CONFLITS ET BATAILLES DE L'HUMANITE |
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EUROPE / MÉDITERRANÉE
La Grèce des origines |
Les Mycéniens La colonisation La guerre à l'époque archaïque La révolution hoplitique |
C'est en Grèce qu'apparaît pour la 1ère
fois en Europe, l'agriculture et l'élevage. Au 3e
millénaire, des populations préhelléniques,
appelées à l'époque classique les Pélasges,
vivent en Thrace, Béotie, Phocide, Attique, Argonide et à
Corinthe et, en dépit de faibles ressources minérales,
travaillent le bronze. Le rempart de Laine en Argonide, montre un souci
de se protéger des voisins. Dans les îles de la mer
Egée, des sociétés commerçantes et
maritimes prennent place, par exemple dans les Cyclades.
En Crète, la civilisation minoenne est tournée vers le commerce et la mer, par ses ports de l'est. Ses ressources naturelles permettent un développement rapide et elle découvre l'usage du cuivre longtemps avant la Grèce continentale et les îles égéennes. Au milieu du millénaire, la découverte du mode de fabrication du bronze implique des échanges commerciaux avec la Méditerranée occidentale pour en importer l'étain. Bien située entre l'Egypte et la Troade, c'est sur la mer que cet essor se fonde. Les rapports avec l'Egypte qui les nomment Keftiou, s'intensifient dans la première moitié du 2e millénaire, simultanément la marine crétoise est en expansion.
Double hache crétoise
Vers - 2000, un véritable changement intervient dans
l'île. L'unification des clans se fait au profit de Minos qui
personnifie le pouvoir pendant mille ans ( - 2400 - 1400). Les villes
de l'est déclinent, tandis que la plaine centrale, avec de
nouvelles villes : Knossos, Phaistos le grand port de l'île et
Malia, se prépare à la construction des premiers palais.
Il s'agit de vastes constructions composées d'ateliers et de
greniers, mais non fortifiés. La puissance de la flotte
crétoise les garantit contre toute attaque extérieure.
C'est la "pax minoica" en fort contraste avec les invasions qui
déferlent sur l'Europe et l'Asie. Les Crétois utilisent
des vaisseaux rapides, naviguant à la voile et à la rame.
On parle de thalassocratie crétoise. La Crète domine
alors les îles de Rhodes et de Théra. Knossos dirige cet
empire maritime. Une catastrophe d'origine naturelle (volcan,
séisme ?) détruit ces premiers palais. Mais la
civilisation reprend avec plus de vigueur pendant 3 siècles. Sur
le continent, arrivent progressivement les premiers
indo-européens parlant le grec, les Minyens.
Les Mycéniens
Entre - 1750 et - 1550, les Achéens, en provenance du
nord (Russie du sud ?), refoulent les Pélasges dans les hauteurs
et constituent de petits royaumes sur les rives de la mer Egée.
Ce peuple guerrier fait progressivement la conquête du
Péloponnèse et de Chypre, au 14e
siècle, il construit des fortifications colossales autour de ses
villes situées en hauteur : Mycènes, Tirynthe. Leurs
armes sont en bronze et ils utilisent le char qu'ils
introduisent en Crète.
L'armure de bronze et la longue épée achéenne
ont raison du bouclier et du poignard triangulaire des
Égéens. Les Achéens constituent une puissance
maritime et se livrent au pillage ou installent des colonies : les
achaïes. Ils se répandent dans la mer Egée jusqu'en
Macédoine, se heurtent aux
Hittites en Anatolie, poussent jusqu'en Colchide (Caucase) et
en Sicile.
Actuels murs de Troie VII
(Environ 12,5 m de hauteur et 5 m d'épaisseur)
Pour assurer le contrôle des côtes d'Asie Mineure et
des détroits, ils assiègent Troie, (probablement la 7e
du nom car c'est elle qui a les murailles les plus considérables),
l'actuelle Hisarlik, en Turquie, près du détroit des
Dardanelles, vers - 1300, appelée Wilusa l'escarpé par
les Hittites, celle que décrit Homère dans l'Iliade.
Mais il ne s'agit pas d'un pouvoir centralisé. Les
Crétois connaissent une rapide décadence et influencent
beaucoup ces pirates puis sont dominés par eux. Ils sont
défaits par les invasions des Peuples
de la Mervers - 1200.
La Grèce à la fin de
l'époque mycénienne
Pendant ce temps les Achéens, appelés aussi
Mycéniens en raison de la position éminente de
Mycènes, divisés depuis l'expédition de Troie,
subissent l'invasion progressive des Doriens, nouvelles tribus
indo-européennes, venues d'Europe Centrale et dotées
d'armes en fer. Malgré la construction d'une muraille barrant
l'isthme de Corinthe, les forteresses de Mycènes, Pylos, Iolkos
et Krisa sont détruites vers - 1200 et ces centres
sont abandonnés. Ils s'installent dans une première
forteresse à Corinthe pour contrôler le passage, puis se
concentrent dans le Péloponnèse. La civilisation
mycénienne est brutalement anéantie. Les Achéens
se réfugient dans l'Attique, l'Arcadie, les îles et sur la
côte anatolienne où la répartition est la suivante
:
au Nord les Éoliens,
au Centre les Ioniens, les uns et les autres s'établissent vers
la fin du XIe siècle, et au siècle suivant
c'est une véritable colonisation,
et au Sud les Doriens qui se lancent à leur tour dans la
navigation au milieu du Xe siècle.
Cette conquête dorienne s'accompagne d'une grande régression culturelle dans toute la Grèce. Près de la moitié de la population disparaît. L'écriture et le commerce international subissent une éclipse pendant deux siècles. C'est la Période des Âges Sombres qui dure quatre siècles et pendant laquelle se forme le cadre de la vie grecque, la polis. C'est dans les cités ioniennes que le commerce reprend en premier ainsi qu'en Attique. Dans le Péloponnèse dorien, l'économie est surtout agricole.
Au début du VIIIe siècle se produit une
"renaissance" grecque, la tendance démographique redevient
positive, l'écriture est
réintroduite à partir de l'alphabet phénicien
modifié et est rapidement utilisée dans la poésie.
Au plan institutionnel, la monarchie est peu à peu
éliminée à l'exception de Sparte et ses
régions périphériques (Macédoine...).
Une oligarchie terrienne la remplace, revendiquant des ancêtres
héroïques. La
navigation reprend vie jusqu'à la mer Tyrrhénienne.
C'est un des grands moteurs d'échanges entre les peuples
en raison du besoin constant de métaux nécessaires à la
fabrication des armes et des équipements lourds. A cette
époque la guerre est fréquente tout comme la piraterie. Durant
les Âges Sombres, la lame des épées évolue
lentement en se raccourcissant et en s'élargissant.
Les raisons de ces conflits sont matérielles ou religieuses. Ainsi Thessaliens et Phocidiens se disputent le contrôle de Delphes. Athéniens et Béotiens ou Mégariens en font de même pour Eleusis. La guerre Lélantine est l'occasion, à partir de - 740 environ, d'observer deux coalitions d'états entraînées dans un conflit au départ limité à l'Eubée, Chalcis et Erétrie se disputant la plaine Lélantine. Sparte, principal centre dorien, s'oppose durablement aux Argiens pour la riche Thyréatide, conflit qui voit la défaite de Sparte à Hysiai vers - 669, en raison de la phalange qui est inaugurée dans ce combat par Phidon, le roi d'Argos. Mais la victoire finale revient à Sparte, qui fait la conquête de la Messénie (un sacrilège est le motif de cette guerre), au bout de deux longs conflits au VIII e et VII e siècle. Ces guerres sont si dures que l'ordre est donné chez les Spartiates, de se faire tuer plutôt que de céder du terrain. La Ie guerre sacrée, au début du VI e siècle, provient d'un acte de piraterie.
La Colonisation grecque
La conquête de la Phénicie
par les Assyriens et la forte démographie favorise l'essor
colonial grec, initié à partir des villes ioniennes de la
côte asiatique. Les causes de ce mouvement sont variées :
crise de subsistance et recherche de terres agricoles, luttes
politiques, besoins de fuir les grands propriétaires, de
matières premières, de céréales
et d'esclaves. L'absence d'ennemis redoutables (l'Egypte est en
décadence et la puissance
hittite a disparu), a permis cette expansion.
Les premiers temps de la colonisation (vers - 775 - 675) sont
caractérisés par une recherche de terres étendues
(Italie du Sud et Sicile, Pont Euxin) et dirigées au début
par des propriétaires fonciers. Ces fondations ne provoquent pas
d'hostilité avec les Phéniciens, il n'y a pas d'enjeu
commercial. Les cités à l'origine de ce mouvement sont
continentales : Mégare, Corinthe, ou en Eubée : Chalcis,
Erétrie, et dans quelques îles : à Rhodes et en
Crète. L'expédition comprend un Oikiste (fondateur de
ville) désigné par la Métropole.
Une deuxième vague de colonisation suit (vers - 675 -
500), avec des motivations plutôt économiques. La mise en
valeur de la région du détroit de Messine et des
côtes au Nord de la Mer Egée, de la Trace au Bosphore, est
pilotée par les Eubéens et attire, en outre, les
cités de l'Est : Milet, Phocée et Samos. Sparte est
tentée par l'aventure et fonde Tarente. La Campanie est atteinte
et des relations commerciales sont
nouées avec les Étrusques. Les Phocéens qui ont
fui les Perses, s'installent en Gaule et en Corse. L'Espagne entre dans
la Grande Grèce. A l'Est, le Pont Euxin
est colonisé par Mégare et Milet. Enfin, l'Afrique
est incluse dans le mouvement. Cyrène est fondée par des
Doriens venus du Péloponnèse et Naucratis en Egypte par
les Milésiens, sous Psammétique
1er.
Cette colonisation et l'expansion grecque s'arrêtent
définitivement à la fin du VIe siècle
pour plusieurs raisons : les meilleurs sites sont tous occupés
et les Grecs rencontrent des voisins de plus en plus hostiles.
A l'Ouest, Carthaginois et Étrusques les arrêtent
sur les côtes italiennes et ibériques. La colonie
phocéenne d'Alalia (actuelle Aléria en Corse), fondée
en - 565, est abandonnée après la bataille navale de - 540,
opposant la flotte grecque aux flottes coalisées des Étrusques
et des Carthaginois. C'est une victoire à la cadméenne pour les
Phocéens, c'est à dire calamiteuse en pertes matérielles,
mais ils ont eu le temps d'introduire en corse, la vigne et les oliviers.
En revanche leur colonie de Massilia (Massalia) fondée vers -
620, n'est pas inquiétée. Ce doit être la
proximité de l'établissement grec qui a
décidé les Etrusques, en Corse.
A l'Est, après les Assyriens
qui limitent, par leur forte présence, l'expansion coloniale
grecque, les Perses font la conquête des
cités grecques d'Asie et en particulier celle de Milet, puis
avancent vers les Balkans et le Danube, de même, leur
conquête de l'Egypte
stoppe la colonisation du site de Naucratis.
La guerre à l'époque
archaïque
La guerre est fortement influencée par la religion. Ainsi chaque année, la paix sacrée règne pendant trente jours ponctués par des jeux panhelléniques : Olympiques à Olympie, Isthmiques à Corinthe et Pythiques à Delphes.
La Thessalie, grande productrice de chevaux est seule à
disposer d'une cavalerie jouant un rôle significatif à la
guerre. C'est la classe aristocratique dans chaque état qui
constituee la cavalerie. Le char et le cavalier doryphore (porteur de
lance) sont les pièces essentielles des armées,
l'infanterie d'origine modeste, voire esclave, est médiocrement
équipée et joue un rôle secondaire dans la
bataille. Toutefois les plaines étroites limitent la taille
des forces de cavalerie. L'épée est longue et fine
et le bouclier en bois rond ou plus rarement en "huit".
char mycénien
La guerre sur mer débute au VIIIe
siècle mais le navire est surtout un transport de troupes, et
d'un usage mixte (guerre et commerce). Le premier conflit connu oppose
Corinthe et Corcyre vers - 660. Les trières font leur
apparition, rapides, effilées c'est un navire autour de
l'éperon, peu apte à la navigation en haute mer. C'est le
navire de combat le plus efficace. Il mesure environ 40 mètres
et il faut 170 rameurs pour le mouvoir. 20 soldats sont à bord,
les épibates. Il faut beaucoup de temps pour que ce navire cesse
d'être une simple plate-forme de combat et utilise des tactiques
navales.
Au début du VIIe siècle, apparaît dans le Péloponnèse un nouvel armement et la façon tout aussi nouvelle de s'en servir. Les guerres entre états souvent très proches, se multiplient et se terminent parfois par l'élimination du vaincu. On lutte pour sa survie. Les cités renforcent leurs ouvrages défensifs qui demeurent efficaces jusqu'aux Guerres Médiques. Le tournant intervient après la sévère défaite subie par les Spartiates à Hyisai, ils prennent d'un coup l'armement et le mode de combat hoplitique. La base de recrutement est élargie aux paysans libres qui sont tenus de s'équiper en fantassin lourd (35 kg de matériel). La population masculine capable de faire face à ces obligations s'élève à un nombre compris entre 3000 et 8000.
La troupe hoplitique est très protégée pour que le choc frontal contre l'adversaire soit le plus violent, dans le but de disloquer l'adversaire.
Le casque est très couvrant au détriment de la vue
latérale et de l'ouie.
casque d'hoplite
L'armure de bronze est assemblée en deux parties et
parfois complétée par un protège ventre. Les
cnémïdes protègent les jambes et les genoux.
La grande nouveauté est l'hoplos, le large et lourd bouclier
circulaire et convexe (90 cm de diamètre et 8 kg). Il est en
bois, avec le bord en métal et ensuite couvert d'une feuille de
bronze. Il est passé au bras gauche, enfilé dans un
brassard de bronze central.
statue d'hoplite mourant
L'équipement offensif comprend une lance de plus de 2 mètres en bois avec une pointe et un talon de fer ou de bronze. L'épée, plus courte qu'au début du millénaire est adaptée au corps à corps. Le bouclier sert aussi de "boutoir".
Avec les hoplites, l'infanterie reprend le rôle principal dans l'armée grecque, et manoeuvre en phalange. C'est un combat collectif en rang serrés, à l'opposé du combat homérique. Chaque combattant est protégé à sa gauche par l'hoplos de son voisin de droite. La phalange oppose un "mur" de pointes de lances à son adversaire.
Les hoplites (hommes d'armes), citoyens libres constituent la principale force de l'armée. On trouve aussi de l'infanterie légère, les peltastes armés de javelots, protégés par un bouclier échancré en osier (pelta) et une tunique de lin à la place de l'armure.
Les cavaliers portent 2 lances et une épée. Ils sont légèrement protégés et se limitent à effectuer des reconnaissances ou à rattraper l'ennemi en fuite.
Des archers et des frondeurs complètent l'armée, cette capacité de combattre à distance n'est pas appréciée par les grecs (manque de bravoure).
Cette évolution de l'armée rend les Grecs redoutables et l'illustration va en être donnée avec les guerres médiques.