Les débuts de la Corée


CONFLITS ET BATAILLES DE L'HUMANITE


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Origines

La péninsule est habitée depuis près de cinq cent mille ans. Vers - 10 000, venant de Sibérie, les Paléo-asiatiques, dont les Aïnous font partie, migrent vers la Corée et assimilent les autochtones. La péninsule est peu à peu occupée. Selon la légende, les Han-gook viennent de la région du lac Baïkal vers - 7200.

La poterie la plus ancienne, trouvée sur le site d'Amsa-dong, date du Vème millénaire, l'agriculture débute dans la deuxième moitié du IIIème millénaire. La culture du riz et le travail du cuivre apparaissent dans la première moitié du IIème millénaire sous l'impulsion de populations mongoloïdes. Dans le sud-ouest de la Corée, le riz est cultivé vers - 1500. L'agriculture devient plus complexe. Les champs sont aménagés avec un système de petites digues et la possibilité d'inonder le terrain pour accélérer la croissance du riz. Les abondantes récoltes de riz nourrissent des populations toujours plus nombreuses. Vers le XVème - XIVème siècle, l'agriculture coréenne est influencée par les techniques chinoises. A cette époque, les clans rassemblant des gens liés par le sang, utilisent comme armes de chasse ou de guerre des flèches et des lances dont les pointes sont en pierre.

Poterie peignée néolithique du Vème millénaire
(http://www.korea-museum.go.kr/)

Vers le Xème siècle, des populations d'origine toungouse viennent du nord-est de la Chine, il s'agit des Ye et des Maek qui fusionneront en Yemaek. Ils utilisent des armes et des outils en bronze et vont assimiler les populations présentes. L'âge de bronze commence et se caractérise par une société plus hiérarchisée, l'apparition des villes et de larges tombes à cistes. Dans la tradition, une dynastie Kidja est fondée en - 1123 par Jizi, un héritier de la dynastie chinoise Shang libéré par les Zhou. Les cauris sont utilisés comme monnaie. Les deux sociétés coexistent un certain temps puis les guerriers et les paysans se sont intégrés.

Vers le IVème siècle avant notre ère, le fer est utilisé, cette technique semble venue de la Chine et le cheval est utilisé dans l'armée. L'état du Ko-Choson est fondé entre le fleuve Liao en Mandchourie et le fleuve Taedong, dans la plaine de P'yongyang, par cette société devenue guerrière. Cet état apparaît dans la province du Liao Ning et profite de sa suprématie militaire due à l'utilisation du cheval, pour s'étendre vers la Mandchourie et la péninsule coréenne. Cette expansion de la Corée est la cause d'un conflit avec l'état chinois de Yan, sous le règne du roi Zaho, à la fin du IVè ou au début du IIIè siècle. Ce roi de Yan s'empare des territoires coréens à l'ouest du fleuve Liao. Vers - 206, des groupes nombreux de Chinois réfractaires à la nouvelle dynastie des Qin, trouvent refuge en Corée. Ils s'installent dans le nord de la péninsule et sont habiles en élevage du ver à soie et en tissage. Vers 195, Lu Guan, roi de Yan se révolte contre les Han et s'allie aux Xiongnu. Battu, il se réfugie chez eux et son second, Wei Man, vient dans le Ko-choson avec une escorte de mille personnes.

Le roi Chune ou June l'accueille et lui confie le commandement d'une troupe chargée de défendre le Yalou, la rivière qui sépare le Ko-Choson de la Chine qui a avancé vers l'Est dans sa lutte contre les Xiongnu. Wei Man rallie les Chinois qui viennent dans le Ko-choson et sous le prétexte d'une invasion chinoise, s'empare du trône en 190 et fonde la capitale Wanggeom-Seong, près de l'actuelle P'yongyang. Wei Man chasse le roi à travers la péninsule jusqu'à la province de Jeollabuk-do où celui ci s'installe en se faisant appeler le Roi Céleste. Wei Man soumet les tribus d'Imdun et de Chinbon et la confédération des tribus Maek, dirigées par Yegun Namnyo. La Corée est prospère en raison du commerce, elle sert d'intermédiaire entre la Chine et les tribus indigènes. Wei Man étend le royaume vers l'ancienne commanderie d'Imdun et crée ainsi une menace pour l'Empire chinois.

La domination chinoise

Wei Man ne paie pas le tribut à l'empereur des Han et de plus, il s'allie avec les Xiongnu. Les Chinois se sentent menacés et veulent faire disparaître l'état de Wei Man. Ils tentent de profiter de la défection de Namnyo pour créer la commanderie de Canghai, sur le territoire de Ye en - 128. Mais cette commanderie ne résiste pas trois ans face à la résistance des tribus de Ye. Alors l'empereur Wudi envoie un émissaire pour persuader le Ko-Choson d'accepter la suzeraineté de la Chine. Cet émissaire est assassiné, l'empereur Wudi saisit ce prétexte pour attaquer le Ko-choson. Après deux échecs, Wudi conduit personnellement une armée de soixante mille soldats et sept mille marins, car c'est une double offensive, terrestre par le Nord et maritime par le Sud. L'armée du Ko-Choson résiste vaillamment pendant un an, jusqu'à ce qu' un groupe de colons se rende. En - 108, la capitale Wanggeom-Seong est détruite et le souverain Ugeo, le petit fils de Wei Man, est mort. La Chine occupe tout le nord de la péninsule et divise ce territoire en quatre commanderies : Lolang (Nangnang), Lintun (Imdun), Xuantu (Hyondo) et Zhenfan (Chinbon) qui deviendront des royaumes ultérieurement. Ces commanderies servent à percevoir le tribut, stopper les incursions barbares et protéger les citoyens chinois. La Corée est occupée et la capitale administrative est Luolang près de l'actuelle ville de P'yongyang.

Double offensive chinoise de l'empereur Wudi (origine http://eng.korean.net/)

Les Maek et d'autres tribus septentrionales migrent vers la Mandchourie ou vers la péninsule coréenne. La pression des tribus coréennes, mécontentes de cette occupation chinoise, fait disparaître trois de ces commanderies en une trentaine d'années. Il reste celle de Lolang qui assure une présence chinoise jusqu'au début du IVè siècle de notre ère, avec de nombreux colons chinois. Les Chinois réussissent à diviser les tribus en donnant des titres à certains chefs et exploitent les ressources économiques de la région : le sel, le fer, le bois et le poisson sont utilisés sur place ou envoyés en Chine. Les marchands chinois exportent des produits manufacturés. Les techniques chinoises se propagent dans la péninsule : objets en fer ou en bronze, armes, pièces pour les chars, instruments aratoires, architecture et le pavement des rues. La culture coréenne se développe surtout dans le Nord à Koguryo et dans le Sud chez les tribus Han. Les premières principautés tribales se forment s'appuyant sur la culture du fer et une aristocratie guerrière. Ce sont au Nord, Puyo, Koguryo, Okcho et Ye, et au sud du fleuve Han, Chin, Mahan, Chinhan et Pyonhan.

Vers l'année 49, la principauté de Puyo située en Mandchourie, autour du bassin du fleuve Sungari, fait alliance avec l'Empire chinois pour se protéger du Koguryo et des tribus nomades du Nord. Le Koguryo est à l'origine formé d'immigrants venus de Puyo qui ont fusionné avec les tribus de Yemaek. Des populations chinoises immigrées participent à sa classe dirigeante. Le Koguryo dépendait de la commanderie de Xuantu. Le territoire de Koguryo est principalement montagneux et peu propice à l'agriculture, ses habitants se nourrissent de la chasse et ont recours aux raids et à la guerre contre leurs voisins ce qui leur fournit du butin. Les Chinois ont dès le début une attitude méfiante vis à vis du Koguryo. L'élimination de la commanderie de Xuantu est l'oeuvre du Koguryo. La lutte contre la Chine occupante unit les tribus de la fédération du Koguryo, et la commanderie de Lolang est constamment harcelée.

L'expansion du Koguryo (Goguryeo)

Koguryo bloque l'expansion chinoise dans la péninsule. En 3, Yuriwang déplace la capitale vers Kungnaesong, près de l'actuelle ville chinoise de Tonggou, pour lancer une politique expansionniste vers la Mandchourie et le sud de la péninsule. La Corée s’étend au-delà de la péninsule en direction du nord et atteint en Mandchourie le bassin du fleuve Liao à l’ouest et celui de la Soungari au nord. A la fin du Ier siècle, le Koguryo envahit le Liaodong puis attaque le Zhongcheng, affectant fortement la domination chinoise.

La Chine réplique par des expéditions punitives inefficaces dans ces régions montagneuses. Au milieu du IIè siècle, le Koguryo soumet à l'est Ye et atteint la côte de l'Est. A l'ouest, la politique d'expansion du roi T'aejo provoque des heurts violents avec la Chine.

Pour s'étendre vers l'ouest, le Koguryo doit s'assurer ses arrières à l'est, c'est pour cela qu'il conquiert Okcho sur le bord de la mer orientale. Les chefs des tribus locales conservent leurs positions mais fournissent un tribut. Les guerres se succèdent de 146 à 165 sous le roi Chadae qui attaque la région d'Andong, sur la rive chinoise du Yalou. Cette offensive menace de couper les communications entre la Chine des Han et le Liaodong.

Le Koguryo se dote d'un poste de guksang (premier ministre), confié à Myeongnim Dap-bu qui vient d'éliminer le roi Chadae qui s'esr comporté en tyran. Le nouveau roi Sindae et son guksang développent le Koguryo sur les plans économique et militaire. En 172, la dynastie des Han Postérieurs (en Chine) réunit une armée d'environ 100 000 soldats et se prépare à envahir le Koguryo. Myeongnim Dap-bu prépare les défenses, un grand fossé et plusieurs lignes de fortifications autour de la forteresse de Guknae. Il prépare des réserves de nourriture et fait de telle sorte que l'ennemi ne puisse se ravitailler sur place. Les forces de Koguryo se mettent à l'abri dans la forteresse qui est bientôt assiégée par les Chinois. Mais le siège dure longtemps et les assiégeants sont épuisés et affamés. Geng Li, le gouverneur de Xuantu qui commande cette armée donne le signal de la retraite. Myeongnim Dap-bu a tendu une embuscade à cette armée chinoise. Selon les Mémoires historiques des Trois Royaumes (Samguk Sagi), il n'y a pas eu de survivants dans l'armée chinoise dans cette bataille de Jwa-won.

En 224, la dynastie chinoise des Wei, voyant ses communications avec la commanderie de Lolang menacées, lance une offensive commandée par le général Guan Qiu Jian, qui détruit la capitale du Koguryo, Hwandosong (nouveau nom de Kungnaesong. Mais le Koguryo est toujours aussi fort, il refuse même une alliance proposée par le royaume de Wu en 235 et 236. En 242, sous le règne du roi Tongch'on, le Koguryo attaque la cité de Xiangping (actuellement Liaoyang). En 244, une nouvelle attaque des Wei, toujours commandée par le général Guan Qiu Jian, et renforcée par des troupes de Puyo, prend la capitale mais ne réussit pas à capturer le roi Tongch'on qui fuit jusqu'à la mer de l'Est. Les tribus de Yemaek se soumettent aux Wei, mais le Koguryo résiste toujours. En 255, une troisième expédition des Wei échoue. Les Wei sont en déclin et vont bientôt passer sous le contrôle des Jin occidentaux qui réunifient la Chine et deviennent ennemis de Koguryo.

En 309, la capitale de Koguryo est transférée à Hwandosong, près de l'actuelle Tonggou en Mandchourie. Cette décision provient des multiples menaces qui pèsent sur le Koguryo et sa capitale. D'abord la dynastie chinoise des Wei, puis la principauté chinoise de Yan et enfin les tribus coréennes de Puyo. La Chine n'accepte pas que le Koguryo lui coupe la route commerciale vers la péninsule. La guerre est donc continuelle entre ces deux peuples. En 311, Koguryo attaque la dynastie des Jin occidentaux et reprend Xianping. Puis la Chine est fort occupée par les invasions de nomades venus du Nord. Et bientôt, en 313, la Chine est morcelée en seize états chinois et cinq royaumes barbares. Le roi Mich'on Wang en profite pour s'emparer de la commanderie de Lolang. Il occupe le bassin du fleuve Taedong.

Le gain de ce riche territoire qui permet d'accéder à la mer Jaune et au sud de la péninsule et permet un essor significatif du royaume. En outre, le Koguryo est bientôt en contact avec le Paekche (cent vassaux). Mais la menace chinoise persiste. En 345, les troupes de l'état de Yan prennent la capitale Hwandosong, ainsi que la reine mère et des milliers de prisonniers. Koguryo reconnaît la suzeraineté de l'état de Yan (pas pour longtemps!). Gogugwon lance une attaque infructueuse contre le Paekche en 369. En réponse, le roi de Paekche, Geunchogo envoie son fils Geungusu et une armée de trente mille hommes envahir le Koguryo, prendre la forteresse près de l'actuelle P'yongyang et tuer Gogugwon en 371. En 367, un envoyé du royaume de Paekche arrive à la cour du Yamato (Japon).

En 386, le 18ème roi de Koguryo, Gogukyang lance une attaque avec quarante mille soldats contre la péninsule Liaodong dominée par l'état de Yan. Les cités de Liaodong et Xuantu sont prises ainsi que dix milles prisonniers, mais l'hiver suivant, Yan attaque et reprend sa province. Les assauts contre le Paekche continuent et le Koguryo s'allie avec le royaume de Silla.

Le roi Gwanggaeto
(http://leeheejeong.wordpress.com/)

Le successeur de Gogukyang est Gwanggaeto le Grand (391 - 413). Il reconstruit sa flotte et ses unités de cavalerie et dès l'année 392, il attaque avec cinquante mille cavalier Paekche et prend une dizaine des cités fortifiées proches de la frontière. Cet assaut énerve le roi de Paekche, Asin qui contre-attaque en 393, mais sa force d'invasion est vaincue ! Ce dernier recommence en 394 et il est de nouveau vaincu. En 395, l'armée du Koguryo est victorieuse et repousse le roi Asin jusqu'à la rivière Han et la cité de Wiryesong. En 396, Gwanggaeto surprend Asin par une attaque de sa flotte contre Wiryesong. Asin défend sa frontière avec le Koguryo et il est attaqué par le sud. L'armée du Koguryo brûle environ 58 forteresses et bat l'armée d'Asin qui se rend et remet son frère en otage.

L'expansion de Paekche (Baegje)

Ce royaume de Paekche semble formé par des réfugiés de tribus septentrionales groupés autour d'un groupe d'immigrants du Koguryo, capables de diriger les autochtones, dans le site de Kwangju. C'est un état tribal qui se développe dans le bassin du fleuve Han. Pendant que la fédération des Trois Han (Samhan), s'affaiblit, les états du bassin du fleuve Han forment une fédération pour résister aux attaques de la dynastie des Wei, à partir des commanderies. Selon les sources chinoises, les "pays" de la région des Trois Han sont des cités entourées de murailles, au nombre de soixante-dix-huit. La cité de Paekche en fait partie. Sous le règne du roi Koi (Goi) (234 - 285), Paekche dirige cette fédération. Après avoir repoussé une invasion des tribus Malgal, vassales de Koguryo, le roi Koi peut contrôler le bassin du fleuve Han, les bonnes relations entretenues avec les commanderies chinoises de Lolang et de Daifang * (Ta-bang) lui laissant carte blanche pour résister au Koguryo et envahir Mahan au Sud.

Mais en 246, les deux commanderies chinoises lancent une attaque décisive contre la région du fleuve Han pour empêcher la consolidation de cet état de Paekche et éventuellement de le supprimer. Au cours de ces combats, le gouverneur de Daifang, Gong Zun est tué, l'invasion est repoussée.

* Daifang : En 204, une commanderie plus au sud de Lolang est établie pour rendre l'administration plus efficace. En 236, les armées Wei annexent le Liaodong, Lolang et Daifang et étouffent une révolte des autochtones. Puis Daifang dépend de la dynastie des Jin, mais en raison des guerres, les Jin sont incapables de contrôler la péninsule coréenne au début du IVè siècle et en 313, le Koguryo annexe Lolang et Daifang, entraînant un transfert de population de Lolang vers Paekche.

Dans les années 260, le roi lance un programme de réformes et crée un corps de fonctionnaires et six ministères, permettant au royaume de prendre son essor. En 313. Paekche recueille de nombreux réfugiés chinois quittant Lolang annexé par le Koguryo. Cet apport est précieux sur les plans économique et culturel. En 346, l'état de Puyo est détruit par les Murong (clan Xianbei), une partie de ses habitants migrent vers Paekche. Paekche devient un état centralisé à partir du roi Kunch'ogo (346 - 375) et le pouvoir royal devient héréditaire. Ce roi est un grand conquérant, il unifie vers 369 le "pays Mahan", au sud et s'empare de tout son territoire. La commanderie de Daifang est annexée et le territoire du royaume s'étend jusqu' au col de Chabi.

En 370, la situation devient calme sur le front chinois, Yan est détruit par la dynastie des Qin antérieurs qui établit des relations amicales avec le Koguryo. Mais les deux expansions antagonistes du Koguryo vers le Sud et du Paekche vers le Nord laissent présager un conflit durable. C'est maintenant qu'un troisième acteur intervient.

L'expansion de Silla (Shiraji)

Au départ, vers - 700, des immigrés venus du nord de la péninsule, forment six tribus dans la plaine de Kyongju. Vers la fin du IIème siècle avant notre ère, ces tribus se réunissent et forment la fédération de tribus de Saro, une partie de la principauté de Chinhan qui se situe au sud-est de la péninsule. Ces six tribus utilisent des épées et des hallebardes en bronze et enterrent leurs morts dans des kourganes. Saro unifie les douze tribus de Chinham et développe des liens commerciaux avec la commanderie de Lolang. Ces liens accélèrent son essor. Au IIème siècle de note ère, les guerres dans les plaines du Liaodong et dans les bassins du Taedong, provoquent un afflux massif de population trouvant refuge dans cette fédération de tribus.

Cet accroissement de population fait évoluer Saro sur les plan politique et culturel. Au IVème siècle, presque au même moment que Paekche, Saro prend la forme d'un état, sous l'autorité de Naemul (356 - 402), le premier maripkan (chef suprême élu par les autres chefs de tribus) qui envoie une mission auprès de la cour des Jin par l'intermédiaire du Koguryo. Le Saro subit plusieurs tentatives d'invasion par le Yamato, qui commencent en 364 et demande à ce propos de l'aide au Koguryo. C'est un succès et les Japonais sont repoussés. Après Naemul, le conseil des tribus disparaît et la monarchie devient héréditaire. Le royaume de Saro est bien accueilli par le Koguryo qui voit en lui une menace pour le Paekche, d'autant plus qu'au IIIème siècle, Saro a reconnu la suzeraineté du Koguryo et s'est allié avec lui contre le Paekche. Le prince Silseong succède au roi Naemul mais il est renversé par Nulji qui bénéficie du soutien de Koguryo. Nulji monte sur le trône en 417. Il tente de soustraire son pays à la domination du Koguryo et prépare une alliance avec le Paekche. Sous son règne, l'état devient centralisé et la succession patrilinéaire s'affirme. Sous le règne de son fils, Jabi (458 - 479), le royaume envoie des troupes soutenir Paekche attaqué par le Koguryo en 474. Cette alliance va durer jusqu'au VIème siècle. Le Saro, prend le nom de Silla sous le règne de Jijeung (500 - 514) qui prend pour titre "wang" qui signifie roi. Le général Kim Isabu, Gunju (gouverneur) de la province Siljik (actuellement Samcheok), réussit à subjuguer l'île indépendante d'Usan Guk (actuelle Ulleung-do dans la mer du Japon) en 512.

La ligue de Kaya (ou Gaya)

Entre les royaumes de Paekche et de Silla, tout au sud de la péninsule, face au détroit de Corée, une confédération de cités états s'est formée dans la vallée du Nakdong. Parmi les douze "pays" de Pyeonhan, six tribus les plus puissantes s' unissent ou IIème siècle pour résister au roi de l'état de Chin. A l'origine, des immigrants de Koguryo dont une partie passe au Japon à la période Yayoi, cette ligue de Kaya développe une grande activité maritime et des relations économiques avec les commanderies chinoises de Lolang et Daifang, avec les tribus Ye sur la côte est et avec l'archipel japonais au sud depuis l'époque Jomon. Menacé à la fois par le Paechke à l'Ouest et par Silla à l'Est, cette Ligue de Kaya propose une relation de vassalité en échange d'une aide militaire au IVème siècle aux souverains du Yamato (Japon). Ces derniers acceptent et installent la base de Mimana (Imna) dans le territoire de la Ligue de Kaya.

La guerre entre les trois royaumes

Le royaume de Paekche est seul face à l'alliance de Koguryo et de Silla soutenue par les Jin antérieurs. Si en 371, le royaume de Paekche réussit en attaquant le Koguryo à s'emparer de la capitale après un siège où le roi de Koguryo est tué, la situation change en 396. Le roi conquérant Gwanggaeto de Goguryo attaque et prend à Paekche le bassin du fleuve Han. En 397, le Paekche négocie avec le royaume japonais un pacte d'alliance et envoyer le prince héritier Chonji en otage à la cour du Japon. Une armée japonaise débarque pour soutenir la Ligue de Kaya et s'attaque au royaume de Silla. Le Koguryo soutient ce dernier et Gwanggaeto le Grand envoie cinquante mille guerriers dans le sud qui sont vainqueurs de l'armée japonaise ainsi que de la cavalerie de Kaya. Paekche est dans une mauvaise passe et la situation intérieure se complique. En 405, le roi Asin meurt et le prince Chonji doit hériter du trône, mais Chomnye, le frère cadet du roi défunt tue Hunhae le frère aîné et se proclame roi du Paekche ! Le Yamato envoie Chonji au Paekche, accompagné d'une forte escorte et le prince héritier monte sur le trône. C'est à partir de ce moment que la transmission héréditaire du pouvoir royal est respectée au Paekche. Mais cette intervention du Japon menace l'indépendance du Paekche. Aussi ce royaume se rapproche de Silla et des souverains de la Chine. Silla qui réussit à redevenir autonome par rapport à son puissant voisin du Nord en 424, signe avec Paekche, une alliance militaire dirigée contre le Koguryo.

Au Koguryo, le roi Gwanggaeto meurt et son fils Jangsu monte sur le trône en 413. La Chine est divisée en 16 royaumes et Koguryo est vainqueur d'une armée Song. Les Xianbei se montrent actifs, aussi le roi de Koguryo ne peut se montrer offensif vers le reste de la péninsule. Il transfère la capitale vers le Sud du royaume et cherche des alliés chinois pour attaquer Paekche. Il envoie chez le roi de Paekche, Dorim, un moine bouddhiste pour affaiblir ce royaume. Et le moine gagne la faveur du roi et joue au jeu de go chaque jour avec lui, le désintéressant de la sécurité du royaume.

En 475, Jangsu peut enfin lancer sa double attaque, terrestre et maritime, contre le Paekche très peu préparé à la guerre. L'armée de Koguryo avance en direction de la capitale. Le roi Gaero est tué et la capitale brûlée. Koguryo prend le contrôle de la vallée de la rivière Han. Jangsu songe à présent au royaume de Silla mais la Chine retient son attention et il doit combattre les Khitan et agrandit son territoire en Mongolie, le royaume s'étend du bassin de la rivière Soungari jusqu'au site de l'actuelle Vladivostock.