoxiane. Grâce
à ses alliances, Sou-lou capture le poste avancé
de Toq-maq et peut harceler les Quatre Garnisons chinoises ainsi
Kachgar est prise par les Turcs et les Tibétains en 717 et
toutes les oasis du Tarim sont perdues en 719. La Chine envoie deux
armées, l'une est composée de mercenaires
Qarlouq et commandée par le qaghan d'Onoq, Asina Xin,
l'autre est dirigée par Jiahui et ce sont des soldats
chinois réguliers. Les annales chinoises annoncent une
victoire.
La guerre continue contre le Tibet et en 725, puis en 727, la Chine
remporte des engagements contre les Tibétains et leur
reprend la ville de Che-pou-tching mais cette année
là, les Tibétains prennent le contrôle
de l'Azha, près du lac Kokonor, la forteresse
chinoise du Guazhou où sont entreposées les
fournitures pour les territoires dominés par les Chinois, et
s'emparent d'Anxi dans le Gansu. Contre les Turgesh aussi, en 736, le
général chinois, Kai-kia-yun leur inflige une
défaite décisive et en 738, Sou-lou est
assassiné. Un autre chef turc, Baja-tar khan le remplace au
Sud Est de Balkash mais il est vaincu et décapité
en 744 par le général chinois Fou-mong Ling-tcha.
Cette victoire assure à l'empire, la domination de l'Ili et
de l'Issiq-koul.
Mais au delà, à Boukhara et à
Samarquand, les souverains demandent l'aide de l'empereur pour les
débarrasser du protectorat arabe. En effet, les cavaliers
arabes atteignent le Ferghana en 712 et Tachkend en 714. Le roi du
Ferghana, chassé de son pays, vient à Koutcha,
implorer l'aide de la garnison chinoise. Le
général chinois Tchang Hia-song le restaure sur
son trône. En 718, Yougchada, le roi de Boukhara envoie une
ambassade pour la même raison et recommence en 719 et 720. De
la même façon, Ghourek, le roi de Samarkhand en
719 et 731 et le yahghou du Tokharestan en 719 et 727, sollicitent
Hiuyan-tsong, mais l'empereur ne veut pas s'engager si loin et son aide
est purement diplomatique, si bien que les Arabes redeviennent
durablement maître de Boukhara (729) et de Samarquand (737).
La Chine est davantage préoccupée par les
Tibétains. Du côté du Pamir, à
l'ouest, les Tibétains menacent les petits royaumes
de Gilgit, du Baltistan et du Wakhan, passage nécessaire
sur la route de la Kachgarie à l'Inde. La Chine ne peut
se permettre que cette route soit fermée d'autant plus
que les rois du Cachemire Tchandrapida ( jusqu'en 733) et
Marktâpîda (733 - 769) et la dynastie de Châhi
règnant sur Kapica (Kaboul) sont des alliés. Les
communications avec ces clients sont coupées le jour
où les Tibétains occupent Gilgit. Le
général chinois Kao Sien-tche, gouverneur en second
de Koutcha dirige une expédition pour libérer les
passes. En 747, il se rend à Gilgit par le col de Baroghil
et capture le roi vassal des Tibétains. En 749, Qoundouz,
le yahghou du Tokharestan demande de l'aide contre un prince
montagnard allié aux Tibétains. Kao Sien-tche
traverse à nouveau le Pamir et chasse les Tibétains
et leurs alliés. Kao Sien-tche bénéficie
d'un prestige remarquable, il se comporte en vice-roi de l'Asie
centrale. Mais en 750, il se rend à Tachkend pour
s'approprier le trésor du roi turc qui envoie
régulièrement le tribut à la cour des
T'ang et le décapite.

Cheval T'ang
(musée Guimet)

L'empereur Dezong 779 - 805
(Origine wikipedia)
Le 12 juin 779, le fils aîné de Tai-tsong, Li Kuo
devient empereur sous le nom de Dezong (779 - 805). Il a soutenu la
guerre de libération de son père comme commandant
suprême de l'armée impériale, jusqu'en
763 et en 779, il est brièvement régent quand
l'empereur Tai-tsong est malade. Devenu empereur il tente de
réduire le pouvoir des seigneurs de la guerre. Il
envisage de reprendre aux Tibétains les provinces
occidentales perdues juste après la révolte de Ngan
lou-chan, mais la mutinerie des soldats de Jingyuan l'oblige à
abandonner ce projet en 780. Les quatre groupes d'armées qui
défendent la Chine sont alliés et se sont rendus
indépendants de la couronne. Quand l'un des quatre chefs
meurt en 791, l'empereur refuse que son fils hérite du poste
de son père. Les quatre groupes d'armées
préparent une guerre contre le gouvernement
impérial. L'empereur réagit en donnant l'ordre
à des généraux fidèles d'attaquer ces
officiers félons. Les généraux fidèles
sont vainqueurs, et au printemps 782, l'empereur a gagné
son bras de fer contre les seigneurs de la guerre.
Le Nanzhao rejette la suzeraineté chinoise, et son roi
Yi-meou-tsin (vers 779 - 808), pille Tch'eng-ton au Sseu-tch-ouan en
781 et fonde sa capitale à Ta-li en 783, mais ensuite il se
rapproche des Chinois. Les Tibétains sont en pleine expansion
et en 789, ils poussent leurs incursions jusqu'à Pei-t'ing
(Bechbaliq, Darmsa). En 791, ils attaquent Ling-wou, près de
Ning-hia et ils ne sont repoussés que grâce
à l'intervention des Ouigours. Ils occupent fermement la
région du Si-king et plusieurs cantons frontaliers du
Sseu-tch-ouan. En 792, les Tibétains envahissent le
Sseu-tch-ouan et sont repoussés par le général
Wei-kan, puis ils sont pris à revers par Yi-meou-tsin et
partent en déroute. La paix définitive est conclue
en 822, avec le roi du Tibet Khri-gtsong-Ide-btsan Ral-patchen
(818 - 838).
Rebellions
diverses
En 783, des soldats de Jingyuan, installés à
Tch'ang-ngan, devant être envoyés sur les champs
de bataille de l'Est, se révoltent et attaquent le palais.
L'empereur se retire avec sa famille à Xianyang, (dans
l'actuel Shaanxi) puis à Fengtian, (actuelle Baodji). Les
mutins plébiscitent Zhu Ci, un ancien gouverneur militaire
de Jingyuan. Zhu Ci se déclare empereur du Qin, quelques
responsables T'ang rejoignent son administration. Zhu Ci prend
le commandement de cette troupe et met le siège devant
Fengtian pendant plus d'un mois, la petite ville est prête
à tomber, quand Li Huaiguang, marche sur Fengtian
rapidement. Zhu Ci attaque furieusement Fengtian mais ne peut la
prendre. Quand l'armée de Li Huanguang arrive à
Fengtian, Zhu Ci se retire vers Tch'ang-ngan.
Bien que Li Huaiguang a sauvé l'empereur, Dezong l'offense
en refusant de le rencontrer. L'empereur prévoit une
rencontre avec plusieurs autres généraux pour
planifier la reprise de Tch'ang-ngan. Li Huaiguang est
marginalisé mais il demande la démission du
chancelier Lu Qi. Li Huanguang et ses associés Zhao
Zan et Bai Zhizhen sont exilés. Le 27 janvier 784,
suivant la proposition de Lu Qi, l'empereur présente
ses excuses pour avoir provoqué les rébellions
et pardonne à tous les seigneurs de la guerre à
l'exception de Zhu Ci et exempte de taxes les soldats
impliqués dans les campagnes contre ce dernier. Trois
généraux acceptent les excuses impériales,
renoncent à leur demande de titres princiers et se
déclarent fidèles à la dynastie T'ang.
L'empereur les nomme gouverneur militaire de leur région.
Mais le quatrième, Li Xilie se déclare empereur du
Chu
Li Huaiguang négocie en secret avec Zhu Ci qui a
changé le nom de son empire de Qin en Han, pour entrer
dans une alliance avec Zhu qui promet de le traiter en
frère aîné et le 20 mars Li Huaiguang
annonce sa rébellion. L'empereur fuit de Fengtian
à la préfecture de Liang (actuellement Hanzhong
dans le Shaanxi). Plusieurs officiers de Li Huaiguang refusent
de le suivre et rejoignent Li Sheng nommé par l'empereur,
commandant des forces T'ang dans la région. Voyant cela
Zhu Ci traite Li Huaiguang comme un subordonné. Furieux,
Li Huaiguang se retire de la région et retourne à
sa base, à Hezhong (actuellement Yuncheng, dans le Shaanxi).
Li Sheng prépare l'attaque décisive contre
Tch'ang-nam et la lance le 12 juin. Le 20 juin, il entre dans
la capitale, Zhu ci s'échappe au Tibet. Il est tué par
ses propres soldats. C'est la fin de l'état Han. Le 3
août, l'empereur revient à Tch'ang-ngan et envoie un
émissaire pour persuader Li Huaiguang de revenir dans la
soumission à l'empereur, ce dernier est réceptif.
Mais le second envoyé de l'empereur, Kong Chaofu est
tué par les soldats de Li Huaiguang pour manque de respect
envers Li. Ce dernier résiste aux forces T'ang mais quand
à la fin 785, les forces T'ang de Ma Sui et Hun Zhen
convergent vers Hezhong, Li Huaiguang se suicide et son armée
se soumet à l'empereur.
Li Xillie poursuit des efforts pour s'étendre qui sont
continuellement refoulés par les généraux
T'ang. En été 786, pendant que Li Xilie est malade,
son général Chen Xianqi l'empoisonne, ensuite il se
soumet à nouveau à l'autorité T'ang. Avec Chen,
lui même assassiné par Wu Shaocheng, formellement le
royaume est entièrement sous l'autorité de Dezong.
A ce moment l'empire est profondément troublé à
cause de ces guerres, et les forces Tibétaines, font des
incursions répétées dans le territoire chinois.
Le chancelier tibétain Shang Jiezang pense qu'il serait
possible de conquérir T'ang s'il pouvait mettre hors course
trois généraux chinois : Li Sheng, Ma Sui et Hun Zhen.
Tandis que l'Empereur Dezong commence à devenir
paranoïaque vis à vis des généraux qui
ont trop de pouvoir. Déjà une rumeur diffusée
par Shang et Zhang Yanshang, l'ennemi politique de Li, puis ce
chancelier qui rend Dezong soupçonneux de Li Sheng qui est
ensuite gouverneur militaire de Fengxiang (actuelle Baoji, dans le
Shaanxi). En 787, Dezong rappelle Li à Tch'ang-ngan pour
lui servir de chancelier mais il lui enlève son
commandement militaire.
Toutefois, Shang Jiezang poursuit la nouvelle étape
de son plan, en soumettant une proposition de paix par Ma Sui à
l'empire. Dezong croit en la bonne foi de Shang Jiezang et accepte le
traité, malgré les avertissements de Li Sheng. A la
demande de Shang, l'empereur envoie Hun Zhen le rencontrer pour signer
le traité. Le 8 juillet 787, le jour de la signature du
traité, Shang tend une embuscade à Hun Zhen à
l'endroit même de la rencontre, dans le but de le capturer, mais
Hun s'échappe avec l'aide précieuse de Luo Yuanguang et
Han Yougui. Comme Ma Sui est responsable des préparatifs du
traité de paix avec Shang, Dezong le rappelle à
Tch'ang-ngan et il lui enlève son commandement de Hedong
(actuelle Taiyuan dans le Shanxi).
Après cet échec, l'empereur rappelle Li Mi,
ancien gouverneur de Shan'guo (actuelle Sanmenxia
dans le Henan) à Tch'ang-ngan pour servir comme seul
chancelier. Sous son influence, l'empereur crée un
régime favorisant l'installation des soldats dans les
régions frontalières avec le Tibet, avec promesse
de terres et de semences pour repeupler ces régions et
renforcer la défense. Li Mi propose aussi une alliance
matrimoniale avec le Khan Heguduolu des Huige, Yaoluoge Dunmohe, une
proposition à laquelle l'empereur Dezong résiste
d'abord en raison de son aversion pour Huige mais finallement il
accepte, avec l'accord de Li Sheng et Ma Sui. Huige (renommé
en Huigu) combat contre le Tibet, et le principal vassal du
Tibet, le Nanzhao est éloigné des guerres
tibéto-chinoises, celles-ci commencent à tourner
en faveur des généraux T'ang.
Ainsi, l'empereur Dezong obtient de fréquents tributs
pour son usage personnel. Li Mi essaie d'infléchir cette
tendance de l'empereur de puiser dans le trésor et
institue un budget annuel pour l'empereur que Dezong accepte d'abord.
Mais même après l'établissement de ce
budget, l'empereur continue de réclamer les tributs aux
gouverneurs régionaux et ordonne de ne pas laisser Li Mi
devenir responsable de ces tributs. Quand Li Mi découvre
cela, il devient déprimé et à la fin
ne parle plus.
Li Mi meurt en 789, et le successeur recommandé,
Dou Can, le plus puissant chancelier à la cour,
est rapidement exilé, il a perdu la faveur de Dezong.
Lu Zi devient le principal chancelier, et fait d'ambitieuses
propositions pour réformer le service civil, la
logistique, et la consolidation de l'autorité sur les
gouverneurs régionaux. Dezong n'impose pas son choix,
à moins qu'il n'ait l'agrément explicite des
officiers militaires clés des régions.
(Par exemple, après la mort de Liu Xuanzuo, le gouverneur
militaire de Xuanwu (actuelle Kaifeng dans le Henan) en 792,
l'empereur veut d'abord mettre son grand oncle Wu Cou pour le
remplacer, mais après la mutinerie des soldats de Xuanwu
soutenant Liu Shinig, le fils de Liu Xuanzuo, l'Empereur accepte la
candidature de Liu Shining. Mais Lu Zi est vite en conflit avec la
favorite officielle de l'empereur, Pei Yanling. En 794, il a perdu
la lutte de pouvoir avec Pei et perdu sa chancellerie, et en 795,
il est exilé.
A cette époque, les puissants eunuques (débutant avec
Dou Wenchang et Huo Xianming) deviennent les commandants de
l'armée Shence, et on dit que, comme les gouverneurs militaires
étaient fréquemment d'abord soldats dans l'armée
Shence, le pouvoir des eunuques devient très important.
En 799, pour des motifs perdus pour l'histoire, Wu Shaocheng, encore
gouverneur de Zhangyi ( anciennement Huaixi), commence le pillage
autour de lui. Dezong ordonne aux gouverneurs militaires autour de
Zangyi d'attaquer Wu Shaocheng. Ces généraux
connaissent des succès initiaux mais ils ne peuvent
coordonner leurs actions, et autour du nouvel an 800, ils
s'écroulent soudain et s'enfuient, laissant Wu capturer
l'essentiel de leur ravitaillement. Dezong met Han Quanyi, le
gouverneur militaire de Xiasui (actuel Yulin dans le Shaanxi) aux
commandes des opérations, mais ce dernier est vaincu de
façon répétée par Wu Shaocheng. Sur une
suggestion de Wei Gao, le gouverneur militaire de Xichuan et du
chancelier Jia Dan, l'empereur pardonne à Wu Shaocheng en
fin d'année 800, ce qui termine la campagne.
Vers 800, en raison des victoires que Wei Gao et le roi Nanzhao
Yimouxun devenu un vassal des T'ang, ont infligés
au Tibet, ce pays est une moindre menace pour la
sécurité des Chinois.
Le fils aîné de l'empereur, Li Song devient prince
héritier mais dans l'hiver 804, Li Song subit une crise,
causant chez lui une paralysie partielle et une incapacité
de parler. Au printemps 805, on dit qu'à cause de la maladie
de Li Song, l'Empereur devient sévèrement
dépressif et sombre dans la maladie. Il meurt le 25
février 805. Malgré son handicap, Li Song montre qu'il
est capable de monter sur le trône. Il est effectivement empereur
sous le nom de Shunzong le 28 février 805 et il se met au travail
avec une équipe dont chaque membre a un rôle dans
l'élaboration d'une décision. Et ainsi des décisions
sortent rapidement qui corrigent certains actes ou rappellent des
personnages exilés par le précédent empereur ou
éliminent des employés trop arrogants dans le palais. Mais
des eunuques font pression sur les collaborateurs de l'empereur et incitent
le prince Li Chun à devenir régent. La situation devient
critique en juillet et à la fin du mois d'août, l'empereur
cède son trône à son frère Li Chun et devient
Taishang Huang, empereur retiré. Son règne s'achève
le 31 août 805. Selon le Livre des T'ang, ses collaborateurs
disposaient d'un pouvoir abusif.

L'empereur Xianzong 805 - 820
(origine wikipedia)
Aussitôt installé sur le trône, l'empereur Xianzong
(805 - 820), élimine du palais les collaborateurs de son
prédécesseur Shunzong, mais l'un d'eux, Liu Pi,
réussit à prendre le commandement du groupe d'armées
de Xichuan, actuel Chengdu dans le Sseu-tch-ouan. et refoule le
remplaçant Yuan Zi qu'envoie l'empereur. Ce dernier se sentant
incapable d'attaquer Liu Pi le reconnaît d'abord comme gouverneur
militaire. Mais comme Liu Pi réclame deux autres commandements
voisins, celui de Dongchuan, au Sseu-tch-ouan et celui de Shanan Ouest
dans le Shaanxi, l'empereur refuse et en réponse Liu Pi attaque
Dongchuan. Xianzong donne l'ordre au général Gao Gongwen
soutenu par les généraux Li Yuanyi et Yan Li,
d'attaquer Liu Pi. A la fin de l'année 806, Gao Gongwen
libère Chengdu et Liu Pi est exécuté à
Tch'ang-nan. En outre, dans le groupe d'armées Xiasui dans le
Shaanxi, Yang Huilin, le neveu du général Han Quanyi, prend
le contrôle du commandement quand le général est
destitué et résiste aux ordres impériaux, au
printemps 806. A l'approche des troupes impériales, Han Quanyi est
rapidement éliminé par son adjoint Zhang Chengjin et la
rébellion cesse. Mais un autre gouverneur militaire, celui
de Zhenhai (actuellement Zhenjian dans le Jiangsu, nommé Li
Qi, refuse de rendre hommage à l'Empereur Xianzong et se
révolte contre le gouvernement impérial. Mais avant
que des troupes impériales fassent le moindre mouvement, Li
Qi est saisi par ses propres officiers et livré dans la capitale
pour y être exécuté.
En 808, un événement, à la cour inaugure les
durs conflits entre les partisans du parti Nyu et ceux du parti Li
qui dureront cinq règnes successifs après celui de
l'empereur Xianzong. Un examen spécial est organisé
au palais concernant des fonctionnaires subalternes. Il s'agit
d'émettre honnêtement son opinion sur le gouvernement
et plusieurs fonctionnaires examinés, ont dénoncé
des problèmes de gouvernance. Le chancelier Li Jifu a
jugé cela comme de sévères critiques à son
égard et plusieurs fonctionnaires ont été exclus
tandis que d'autres sont bloqués dans leur avancement de
carrière. Le fils de Li Jifu deviendra le chef du parti Li
tandis que les fonctionnaires brimés Niu Sengru et Li Zongmin
deviendront les chefs du parti Nyu.
Les tribus Shatuo, vassales des Tibétains se
révoltent contre eux et se rendent aux T'ang, sous la
conduite de Zhuxie Zhiyi. Le clan Zhuxie est installé dans
la région de Huanghuadui, (actuelle Shuozhou, dans le Shanxi)
pour leur base d'opérations. Les Shatuo deviennent une partie
importante de l'armée T'ang. L'empereur Xianzong continue
à se heurter à des révoltes à chaque
fois qu'il veut remplacer un gouverneur militaire mort par un autre
que le fils du défunt. L'intervention des troupes impériales
ne règle pas le premier conflit qu'un autre survient et les
fils des gouverneurs défunts promettent de rendre une partie
des préfectures qu'ils contrôlent au contrôle
impérial puis se rétractent. Ces guerres durent jusqu'en
818 et enfin il ne reste plus de résistance de la part des chefs
militaires dont beaucoup sont éliminés. Une fois vainqueur
l'empereur se montre arrogant et d'un comportement inhabituel. Il se
passionne pour l'alchimie et un alchimiste, Liu Mi proclame qu'il peut
lui apporter l'immortalité. Il prend ses produits et devient
très irritable et punit ses eunuques et même les fait
exécuter pour des fautes mineures. Il meurt brutalement en 820.
Officiellement, c'est l'eunuque Chen Hongzi qui a assassiné
l'empereur, mais des collègues de Chen Hongzi disent que ce
sont les produits de l'alchimiste qui ont empoisonné Xianzong.
Le choix du futur empereur parmi les princes est déterminé
par les eunuques. C'est Li Heng, un fils de l'empereur défunt qui
monte sur le trône le 9 février 821 sous le nom de Muzong (821
-824).
Ce jeune homme de vingt six ans passe beaucoup de temps en fêtes
et beuveries et néglige ses responsabilités. Au
début de son règne, il fait mettre à mort les
alchimistes qui sont responsables de la mort de l'empereur Xianzong.
Dans l'hiver 820 - 821, le gouverneur militaire de Chengde, dont la
famille contrôle cette région depuis son
grand-père et que les forces de l'empereur Xianzong n'ont pu
vaincre, Wang Chenzong meurt. Il a envoyé ses fils comme otages
à Tch'ang-ngan comme gage de sa soumission au pouvoir
impérial. Mais ses subordonnés veulent conserver
l'indépendance de Chengde et que son frère Wang
Chengyuan lui succède. Et ce dernier prétend
accepter ces soutiens, mais déclare sa loyauté au
gouvernement impérial et secrètement demande
à l'empereur de le remplacer.

Joueuse de polo de l'époque T'ang
L'empereur Muzong choisit de déplacer à Chengde,
le gouverneur militaire de Weibo, Tian Hongzheng qui a
été le principal participant aux
différentes campagnes qui ont permis à l'empereur
Xianzong de triompher des gouverneurs militaires
indépendants. Wang Chengyuan, malgré l'opposition
de ses soldats, accepte de remettre le contrôle de Chengde
à Tian Hongzheng qui de son côté, redoutant
une mutinerie de ces soldats qu'il a combattu, veut emmener deux
mille soldats de Weibo à Chengde comme garde personnelle.
Mais quand Tian Hongzheng demande des fournitures pour ces deux
mille soldats de Weibo, le directeur des finances ne comprend pas
le sérieux de la situation, et refuse. Tian est obligé
de renvoyer ces deux mille soldats à Weibo.
Au printemps 821, Liu Zhong, le gouverneur militaire de Lulong, veut
devenir moine bouddhiste. Il propose un plan de
redéploiement des troupes et un meilleur encadrement des
soldats afin qu'ils deviennent fidèles au gouvernement
impérial. Muzong accepte la soumission de Liu mais
n'applique pas complètement son plan. Les moyens financiers
font défaut pour la nourriture et les vêtements.
De plus Zhang Hongjing, responsable de beaucoup de
préfectures, se montre arrogant et communique peu avec ses
officiers. Ses assistants sont irrespectueux envers les soldats et leur
comportement choque le personnel de la préfecture de You.
Plus tard sur un simple incident, Wei (un assistant) donne l'ordre de
fouetter un officier, mais les autres officiers ne sont pas habitués
à ce genre de punition et refusent de l'appliquer. Zhang Hongjing
met ces officiers aux arrêts. La nuit, les soldats mutinés
tuent Wei et quelques autres membres de l'équipe de Zhang, et
mettent Zhang Hongjing aux arrêts. Le lendemain, les mutins
commencent à regretter leurs actions, mais quand ils rencontrent
Zhang Hongjing pour le questionner sur un oubli de leur faute, il ne dit
rien. Les mutins croient que Zhang n'a pas l'intention de leur pardonner
et plébiscitent Zhu Hui le père de Zhu Kerong pour être
leur gouverneur militaire. Zhu Hui décline l'offre, mais recommande
Zhu Kerong, et les soldats acceptent.
La même année, après le départ des soldats de
Weibo pour Chengde, Wang Tincou, un officier de Chengde déclenche
une mutinerie. Il conduit ses soldats à l'attaque du quartier
général de Tian Hongzheng, le tuant ainsi que son
équipe et les membres de sa famille et contrôle une grande
part de Chengde, éliminant ceux qui les désapprouvent. Niu
Yuayi, le préfet d'une préfecture de Chengde, essaie de
résister, mais il est vite assiégé. Muzong charge
Pei Du, un ancien chancelier de son père, de renverser la situation
à Lulong et à Chengde. Il lui confie cent cinquante mille
soldats contre les dix mille soldats qui suivent les rebelles.
Mais le trésor impérial est affecté par les
extravagances de l'empereur et les plans de bataille de Pei Du
sont corrigés par l'écolier impérial Yuan
Zhen. Les forces impériales sont incapables d'achever
rapidement la campagne contre les rebelles de Chengde et de Lulong.
Quand Tian Bu essaie d'avancer ses troupes, elles se mutinent sous
l'autorité de Shi Xiancheng et aucun officier ne peut les
ramener à l'obéissance. Le gouvernement
impérial doit capituler et il nomme Zhu Kerong et Wang
Tincou gouverneurs militaires. La campagne contre eux est
terminée. A partir de ce moment et jusqu'à la fin
des T'ang, aucun gouvernement impérial ne pourra jamais
contrôler Chengde, Lulong ou Weibo.
En 822, les soldats de Xuanwu, habituellement sous le
contrôle impérial, se mutinent contre le
gouverneur militaire Li Yuan, tuant sa femme et l'obligeant
à fuir. Le chancelier Du Yuanying et le fonctionnaire Zhang
Pingshu plaident pour le leader des mutins Li Jie et le font gouverneur
militaire, mais le chancelier Li Fengi conteste cette
décision en disant qu'abandonner le contrôle sur
Xianwu mène à une perte éventuelle de
la région du Yang tseu - rivière Huai. Les
préfets de 3 préfectures demandent un autre
gouverneur que Li Jie. L'empereur envoie Han Chong contre Li Jie en
même temps qu'il lui propose un poste de
général dans la garde impériale. Li
Jie refuse cette proposition et prend une des préfectures
hostiles, la préfecture Song dans le Henan, et
assiège son préfet Gao Chengian. Mais Han Chong,
Li Guangyan, Cao Hua et Wang Zhixing, trois gouverneurs militaires,
convergent sur Xianwu. Li Jie, malade, est tué par son
subordonné Li Zhi qui se rend à Han Chong.
Au début de l'année 823, l'empereur participe
à un match de polo quand survient un incident, un eunuque
tombe de cheval et cela cause un tel choc à l'empereur qu'il
ne peut plus monter à cheval. Des hauts fonctionnaires lui
demandent de créer un prince héritier et c'est Li
Zhan qui est désigné. L'état de
l'empereur s'améliore mais au printemps 824, il s'aggrave
soudain. Les eunuques demandent à l'impératrice
Douairière Guo, la mère de l'empereur, de devenir
régente, ce qu'elle refuse. La nuit du 25 février
824, l'empereur Muzong meurt.
Un autre fils de l'empereur Xianzong, Li Zhan, régent
pendant la maladie de l'empereur Muzong, devient à la mort
de ce dernier l'empereur Jingzong (824 - 827). Trois mois
après être monté sur le trône (29
février 824), l'empereur Jingzong est l'objet d'une
attaque à Tch'ang-ngan. Deux hommes décidés
à devenir empereur à la place d'un homme qui passe
son temps à la chasse et aux jeux, Su Xiangmin et Zhang
Shao profitent d'un jour où Jingzong joue au polo pour
attaquer son palais. L'empereur s'enfuit au camp de l'armée
Shence de Gauche, sous les ordres de l'eunuque Ma Cunliang qui
envoie un détachement au palais. Les cavaliers escortent la
Grande Impératrice Douairière Guo et l'Impératrice Wang,
respectivement la grand-mère et la mère de
l'empereur, au camp. Pendant ce temps, Zhang Shao est assis sur le
trône et dine avec Su, mais l'armée Shence de Droite
intervient et Su Xiangmin et Zhang Shao ansi que leurs partisans
sont éliminés.
L'empereur Jingzong vit auprès des eunuques et suit le
conseil de Wang Shoucheng pour laisser le fils d'un gouverneur
militaire reprendre la charge de son père. Hormis le jeu de
polo et la chasse, l'empereur veut découvrir l'empire
malgré les conseils de la cour. En 825, il part visiter le
mont Li. Il veut visiter la capitale de l'Est, Luo-yang, mais la
cité est très endommagée depuis la
révolte de Ngan Lou-chan, et le coût des
réparations nécessaires du palais pour une visite
de l'empereur est considérable. Le chancelier Pei
Du lui explique et Jingzong renonce à ce voyage. L'empereur
Jingzong devient coléreux et semble vouloir frapper les
eunuques et les joueurs de polo et souvent, veut les exiler. Le 9
janvier 827, l'empereur, après la chasse, vient boire au
palais avec 28 personnes dont des eunuques et des joueurs de
polo. Soudain les lumières s'éteignent et un groupe
de conspirateurs assassine l'empereur âgé de 17 ans.
L'eunuque Liu Keming choisit le jeune frère de l'empereur,
Li Wu pour monter sur le trône. Mais le lendemain, comme Liu
Keming veut se débarrasser des puissants eunuques, les
armées Shence et les Dragons Volants, appelés par
Wang Shoucheng, Yang Chenghe et les commandants des Armées
Shence, Wei Congjian et Liang Shouqian, viennent au palais en
accompagnant un autre jeune frère de l'empereur, Li-Han. Ils
attaquent le groupe de Liu Keming, en tuant beaucoup de monde, y
compris Li Wu. La Grande Impératrice Douairière Guo nomme Li-Han
comme nouvel empereur Wenzong.
L'empereur Wenzong (827 - 840) est un jeune homme de 18 ans qui est
décrit comme indécis. Mais il est très vite
confronté à un changement de gouverneur militaire.
Celui de Henghai, dans l'actuel Hebei, Li Quanlüe est mort
à la fin du règne de l'empereur Jingzong. Son fils,
Li Tongjie prend sa succession, le gouvernement impérial ne
réagit pas. Quand Wenzong monte sur le trône, Li
Tongjie envoie son secrétaire Cui Congzhang et ses
frères Li Tonzhi et Li Tongsun à Tch'an-ngan, pour
rendre hommage au nouvel empereur. Mais celui ci charge Li Tongjie
du gouvernorat militaire de Yanhai dans l'actuel Shandong et met
un ancien gouverneur militaire de Henghai, Wu Chongyin pour
remplacer Li Quanlüe. Li Tongjie se cramponne à
Henghai et il est soutenu par Wang Tingcou, le gouverneur miltaire
de Chengde. L'empereur mobilise un nombre de gouverneurs militaires
autour de Henghai pour l'attaquer mais ce n'est qu'en 829, que Li
Tongjie est vaincu par le général impérial
Li You.
Mais suite à cet épisode, Shi Xangcheng, le
gouverneur militaire de Weibo, pensant qu'il sera la prochaine cible
des forces impériales, propose de rendre Weibo au
contrôle impérial. Wensong décide de
transférer Shi Xiansheng au Hezhong dans l'actuel Shanxi et
charge le général impérial Li Ting de lui
succéder. Avant le départ de Shi Xiansheng, les
soldats de Weibo se mutinent et l'éliminent,
plébiscitant He Jintao pour résister contre Li
Ting. He Jintao vainc Li Ting et le gouvernement impérial,
dont le trésor est à sec après la campagne
du Henghai, refuse de financer une autre guerre. L'empereur
nomme He Jintao gouverneur militaire de Weibo.
En fin 829, Le roi du Nanzhao, Fong-yeou est fort irrité des
incursions des soldats du Sseu-tch-ouan qui sont forcés de
faire des raids dans les provinces frontières en raison des
réductions de paye effectuées pas le gouverneur
militaire du Sseu-tch-ouan, Du Yuanying. Les troupes du Nanzhao
déclenchent une grande attaque contre le Sseu-tch-ouan et
avancent vers Chengdu, la capturant presque . Le Nanzhao
réclame une action de l'empereur contre Du Yuzanying,
l'empereur exile ce gouverneur militaire et ensuite entre dans des
pourparlers de paix avec le Nanzhao qui a déjà
capturé dix milles personnes au Sseu-tch-ouan et les retient
captives au Nanzhao.
Après la mort de Li -Yong (le fils de Wenzong,
héritier depuis la mort de Li-Pu en 832, Yang, la favorite
de l'empereur Weizong, recommande Li Rong, le jeune frère
de ce dernier à l'empereur pour être le nouvel
héritier. Mais le chancelier Li Jue refuse. L'empereur
crée alors, le plus jeune fils de Jingzong, Li Chengmei,
Prince de Chen pour être le nouvel héritier en fin
839. Au printemps 840, Wenzong est très malade. Qiu et Yu
Hongzhi qui contrôlent le palais, s'opposent à Li
Chengmei parce qu'ils n'ont pas été consultés
quand l'empereur l'a créé prince héritier.
Malgré l'opposition de Lie Hue, ils publient un édit
au nom de l'empereur Wenzong, proclamant la déchéance
du titre de Prince de Chen (au motif que Li Chengmei était
trop jeune) et créant Li Chan, un autre frère de
l'empereur Wenzong, prince de Ying et héritier.
L'empereur Wenzong meurt le 10 février 840. Li Chan
donne l'ordre à Li Chengmei, à Consort Wang et
à Li Rong de se supprimer. Li Chan devient l'empereur
Wuzong le 20 février 840.

L'empereur Wuzong ( 840 -846)
Au début de son règne, l'empereur Wuzong renvoie
Yang Sifu et Li Jue qui ne s'entendent pas avec lui et choisit comme
chancelier Li Deyu qui a servi à ce poste l'empereur
Wenzong. Il est confronté rapidement à ses
anciens alliés du Huigu. En effet, suite à des
conflits internes, les Huigu sont affaiblis. Les Khirghizes
attaquent, le khan Yaoluoge Hesa est mis à mort et les Huigu
s'éparpillent dans diverses directions. Le groupe le plus
important, sous la direction du prince Wamosi, se dirige vers une
cité proche de la frontière, Tiande (actuelle
Hohhot dans la Mongolie Intérieure) et veut se soumetttre
aux T'ang. Le chef d'un autre groupe, le noble Yaoluoge Wuxi revendique
le titre de khan comme Wujie khan et capture la princesse Taihe
'Taï-ho), femme du précédent khan Chogde et tante
de l'empereur Wuzong, comme otage. D'autres Huigu pillent les
frontières de la Chine. Sur les conseils de Li Deyu, l'empereur
Wuzong fournit de la nourriture à ces Huigu pour tenter de les
calmer et accepte la soumission de Wamosi. L'empereur refuse le livrer
le prince Wamosi réclamé comme traitre par Wujie
khan. En conséquence, l'armée de Wujie
khan affronte les forces des frontières chinoises
même si les négociations continuent. En 843, le
général chinois Liu Mian (Lieu Mein) lance une
attaque surprise contre Wujie khan, menée par son officier
Shi Xiong (Che-hiong) qui avance avec les troupes des trois
hordes de Chatuo, de Tchu-yé et de Tchi-sin, Liu Mian suit
avec le gros de l'armée. Arrivé près de Tchin-ou,
Shi Xiong sait que la princesse Taihe est dans la ville et que le Ko-han
campe à l'extérieur. A la tombée de la nuit, il
s'approche du camp ennemi, bouscule la garde avancée et pousse
jusqu'à la tente du Ko-han et l'épouvante tellement qu'il
fuit à cheval avec le plus grand nombre. Shi Xiong le poursuit
jusqu'à la montagne Cha-hou-chan ou le combat est rude,
Ou-kiaï-ko-han, blessé s'échappe avec la seule
horde des Hé-kiu-tsé, dis-mille hommes sont
tués, vingt mille se rendent. Après cette
victoire, Shi Xiong conduit la princesse Taihe à la cour.
Les Huigu ne représentent plus une grande menace.
Peu après cette guerre, l'empereur Wuzong affronte une crise
d'un genre différent. En 843, le gouverneur militaire de
Zhaoyi (dans l'actuel Shanxi) qui est quasi indépendant du
gouvernement impérial, tombe sérieusement malade
et veut que Liu Zhen, son neveu et fils adoptif lui succède.
Il est en grave rivalité avec Qiu Shiling, un puissant
eunuque. Liu Conghian meurt, Liu Zhen tente d'hériter du
poste et en fait la demande mais Li Deyu estime que c'est une
opportunité pour le gouvernement impérial de
reprendre le contrôle de Zhaoyi, recommande de lancer une
campagne contre Liu Zhen et l'empereur Wuzong approuve. Pour ne
pas risquer de combattre les trois gouverneurs militaires
"indépendants" de Weibo, Chengde et Lulong, les troupes
impériales délaissent les trois préfectures
Zhaoyi de l'est et se concentrent sur les deux préfectures
occidentales. Les troupes gouvernementales menées par les
généraux Wang Zai, Shi Xiong et Liu Mian n'avancent
guère en raison d'une mutinerie dirigée par
l'officier Yang Bian au début de 844. La mutinerie est
rapidement matée et l'attaque sur Zhaoyi se poursuit. A la
fin de l'année 844, les trois préfectures de l'est
capitulent. Liu Zhen est éliminé par son officier
Guo Yi qui capitule.
Après cette campagne victorieuse contre Zhaoyi, Li Deyu
profite de l'occasion pour attaquer la faction des Niu
et accuse Niu Sengru et Li Zongmin de complicité dans
la rébellion de Liu Zhen et obtient leur exil.
En 845, l'empereur Wuzong pense que le Bouddhisme est un frein
pour l'économie et que les bonzes et les bonzesses sont
improductifs et ne paient pas d'impôts. Aussi, l'empereur
confisque les propriétés, fait détruire
quatre mille six cents temples des villes et quarante mille
à la campagne et renvoie 260 500 religieux et
religieuses à la laïcité. L'empereur est
taoïste convaincu et considère le Bouddhisme comme
une religion étrangère. De la même
façon il s'est attaqué au Christianisme, au
Zoroastrisme et au Manichéisme.
Il consulte des alchimistes taoïstes pour trouver
l'immortalité et on dit que son humeur est devenue
imprévisible et dure. A la fin de l'année 845,
il est gravement malade. Son fils Li Yi devient prince
héritier, sous le nom de Li Chen au début de
l'année 846. L'empereur Wuzong meurt le 22 avril 846
et Li Chen devient empereur sous le nom de Xuanzong.

- L'empereur Xuanzong (846 - 859)
Attention à ne pas confondre cet empereur avec son homonyme
au début de la dynastie des Tang (685-762). Cet empereur,
à peine monté sur le trône, a voulu abaisser
le puissant chancelier Li Deyu qui domina la cour de l'empereur
Wuzong. Il lui retire son titre de chancelier et l'envoie comme
gouverneur militaire de Jingnan, dans l'actuel Hubei. Il retire
aussi le titre de chancelier au collègue de Li Deyu, Zheng
Su. Puis les années suivantes, Xuanzong remplace tous les
fonctionnaires qui sympathisent avec Li Deyu qui est plusieurs fois
rétrogradé dans la hiérarchie administrative.
Bai Minzhong et Lu Shang sont les nouveaux chanceliers. La politique
chinoise s'oppose à celle du précédent empereur
sur deux points. Les attaques contre le Bouddhisme cessent et
l'alliance avec les Kirghizes n'est pas reconduite.
La cour observe que l'empire du
Tibet est en pleine décomposition après la mort
de l'empereur Langdharma en 842. A partir de 848, l'empereur
commande aux troupes chinoises sur la frontière de reprendre
les préfectures perdues au profit du Tibet depuis la
Révolte de Ngan Lou Chan. En 851, Xuanzong a bien
récupéré, dans l'actuel Gansu de
l'est, dans le Ningxia du sud et au Sseu-tchouan occidental
ainsi que dans le bassin du Tarim reconquis par Zhang Yichao.
L'empereur améliore la situation des Tangut souvent en
révolte contre les mauvais traitements des fonctionnaires
chinois. Le chancelier Bai est chargé de cette mission et
les Tangut se soumettent en 851. Xuanzong est aussi connu pour
s'être appliqué à connaître les
fonctionnaires impériaux et à encourager les
économies. Il gouverne avec zèle en essayant
d'imiter son ancêtre T'ai-tsong. Il est circonspect par
rapport à la promotion des fonctionnaires et
sévère même avec ceux qui travaillent
près de lui. Il exige de recevoir les préfets
avant qu'ils ne prennent leur poste. Il semble que pendant le
règne de Xuanzong, les Chinois expérimentent les
feux d'artifice.
Avec le temps, le fait de ne pas désigner de prince
héritier, inquiète les hauts fonctionnaires. Il
semble que l'empereur préfère son jeune fils Li
Zi, à son aîné Li Wen. Le chancelier
Cui Shenyou est remplacé pour avoir posé la
question. Xuanzong réfléchit aux moyens de
réduire le pouvoir des eunuques et il tente de promouvoir
des eunuques mais une fois bien classés ils rejoignent les
eunuques puissants et peu dociles. A la fin de son règne,
l'empereur écoute les alchimistes qui promettent
l'immortalité. Leurs produits ont rendu l'empereur
irascible et paranoïaque. Puis il est mort le 7 septembre 859,
âgé de 49 ans. Sa mort n'a pas été
annoncé tout de suite par Wang Guizhang, Ma Congru et Wang
Jufang qui décident d'envoyer un eunuque commandant de
l'armée Shence, Wang Zongshi de Tch'ang ngan à
Huai'nan. Mais celui ci qui n'est pas en bons termes avec eux, entre
dans le palais, constate que l'empereur est bien mort, arrête
Wang Guizhang Ma Congru et Wang Jufang pour avoir indûment
publié des édits et les avoir exécuté
ultérieurement. Il reçoit le prince Li Wen au palais
et publie un édit au nom de l'empereur Xianzong, le
créant prince héritier sous le nom de Li Cui. Le
lendemain, la mort de l'empereur est annoncée. Le prince
Li Cui devient l'empereur Yizong.
Le nouvel empereur est très vite confronté
à une crise militaire avec le roi du Nanzhao Qiulong. La
raison en est le refus de Yizong de reconnaître le titre de
roi du souverain du Nanzhao. Celui ci a répondu en se
plaçant comme un égal à l'empereur
Yizong et il a attaqué des postes avancés
chinois. Pendant ce temps, une rébellion interne,
dirigée par Qiu Fu, déborde les troupes du Zhedong
dans l'actuel Zhejiang. Cette rébellion de Qiu Fu est vite
éliminée par le général Wang Shi,
mais les attaques du Nanzhao sont de plus en plus tranchantes.
Qiulong capture d'abord la préfecture d'Yong dans le Guanxi
actuel, pour un temps bref, puis la préfecture
Jiao, actuellement Hanoi dans
le Vietnam en 862. Cela n'empêche pas l'empereur de
passer beaucoup de temps en festins ou en jeux, malgré
les avertissements de ses fonctionnaires. Les
généraux Kang Chengxun et Gao Pian, n'obtiennent
aucun succès contre les troupes du Nanzhao dans un premier
temps. Mais vers 865 - 866, Gao Pian réussit à les
vaincre et reprend la préfecture Jiao. Mais le fonctionnaire
Li Schwang induit en erreur l'empereur à propos du groupe
d'armées de Dingbian, dans le Chengdu. La préfecture
de Xi est trop proche du Sseu-tchouan pour pouvoir être utile
à la défense de frontière. La déroute
subie au Dingbian démoralise les officiers qui
secrètement vont inciter l'ennemi à attaquer Dingbian
pour exposer Li Schwang.
Mais plus grave, une mutinerie éclate chez les soldats
du Jiangsu, postés là en vue d'une attaque
éventuelle du Nanzhao et à qui on promet le
retour chez eux au bout de trois ans. Mais alors que le terme
de ce séjour est prévu pour 869, le gouverneur Cui
Yanzeng le prolonge d'un an. La mutinerie est dirigée par
Pan Xun. Ils marchent vers le Nord-Est et capturent Xusi, la
capitale de la Préfecture de Xu. Après une vaine
tentative d'obtenir une sanction impériale contre le
gouverneur et la menace d'attaquer la capitale en cas de refus,
l'armée mutinée poursuit ses attaques sans que les
forces impériales ne puissent les arrêter. Enfin Kang
Chengxun demande que ses troupes soient renforcées par les
cavaliers de Zhuye Chixin, le khan des Chatuo ainsi que par les
tribus de Tuyuhun, par les Tartares et par les Qibi, l'empereur
Yizong accepte cette demande.
L'armée impériale est prête en 869, pour
attaquer Pan Xun. Zhuye Chixin commande l'avant-garde. Les
Chatuo semblent avoir joué un grand rôle dans
cette campagne. Ainsi, quand Kang Chengxun est encerclé
par l'armée de Pan Xun à la rivière
Huan-sui, c'est Zhuye Chixin et ses cavaliers qui viennent
à son secours et durant la bataille finale de la
préfecture Bo (actuellement Bozhou), Zhuye Chishuai,
le frère de Zhuye Chixin poursuit Pang Xun jusqu'à
Bo-dong (actuellement Shangqiu dans le Henan) et Pan Xun est
tué. Toujours en 869, Li Schwang provoque le Nanzhao en
assassinant son envoyé Yang Qiuqing, le souverain Qiulong
riposte en lançant une attaque massive sur Dingbian que
ni Li Schwang ni son successeur Dou Pang ne peuvent repousser.
Chengdu est assiégé. L'empereur Yizong affecte
Gao Pan comme gouverneur militaire du Xichuan et les forces du
Nanzhao se retirent.
L'empereur réagit violemment après la mort de sa
fille préférée, la princesse Tongchang en
870, et une vingtaine de médecins impériaux sont
exécutés. Les funérailles sont grandioses.
L'empereur Yizong est gravement malade en 873 et meurt le 15
août, sans avoir désigné d'héritier.
Les eunuques Liu Xingshen et Han Wenyue, commandants des
armées Shence, choisissent un enfant de 11 ans, Li Yan
qui devient empereur sous le nom de Xizong le 16 août 873 .
Le chancelier Wei Baoheng est régent pendant quelque temps.

L'empereur Xizong