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Les débuts de l'Empire Romain |
La situation après la bataille d'Actium La guerre en Hispanie La guerre en Germanie La révolte en Dalmatie et en Pannonie Le désastre de Varus |
Octavien est maître de la puissance romaine,
aussi bien à l'Ouest qu'à l'Est. Nul n'est en mesure de
le contester. Mais son pouvoir repose sur ses nombreuses légions
et sur les pouvoirs exceptionnels que lui a donnés le
Sénat. L'année - 30 est consacrée à
l'inspection de l'Orient. Il est
présent en Syrie au moment où Tiridate fuit le royaume
parthe en emmenant avec lui le fils de Phraate IV. Il
réussit habilement à dénouer la crise. En - 29,
Octavien rentre à Rome et symboliquement, fait fermer le temple
de Janus en signe de paix. Il utilise le trésor des Lagides et
les biens confisqués aux partisans de Marc Antoine pour
établir une grande partie des légionnaires qui sont
licenciés. Il organise trois triomphes pour
célébrer ses victoires en Pannonie et en Dalmatie, sa
victoire d'Actium et la conquête de l'Egypte. Il organise la
reconstruction de Carthage qui prend le nom de Colonia Julia Carthago.
Le cens ordonné par Auguste, fournit un
résultat d'environ quatre millions de citoyens pour l'empire.
Pendant ce temps, dans les Balkans, les Bastarnes et leurs
alliés Daces traversent le Danube et pillent le territoire des
Triballes et des Dardaniens. Ils menacent le royaume thrace de
Silas qui est allié aux Romains. Marcus Licinius Crassus,
proconsul de la Macédoine, porte la guerre en Mésie en -
29 et - 28. et remporte une victoire près de Ratiaria sur le
Danube, en aval des Portes de Fer. Il poursuit les Bastarnes (des
Germains) et dévaste la Mésie. Les Bastarnes comme
l'écrit Dion Cassius, s'arrêtent de fuir près du
Cedrus et envoient des parlementaires pour dissuader Crassus de les
poursuivre car ils n'ont fait aucun tort aux Romains. Crassus les
reçoit amicalement et réserve sa réponse pour le
lendemain. Ils les enivre pour les faire parler. Puis, il part,
de nuit, vers une forêt, envoie des éclaireurs et fait
halte avec son armée. Les Bastarnes, croyant les
éclaireurs seuls, leur donnent la chasse et, comme ils sortent
de la forêt, les légionnaires en tuent beaucoup sur place
et dans leur fuite. En effet, ils étaient embarrassés par
leurs chariots et tentent de sauver leurs femmes et leurs enfants. Leur
roi Deldo
fait partie des victimes. Dans le nord de la Gaule, une révolte
des Morins et des Trévires sont rapidement jugulées. Une
révolte en Aquitaine dure et en Hispanie, Titus Statilius Taurus
doit mener une campagne contre les Cantabres, les Astures et les
Vaccéens. Une campagne en - 28 est nécessaire contre les
Cantabres, les Astures et des tribus gauloise des
Pyrénées, c'est un autre consul, Caius Calvisius Sabinus
qui s'en charge. En - 28, après l'avoir isolée par un
contrôle des cols pyrénéens, la pacification de
l'Aquitaine est acquise par Marcus Valerius Messalla Corvinus.
L'Aquitaine, dans la réorganisation administrative de la Gaule
que fait Auguste, comprend tous les territoires au sud de la Loire.
Auguste rend au Sénat la gestion de toutes les provinces
à l'exception de trois : la Gaule, l'Ibérie et la Syrie,
où des opérations militaires ont lieu et qu'il se
réserve. Il conserve ainsi le commandement militaire et la
disposition des légions. Auguste est donc consul et proconsul
pour dix ans et ainsi dirige l'administration de l'Etat et
l'armée. Enfin, au Sénat, depuis - 28, il est princeps
senatus, personnage de rang le plus élevé, investi de la
plus grande auctoritas .En janvier - 27, Octavien annonce au
Sénat qu'il abandonne tous ses pouvoirs extraordinaires. Mais
les sénateurs lui renouvellent l'imperium pour 10 ans et lui
confèrent le titre d'Auguste. C'est lui qui donne le premier son
avis.
La
guerre cantabrique
Ayant réorganisé le pouvoir, Auguste doit
s'occuper des menaces qui pèsent sur l'empire. C'est
principalement l'Occident qui semble touché. En - 30, les
Suèves ont franchi le Rhin et ont envahi le territoire des
Morins, ils ont été arrêtés. En - 29, les
Trévires s'agitent en relation avec leurs voisins d'outre
Rhin. Ces troubles ont été dissipés. En Hispanie
du Nord, les Cantabres et les Astures luttent contre le proconsul Titus
Statilius Taurus en -29 puis le gouverneur Calvisius Sabinus et en 27
contre Sextus Appuleius et ils demeurent insoumis malgré les
trois légions qui leur font face. En - 27,
des marchands romains et gaulois sont tués sur la rive
droite du Rhin. M. Vinvinius commande une expédition punitive
contre les Germains responsables. Ce fleuve parait une frontière
fragile. Un autre lieu, plus proche de l'Italie, mérite qu'on y
envoie les légions. Il s'agit de la région alpine jusqu'au pays des Salasses qui ont
aidé Hannibal à la sortie des Alpes et qu'il est
nécessaire pour Rome de contrôler. Enfin, dans le nord
ouest de l'Hispanie, une région riche en or, en argent et en
étain, n'est pas soumise et les tribus ibériques se
déplacent vers les Austrigons et lancent des incursions sur le
plateau de la Meseta.
Auguste fait ouvrir les portes du temple de Janus, quitte Rome
et se rend en Gaule. En - 27, il est à Narbonne. La situation ne
s'arrange pas en Hispanie. Au 1er janvier, Auguste est à
Tarragone et c'est cette
place fortifiée pendant la deuxième Guerre Punique par
Publius et Gnaeus Cornelius Scipio, qu'il utilisera comme base de
ses opérations dans la guerre cantabrique. Il inaugure son
huitième consulat et rejoint la base militaire de Segisama,
(à l'ouest de l'actuelle Burgos). Là, il prend le
commandement des 3 légions de l'Hispanie Citérieure et
remonte vers le nord, par la vallée de la Pisuerga, entre les
Astures et les Cantabres, vers la place forte d'Aracilum ou Aracelium
(aujourd'hui Aradillos). Il remonte vers l'Océan et la flotte
venue d'Aquitaine, pour prendre l'ennemi à revers et la rejoint
près de l'actuelle Santander. A l'ouest, le légat de
Lusitanie, Publius Carisius, progresse et prend Lancia. Le jeune Juba,
futur roi de la Maurétanie, est emmené par Auguste dans
cette campagne.
Guerres Cantabres (en vert le trajet des légions, en orange
l'action de la flotte)
Les Ibères ne tentent pas de barrer le passage dans les
vallées et se retranchent dans leurs enceintes fortifiées
des hauteurs. Cette guerre devient une guerre de siège. Selon
l'historien Dion Cassius, les Cantabres et les Astures pratiquent la
guérilla. Les Cantabres combattent les Romains depuis la 2ème Guerre Punique
et le siège de Numance. Mais leur connaissance parfaite du
terrain montagneux, leurs qualités de cavalier, leur usage de la
lance courte et du javelot et leur habitude de monter des embuscades
rapides font des dégâts dans les légions. Il
faut aux Romains engager huit légions et de nombreuses troupes
auxiliaires ainsi que la flotte d'Aquitaine pour en venir à
bout. La campagne n'est pas terminée quand à la fin de
l'année - 26,
Auguste tombe malade et doit retourner à Tarragone pour s'y
reposer, fort découragé. Son légat de
Tarraconaise, Caius Antistius agit énergiquement et emporte,
dans l'hiver, les fortifications du Mons Vindius et avec Carisius, la
place forte du Mons Medellus. Il obtient aussi la soumission de
Corocotta, le chef des Cantabres. Auguste, rétabli, pense que la
guerre est finie. Il licencie des vétérans qu'il fait
installer dans une colonie faite exprès, Emerita Augusta, en
Lusitanie. Il reçoit en Hispania une ambassade indienne,
probablement celle du roi Porus III.
Guerriers cantabres (site www.masquepixels.es)
Mais les Ibères ne sont pas
encore soumis. La farouche volonté d'indépendance et les
représailles impitoyables des officiers romains vont prolonger
le conflit jusqu'en - 19. Une embuscade est tendue en - 24, au
légat Lucius Aemilius Paulus Lepidus en mission de
ravitaillement. La répression est cruelle. Un soulèvement
agite les Astures et les Cantabres dans l'hiver - 22 et les gouverneurs
des provinces proches doivent rassembler leurs troupes dirigées
par Publius Canisius et Caius Furnius pour éteindre le feu.
Enfin, en - 19, le retour d'anciens prisonniers cantabres, vendus comme
esclaves, ayant éliminé leurs maîtres, provoque
l'attaque des postes romains. La discipline s'est
relâchée, Agrippa, venu exprès, réussit
à faire cesser la panique et briser la fierté des
Ibères. Les ennemis en âge de se battre sont
anéantis et la population restante doit vivre dans la plaine. La
conquête de la péninsule ibérique est
terminée. Une ultime révolte en - 16 est rapidement
écrasée Néanmoins, l'esprit de résistance
est si puissant que Rome laissera pendant 17 ans deux légions en
permanence sur ce territoire.
Pendant ce temps,
Terrentius Varro Murena a commencé la conquête des Alpes.
Il reprend la campagne contre les Salasses lancée par Antistius
Vetus et interrompue par la guerre entre Antoine et Octavien. Les
légions romaines ont tenté d'affamer la vallée
d'Aoste en - 37 par un blocus pendant deux ans. Mais cette tentative a
échoué car ils se ravitaillaient chez leurs voisins.
Selon Strabon, Murena capture la population survivante, soit 36 000
personnes dont 8 000 hommes en état de combattre et il les vend
sur la place d'Eporedia, colonie romaine près d'Ivrée. En
- 24, Auguste fait installer 3 000 vétérans
démobilisés sur le site d'un camp de Murena qui
devient la colonie Augusta Praetoria Salassorum. Peu de temps
après, une nouvelle offensive est déclenchée sous
la conduite de P. Silius Nerva, pour pacifier l'espace compris antre le
lac de Côme et le lac de Garde. Ce sont les Vennonetes, les
Camunni et les Trumpilini qui sont soumis en - 16.
En - 15, une campagne d'envergure est menée par Tibère et Drusus contre les Rhètes. Drusus progresse par le Brenner et soumet les Isarci. Tibère, selon Suétone, vient de Gaule, repousser une tentative d'invasion des Rhètes. Le 1er août, il remporte une bataille navale contre les Briganti sur le lac de Constance, utilisant la flottille romaine récemment formée, comme celles du Rhin et du Danube. Pendant ce temps, Drusus est victorieux des Breuni. Les deux armées se rejoignent vers l'actuelle Innsbrück et traquent ensemble les Caenaunes et les Focunates et atteignent le Danube.
En - 14, une
expédition est lancée contre les Ligures, dans les
actuelles Alpes Maritimes. L'Italie et la Gaule sont
séparées par trois districts militaires, avec celui es
Alpes Maritimes, celui des Alpes Cottiennes et celui des Alpes
Gréées.
Dans le Pont Euxin, le roi du
Bosphore, Asandros meurt en - 16. La couronne revient à son
épouse Dynamis. En - 14, un dénommé Scribonius
l'épouse et tente de s'approprier le Bosphore. Agrippa
intervient aidé par la flotte de Polemon, le roi du Pont
et celle d'Hérode le Grand et rétablit la situation.
Dynamis se marie avec Polemon qui devient roi du Bosphore.
En Orient, à la même
époque, à la demande d'Auguste selon Strabon, le préfet d'Egypte, Gaius Aelius
Gallus organise une véritable expédition vers l'Arabia
Felix. Il s'agit d'établir un protectorat romain sur les
riches territoires fournisseurs d'encens, de myrrhe et d'aromates,
situés dans les actuels Yémen et Oman. Mal guidé
par les Nabatéens, principaux bénéficiaires de ce
fructueux commerce, Gallus emmène 10 000 soldats dans de
très mauvaises conditions, à travers le désert qui
longe la mer Rouge, à l'Est. Ils remportent des "victoires" sur
des peuples mal équipés qui veulent les arrêter
mais arrivent exténués car mal ravitaillés. Ils
doivent revenir vers le Méditerranée et avec beaucoup de
pertes sans résultats.
Sur le front de l'Euphrate, c'est par la diplomatie qu'Auguste
réussit à obtenir de Phraates IV, le roi des Parthes,
le retour des captifs et des enseignes des légions
vaincues. Il n'y aura pas de violation de la frontière par les
Parthes pendant un siècle. Les soucis viendront de
l'Arménie où Tibère fait une campagne en - 20..
En Nubie, la présence
conquérante des Romains et en particulier la prise du port
d'Adoulis en mer Rouge fait réagir la
Candace,
la reine de Nubiens, nommée Amanirenas dès - 24. Elle
s'est alliée avec le royaume d'Axoum
et bientôt une armée de près de 30 000 soldats
attaque la Nubie romaine. Syène, Elephantine et Philae sont
prises tandis que 3 cohortes sont éliminées. Le
préfet d'Egypte, Caius Petronius se met en campagne avec 10 000
légionnaires, repousse l'invasion vers Pselcis puis Premnis nous
dit Strabon, et poursuit la Candace jusqu'à la quatrième
cataracte. La capitale nubienne Napata est prise en - 23 et
détruite en dépit des propositions de paix de la Candace.
Une garnison de 400 légionnaires est laissée à
Premnis dont les fortifications sont renforcées. En - 22, une
nouvelle tentative nubienne contre la forteresse de Premnis est un
échec car Petronius intervient à temps. En - 21, Auguste
reçoit à Samos des ambassadeurs nubiens et accorde la
paix. De plus il défend aux préfets d'Egypte d'imposer un
tribut aux "Éthiopiens" comme les appellent les Grecs et les
Romains.
Auguste s'interdit toute conquête au sud de l'Egypte qui est le
domaine réservé de l'empereur.
En revanche, en - 20, le proconsul
d'Afrique Cornelius Balbus, part en campagne contre les Garamantes.
L'année suivante il capture Cydamus (Ghadames), leur
capitale et Garama (Germah). En peu de temps le Fezzan est
annexé à l'Empire.
La guerre en Germanie
Mais les efforts militaires d'Auguste vont porter sur la Germanie et vers le Danube et commencer violemment. Déjà en - 39, Agrippa, gouverneur de la Gaule, traverse le Rhin et combat les Suèves qui attaquent les Ubiens. En - 16, le légat Marcus Lollius Paulinus dépêche vingt centurions au delà du Rhin pour lever le tribut dans le territoire des Sicambres. Ils n'en reviennent pas vivants, il semble qu'ils sont crucifiés par les Germains. Puis Lollius est battu et tué par les Sicambres alliés aux Tenctères et aux Usipètes qui viennent de traverser le Rhin. La Vème légion Alaudae est étrillée et perd son aigle. Auguste fait construire, face à l'embouchure de la rivière Lippe, un fort, celui de Vetera Castra. En outre, comme nous le précise Tacite, il fait creuser la Fossa Drusiana, un canal reliant le Rhin au lac Flovo qui préfigure l'actuel Zuiderzee dans le but d'utiliser la marine pour transporter des troupes lors de la conquête de la Germanie. Le trajet est considérablement raccourci, au prix d'un ensemble d'écluses, de digues et de levées de terre encore visibles aujourd'hui.
Claudius Drusus rassemble cinq
légions au bord du Rhin, en particulier la XVIIème
à Novesium près de l'actuelle Cologne, les autres
à Vetera et à Monguntiacum (Mayence) et étouffe la
révolte du côté romain du Rhin avant qu'elle
n'éclate. Entre - 12 et - 9,
il fait 4 expéditions en Germanie, combat les Suèves, les
Chattes, les Sicambres, les Usipètes, les Tenctères, les
Bructères et les Chérusques. Il parcourt la Germanie de
l'embouchure du Rhin à la Lippe, à l'Ems et jusqu'
à la Wéser. La première expédition est une
véritable démonstration navale. En réponse
à une nouveau franchissement du Rhin par les Sicambres, il
repousse l'ennemi loin de la rive gauche du fleuve et utilisant le
nouveau canal, atteint le lac Flevo, et rejoint les Frisons. Puis
à l'aide de leurs pilotes abordent chacune des îles de
leur archipel. Une seule réaction ennemie est notée
par Strabon, il s'agit d'un combat victorieux contre les
Bructères. Mais au retour, la flotte se trouve
immobilisée en raison d'un reflux rapide et les Frisons doivent
les aider à remettre les bateaux à flot. Drusus ne
rapporte aucune tentative similaire dans les années
suivantes.
Durant la deuxième
expédition, en - 11, Drusus choisit la vallée de la
Lippe, une région agricole riche et un
chemin direct sur la rive gauche de la rivière, profitant d'un
conflit entre Chattes et Sicambres. Drusus atteint la Wéser en
détruisant les habitations sur son passage. Il rejette les
Chérusques sur la rive orientale et Dion Cassius rapporte des
victoires remportées sur les Chauques et les Tenctères;
Puis la saison s'avançant, il est temps de rentrer et la colonne
romaine étirée est surprise et enveloppée par les
Germains sur les hauteurs, près d'Arbalo selon Pline. Mais, ceux
ci trop confiants, attaquent en désordre et avec
incohérence ce qui permet à Drusus de sortir du
piège. C'est ainsi que Drusus décide de faire construire
une forteresse au confluent de la Lippe et de l'Alise et une autre dans
le pays des Chattes.
Dans la troisième
expédition, Drusus choisit en - 10, la
dépression hessoise. Les Chattes et les Sicambres se sont
réconciliés devant la menace romaine. Drusus passe
l'année - 10 et un partie de l'année suivante à
effectuer des marches dans le pays des Chattes. Les réactions
des Germains sont violentes et le camp de l'Alise est détruit.
Drusus est nommé consul pour l'année - 9, il repart
aussitôt pour la Germanie et reprend la voie de la
dépression hessoise, atteint la Wéser puis l'Elbe en
contournant
le Hartz au Nord. L'armée romaine bat à nouveau les
Chattes, les refoule au delà de l'Elbe et poursuit des bandes
de Marcomans attardés qui se retirent dans le pays des
Boïens, la Bohème actuelle.
Claudius Drusus Nero
Au cours de la quatrième expédition, partie de Monguntiacum, il traverse la territoire des Chattes jusqu'à l'Elbe. Il ne s'agit pas d'une conquête car les Germains, habilement, se retirent dans les forêts à l'approche de l'armée romaine, mettant à l'abri leurs biens et leurs familles. Puis ils attendent la mauvaise saison et le retour des Romains. A ce moment, les Germains sortent de leurs forêts et attaquent l'arrière de l'armée romaine, éliminent les légionnaires
qui traînent et pillent les bagages. Et ils attaquent aussi bien la nuit que le jour, occasionnant des pertes sensibles aux Romains. La stratégie de Drusus semble peu efficace, mais il multiplie les forteresses aux confluents de toutes les rivières se jetant dans le Rhin.
Un fort, "Castra Herculi" est construit près de la jonction du nouveau canal et du Rhin, en Germanie inférieure, au début du siècle suivant. Enfin les castella drusiana, constituent une suite de postes fortifiés en bordure du Rhin, de l'Helvétie (camp de Dangstetten près de l'actuelle Zurzach) à la mer, le plus souvent sur des hauteurs. Florus a compté une cinquantaine de ces
castella mais peu sont situés avec précision comme Argentorate qui correspond à l'actuelle Strasbourg et où des cavaliers Trévires sont installés. Drusus par ces campagnes, cherche à empêcher ou à faire éclater les coalitions ennemies.
Les Romains ont donc atteint l'Elbe
en -9 et beaucoup d'entre eux pensent qu'ils sont aux
extrémités de
la Terre. Au retour de l'armée romaine, vers la mi-août,
après avoir franchi la Saale, le cheval de Drusus fait une chute
et lui brise la cuisse. L'état de la blessure s'aggrave et quand
Tibère le rejoint c'est un mourant. Il a à peine trente
ans. La campagne de Germanie continue avec Tibère pour chef. qui
reste dans le pays jusqu'en - 7. Les légions parcourent le
terrain entre le Rhin et l'Elbe et aucune bataille n'est notée.
Tibère donne l'ordre à toutes les tribus de
reconnaître la souveraineté de Rome et toutes, même
les Sicambres qui s'y résignent en dernier, obéissent.
Les messagers sicambres venus apporter la soumission de leur peuple sont
traités comme prisonniers de guerre et enfermés en Italie
et 40 000 personnes sont transplantées en Gaule et sont connus
sous le nom de Cugerni. Un peu plus
tard, selon Dion Cassius, le gouverneur d'Illyricum, Lucius Domitius
Ahenobarbus installe sur le territoire des Marcomans, une horde
d'Hermundures, venu de Vindélécie et pour cela, il
s'avance au-delà de l'Elbe supérieur sans rencontrer de
résistance. En - 6, Tibère doit rentrer à Rome par
suite d'un différent avec Auguste et la campagne subit un
arrêt.
Mais les Germains sont exaspérés par l'arrivée des hommes d'affaires italiens et Tibère disgracié est éloigné à Rhodes pendant dix ans. En l'an 2, les Chérusques et les Chauques se soulèvent et
c'est Ahenobarbus, officiellement chargé des légions de Germanie qui les arrête. Quand Tibère revient en l'an 4, adopté par Auguste, la situation en Germanie s'est dégradée, mais une chaussée de rondins de 40 kilomètres de long, les Pontes Longi, au nord de la Lippe, facilite les déplacements des légionnaires. Tibère, dans une première campagne franchit le Weser
et soumet les Chérusques. Une deuxième campagne le mène au bord de l'Elbe, face aux troupes germaniques sur l'autre rive. C'est la première fois que l'armée romaine prend ses quartiers d'hiver en Germanie, près d'Aliso. Les Chauques se soumettent ainsi que les Canninéfates, les Bructères et les Langobards installés entre le Weser et l'Elbe. Sur le front maritime, toute la côte est reconnue jusqu'au Jutland. Ces expéditions sont réussies, la pénétration romaine va-t-elle s'arrêter sur l'Elbe ?
La réponse est fournie en l'an 6. Une gigantesque mobilisation doit faire converger pas moins de 12 légions vers la Bohême du roi Marobod. Le plan prévoit que ces troupes parties de Germanie, de Norique et d'Illyrie doivent conquérir le réduit des Marcomans. Tibère commande la pince orientale et partira de Carnutum, pour franchir le Danube et marcher vers le nord-ouest tandis que Sentius Saturnus emmènera les légions du Rhin depuis Monguntiacum (Mayence), remontera le Mein, enfoncera les Chattes et rejoindra Tibère en traversant la Forêt Hercynienne. Le plan semble parfait, les ennemis sont deux fois moins nombreux que les légionnaires.
Mais au moment du départ, la révolte de Pannonie éclate dans un pays qui semble pacifié.
Les Dalmates et les tribus pannoniennes sont soumises depuis peu aux gouverneurs romains mais ils ne supportent pas les impôts inconnus jusque là et impitoyablement levés. Les légions de Dalmatie sont conduites sur le Danube et Rome a enrôlé tous les hommes en état de se battre. Ce sont ces guerriers qui donnent le signal de la révolte, commandés par Bato, un Désitiate (peuple dalmate voisin de l'actuelle Sarajevo). Les Pannoniens les imitent, menés par deux Breuques, Pinnès et un autre Bato. La révolte se répand très vite, des citoyens romains sont exécutés. Tout l'Illyricum se soulève, on avance le chiffre de 200 000 fantassins et 9 000 cavaliers tandis que des Daces et des Sarmates traversent le Danube et envahissent la Mésie. Le danger est sérieux,
les insurgés peuvent attaquer la Macédoine ou l'Italie. Auguste demande et obtient du Sénat la formation de nouvelles troupes et l'envoi de tout ce qui est disponible vers les villes menacées. Les Thraces conduits par leur roi Rhoemetalkes, viennent en nombre épauler les sept légions de Tibère qui revient en Illyricum. Les légions du Rhin restent en Germanie qui peut être tentée par la révolte. Un accord de paix est conclu avec Marobod, sur la base du statu quo. Tibère reçoit des renforts de Mésie dont le gouverneur, Aulus Caecina Severus, vient en toute hâte, de Syrie et d'Italie, il a bientôt dix légions et leurs troupes auxiliaires, des vétérans venus d'eux mêmes et d'autres volontaires soit en tout 120 000 hommes.
Toutefois, la première campagne en l'an 6 permet seulement de protéger les grandes places telles que Sirmium et Siscia. Mais Bato le Dalmate combat avec succès Marcus Valerius Messalla tandis que Bato le Pannonien lutte contre Aulus Caecina. La révolte continue l'année suivante où Germanicus, le jeune neveu de Tibère participe à la guerre. La troisième
campagne en l'an 8, permet aux Romains qui mobilisent 15 légions (par ajout de troupes venues d'Egypte et à nouveau d'Italie), de soumettre les Pannoniens grâce à l'attitude favorable de leur chef Bato qui convainc toutes ses troupes de poser les armes et livre Pinnès aux légionnaires. Il est rapidement exécuté par Bato le dalmate et la révolte reprend. Mais elle est vite jugulée et le Dalmate est réduit à protéger son territoire. La pacification reste longue et Germanicus en l'an 9 doit combattre les Pirustes, à la frontière épirote, ainsi que la tribu des Désidiates et les soumettre. La guerre se transforme en conquête des forteresses et quand Tibère revient en été 9, Bato est assiégé dans la dernière place forte : Audetrium (actuellement Much) et celui ci se rend à Tibère tandis que ses hommes luttent opiniâtrement jusqu'au 3 août de l'an 9. Gnaeus Lentulus traverse le Danube, avec une forte armée pour châtier les Daces transdanubiens. C'est la première fois que les troupes romaines envahissent le territoire des Daces. Ils avancent jusqu'au Marisus et écrasent l'armée des Daces. Les Romains établissent les 50 000 prisonniers Daces en Thrace. Germanicus vient à Rome annoncer la fin heureuse de la "guerre de Bato" et à la même époque arrive une nouvelle désastreuse en provenance de Germanie.
Publius Quintilius Varus
Le
désastre de Varus : an 9
Pendant ces années, la révolte couve en
Germanie qui se transforme peu à peu en province romaine avec
les commerçants italiens qui s'installent au voisinage des camps
romains, la formation d'agglomérations et de marchés
comme le confirme Dion Cassius. Une partie des Germains est
tentée par le mode de vie romain, comme
chez les Gaulois à l'époque de César. Mais les
peuples plus éloignés du Rhin, tels les
Chérusques, les Chattes, les Bructères et les Marses,
inspirés sans doute par la révolte de l'Illyricum, en
particulier les nobles et les jeunes suivent Arminius (Hermann) dans sa
révolte. Il est fils du chef chérusque Segimer. Ancien
otage élevé à Rome, il a servi cinq ans
dans les rangs de l'armée romaine tout comme son frère
Flavius mais ce dernier coopère volontiers avec Rome. Cela
illustre le caractère restreint et secret de cette
révolte à l'opposé de celle qui vient de frapper
la Dalmatie et la Pannonie. En fait l'alternative entre l'engagement du
côté des légions et les coups de main contre les
troupes d'occupation pousse de nombreux Germains dans le
deuxième terme. Arminius a combattu en Pannonie et s'y est
illustré. C'est sur l'ordre d'Auguste qu'il est revenu en
Germanie avec Varus.
Mais la réussite de cette
révolte tient beaucoup aux erreurs faites par les Romains. Les
meilleurs officiers et les meilleures troupes sont partis pour le
Danube. Les forces dont dispose Varus sont réduites à 3
légions, 6 cohortes et 3 ailes de cavalerie par Auguste, peut
être par crainte d'une révolte comme vient de la
connaître la Pannonie. Et ce sont des nouvelles recrues
qui remplacent les légions en campagne. De la même
façon, le nouveau gouverneur de Germanie n'a pas beaucoup
d'expérience militaire mais il est l'ami d'Auguste et proche de
Tibère, toutefois il est réputé pour avoir
réprimé une révolte en Judée qui s'est
soldée par la crucifixion de deux mille révoltés.
Arminius commande un
détachement de Chérusques auxiliaires de l'armée
romaine et réussit à capter la confiance du gouverneur
Publius Quinctilius Varus. Il l'entraîne avec trois
légions, la XVIIème, la XVIIIème et la
XIXème, trois détachements de cavalerie et six cohortes
d'auxiliaires, dans une grande embuscade. C'est la
répétition de la bataille d'Arbalo en - 11, mais Varus
est trop confiant. Sa politique fiscale irrite profondément les
Germains tant il est âpre au gain et il les exaspère en
appliquant brutalement le droit romain. Arminius le pousse à
quitter le secteur du fleuve Weser pour rejoindre le secteur du fleuve
Hase en passant par une zone marécageuse. L'alliance anti
romaine rassemble des Chérusques, des Marses, des Chattes, des
Chauques, des Sicambres et des Bructères. Varus donc, à
la fin de l'été, se prépare à regagner ses
quartiers d'hiver quand il reçoit la nouvelle de la
révolte d'une tribu et aussitôt, malgré les
avertissement de Ségestes, le beau père d'Arminius, loyal
envers Rome, il fait quitter la voie militaire à l'armée
et se dirige vers les révoltés. L'armée est
réduite du fait des nombreux détachements que Varus a
éparpillés et de plus elle est lourdement chargée.
Arminius le Chérusque (- 18 + 21)
Dès que l'armée s'est
éloignée de sa route, Arminius quitte la colonne avec ses
hommes pour dit-il rassembler des Germains et ainsi renforcer les
légions. Les alliés se révoltent et massacrent les
petites garnisons romaines qui y résident et se rassemblent pour
attaquer l'armée de Varus. L'armée romaine avance sans
méfiance dans un pays considéré comme ami.
Les chemins sont impraticables en raison des pluies d'automne et il
semble que les légionnaires doivent couper des arbres et
"construire la route" pour avancer. Ils s'arrêtent et montent le
camp près du ruisseau Hunte, au voisinage de l'actuelle ville de
Bohmte en Basse-Saxe. Le lendemain, les légions progressent
entre une zone de marécages et une colline, un chemin
resserré, à Kalkriese près de l'actuelle ville
d'Osnabruck. Alors cette "foule" de Germains, bien plus nombreuse que
les Romains, attaque une première fois les flancs de cette
armée en marche avec un certain succès car l'endroit est
bien choisi. Les légionnaires subissent une pluie de javelots et
de flèches. Les Romains pris par surprise subissent de lourdes
pertes. Arminius a fait construire des palissades en bois pour entraver
l'action des légionnaires. La réaction des légions
est rapide, et l'attaque des palissades est lancée malgré
un terrain difficile, c'est un échec en dépit de
plusieurs assauts, les Romains sont repoussés. Mais en obliquant
vers le Sud Est, Varus réussit à faire sortir son
armée diminuée entre les retranchement ennemis, en
perdant de nouveaux légionnaires.
Selon Tacite et Dion Cassius, une
part importante de l'armée continue à avancer vers Aliso
et Varus décide de se séparer des bagages superflus,
chariots etc... Le terrain est plat, l'étape se déroule
sans encombre et le camp est établi le soir près de la
ville d'Engter. Le lendemain, il n'y a plus d'autre choix que d'avancer
dans une zone de forêt vers Wiehengebirge. Et aussitôt
l'embuscade recommence. Ce terrain ne permet pas à la cavalerie
d'agir efficacement et les légions sont mal à l'aise pour
se déployer. La panique s'installe et la cohésion de
l'armée romaine s'effondre. C. Numonius Vala, légat de
Varus, quitte la colonne avec toute la cavalerie et s'enfuit vers le
Rhin, mais il tombe dans une embuscade préparée par
Arminius. Pendant ce temps les légionnaires progressent en
tombant dans de nouvelles embuscades. Le nombre des guerriers germains
augmente aux nouvelles des premiers succès. Le soir les
légionnaires survivants réussissent à
établir un camp près de la ville actuelle de Lengerich.
Varus le lendemain, décide
de traverser une zone de marécages pour atteindre la
chaussée romaine. Mais le rassemblement de guerriers germains
est considérable et l'attaque des débris des
légions commence aussitôt. La situation devient critique
et Varus suivi par plusieurs officiers, se donne la mort dans les
environs de l'actuelle Mûnster. A cette nouvelle, les
légionnaires ne veulent plus se battre. L'aigle d'une
légion est enterré pour éviter sa capture et un
très petit nombre de légionnaires isolés atteindra
le Rhin. Beaucoup imitent leur chef et ceux qui se rendent sont soit
sacrifiés aux dieux germaniques comme le décrit Tacite,
soit réduits en esclavage et seront parfois
libérés contre une rançon. L'armée de
Varus, forte de près de 24 000 hommes, est anéantie.
Aussitôt la Germanie entière se soulève contre la
domination romaine. Toutes les garnisons sont éliminées
sauf celle d' Aliso, où Lucius Caedicius, le préfet du
camp résiste farouchement aux assiégeants très
supérieurs en nombre et ses archers font des ravages chez les
agresseurs. Le siège d'Aliso se prolonge et quand les ressources
sont épuisées, Caedicius emmène sa troupe et des
femmes et enfants, par une nuit noire, jusqu'au camp de Vetera
où les deux légions de Monguntiacum, commandées
par Lucius Nonius Asprenas sont arrivées. Cette rapide
réaction d'Asprenas et la rugueuse défense d'Aliso ont
limité la victoire des Germains et dissuadé une
révolte gauloise. Le refus du roi Marobod, invité par
Arminius à écraser les dernières
légions de l'armée du Rhin fait échouer le
plan du Chérusque;
Mais c'en est fini de la politique
d'expansion en Germanie. Le désastre est rapidement
réparé et l'effectif de l'armée du Rhin est
même significativement augmenté puisque on passe de cinq
légions à huit organisées en deux armées.
Tibère a repris le commandement de cette force et en l'an 11,
repasse le Rhin mais ne s'en éloigne guère comme pour
montrer aux Germains que Rome est toujours là. Auguste abandonne
le projet de Germania jusqu'à l'Elbe et décide de faire
du Rhin la frontière de l'Empire. En l'an 13, Germanicus
succède à la tête de ces deux armées
à Tibère qui est bientôt reconnu comme
héritier d'Auguste.
Auguste meurt le 19 août 14,
âgé de 77 ans, il est un des rares empereurs romains
à mourir dans son lit. Il a réussi à faire de son
fils adoptif Tibère, un héritier dans une situation telle
que le Sénat doive approuver sa nomination.
L'armée
au temps d'Auguste
L'armée professionnelle dont
hérite Auguste devient permanente, sur la base d'engagements
volontaires. Mais une discipline sévère remplace le
civisme spontanée des guerres civiles. La durée du
service est allongée (20 ans) et les légions ne recrutent
que des citoyens romains. A la fin du règne, Rome dispose de 25
légions à 10 cohortes, la 1ère a double effectif
soit 5 500 hommes par légion (soit une diminution depuis la fin
des guerres civiles de 70 à 25). La légion comprend
désormais 4 turnes de cavalerie de 120 chevaux chacune. Les
légions rassezmblent 140 000 légionnaires dont les deux
tiers résident aux frontières. Il y a autant
d'auxiliaires recrutés parmi les provinciaux latins et
pérégrins *. En Italie, pas de légions ni
d'auxiliaires, mais neuf cohortes d'élite de 500 hommes et trois
turnes de cavalerie chacune En outre 3 cohortes urbaines sans cavalerie
et sept cohortes de vigiles chargées de la lutte contre
l'incendie et la police nocturne complètent
l'effectif.
La marine recrute parmi les
affranchis et les pérégrins et effectue des tâches
de police. Auguste a formé deux flottes majeures et les installe
dans les ports de Misène et de Ravenne
L'armée à la fin du
règne d'Auguste est bien entraînée et
disciplinée mais les effectifs, limités par les
nécessités financières, sont insuffisants pour
défendre un territoire immense. Cependant aucun danger important
menace Rome.
Pérégrins : Hommes libres qui ne disposent ni de la
citoyenneté romaine, ni du statut juridique des Latins. Ce sont
essentiellement, les habitants des provinces récemment
conquises. Ils peuvent acquérir la citoyenneté romaine au
bout de 25 ans de service dans l'armée romaine. La durée
du service est plus longue (25 ans) et la solde très
inférieure à celle des légionnaires. Les
auxiliaires sont regroupés en cohortes ou en ailes
de cavalerie.
Suite de l'histoire de Rome
: La
dynastie Julio-Claudienne de Tibère à Néron
et L'année
69 et la dynastie des Flaviens
Le
début de l'aventure romaine : La jeunesse de Rome
.
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