CONFLITS ET BATAILLES DE
L'HUMANITÉ |
Retrouvez la
situation en Grèce depuis la fin des Guerres Médiques
jusqu'à la Paix de Nicias
Les
suites de la Paix de Nicias
Athènes a
démontré qu'après avoir subi des pertes
énormes dues à l'épidémie, elle pouvait
résister aux invasions de l'Attique et porter des coups dans le
Péloponnèse. Les prises de Pylos et de
Sphactérie en - 425, sont des véritables victoires
psychologiques. Sparte malgré sa force militaire n'a pu nuire
à son ennemie. La paix négociée par Nicias est
acceptée par Athènes et Sparte et renforcée par
une alliance entre ces deux cités. Mais deux acteurs
significatifs du conflit refusent de s'associer à cette paix.
Les Béotiens qui ont des revendications non satisfaites envers
les Athéniens, n'ont accepté qu'une trêve cessant
dix jours après l'avis de rupture. Les Corinthiens ont
signé un armistice mais refusé cette paix au motif que
les Athéniens ne lui ont pas restitué Sollion ni
Anaktorion, ils se tournent vers Argos, l'ennemie de Sparte, suivis par
les Mantinéens ainsi que les Eléens, au motif que Sparte
a soutenu les habitants de Lépréon en révolte
contre eux. En outre, Mégare ne souscrit pas à cette paix.
Athènes depuis - 422, assiège Skioné en
Chalcidique qui a rompu avec la Ligue de Délos et la prend
d'assaut. Les hommes en état de porter les armes sont mis
à mort, les femmes et les enfants sont réduits en
esclavage et le territoire est donné en culture aux
Platéens. C'est la
répétition du drame de Platées à la
différence que dans ce cas, les femmes et les enfants ont
trouvé refuge à Athènes. Corinthiens et Argiens
montent une opération contre Tégée pour la
détacher de Sparte mais les Tégéates refusent de
les suivre. Les Spartiates dirigés par le roi Pleistoanax
marchent sur Parrhasia en révolte contre Mantinée.
L'objectif des Spartiates est de raser les fortifications de
Kypsélès bâtie par les
Mantinéens. Ces derniers défendent le territoire de
Parrhasia tandis que leur territoire est défendu par les
Argiens. Les Spartiates repoussent les Mantinéens,
détruisent les fortifications de Kypsélès et
permettent l'indépendance de Parrhasia, puis ils rentrent
à Sparte. C'est à ce moment que Klearidas ramène
les troupes de Brasidas de Thrace.
La situation entre Athènes et Sparte se dégrade car d'une
part Amphipolis n'est pas rendue ni les autres places, d'autre part les
éphores de Sparte qui étaient en activité au
moment de la signature du traité sont remplacés par des
nouveaux dont certains sont opposés à la trêve,
Xenares et Kleoboulos en particulier. Ainsi l'engagement de Sparte de
convaincre les alliés (Béotiens, Corinthiens etc...)
d'accepter la trêve est "oublié". Les soupçons
envers les Spartiates s'accroissent. Les Athéniens en
conséquence ne restituent pas Pylos et décident de
conserver les autres villes jusqu'au respect par les Spartiates du
traité. Ceux ci se défendent en disant qu'ils font tout
ce qui dépend d'eux comme la restitution des prisonniers. Ils ne
sont pas maîtres d'Amphipolis et obtiennent des Athéniens
que les Messéniens, les Hilotes et les transfuges de Laconie
soient enlevés de Pylos.
Argos semble le nouveau centre du système d'alliances dans le
Péloponnèse souhaité par les Corinthiens
déçus par les Spartiates et remettant en cause leur
hégémonie. Les Béotiens sont sollicités
pour y participer mais les quatre conseils de la Béotie refusent
d'aller contre les intérêts de Sparte. Les Spartiates
désireux de récupérer Pylos, poussent les
Béotiens à rendre aux Athéniens Panakton, ville
prise par trahison peu de temps avant la signature de la Paix de
Nicias. Les Béotiens exigent alors des Spartiates la conclusion
d'une alliance particulière avec eux en contradiction avec le
traité de paix. Sparte accepte à la fin de l'hiver et les
Béotiens rasent Panakton. Les Argiens inquiets envoient des
députés à Sparte négocier une alliance
de cinquante ans. Les Spartiates y sont favorables et les
députés Argiens sont renvoyés chez eux pour
obtenir l'approbation de leur peuple et revenir le confirmer par
serment. A Athènes, les députés spartiates
Andomenes, Phaedimos et Antimenidas ramènent les prisonniers
athéniens remis par les Béotiens et annoncent la
destruction de Panakton. Les Athéniens sont furieux et outre le
cas de Panakton, ils constatent les infractions spartiates au
traité à commencer par la nouvelle alliance avec les
Béotiens.

Alcibiade ( - 450 - 404)
http://www.summagallicana.it/
C'est alors qu'intervient le jeune Alcibiade qui convainc
l'Assemblée que Sparte par ce traité ne cherche que la
ruine d'Argos et ensuite attaquerait Athènes isolée. Et
il envoie à Argos des fidèles pour inviter les Argiens
à venir à Athènes avec les Mantinéens et
les Eléens souscrire une alliance. Les Argiens
troublés par cette alliance avec les Béotiens, viennent
à Athènes
suivis par les Mantinéens et les Eléens. Alors arrivent
des députés spartiates envoyés pour empêcher
l'alliance des Athéniens avec les Argiens, mais Alcibiade
réussit à
"montrer la duplicité des Spartiates" et à convaincre le
peuple de conclure rapidement l'alliance avec les Argiens. Une
dernière
tentative faite par Nicias pour "mettre les Spartiates au pied du mur"
échoue en raison de Xenares et les siens qui refusent de se
séparer des Béotiens. Tout au plus il obtient un
renouvellement de la trêve. De retour à Athènes,
Nicias a peu de résultats et le traité d'alliance
défensive entre Athènes, Argos, Elée et
Mantinée est conclu pour cent ans. Les Corinthiens,
alliés des Argiens, refusent ce traité qui prévoit
une offensive commune et se tournent vers Sparte.
Pendant l'été, Argos et Epidaure sont en guerre pour un
motif léger, Epidaure n'a pas fourni la victime
destinée à Apollon Pythaeeus compensant le prix des
pâturages. Alcibiade et les Argiens sont d'accord pour s'emparer
d'Epidaure et ainsi retenir Corinthe. Alcibiade est venu à Argos
avec un petit contingent d'hoplites et d'archers athéniens. Les
Spartiates conduits par le roi Agis II, fils d'Archidamos, marchent
contre Leuktra mais ils rebroussent chemin en raison des
sacrifices défavorables. Les Argiens envahissent l'Epidaurie et
la ravagent. Pendant ce temps, Athènes convoque les
alliés à Mantinée mais la guerre entre Argos et
Epidaure gêne ces discussions. Les Argiens retirent leurs
troupes d'Epidaure, mais les pourparlers sont aussi stériles,
alors les Argiens retournent ravager l'Epidaurie. Les Spartiates
marchent contre Karyes mais là encore, les présages
défavorables les font rentrer chez eux, tout comme le millier
d'hoplites athéniens venus en renfort de la cité
menacée.
En hiver, les Spartiates réussissent à faire venir par la
mer 300 hoplites commandés par Agésippidas, pour
renforcer la défense d'Epidaure. Les Argiens réclament
que les Athéniens renforcent Pylos et ceux ci ramènent
les Hilotes pour exercer le brigandage. Le combat entre les Argiens et
les Epidauriens continue sous forme d'escarmouches et d'embuscades. A
la fin de l'hiver, les Argiens tentent un assaut sur Epidaure avec les
échelles mais c'est un échec. En été, les
Epidauriens sont dans une situation critique, alors les Spartiates au
complet y compris les Hilotes, conduits par Agis II, marchent contre
Argos. A Phliunte, les alliés de Sparte, Béotiens et
Corinthiens se rassemblent. Les Argiens informés de la
situation, marchent contre les Spartiates, renforcés par les
Mantinéens et les Eléens. Ils les rejoignent en Arcadie,
à Méthydrion mais Agis II profite de la nuit pour lever
le camp à l'insu des Argiens et rejoindre ses alliés
à Phliunthe. Les Argiens au matin poursuivent les Spartiates sur
la route de Némée mais Agis a pris un autre chemin plus
escarpé qui descend dans la plaine d'Argos, tandis que les
Béotiens, les Mégariens et les Sicyoniens redescendent la
route de Némée et que les Corinthiens, les gens de
Pellénè et de Pliunthe avancent vers Argos à
travers la montagne. De petits accrochages ente Argiens et Corinthiens
et leurs alliés font quelques victimes mais comme les Spartiates
ravagent la plaine d'Argos, les Argiens y redescendent et se mettent en
formation de combat. Les Spartiates font de même. Les Argiens
n'ont aucune communication avec la ville et toute retraite est
coupée par les Corinthiens sur les hauteurs et les
Béotiens du côté de Némée! L'un des
cinq stratèges argiens, Thrasyllos et Alkiphron, le
proxène des Spartiates viennent trouver Agis II et le dissuadent
d'engager la bataille : les Argiens sont prêts "à donner
une juste satisfaction aux griefs des Spartiates et à conclure
un traité et respecter la paix. Cette proposition n'émane
que d'eux même sans consultation des Argiens. Agis II les
écoute, seul et prend la décision d'accorder une
trêve de quatre mois pour prouver leur bonne foi et retire ses
troupes. Des deux côtés tout le monde est furieux de cette
décision car tous pensent qu'ils sont dans de bonnes conditions
pour l'emporter. Thrasyllos manque de se faire lapider par les siens.
Agis II est mal reçu à Sparte et ne s'en sort qu'en
promettant de réparer cette faute par des actions glorieuses.
Puis les Athéniens viennent avec 1 000 hoplites et 300 cavaliers
dirigés par Lakhes et Nikostratos Avec Alcibiade, ils
convainquent les alliés de rompre la trêve et de reprendre
la guerre. Et ils marchent contre Orkhomenos d'Arcadie. Les Argiens
tardent à venir mais ils rejoignent les Athéniens et
leurs alliés. Le siège commence et les assauts se
succèdent. Sans soutien, la garnison capitule, les otages
arcadiens que les Spartiates ont laissés sont
libérés. Les habitants d'Orchomenos s'engagent à
entrer dans la confédération. Les alliés
débattent de leur prochaine cible, les Eléens choisissent
Lépréon, les Mantinéens Tégée, ce
choix est soutenu par les Athéniens et les Argiens. Les
Eléens rentrent chez eux, tandis que les autres
confédérés préparent à
Mantinée leur offensive contre Tégée.
Appelés par les Tégéens fidèles à
Sparte, les Spartiates partent aussitôt, avec les Hilotes,
secourir cette ville. Ils avancent rapidement et demandent aux
Arcadiens alliés de les rejoindre. Arrivés à
Orestheion, les Spartiates renvoient les classes les plus
âgées et les plus jeunes soit un sixième de leur
armée pour garder leur pays. Des messagers sont envoyés
aux Béotiens, aux Corinthiens et alliés pour qu'ils
envoient des secours à Mantinée mais ce n'est pas une
chose facile ! Les Spartiates rejoints par les Arcadiens, envahissent
la campagne de Mantinée et ravagent le pays. Les Argiens,
à l'approche des Spartiates ont gagné une position solide
et difficile d'accès. Agis fait avancer ses troupes pour
attaquer la position quand un vieux soldat le dissuade d'attaquer une
position si solide. Alors Agis retire ses troupes et dans la campagne
de Tégée, fait dériver les eaux sur le territoire
de Mantinée pour obliger les Argiens à quitter leur
position, ce travail dure toute la journée. Les Argiens furieux
contre leurs stratèges ne comprennent pas qu'on ne leur donne
pas un ordre de poursuite. Alors les Argiens quittent leur position,
s'avancent dans la plaine et campent. Le lendemain, ils prennent leur
formation de combat.
La Bataille de Mantinée - 418
A l'aile droite ont pris place les Mantinéens, puis les
alliés d'Arcadie, puis "les mille" hoplites, corps
d'élite d'Argos, puis les autres Argiens, les alliés de
Kleones et d'Ornées et tout à fait à l'aile
gauche, les Athéniens avec leurs cavaliers. Soit au total 7 000
combattants environ.
Les Spartiates surpris de voir les Argiens si proches et prêts
pour la bataille, se mettent rapidement en ordre.
A l'aile gauche, les 600 Skirites sont des Périèques d'un
district proche de Sparte et ils ont l'habitude d'occuper cette place.
A leurs côtés sont les soldats revenant de la campagne de
Brasidas en Thrace. Puis viennent les Neodamodes, hilotes affranchis
pour services rendus à l'armée, les Spartiates, le
contingent d'Heraea et les Ménaliens. A l'aile droite ont pris
position les Tégéates et quelques Spartiates à
l'extrémité de la ligne. La cavalerie forte de 600
cavaliers est répartie
sur les deux ailes. L'ensemble des combattants est d'environ 9 000. Les
hoplites sont rangés avec huit rangs de profondeur.
Contrairement à l'habitude des stratèges qui mettent sur
l'aile droite leurs meilleures troupes, Agis a renforcé le
centre avec 2 000 hoplites face à 1 000 Argiens.
Au dernier moment, quand les Argiens et leurs alliés
avancent au pas de course et les Spartiates marchent en ordre, au son
des
flûtes, Agis s'aperçoit que son aile gauche va être
débordée par les Mantinéens et donne l'ordre aux
Skirites et aux vétérans de Brasidas d'élargir les
intervalles et à l'aile droite de déplacer deux
bataillons dans l'espace vide. Mais les deux polémarques
Hippnoïdas et Aritoklès refusent car les ordres arrivent
trop tard et à l'improviste. Au moment du contact les
Mantinéens mettent en fuite les Skirites et les soldats de
Brasidas et les mille hoplites d'Argos rentrent dans l'intervalle vide,
cernent les Spartiates et les mettent en fuite et les poussent
jusqu'aux voitures nous dit Thucydide.
Au centre, les Spartiates autour d'Agis et des Trois Cents de la garde
royale attaquent les vétérans d'Argos, les troupes des
"Cinq Bataillons", celle de Kléones et celles d'Ornées
ainsi que les Athéniens proches. Ces troupes fuient dès
que l'ennemi avance. Les Tégéates et l'aile droite
spartiate enveloppent les Athéniens et subissent le choc. Mais
les cavaliers qui les accompagnent réussissent à les
dégager d'autant plus qu'Agis fait effectuer un glissement
à gauche à toute son armée pour soutenir son aile
vaincue. Les Athéniens profitent de ce répit pour fuir,
les Argiens vaincus du centre aussi. Alors les Mantinéens et les
mille hoplites d'élite d'Argos voyant la débâcle de
leur armée et les spartiates avancer vers eux, prennent la
fuite. Beaucoup de Mantinéens périssent tandis que
les Argiens d'élite se sauvent presque tous. Les
alliés d'Athènes ont perdu environ 1 100 hommes dont
Lachès et Nicostratos leurs deux stratèges, les
Spartiates à peu près 300. Les Corinthiens qui ont
commencé leur mouvement d'approche, à la nouvelle de la
victoire repartent chez eux. Les deux polémarques
qui ont refusé l'ordre d'Agis seront accusés de
lâcheté et bannis de Sparte.
C'est la reprise de la guerre du Péloponnèse ! Les
Epidauriens profitent de cette bataille pour envahir l'Argolide peu
défendue. Alors les Athéniens et 3 000 hoplites d'Elis
marchent contre Epidaure et l'entourent d'une circonvallation. En hiver
les Spartiates marchent vers Argos et à Tégée
s'adressent aux Argiens pour leur proposer la paix. Malgré la
présence d'Alcibiade, les argiens acceptent les conditions de
paix qui équivalent à une alliance avec Sparte et ses
alliés contre Athènes. Les Spartiates quittent
Tégée et rentrent chez eux. Peu de temps après un
traité de paix et d'alliance est conclu pour cinquante ans entre
Argos et Sparte. Athènes rapatrie ses troupes d'Epidaure en -
417 et les Mantinéens composent avec les Spartiates. En hiver,
le gouvernement démocratique d'Argos est remplacé par une
oligarchie favorable à Sparte.
L'année suivante, les Argiens profitent de l'inactivité
des Spartiates pendant les Gymnopédies * pour attaquer
l'aristocratie et un véritable combat a lieu dans la ville, les
démocrates éliminent une partie de leurs adversaires et
chassent les autres. Les Spartiates interrompent les Gymnopédies
et marchent contre Argos, arrivés à Tégée
ils apprennent la chute de l'oligarchie et retournent chez eux achever
ces fêtes religieuses. Plus tard, après de longs
débats avec les alliés, ils prononcent la
culpabilité des Argiens et décident de marcher contre
Argos, mais ils tardent et pendant ce temps, Argos se tourne vers
Athènes et construit des longs murs jusqu'à la mer pour
pouvoir recevoir des approvisionnements des Athéniens.
font demi tour. Tous les Argiens y compris les femmes et les serviteurs
travaille aux remparts, les Athéniens envoient des charpentiers
et des tailleurs de pierre durant l'été.
* Les Gymnopédies sont des fêtes religieuses à
Sparte, se déroulant durant cinq jours en juillet où les
jeunes spartiates pratiquent des danses et des exercices d'endurance depuis la bataille d'Hysiai en - 669
En hiver, les Spartiates sous la conduite d'Agis, marchent contre Argos
avec leurs alliés sauf les Corinthiens. Ils rasent les murs en
construction, s'emparent d'Hysies où ils massacrent les hommes
libres et faute du soutien escompté rentrent chez eux. Puis les
Argiens lancent une expédition contre le territoire de Phliunthe
qu'ils ravagent puis se retirent. Pendant ce temps la flotte
athénienne bloque les côtes de Macédoine, le roi
Perdiccas ayant adhéré à la
confédérations des Argiens et des Spartiates est
considéré comme un ennemi.
En mars - 416, Athènes
envoie une flotte de 30 vaisseaux devant l'île de Mélos,
une ancienne colonie spartiate située au sud des Cyclades et
pourvue d'une bonne rade proche du Péloponnèse. Thucydide
précise que la troupe transportée par cette flotte,
comprend 2 700 hoplites dont 1 200 athéniens, 320 archers dont
20 cavaliers. Les stratèges Kléomédès
et Tisias s'installent sur l'île et envoie une
députation qui n'est pas admise dans l'Assemblée du
peuple mais devant les magistrats et les principaux citoyens. Il s'agit
d'un véritable ultimatum comme le montre cet extrait de
Thucydide !
Les Méliens : Et si nous restions tranquilles en paix
avec vous
et non en guerre sans prendre parti, vous n'admettriez pas cette
attitude ?
Les Athéniens : Non, votre hostilité nous fait
moins de
tort que votre neutralité ; celle-ci est aux yeux de nos sujets
une preuve de notre faiblesse ; celle-là un témoignage de
notre puissance.
Les Méliens ne cèdent pas devant la puissante force et le
siège commence immédiatement. Une fois la place
totalement investie et cernée par une circonvallation et par la
flotte, la plus grande partie des troupes se retire. Une nuit, une
attaque des Méliens provoque des morts chez les Athéniens
ainsi qu'un vol de vivres. Les Argiens envahissent le territoire de
Phliunthe et subissent une embuscade qui leur tue quatre vingt hommes.
A Pylos les Athéniens font un important butin sur les Spartiates
qui ne rompent pas la trêve. Corinthe prend les armes contre
Athènes mais personne ne la suit dans le
Péloponnèse.
En hiver, les Spartiates décident de marcher contre l'Argolide
mais les sacrifices sont défavorables aussi ils s'abstiennent.
Les Méliens retirent une partie de la circonvallation peu
défendue, alors Athènes envoie une seconde
expédition dirigée par Philokratès et le
siège est mené de façon plus énergique. Les
Méliens affamés se rendent à discrétion,
tous les hommes sont mis à mort, les femmes et les enfants sont
réduits en esclavage. L'île est repeuplée par cinq
cents colons. Cette politique de terreur est proposée par
Alcibiade à l'usage des cités alliées ou
indépendantes comme
à Mytilène en -
428.
C'est de cette île qu'est originaire la statue de la
Vénus de Milo.

Statue de la Vénus de Milo
source chess-theory.com
En cet hiver 416, les députés de Ségeste supplient
les Athéniens d'envoyer une flotte à leur secours contre
Sélinonte soutenue par Syracuse.
L'alliance avec Athènes au temps de Lathès et de la
première guerre en - 427 est évoquée. Les
frais seront à la charge de Ségeste. Les
Ségestains font valoir que si on laisse Syracuse s'emparer de
toute la Sicile, les Doriens de Syracuse viendront renforcer les
Doriens du Péloponnèse ! Les Athéniens votent
l'envoi de députés à Ségeste qui
vérifieront les fonds que les Ségestains affirment
détenir et aussi l'état de la guerre avec
Sélinonte. Les Spartiates et leurs alliés sans les
Corinthiens lancent une expédition en Argolide, ravagent le
territoire et établissent les bannis d'Argos à
Ornées, leur laissant quelques troupes. Un
traité est conclu entre Argos et Ornées proscrivant toute
agression mutuelle. Les Spartiates et les alliés se retirent.
Peu après, les Athéniens envoient une flotte de trente
vaisseaux et six cents hoplites à Argos. Les Argiens joignent
toutes leurs forces aux Athéniens et mettent le siège
devant Ornées. La nuit les assiégés parviennent
à fuir. La ville est rasée le lendemain, les Argiens et
les Athéniens rentrent chez eux. L'hiver se termine avec un raid
de cavaliers athéniens renforcés par des exilés
macédoniens dans le royaume de Perdiccas. Les Athéniens
sont partis de Méthônè. Les Chalcidiens du littoral
de Thrace sollicités par Sparte, refusent de combattre aux
côtés de Perdiccas.
La
campagne de Sicile
Le début de l'année - 415, est marqué à
Athènes par le retour des
députés envoyés en Sicile. Ils sont
accompagnés de Ségestains porteurs
de 60 talents équivalant à l'envoi de soixante
vaisseaux.. Le débat
oppose Nicias à de nombreux Athéniens et en particulier
à Alcibiade.
Nicias ne voit pas pourquoi, avec Sparte qui n'attend que
l'affaiblissement d'Athènes pour attaquer, pour des
Ségestains qui sont
des barbares, il faudrait se lancer dans une guerre
étrangère où
Athènes n'a rien à gagner mais beaucoup à perdre.
Alcibiade au contraire minimise les risques et ne voit chez les
Siciliens aucun patriotisme même s'ils sont potentiellement
nombreux. Il tient un
discours justifiant l'expédition, puisque les Athéniens
sont engagés par
serment auprès de leurs alliés et que la
supériorité navale étant assurée, il est
toujours
possible de rentrer si les choses tournent mal..
Nicias voyant qu'il n'est pas suivi préconise l'envoi d'une
forte armée car en Sicile ils vont rencontrer "un grand nombre
d'hoplites, d'archers et de gens de trait, un grand nombre de
trières et d'équipages pour les monter." Il leur demande
d'emmener une infanterie considérable, avec un armement complet,
beaucoup d'archers et de frondeurs pour s'opposer à la cavalerie
ennemie. et il faut être pourvu de tout le nécessaire. La
flotte nécessaire, toujours selon Nicias, comportera 100
trières, l'armée comportera au moins 5 000 hoplites et
les archers et frondeurs dans la même proportion.
L'assemblés vote le départ de 90 trières et 44
autres navires, 5 100 hoplites (avec les alliés), 480 archers
crétois, 700 frondeurs rhodiens et 120 Mégariens
légèrement armés. Les stratèges
athéniens, Alcibiade, Lamachos et Nicias, préparent
l'expédition avec les pleins pouvoirs en mars - 415, les
alliés reçoivent des
délégués pour leur indiquer l'effort qu'on attend
d'eux. C'est alors qu'éclate le scandale
des Hermocopides, des statues d'Hermès d'Athènes, sont
mutilées et Alcibiade est présenté comme
l'inspirateur de ces profanations. Alcibiade demande à
être jugé avant son départ pour la Sicile. Ses
ennemis craignent que l'armée le soutienne et aussi le peuple.
Le départ d'Alcibiade avec la flotte est décidé
dans l'été. Les alliés doivent retrouver la flotte
athénienne à Corcyre, il y a cinquante trières
venant de Lesbos ou de Chios. C'est une véritable
expédition qui contourne le Péloponnèse et suit la
côte jusqu'à Corcyre.
A Syracuse, la nouvelle de l'expédition athénienne est
arrivée, elle suscite une certaine incrédulité.
Une assemblée est réunie à Syracuse, Hermokrates
d'abord puis Athénagoras préparent les Syracusain
à résister. A Corcyre, les Athéniens
répartissent la flotte en trois divisions et 3 avisos sont
envoyés en Sicile et en Italie pour connaître les villes
prêtes à recevoir la flotte. La mer Ionienne est
traversée puis la côte italienne est longée.
Tarente et Lokres refusent l'eau et le mouillage. La concentration se
fait à Rhegion mais hors de la ville dont l'accès est
refusé. Un camp est établi hors les murs et les vaisseaux
sont tirés au sec. Les Athéniens demandent aux habitants
de Rhegion de secourir les Léontins de même origine
qu'eux, mais c'est un refus.
Les Syracusains n'ont cette fois plus aucun doute, on se
prépare à une guerre imminente et on envoie des
députés chez les Sicules. Les avisos sont de retour de
Ségeste, et ils rapportent la nouvelle suivante, il n'y a que
trente talents sur les richesse vantées à Athènes.
Nicias est moins surpris que les autres stratèges. Les
trois stratèges proposent des projets différents :
Nicias veut obtenir de l'argent des Ségestains et les forcer
à la réconciliation avec Sélinonte puis la flotte
rentrera à Athènes sauf opportunité sans effort
financier..
Alcibiade est d'un avis tout différent, il faut détacher
les Sicules de Syracuse et s'en faire des alliés ! Et d'abord
convaincre les Messéniens qui peuvent fournir un mouillage et
une base excellente. Et une fois obtenu ces alliance, tenter une
attaque contre Syracuse et Sélinonte s'ils ne veulent se
réconcilier avec les Léontins d'une part et les
Ségestains de l'autre.
Enfin, Lamachos propose de foncer sur Syracuse immédiatement,
profitant de la surprise. Les gens hostiles aux Athéniens se
jetant dans la ville, notre situation sera meilleure, les autres
populations grecques venant renforcer notre armée. Il
préconise Mégara d'Hybla pour en faire un mouillage
proche de Syracuse.
Lamarchos suit l'avis d'Alcibiade qui fait voile vers
Messéné (Messine) avec son vaisseau et n'obtient aucun
accord des
habitants excepté un marché hors les murs ! Alors les
stratèges vont avec une flotte de 60 vaisseaux à Naxos,
l'une des plus anciennes colonies grecques de Sicile. Pour la
première fois, ils sont accueillis dans la ville. Puis ils vont
vers Catane qui refuse de les recevoir et une partie de la flotte va
vers le Grand Port de Syracuse. Celui ci est rempli de vaisseaux ce qui
signifie
la préparation d'un combat naval, et les Athéniens
doivent annoncer que
l'objet de leur venue est le rétablissement des Léontins.
A Catane l'assemblée tout en refusant l'entrée de la
ville à l'armée, accepte de recevoir les stratèges
pour exposer leurs projets. Et quand Alcibiade parle, les soldats,
discrètement enfoncent une porte branlante et
pénètrent dans la ville. Les partisans de Syracuse
s'enfuient et une alliance avec les Athéniens est votée
qui leur permet d'y établir le camp.
Une information leur venant de Kamarina les fait sortir : les
Syracusains équipent leur flotte, les Athéniens sortent
leur vaisseaux avec toute l'armée, passent devant Syracuse et ne
voient aucun vaisseaux en cours d'armement. Ils
débarquent près de Syracuse et font une razzia. Les
cavaliers syracusains accourent et tuent quelques fantassins
légers dispersés puis les Athéniens rentrent
à Catane. C'est à ce moment que vient d'Athènes
avec la Saminienne, l'ordre de s'embarquer et de venir répondre
au procès destiné à Alcibiade et quelques soldats
impliqués dans le scandale
des Hermocopides, tout celà dans la discrétion pour
éviter le départ des Argiens et des Mantinéens de
l'armée.

Carte de la Sicile de du sud de l'Italie avec Thurii ou Thourioi,
fondée en - 443
origine wikipedia
Alcibiade part sur son vaisseau avec ses co-accusés et navigue
avec la Salaminienne vers Athènes. A Thurii, une colonie
fondée sous Périclès, ils quittent leur
bâtiment et disparaissent, inquiets des calomnies à leur
sujet. Ils sont recherchés quelque temps puis la Salaminienne
repart vers la Grèce. Alcibiade rejoint le
Péloponnèse dans un bateau de commerce et il est
condamné à mort par contumace comme ses compagnons.
Les deux stratèges demeurés en Sicile se
répartissent les troupes et les escadres et partent pour
Ségeste. Ils longent la côte Nord de la Sicile, abordent
à Himéra (près de l'actuel Termini) et essuient un
nouveau refus. Ils envahissent le port d'Hykkara, une place sicanienne
et, soutenus par un corps de cavalerie envoyé par
Ségeste, attaquent la ville ennemie des Ségestains et la
brûlent. Les habitants rescapés sont réduits en
esclavage et la place est livrée à Ségeste. Les
soldats athéniens rejoignent Catane à travers la Sicile
tandis que la flotte convoie les prisonniers autour de l'île.
Nicias vogue vers Ségeste, reçoit trente talents et
rejoint l'armée. La vente des esclaves rapporte cent vingt
talents. La moitié de l'armée marche contre
Hybla-Géléatis, une ville siculienne ennemie sur le
versant sud de l'Etna. Mais à la fin de l'été, la
ville n'est toujours pas prise.
Dès le début de l'hiver - 415 - 414, les
stratèges
athéniens préparent l'attaque contre Syracuse. Les
Syracusains se préparent à aller les combattre et leur
confiance grandit devant l'échec d'Hybla. Des cavaliers
syracusains viennent jusqu'au camp de Catane se moquer des
Athéniens. Ces derniers espèrent attirer l'ennemi loin de
Syracuse pour que leur flotte puisse installer un camp près de
cette ville, peu exposé à la cavalerie. Les bannis de
Syracuse leur indiquent l'Olympeion. Une ruse fait sortir les
Syracusains Un habitant de Catane dont les Syracusains n'ont pas
de raison de se méfier est envoyé à Syracuse. Il
prétend être envoyé par le parti syracusain et leur
dit que les Athéniens bivouaquent dans la ville, sans armes. Il
suffit
de venir à l'aurore s'emparer du camp, les habitants enfermeront
l'ennemi dans le ville et incendieront les vaisseaux. Les Syracusains
déjà confiants croient cet homme, décident du jour
de l'attaque et le renvoient à Catane.
La
première
bataille de Syracuse (hiver - 415 - 414)
Le jour prévu, tous les Syracusains sortent et bivouaquent en
chemin près du fleuve Symaethos. Les Athéniens
rassemblent toute l'armée, les Sicules et leurs autres
alliés, s'embarquent et gagnent Syracuse pendant la nuit. A
l'aurore, ils s'établissent sur l'Olympeion et se fortifient.
Quand les cavaliers ennemis se présentent, les fortifications
sont terminées et lorsque l'infanterie la rejoint à
proximité du camp grec , les stratèges athéniens
refusent
le combat. Le lendemain, les Athéniens se mettent en ordre de
bataille, à l'aile droite, les Argiens côtoient les
Mantinéens, au centre se trouvent les Athéniens et
à l'aile gauche, les autres alliés. Les hoplites sont
rangés en huit rangs de profondeur. La moitié des troupes
est en première ligne, le reste est en réserve
prêts à secourir les endroits menacés.
Les Syracusains rangent leurs hoplites sur seize rangs de profondeurs .
La cavalerie qui comprend 1 200 hommes est placée à
l'aile droite, les archers sont à ses côtés. Nicias
exhorte rapidement ses soldats et les Syracusains voient
déjà l'ennemi avancer et font front, certains sont
rentrés dans la cité et accourent vers leur armée.
Après les tirs des frondeurs et des archers qui se font fuir
réciproquement, les soldats s'affrontent durement jusqu'à
l'orage accompagné d'une pluie diluvienne. Puis les Argiens
repoussent les Syracusains de l'aile gauche. Peu après les
Athéniens enfoncent les troupes qui leur font face. La
ligne des Syracusains est obligée de fuir. Les Athéniens
les poursuivent mais la cavalerie syracusaine intacte, les contient.
Les Athéniens serrent les rangs puis rebroussent chemin. La
bataille a laissé selon Thucydide, deux cent soixante morts chez
les Syracusains et un cinquantaine chez les Athéniens et
alliés. L'armée grecque retourne à Catane car la
mauvaise saison est arrivée et les stratèges estiment que
pour continuer la guerre près de Syracuse, il faut d'abord
rassembler des forces de cavalerie, soit venues d'Athènes, soit
des alliés de Sicile. La guerre est reportée au
printemps, après s'être procuré du blé et
les approvisionnements nécessaires. Les Athéniens se
décident à passer leurs quartiers d'hiver à Naxos
et à Catane.

Bataille de Syracuse (origine http://hubpages.com)
Hermokrates propose à l'assemblée de Syracuse de corriger
leurs faiblesses et en particulier de limiter le nombre de
stratèges (15), d'augmenter le nombre d'hoplites et
d'entraîner les troupes pour être en mesure de combattre
les Athéniens. Les Syracusains approuvent et élisent 3
stratèges : Hermokrates, Herakleides et Sikanos. Des
députés sont envoyés à Corinthe et à
Sparte pour demandes des secours et aussi une lutte efficace contre
Athènes. Les Athéniens vont à
Messéné où une trahison doit leur livrer la
place, mais Alcibiade qui avait compris l'importance de cette ville
pour surveiller le détroit et contrôler la côte,
avait noué des relations dans ce port et une fois sûr
d'être exilé, avait révélé le complot
aux partisans de Syracuse. Les Athéniens restent treize jours
sous les murs puis rentrent à Naxos. Les Syracusains, durant
l'hiver, élèvent un rempart hors les murs pour
défendre le quartier de Téménitès, mettent
une garnison à Mégara au Nord et à
l'Olympeïon au
Sud, plantent des pilotis dans les
passes pour immobiliser les navires ennemis comme à la bataille
de Bach Drang.
Les Athéniens hivernant à Naxos, les Syracusains lancent
une expédition contre Catane et détruisent les tentes et
installations athéniennes. Les Athéniens tentent de faire
entrer Kamarina dans leur alliance en souvenir de celle conclue avec
Lakhes et envoient une députation conduite par Euphemos.
Aussitôt, une députation syracusaine est envoyée
conduite par Hermokrates. Ce dernier répète que les
Athéniens veulent asservir la Sicile et que Syracuse est un
rempart contre cela. Euphemos justifie la venue de l'armée
athénienne, pour protéger ses alliés contre la
domination de Syracuse et parce que les Athéniens ont
été appelés pour celà. Les habitants de
Kamarina sont embarrassés et estiment ne devoir se ranger ni
d'un
côté ni de l'autre. Les Athéniens essaient de
convaincre les Sicules de soutenir leur action. Ceux de la plaine,
sujets de Syracuse, ne changent pas de camp, mais ceux de
l'intérieur de l'île qui restent indépendants,
fournissent aux Athéniens des vivres et même de l'argent.
Les stratèges font revenir l'armée à Catane,
reconstruire les baraquement et y finir l'hiver. Ils envoient à
Carthage un vaisseau pour obtenir quelques services et demandent
à Ségeste le maximum de chevaux. Enfin, ils rassemblent
tous les matériaux nécessaires à un siège
dans le but de commencer au printemps.
Les envoyés de Syracuse obtiennent un soutien clair dans la
ville de Corinthe et avec les Corinthiens vont à Sparte demander
des renforts. Alcibiade y est avec ses compagnons à l'invitation
des Spartiates. Les éphores se préparent à envoyer
une députation à Syracuse pour empêcher tout accord
avec les Athéniens mais sont contre l'envoi de renforts. Alors
Alcibiade monte à la tribune, et montre aux Spartiates le danger
pour le Péloponnèse de laisser Athènes
conquérir la Sicile. Il leur conseille aussi de fortifier
Décélie dans l'Attique et donc d'envoyer des troupes en
Sicile et en Attique. Les Spartiates qui songeaient à
recommencer la guerre mais ne se décidaient pas sont
confortés par cet homme si bien informé. Gylippos est
choisi pour commander les troupes à envoyer à Sicile et
s'entendre avec les envoyés de Corinthe et de Syracuse pour
convoyer les renforts le plus rapidement possible. Les Athéniens
envoient en Sicile des cavaliers et de l'approvisionnement.
Au début du printemps, la flotte athénienne quitte Catane
et vogue jusqu'à Mégara occupé par les
Syracusains. Ils débarquent, ravagent les cultures et attaquent
un fort sans succès. L'armée grecque et sa flotte
pénètrent à l'intérieur de l'île par
le fleuve Ténas, continuant de dévaster les
récoltes, un petit contingent de Syracusains subit quelques
pertes et les soldats se rembarquent pour Catane. Kentoripes, une
bourgade sicule est l'objet d'une attaque et d'une capitulation. Les
250 cavaliers athéniens et 30 archers à cheval sont
arrivés, avec leur harnachement mais sans les chevaux et
300 talents. Les Spartiates décident une expédition
contre Argos mais un tremblement de terre les fait rentrer à
Sparte. En revanche, les Argiens lancent un raid sur un territoire
proche de Thyréa et font un riche butin. Une révolte
populaire à Thespies échoue avec l'intervention des
Thébains.
L'été, les Syracusains informés de
l'arrivée
des cavaliers athéniens, calculent que les Epipoles qui dominent
de près la ville, sont à défendre à tout
prix contre l'ennemi, car c'est le point faible de la défense.
Six cents hoplites d'élite, commandés par Diomilos sont
chargés de garder les Epipoles. Mais la nuit
précédente, l'armée athénienne est sortie
de Catane sans être aperçue par l'ennemi et a
abordé à quelques stades des Epipoles. La flotte mouille
à Thapsos et barricade son isthme tandis que l'infanterie
parcourt au pas de couse la distance jusqu'au sommet des Epipoles avant
que les Syracusains ne réagissent. Ces derniers ont une longue
distance
à parcourir et arrivent dans le désordre près des
lignes athéniennes. Vaincus, ils se retirent vers la ville.
Diomilos et trois cents Syracusains sont morts. Le lendemain, les
Athéniens avancent vers la ville mais les Syracusains ne font
pas de sortie. Alors les assiégeants édifient un fort au
Labdalon, sur le terrain conquis, orienté vers Mégara.
Peu après ils reçoivent trois cents cavaliers de
Ségeste et cent autres des Sicules et des Naxiens. Les deux cent
cinquante cavaliers athéniens ont maintenant des chevaux .
Laissant une garnison à Labdalon, les Athéniens
progressent vers Syké où ils construisent un
énorme bastion de forme circulaire à une telle vitesse
que les Syracusains font une sortie
pour perturber l'avancement des travaux.. Les Athéniens
s'avancent vers les assaillants et les stratèges
syracusains font rentrer leurs soldats laissant un
détachement de cavalerie harceler les travailleurs
jusqu'à ce qu'un contingent d'hoplites appuyé par
toute la cavalerie le mette en fuite.

Plan du siège de Syracuse (origine heritage-history.com)
Ensuite, les Athéniens construisent un mur vers le Nord, partant
du bastion et formant la circonvallation visant à couper
Syracuse et rejoindre l'autre mer. Hermokrates décide de ne plus
faire d'attaque frontale contre l'armée athénienne. Il
faut construire un mur transversal avant que les Athéniens
n'aient
terminé leur enceinte et les travaux commencent. Les
Athéniens ne les gênent pas pour éviter de
diviser leurs forces et continuent l'investissement de la cité.
Ils coupent les conduites d'eau qui alimentent Syracuse. Puis une
attaque du mur transversal est lancée au moment où les
Syracusains de garde se retirent à l'heure de la sieste.
Trois cents hoplites d'élite et quelques fantassins
légers avancent au pas de course et attaquent pendant que la
moitié de l'armée s'approche de la ville pour faire
face à une contre attaque, le reste s'approche de la palissade.
La garnison se replie dans l'enceinte des
Téménitès, les Athéniens les suivent
mais sont repoussés par une contre-attaque ennemie. Les
Athéniens en se retirant, laissent le mur transversal abattu,
arrachent la palissade et emporte les pieux. Le lendemain, Ils
travaillent à fortifier la pente descendant vers le Grand Port,
les Syracusains aussitôt construisent un mur transversal à
travers le marais. Les Athéniens une fois leur travail
terminé tentent comme la veille de détruire les travaux
de l'ennemi et la flotte reçoit l'ordre de passer dans le Grand
Port. L'infanterie athénienne descend dans la plaine, traverse
le marais en jetant des portes devant eux. A l'aube, ils sont
maîtres de la tranchée et de la palissade, les Syracusains
fuient vers la ville ou vers le fleuve. Les trois cents hoplites
d'élite se précipitent pour interdire le passage à
ces derniers. Mais les Syracusains ont là un grand nombre de
cavaliers, les trois cents hoplites sont refoulés sur l'aile
droite athénienne. Lamarchos à l'aile gauche se porte
avec quelques archers et les Argiens pour renforcer l'aile droite, mais
en sortant de la tranchée, il est seul avec quelques compagnons,
ils sont tous tués. Les Syracusains se replient. Pendant ce
temps là, les Syracusains qui avancent vers la ville, voyant le
succès de leurs compatriotes résistent aux
Athéniens et une partie d'entre eux monte vers le bastion des
Epipoles et détruisent environ trois cent mètres
d'avant-mur. Il n'y a pas de soldats athéniens pour
défendre le bastion, mais Nicias qui est malade, y repose et il
donne l'ordre aux valets d'incendier les machines et le bois
entreposé devant le mur. Et ce feu empêche les Syracusains
d'avancer, ils se replient pendant que les Athéniens ayant
repoussé l'ennemi viennent vers le bastion. Tous les Syracusains
rentrent dans la ville.
La situation des Athéniens s'améliore, ils sont
ravitaillés à partir de l'Italie, les Sicules qui
hésitaient jusque là viennent ajouter leur force aux
Grecs, trois pentékontères viennent d'Etrurie.
Inversement, les Syracusains, ne voyant arriver aucun secours, ne font
plus de sorties, commencent à prendre contact avec Nicias, le
seul stratège athénien restant, et remplacent les
stratèges par Hérakléidès, Euklès et
Tellias. Pendant ce temps, le spartiate Gylippos et son
escadre de quatre vaisseaux a réussi à joindre
l'île de Leukas (au Nord d'Itaque) et il reçoit les
mauvaises nouvelles, inexactes puisque elles annoncent que Syracuse est
investie. Pour préserver au moins l'Italie, il se presse de
traverser la mer ionienne et arrive à Tarente, mais ses navires
ont subi la tempête, il les fait réparer. Nicias averti ne
se soucie pas d'une flotte si misérable! Les Corinthiens
préparent une flotte de quinze vaisseaux, la moitié des
vaisseaux de Gylippos sont corinthiens.
Pendant que Gylippos fait réparer sa petite flotte, il apprend
que la circonvallation édifiée par les Athéniens
autour de Syracuse n'est pas achevée et qu'au Nord, un passage
reste ouvert et dès que c'est possible, il navigue vers la
Sicile et traverse le détroit de Messine laissé sans
surveillance. Il longe la côte et atteint Himera, convainc les
habitants de participer à la guerre et de fournir des armes
à ses marins. Il envoie des messager à Sélinonte,
à Géla et chez les Sicules. Et bientôt, il se met
en route vers Syracuse avec 3 000 hommes (700 spartiates, soldats de
marine et marins, un millier d'Himériens, hoplites et fantassins
légers, un millier de Sicules, cent cavaliers et quelques
fantassins légers de Sélinonte et une petite troupe de
Géla. ) Entre temps, un stratège corinthien
arrivé seul, convainc les Syracusains pessimistes de continuer
le combat et les avertit de l'arrivée prochaine de Gylippos
envoyé par Sparte. Les Syracusains effectuent une sortie vers
les Spartiates qui ont pris Ietae, une forteresse sicule en chemin et
approchent de Syracuse. Les Syracusains font leur jonction avec
Gylippos aux Epipoles et marchent vers le mur des Athéniens. Le
Spartiate envoie un héraut dire aux Athéniens que s'ils
acceptent d'évacuer la Sicile dans un délai de trois
jours, il est prêt à traiter avec eux. Nicias renvoie le
messager sans répondre et les deux armées se
préparent au combat. Mais Gylippos voyant le trouble des
Syracusains et les Athéniens restant sur leurs retranchement,
les Spartiates se replient sur .les Téménites et y
bivouaquent. Le lendemain, il conduit le gros de ses troupes sur la
ligne de retranchement des Athéniens et envoie
discrètement un détachement capturer le fort de Labdalon,
hors de vue des Athéniens, on ne fait pas de prisonnier! Une
trière athénienne est prise dans le Grand Port par les
Syracusains qui construisent un mur qui traverse la plateau des
Epipoles et se dirige vers Euryalus, coupant obliquement la ligne
athénienne. La nuit, Gylippos conduit son armée vers un
point faible de la muraille athénienne mais son projet est
éventé et le Spartiate se replie.
Nicias se rend compte que la situation d'assiégeant s'est
dégradé rapidement et décide de fortifier la
hauteur de Plemmyrion qui fait face à la ville et contrôle
le Grand Port. Trois forts y sont construits, Nicias y envoie la flotte
et un corps d'armée. Sachant que le reste de la flotte
corinthienne est en route, il envoie vingt vaisseaux pour les
surprendre vers Rhegion ou près de la Sicile.
Chaque jour Gylippos sort l'armée devant les retranchements en
formation de combat, les Athéniens se positionnent aussi. Un
jour Gylippos décide d'attaquer, l'affrontement a lieu entre les
deux murs, les cavaliers syracusains ne peuvent intervenir, les
Syracusains et leurs alliés sont battus. Nicias se rend compte
que le mur en construction va bientôt couper le sien et interdire
l'investissement de la ville. Il décide de sortir son
armée et de l'avancer vers l'ennemi. Gylippos place sa cavalerie
et des archers sur le flanc des Athéniens et avancent ses
hoplites au contact des Athéniens. Les cavaliers chargent l'aile
gauche athénienne et la met en fuite. Bientôt toute la
ligne est défaite et rentre dans ses retranchements. La nuit
suivante le mur coupe la fortification athénienne puis douze
vaisseaux corinthiens et ambracites arrivent dans le port,
commandés par le Corinthien Erasinides qui a trompé la
flotte athénienne.

Trirème grecque
Nicias qui tient régulièrement Athènes au courant
des événements, décide d'écrire une lettre
pour demander soit le retour des troupes, soit des renforts
considérables et son remplacement car il est malade, il
s'abstient de toute attaque. Des députés syracusains et
corinthiens vont à Sparte et à Corinthe demander l'envoi
de nouvelles troupes. Pendant l'été, le
stratège athénien Evetion, avec son allié
Perdiccas, conduit une expédition contre Amphipolis, avec
l'appoint de nombreux mercenaires thraces. Il remonte le fleuve Strymon
avec ses trières et attaque la ville depuis le fleuve, mais ne
peut la prendre. Les spartiates et leurs alliés envahissent le
territoire d'Argos et Athènes vient les soutenir avec trente
vaisseaux, c'est la rupture de la Trêve car ils débarquent
à Epidaure, au port de Prasies et à d'autres endroits.
Les Athéniens ne remplacent pas Nicias mais choisissent deux
commandants Ménandros et Eutydémos et
préparent une nouvelle expédition commandée par
Demosthenes et Eurymédon. Ce dernier part au solstice d'hiver
avec 20
vaisseaux et 120 talents dire aux troupes de Sicile que les renforts
vont venir et qu'on les oublie pas. Athènes envoie vingt autre
vaisseaux autour du Péloponnèse pour interdire tout
passage vers la Sicile. Les Corinthiens préparent une escadre de
vingt cinq vaisseaux pour faciliter le passage des convois et le
départ d'une troupe d'hoplites tout comme Sparte. Cette
cité prépare aussi une invasion de l'Attique
encouragée par les Corinthiens et Alcibiade.
Au printemps - 413, une nouvelle invasion de l'Attique conduite par le
roi Agis, ravage la plaine et fortifie le port de
Décélie. Pendant ce temps là, une nouvelle
expédition est envoyée en Sicile : six cents hoplites
comprenant des citoyens et l'élite des hilotes dirigés
par Ekkritos. Mais les premiers à partir sont les trois cents
hoplites béotiens commandés par les Thébains Xenon
et Nikon et le Thespien Hégésandros Puis viennent cinq
cents hoplites corinthiens et arcadiens conduits par le Corinthien
Alexandros convoyés en même temps que deux cents hoplites
Sicyoniens commandés par Sargeus. Les Athéniens envoient
trente vaisseaux dirigés par Kharikles en croisière
autour du Péloponnèse et à Argos pour demander aux
Argiens des hoplites en fonction du traité d'alliance.
Pour la Sicile, une flotte de soixante cinq vaisseaux portant mille
deux cents hoplites et beaucoup d'insulaires, conduite par Demosthenes
commence à naviguer avec Kharikles
La
première
bataille navale de Syracuse - 413
En Sicile Gylippos revient à Syracuse avec toutes les troupes
siciliennes qui ont bien voulu le suivre. Il exhorte les Syracusains
à attaquer les Athéniens sur mer, soutenu par Hermokrates
et les Syracusains équipent leurs vaisseaux en
conséquence. Puis Gylippos fait sortir de nuit toute son
armée et se prépare à attaquer les forts de
Plemmyrion. Trente-cinq trières syracusaines sortent du Grand
Port et au même moment quarante-cinq autres sortent du Petit
Port. En catastrophe les Athéniens mettent à flot
soixante vaisseaux, vingt-cinq face aux trente-cinq et le reste contre
les quarante-cinq. La bataille s'engage à l'entrée du
Grand Port et favorise d'abord les Syracusains qui forcent le passage
en venant du Grand Port, mais comme l'explique Thucydide, ils avancent
sans ordre et en se gênant et sont alors vaincus. et sont mis en
fuite. Onze vaisseaux syracusains sont coulés, les marins sont
éliminés sauf l'équipage de trois vaisseaux qui
est fait prisonnier. Les Athéniens perdent trois vaisseaux.
Mais pendant le combat naval, les Athéniens qui défendent
Plemmyrion sont descendus sur le rivage pour observer les
trières. Gylippos en profite pour attaquer à l'aurore
les trois forts. Il s'empare d'abord du premier fort puis des deux plus
petits, les soldats athéniens rescapés fuient à
bord de barques.
Les Syracusains tiennent Plemmyrion, installent une garnison dans le
grand fort et l'un des petits et détruisent l'autre. Beaucoup
d'Athéniens sont morts ou ont été fait prisonniers
dans la prise de ces forts mais le plus dommageable pour
Athènes, c'est la perte de tout le matériel
entreposé là, voiles, agrès et même trois
trières mises au sec et la perte de Plemmyrion. A présent
l'entrée du Grand Port nécessite pour les vaisseaux
athéniens un passage en force. Les Syracusains envoient onze
voiles vers l'Italie pour intercepter un convoi important pour les
Athéniens et ils réussissent à en détruire
un grand nombre. Ils réceptionnent un transport venant du
Péloponnèse chargé d'hoplites de Thespie et ils
prennent à leur bord les hoplites. Les vaisseaux
athéniens de garde capturent un bâtiment mais les autres
arrivent à Syracuse.
Pendant ce temps, Demosthenes et Kharikles embarquent les hoplites
argiens, ravagent le territoire d'Epidaure, fortifient un promontoire
à l'ouest du cap Malée pour en faire un nid de pirates et
accueillir des hilotes en fuite. Puis Demosthenes vogue vers Corcyre
pour y embarquer des alliés. En route, il fait monter des
hoplites à Zacinthe et Céphalénie et en recrute en
Acarnanie, lorsqu'il apprend d'Eurymedon les dernières nouvelles
de la Sicile. Il envoie les dix plus rapides vaisseaux pour renforcer
l'escadre aux prises avec les vingt cinq vaisseaux corinthiens.
Eurymedon recrute à Corcyre des hoplites et fait équiper
quinze vaisseaux, tandis que Demosthenes recrute des frondeurs et des
archers. Les renforts que les Syracusains ont rassemblé en
Sicile tombent dans une embuscade tendue par les Sicules à la
demande de Nicias et perdent huit cents hommes, le reste soit mille
cinq cents rejoint Syracuse. D'autres renforts arrivent dans cette
ville de Kamarina et de Gela. Demosthenes et Eurymedon repartent avec
les troupes qu'ils ont rassemblées, traversent la mer Ionienne,
embarquent cent cinquante archers messapiens dans les îles
Khoerades et à Métaponte obtiennent trois cents archers
et deux trières. Puis ils vont à Thourii et s'y
arrêtent dans le même but.
L'escadre corinthienne qui protège les transports en Sicile est
équipée spécialement d'épotides, des
pièces de bois faisant saillie de par et d'autre de
l'éperon, destinées à faire plus de
dégâts lors d'un éperonnage. Elle est
commandée par Polyanthes et mouille à Erinéos.
Quand la flotte de trente trois vaisseaux athéniens,
dirigée par Diphilos avance vers elle, sur un signal, les
Corinthiens attaquent. Le combat dure longtemps et à la fin,
trois vaisseaux corinthiens sont coulés tandis que sept
vaisseaux athéniens ont leur avant fracassé.
L'escadre de Demosthenes embarque sept cents hoplites de Thourii et
trois cents archers et se rend à Rhegion.
La seconde bataille navale de
Syracuse - 413
Les Syracusains se
préparent à un autre combat contre la flotte
athénienne. Ils équipent leurs vaisseaux comme les
Corinthiens et comptent attaquer dans le Grand Port où les
vaisseaux nombreux ont peu de place pour évoluer et surtout
faire des manoeuvres enveloppantes. En quelque sorte, c'est une
nouvelle version de Salamine que les Syracusains préparent avec
attaque frontale sur les proues ennemies. D'abord les troupes
terrestres attaquent le retranchement athénien de l'Olympeion et
de la cité. Puis une fois que les Athéniens font face aux
assaillants, les vaisseaux syracusains attaquent. Les
Athéniens embarquent rapidement et font face, soixante-quinze
vaisseaux contre quatre-vingts. Les combats durent toute la
journée, les Athéniens perdent un ou deux vaisseaux mais
les deux flottes se séparent et les deux armées se
retirent. Le lendemain, pas de combat, les Athéniens
réparent leurs vaisseaux Le surlendemain, les Syracusains
attaquent de bonne heure et la journée se passe de la même
façon que la première sans résultat
décisif, alors le Corinthien Ariston propose un
stratagème. Il s'agit d'installer le marché sur le bord
de la mer, avec toutes les marchandises habituelles, les marins
débarqueront et le soir attaqueront par surprise les
Athéniens.
La proposition est acceptée, la flotte se retire vers la ville
et les Syracusains débarquent. Les Athéniens confiants
pensent que les Syracusains renoncent à se battre et
débarquent, font la cuisine et soudain les Syracusains
embarquent et se mettent en position de combat. Les Athéniens
embarquent en plein désordre et peinent à se mettre en
ligne. Les deux flottes se font face sans s'aborder. Les
Athéniens jugeant qu'il valait mieux combattre rapidement,
engagent le combat et foncent sur l'ennemi. Les Syracusains attaquent
la proue des vaisseaux athéniens comme prévu. Les
éperons et les épotides fracassent les proues des
vaisseaux athéniens sur une grande longueur tandis que les
flèches pleuvent du haut des ponts ou des barques
légères qui se glissent le long des flancs des vaisseaux.
Les Athéniens subissent des pertes considérables et
virent de bord pour retourner vers le rivage. Les Syracusains les
poursuivent jusqu'aux transports dont la vergue du mât porte un
dauphin en plomb ou en fer qui lâché au dessus du navire
ennemi lui cause des avaries. Deux vaisseaux syracusains trop
avancés sont perdus et un troisièmes est pris avec
l'équipage. Les Athéniens ont sept vaisseaux
coulés et un grand nombre endommagé. Cette victoire des
Syracusains provoque la perte de nombreux marins athéniens et
pousse les Syracusains à recommencer !.
Mais Demosthenes et Eurymedon arrivent avec les renforts, et quels
renforts !
Soixante treize vaisseaux, cinq mille hoplites et trois mille
archers et frondeurs aussi bien grecs que barbares !
L'espoir change de camp et Demosthenes se dit qu'il faut
immédiatement profiter de la situation et voyant que le mur
transversal qui empêche de terminer la circonvallation est simple
et peu défendu; il décide de tenter l'attaque du camp des
Epipoles pour terminer le siège et en cas d'échec, il
convient de rentrer à Athènes.
Les Athéniens sortent de leur camp et repoussent les
Syracusains. Ils attaquent le mur avec des machines mais les
défenseurs les incendient. Et toutes les attaques des
Athéniens sont repoussées. Demosthenes fait rentrer
l'armée et prépare en accord avec les autres
stratèges, une attaque de nuit car la montée vers
les Epipoles de jour ne passe pas inaperçue. A l'heure du
premier sommeil comme l'écrit Thucydide, Demosthenes, Eurymedon
et Menandros montent sur les Epipoles en direction de Euryalus, tandis
que Nicias garde le camp retranché. Ils atteignent le plateau
sans éveiller l'attention et s'emparent d'un fort construit par
les Syracusains. L'alarme est donnée, les six cents hoplites
d'élite opposent une vive résistance mais les
Athéniens les mettent en fuite et poursuivent leur avance. Le
mur transversal est pris et on arrache les créneaux. Mais
Gylippos et sa troupe et les Syracusains, surpris par cette attaque de
nuit viennent au contact et sont repoussés. Les Athéniens
confiants avancent en désordre et les Béotiens les
chargent et les mettent en fuite. La confusion est
générale, le péan des alliés doriens des
Athéniens est le même que celui des troupes ennemies et
cela terrifie les Athéniens dans l'obscurité. Dans
la retraite vers le camp, beaucoup d'Athéniens chutent tant le
chemin est escarpé et les derniers arrivés se
perdent dans la campagne et sont cernés par les cavaliers,
le lendemain matin, qui les massacre. Les pertes des Athéniens
et leurs alliés sont de deux mille combattants et plus encore le
nombre d'armes perdues.
Les Syracusains reprennent confiance et envoient Sikanos à
Agrigente pour la gagner à leur cause. Gylippos retraverse la
Sicile pour y lever une armée. Les stratèges
athéniens sont en désaccord sur la conduite à
tenir. Les soldats sont découragés et malades, ils sont
dans une région de marais au coeur de
l'été !
Demosthenes refuse de s'obstiner et préconise le départ
immédiat pendant que la mer est navigable pour faire la
guerre aux Spartiates à Décélie !
Nicias déconseille le départ, car il est difficile de
garder le secret, la situation de l'ennemi est pire que la leur. Avec
leur flotte, et la maîtrise de la mer, les Athéniens
viendront à bout de Syracuse par la disette. Et une faction est
prête à livrer la ville et l'a déjà
contactée à ce sujet. Athènes de toute
façon sera hostile à cette retraite !
Demosthenes alors propose de lever le siège et se retirer
à Catane ou à Thapsos et par des incursions subvenir aux
besoins de l'armée et causer les plus grands dommages à
l'ennemi. La flotte en haute mer retrouvera sa liberté de
mouvement et l'avantage alors que dans une rade resserrée,
l'ennemi à l'avantage. Il faut immédiatement lever le
siège ! Eurymedon est du même avis mais Nicias s'y oppose
avec fermeté et les Athéniens perdent du temps.
Sikanos et Gylippos reviennent à Syracuse. Le premier n'a pas
réussi à "retourner" Agrigente, la faction favorable
à Syracuse a été bannie avant son arrivée.
Gylippos, en revanche, ramène de puissants renforts de Sicile
et les hoplites envoyés du Péloponnèse au
printemps après un détour en Libye pour secourir les
habitants d'Evespérides et arrivés à
Sélinonte. Les Syracusains se préparent à attaquer
les Athéniens. Les stratèges athéniens
préparent le départ et à la demande de Nicias
informent l'armée de manière très discrète.
Ils sont prêts à partir quand se produit une
éclipse de Lune, le 27 août. La majorité des
soldats supplient les
stratèges de différer le départ et Nicias qui est
pieux jusqu'à la superstition exige que selon la prescription
des devins trois fois neuf jours soient écoulés avant
toute nouvelle délibération sur le départ !
Les Syracusains renseignés sur ces événements
s'efforcent de retenir les Athéniens et refusent de les laisser
s'installer dans une autre partie de la Sicile. Ils se préparent
à un nouveau combat naval. Puis ils attaquent le camp
athénien, un petit groupe d'hoplites et de cavaliers sort par
les portes. Les Syracusains capturent quelques soldats, mettent les
autres en fuite et poursuivent l'ennemi. Le passage étant
étroit, les Athéniens perdent soixante-dix cavaliers et
quelques hoplites. Les Syracusains se retirent, mais le
lendemain, ils sortent avec soixante-seize vaisseaux pendant que leur
armée marche contre les retranchements athéniens.
Quatre-vingt-six vaisseaux athéniens se portent à la
rencontre des ennemis et passent à l'attaque. Eurymedon,
à l'aile droite veut envelopper la flotte adverse mais son
mouvement l'entraîne trop près du rivage. Les Syracusains
enfoncent le centre de la ligne athénienne et rejettent l'aile
d'Eurymedon dans une anse du port, lui coupent la retraite et en
brisent tous les vaisseaux. Puis les Syracusains poursuivent le reste
de la flotte athénienne et la pousse vers la terre.
Gylippos veut profiter de cette défaite pour détruire
ceux qui débarquent et faciliter la capture des vaisseaux
ennemis. Il court avec une partie de ses troupes vers la jetée
et se heurte aux Tyrséniens chargés de la garder. Les
Tyrséniens voyant l'ennemi arriver en désordre, le met en
fuite et le poursuit jusqu'au marais Lysiméia. Les Syracusains
accourent en nombre mais les Athéniens marchent dans cette
direction pour dégager les Tyrséniens et sauver leurs
vaisseaux. Ils engagent le combat, mettent en fuite les Syracusains,
les poursuivent et tuent un nombre considérable d'hoplites. Ils
sauvent un nombre important de vaisseaux, mais les Syracusains et leurs
alliés en capturent dix-huit et tuent tous les équipages.
Ils tentent d'incendier la flotte athénienne avec un transport
rempli de sarments et de matière inflammable poussé par
le vent, mais les Athéniens réussissent à
éteindre le brûlot.
Les Syracusains décident de prendre le camp athénien,
d'empêcher toute retraite de l'ennemi et donc de fermer le
Grand Port. Ils mouillent des vaisseaux et des transports ainsi
que des chalands par le travers et se préparent à la
bataille. Les Athéniens voyant le port se fermer,
délibèrent. Les stratèges et les taxiarques
décident de réduire le retranchement à la partie
proche de la flotte, abritée par un mur et gardé. Tous
les vaisseaux quels que soit leur état seront
équipés et transporteront les troupes de terre en
état de servir et ainsi; cent dix navires sont prêts.
Nicias exhorte ses troupes en leur montrant que c'est le seul moyen de
revoir leur patrie et que des mesures ont été prises pour
empêcher ce qui a provoqué la défaite.
Effectivement les Athéniens, pour éviter que leur proues
ne soient fracassées, ont prévu d'utiliser des grappins
de fer pour empêcher les vaisseaux ennemis de reculer. Mais les
Syracusains sont informés de cette tactique et ont garni de peau
les proues et les gaillards pour que les grappins glissent. Gylippos et
les chefs syracusains exhortent pareillement leurs troupes, minimisant
l'avantage numérique des Athéniens en raison du manque de
place pour évoluer, mais surtout en affirmant que les
Athéniens sont réduits à un acte de
désespoir et qu'il suffit de tenir bon.
Puis les deux flottes se mettent en mouvement, les Syracusains alignent
environ quatre-vingts vaisseaux placés en partie dans la passe
et le reste sur le pourtour du port de manière à pouvoir
attaquer tous en même temps. Pythen et les Corinthiens sont au
centre, Sikanos et Agatharkhos commandent chacun une aile. Les
Athéniens avancent vers le barrage et dès le premier
choc, battent les vaisseaux qui montent la garde et tentent de passer.
Mais aussitôt les vaisseaux syracusains et alliés
attaquent de tous côtés, au barrage comme dans le port. Le
combat est acharné et en même temps livré sur un
espace très resserré. Les vaisseaux ne pouvant ni
reculer ni traverser la ligne ennemie, se rencontrent par hasard
sous les grêles de javelots, de flèches et de
pierres. Puis on tente l'abordage. Les barques légères
des Syracusains se glissent sous les rames et accablent de traits les
équipages. Le combat est longtemps
égal mais à la fin, les Athéniens sont battus,
fuient et sont repoussés jusqu'au rivage. Les équipages
débarquent comme ils peuvent et se ruent vers le camp. C'est la
consternation chez tous les Athéniens. La bataille très
disputée a fait beaucoup de victimes et de vaisseaux
détruits de chaque côté. Demosthenes propose
à Nicias de tenter de passer en force dès l'aurore, la
flotte athénienne restant supérieure en nombre avec
soixante vaisseaux environ contre cinquante. Nicias
approuve cette idée mais les marins,
totalement désespérés, refusent
catégoriquement d'embarquer. La
seule solution reste une
retraite terrestre.
La
retraite des Athéniens en Sicile : septembre - 413
Mais Hermokrates anticipe les décisions des Athéniens et
propose de faire une sortie cette nuit avec tous les Syracusains et
tous les alliés pour couper la retraite et occuper les
défilés. Cette proposition est acceptée mais dans
l'euphorie de la victoire et par ce jour de la fête d'Herakles,
les soldats ont déjà bien bu. Alors Hermokrates imagine
une ruse, il envoie au crépuscule des cavaliers vers le camp
athénien qui se font passer pour leurs partisans. Ils font
passer ce message à Nicias :
"Ne sortez pas cette nuit car les Syracusains occupent les routes et
partez tranquillement demain"
Le départ est immédiatement reporté au lendemain
et même au surlendemain pour mieux se préparer. Pendant ce
temps, Gylippos et l'infanterie syracusaine barrent les routes et
occupent les gués que les Athéniens doivent prendre, et
se placent au meilleurs endroit pour les arrêter. Les vaisseaux
syracusains s'approchent du rivage et prennent en remorque les
vaisseaux athéniens sans rencontrer de résistance!
Alors quarante mille hommes nous précise Thucydide, partent
démoralisés, en laissant les blessés.
L'armée s'avance en carré long, les hoplites encadrant
l'infanterie légère, le train des équipages et les
services auxiliaires. Au passage de la rivière Anapos, une
troupe de Syracusains est en formation de combat sur l'autre rive, les
Athéniens forcent le passage et les mettent en fuite. Sur le
trajet, les cavaliers syracusains les harcèlent sur les flancs
et l'armée est accablée de traits. A la fin de la
journée, les Athéniens bivouaquent sur une hauteur
après une étape de sept kilomètres. Le
lendemain, l'armée athénienne effectue la moitié
de l'étape de la veille et s'installe dans une plaine pour
s'approvisionner en eau et en vivres, l'endroit est habité. Les
Syracusains barrent le passage par un retranchement à
Akraeon-Lépas, un colline élevée, bordée
par deux ravins escarpés. Le lendemain, les Athéniens
attaquent la colline fortifiée mais une pluie de javelots et les
charges incessantes de la cavalerie les obligent à revenir dans
leur camp. Leurs vivres s'épuisent rapidement, la cavalerie les
empêche de se ravitailler.
Ils recommencent le lendemain leur attaque de la colline
fortifiée mais derrière les retranchement, l'infanterie
ennemie est massée et les accablent de traits. Les
Athéniens repartent prendre du repos et pendant ce temps les
Syracusains tentent d'élever un mur derrière les
Athéniens, sur la route qu'ils ont prise mais les
stratèges envoient les hoplites les en empêcher. Le
lendemain, l'armée athénienne reprend sa marche en avant,
toujours harcelée et beaucoup de soldats sont blessés.
Les Syracusains reculent dès que les Athéniens attaquent
et l'arrière garde où se trouve Demosthenes est
particulièrement visée. Les Athéniens avancent du
quart de la première étape et se reposent dans la plaine.
La nuit, Nicias et Demosthenes font allumer un très grand nombre
de feux et ils dirigent l'armée vers le Sud, dans une direction
que les Syracusains n'ont pas prévue, vers Kamarina et non plus
vers Catane. La marche est confuse et le corps de Nicias qui est en
tête, avance avec cohésion tandis que le corps de
Demosthenes, est en désordre et prend du retard. Mais le 16
septembre, au lever du jour, l'armée atteint la côte et
prend la route d'Heloros en vue de rejoindre le fleuve et, de
là, pénétrer dans l'intérieur de
l'île. Ils rencontrent, au fleuve, un détachement
syracusain en train de construire des retranchements. Ils forcent le
passage et avancent vers l'Erinéos, un autre cours d'eau.
Quand les Syracusains s'aperçoivent que les Athéniens
sont partis, ils se pressent de les poursuivre et les rejoignent
à la mi journée. Le corps de Demosthenes qui avance
lentement est rapidement encerclé par la cavalerie syracusaine.
Le corps de Nicias est très éloigné, ce
stratège pense qu'il faut se presser et n'accepter le combat que
contraint et forcé. Demosthenes ne cherche pas à fuir, il
range ses hommes en bataille, mais enveloppé par l'ennemi, il
est enfermé dans un terrain clos de tous côtés par
un petit mur à Polyzélion. Les Syracusains évitent
la bataille et lancent une
grêle de projectiles sans s'exposer. Toute la journée, les
troupes de Demosthenes sont accablées et blessées. Enfin
Demosthenes accepte que ses six mille soldats survivants remettent
leurs armes à condition que personne ne périsse de mort
violente, ni dans les fers, ni par privation du strict
nécessaire. Les prisonniers sont immédiatement
convoyés vers la ville. Le même soir, le groupe de Nicias
atteint le fleuve Erinéos, le franchit et campe sur une hauteur.
Invité par les Syracusains à se rendre comme Demosthenes,
Nicias ne le croit pas et envoie un cavalier pour confirmation. Puis il
propose au nom d'Athènes le remboursement des frais de guerre si
l'armée est autorisée à se retirer de Sicile.
Gylippos et les Syracusains refusent. Et le harcèlement
recommence jusqu'à la nuit. A ce moment les Athéniens se
mettent en marche, mais les Syracusains s'en aperçoivent et se
préparent à l' attaque. Les Athéniens renoncent
à leur départ sauf trois cents soldats qui traversent les
rangs ennemis et partent dans la nuit. Le matin, les Athéniens
se pressent vers le fleuve Asinaros espérant une
amélioration le cours d'eau franchi. Assoiffés, ils se
bousculent au bord du fleuve pour passer plus vite, pressés par
les ennemis, ils se piétinent. Les Syracusains, installés
sur l'autre rive escarpée, tirent d'en haut sur les
Athéniens qui sont transpercés par les javelines,
emportés par le courant. Les Spartiates descendent dans le lit
du fleuve et font un grand massacre. Nicias se rend à Gylippos
le 21 septembre
et demande de faire cesser la tuerie. Celui ci donne l'ordre de faire
quartier. Tous les survivants sont faits prisonniers sauf un bon
nombre cachés par les Syracusains pour devenir leur esclave
personnel. Tous les prisonniers sont enfermés dans les Latomies
*, pas moins de sept mille selon Thucydide et un bon nombre
périt soit des blessures, soit des conditions de
température et d'une nourriture insuffisante (la demi ration
d'un esclave). Nicias est
égorgé sous la pression des Syracusains et des
Corinthiens , Demosthenes est soit égorgé, soit il se tue
par désespoir comme l'écrit Trogue Pompée. Peu de
temps après les deux vainqueurs Gylippos et Hermokrates qui se
sont opposés à l'exécutions des officiers
athéniens sont bannis de leur cité.
* Latomies : carrières de pierre à ciel ouvert
A Athènes la nouvelle de ce désastre rapportée par
des rescapés suscite d'abord l'incrédulité
puis la colère contre tous ceux qui ont favorisé
cette expédition. La situation est critique et on s'attend
à être attaqué sur terre et sur mer. Malgré
le manque de moyens, la décision d'équiper une flotte est
prise, ainsi que le recours au conseil des Anciens, élu pour
réformer les institutions et pour donner un avis
préalable sur toutes les mesures qui s'imposent. Ce sont les dix
probouloi dont fait partie Sophocle. Les Spartiates retranchés
à Décélie effectuent des raids et des destructions
qui pèsent sur les Athéniens. Pendant
l'été, vingt mille esclaves ont déserté,
tous les troupeaux ont disparu. Les mines d'argent du Laurion ne sont
plus exploités.
L'hiver suivant, toute la Grèce est informée, les neutres
sont prêt à entrer en guerre contre Athènes, les
alliés de Sparte veulent mettre fin à la guerre, les
Spartiates calculent que les alliés de Sicile viendront
renforcer leur camp au printemps et se préparent à
reprendre les armes. C'est pourquoi le roi Agis quitte
Décélie, fait la tournée des alliés, il
obtient de l'argent, des otages et ordonne la construction de
vaisseaux. Les Athéniens fortifient le cap Sounion pour garantir
l'arrivée des subsistances, ils évacuent le fort
construit en Laconie et sont vigilants auprès des alliés
dont ils redoutent la défection.
Les Eubéens veulent quitter l'alliance athénienne et se
tournent vers Agis qui organise l'envoi de trois cent Néodamodes
commandés par Alkaménès. C'est alors que les
Lesbiens font la même proposition et sur les conseils des
Béotiens, Agis détourne Alkaménès vers
Lesbos. Pendant ce temps, Chios et Erythrées, se tournent vers
Sparte pour également faire dissidence avec les
Athéniens. Cette délégation comprend un
ambassadeur du satrape
Tissaphernes qui propose un alliance avec le Grand Roi Darius II et
promet des vivres. A Sparte encore, Pharnabaze envoie des
députés pour obtenir l'envoi d'une flotte dans
l'Hellespont. Cela fait beaucoup pour les Spartiates, mais les
partisans de l'envoi d'une flotte à Chios, soutenus par
Alcibiade obtiennent gain de cause et Sparte envoie tout d'abord
à Chios, Phrynis s'assurer que cette ville possède bien
les vaisseaux et les ressources annoncées, ce qu'il confirme.
Sparte accepte dans l'alliance Chios et Erythrée et
décide l'envoi d'une flotte de quarante vaisseaux.
La guerre en
Ionie
Quand l'été arrive, les habitants de Chios insistent pour
voir venir l'escadre annoncée car ils craignent que les
Athéniens découvrent ces négociations. Sparte
demande à Corinthe de faire passer rapidement par dessus
l'isthme, la flotte qui se trouve dans le Golfe de Corinthe et qui
comprend les vaisseaux qu'Agis a prévus pour Lesbos, soit trente
neuf vaisseaux. Agis approuve cette décision. Il s'agit de se
diriger d'abord vers Chios, puis Lesbos et enfin l'Hellespont. Pour
tromper les Athéniens, on fait d'abord franchir l'isthme
à vingt et un vaisseaux qui partent immédiatement. Les
Corinthiens diffèrent leur participation à cette
expédition en raison de la trêve des Jeux Isthmiques en
l'honneur de Poseidon. Le temps passe et les Athéniens envoient
à Chios le stratège Aristokrates se plaindre de leur
conduite. Devant leurs dénégations, Athènes leur
donne l'ordre conforme à l'alliance, d'envoyer des vaisseaux en
gage de fidélité. Chios envoie sept vaisseaux à
Athènes. Les Jeux terminés, les vingt et un vaisseaux
péloponnésiens se dirigent vers Chios, sous le
commandement d'Alkamenes.
Les Athéniens envoie une flotte de trente-sept vaisseaux qui
retrouve la flotte péloponnésienne longeant la côte
aux confins de l'Epidaurie. Les Athéniens attaquent et un
vaisseau péloponnésien est perdu au large. Le reste
de la flotte est mise au sec à Peiraeos, un port désert,
les Athéniens débarquent des troupes qui endommagent la
plupart des vaisseaux sur le rivage et tuent Alkamenes. Puis ils
demandent du renfort à Athènes car les Corinthiens et les
alliés viennent le lendemain secourir les
Péloponnésiens. Mais la tâche est difficile dans
cette région déserte. Pendant ce temps à Sparte,
on prépare l'envoi à Chios de cinq vaisseaux
équipés en Laconie, commandés par Khalkideus,
assisté d'Alcibiade. Malgré l'annonce du piteux
début de l'expédition, Alcibiade convainc les
éphores de laisser partir les cinq vaisseaux. A force de rames,
ils réussissent leur traversée. En revanche, les seize
vaisseaux qui reviennent de Sicile sont surpris dans les eaux de Leukas
et maltraités par vingt sept vaisseaux athéniens
commandés par
Hippokles, un vaisseau est perdu, les autres réussissent
à atteindre Corinthe.
Khalkideus et Alcibiade rencontrent des partisans de l'alliance avec
Sparte et peuvent s'adresser au sénat de Chios. Ils
annoncent l'arrivée prochaine d'une flotte puissante et font
basculer les gens de Chios et Erythrées. Puis ils se rendent
à Clazomènes et obtiennent leur défection. Les
Clazoméniens fortifient sur le continent Polikhna en
prévision d'un éventuel abandon de leur île. La
défection de Chios est sensible pour les Athéniens qui
l'ont toujours traité avec des égards particuliers. En
conséquence, ils abrogent l'interdiction de voter l'emploi
de la réserve de mille talents, pour équiper une flotte
nombreuse. Tous les vaisseaux disponibles sont envoyés à
Chios, y compris ceux qui maintiennent le blocus de Peiraeos. Les
équipages des sept vaisseaux de Chios sont traités comme
suit : les hommes libres sont mis au fers tandis que les esclaves sont
libérés. Une nouvelle escadre de trente vaisseaux est
"programmée" pour Chios.

Carte de la côte grecque de l'Anatolie
Mais les Athéniens ne peuvent empêcher Khalkideus et
Alcibiade de déposer à Téos des fantassins de
Clazomènes et D'Erythrée qui rasent le mur
élevé par les Athéniens, d'armer des marins de
leur flotte, de les remplacer par des marins de Chios et de les laisser
dans la ville et avec vingt vaisseaux équipés par
Chios, d'obtenir la défection de Milet. Peu de temps
après (mi été -412), un traité est
signé entre la Perse et Sparte et ses alliés qui
prévoit de faire conjointement la guerre contre les
Athéniens jusqu'à la conclusion d'une paix
acceptée par les deux parties. Les vingt vaisseaux
bloqués à Peiraeos par un vingtaine de vaisseaux
athéniens, forcent le blocus et remportent la victoire en
prenant quatre vaisseaux athéniens. A Samos, le peuple se
révolte contre l'aristocratie appuyé par les
Athéniens. Les aristocrates sont éliminés ou
bannis, leurs maisons et leurs terres sont partagées.
Athènes accorde aux Samiens l'autonomie.
Les habitants de Chios, seuls, vont à Lesbos avec treize
vaisseaux pour propager les défections contre Athènes,
puis ils vont dans l'Hellespont Les troupes
péloponnésiennes et alliées commandées par
le spartiate Evalas se dirigent vers Clazomènes et Kymè
et la flotte commandée par Deiniadas obtient la défection
de Méthymne et de Métylène. Les Athéniens
réagissent par Leon et Diomedon qui partent pour Lesbos avec
vingt-cinq vaisseaux, prennent Mytilène en
pénétrant dans le port, capturant les vaisseaux de Chios,
débarquant des troupes et étant victorieux des soldats
qui leur résistent. Le navarque spartiate Astyokhos arrive
à Chios avec quatre vaisseaux Il obtient la
défection d'Eresos, arme ses habitants et débarque ses
hoplites pour les envoyer à Antissa et à Méthymne
sous la direction d'Etéonikos. Puis avec ses vaisseaux et trois
de Chios venus de Méthymne, Astyokos met le cap sur
Métymne pour fortifier les habitants dans leur défection
mais la reprise en main de Lesbos par les Athéniens le
gêne, il rembarque ses troupes et se replie à Chios. Les
Athéniens rétablissent le statu quo à Lesbos
et leur domination sur Clazomènes et prennent
Polykhna que les Clazoméniens fortifiaient sur le continent. Le
commandant spartiate Khalkideus est tué en venant soutenir les
Milésiens assaillis à Panormos par une vingtaine de
vaisseaux athéniens. La flotte athénienne de Lesbos prend
comme bases navales, les îles Inousses, Sidoussa,
Ptéléon et Lesbos.

Détail des Îles Chios et Lesbos avec les Îles
Inousses.
Alors, une véritable guerre de courses est livrée par les
Athéniens contre les habitants de Chios qu'ils battent à
trois reprises, à Boliskos, puis à Phanae et enfin
à Leukdnion avec les hoplites comme infanterie de marine. Alors
les Athéniens ravagent le pays tandis que les
habitants de Chios qui ont subi de lourdes pertes ne font plus de
sorties. A la fin de l'été, une attaque de Milet est
tentée par les Athéniens sous la conduite de Phrynikhos,
Onomaklès et Skirnidès. Trois mille cinq cents hoplites
d'Athènes, d'Argos et alliés arrivent à Samos puis
débarquent à Milet. Les Milésiens font une sortie,
huit cents hoplites renforcés par les
Péloponnésiens et le satrape Tissaphernes et sa cavalerie
et ses auxiliaires étrangers. Les Argiens méprisant les
Milésiens, marchent contre eux en désordre et sont
vaincus, perdant trois cents soldats. Les Athéniens battent les
Péloponnésiens, repoussent les Barbares mais n'attaquent
pas les Milésiens qui se retirent dans la ville. Les
Athéniens campent sous les murs de Milet.
Pendant ce temps une importante flotte de Sicile et du
Péloponnèse, environ cinquante-cinq vaisseaux,
commandée par le spartiate Thériménès,
approche de Milet. Apercevant les Athéniens, il décide de
faire une halte dans le golfe d'Iasos pour obtenir des renseignements
et rencontrent Alcibiade qui le met au courant de la bataille et lui
conseille de secourir Milet immédiatement. Parmi les
Athéniens, la majorité des stratèges est
prête à livrer bataille, mais l'un d'eux, Phrynikhos les
en dissuade en raison du risque pour Athènes d'être
vaincus. Tous les blessés et le matériel est
embarqué mais le butin est laissé pour alléger les
vaisseaux et le cap est mis sur Samos, d'où l'on pourra attaquer
si l'occasion s'en présente. Le soir même les
Athéniens s'en vont, les Argiens mécontents quittent
Samos pour rentrer chez eux. Les Péloponnésiens vont
à Milet, récupèrent les vaisseaux de Chios puis
sont convaincus par Tissaphernes de participer à l'attaque
d'Iasos, aux mains d'Amorgès, le fis de Pissouthnès, en
révolte contre le Grand Roi. La ville est prise et les
Péloponnésiens livrent Amorgès à
Tissaphernes et incorporent ses mercenaires à leur armée.
Iasos est pillée et remise au satrape. Les mercenaires
s'installent à Chios sous le commandement de Pédaritos et
Philippos devient le commandant des forces de Milet.
L'hiver suivant, Athènes envoie un renfort de trente-cinq
vaisseaux à Samos et deux offensives sont programmées,
bloquer Milet par mer et envoyer de l'infanterie à Chios.
Rassemblant les vaisseaux de Chios et les autres, Strombikhidès,
Onomaklès et Euktémon prennent trente vaisseaux et une
partie des hoplites envoyés à Milet et font voile
vers Chios. Il reste à Samos soixante-quatorze vaisseaux pour
assurer la maîtrise de la mer. Thériménès et
Astyokhos apprennent l'arrivée de la flotte athénienne.
Une attaque sur Ptéléon échoue ainsi que sur
Daphnunte. Des envoyés de Lesbos avertissent Astyokhos de leur
projet de défection. Il approuve et fait voile vers Chios mais
subit une tempête qui disperse ses vaisseaux. Pédaritos
arrive de Milet avec cinq cents marins armés. La proposition
d'Astyokhos de voguer vers Lesbos et de provoquer une révolte
est rejetée par Pédaritos qui refuse de lui remettre la
flotte de Chios. Astyokhos part vers Milet et bivouaque à
Korykos, pendant que les Athéniens de Samos jettent l'ancre
à proximité mais derrière une colline qui leur
cache les Péloponnésiens. Astyokhos part à la
tombée de la nuit pour Erythrée et échappe ainsi
aux Athéniens car il apprend que les prisonniers de cette ville
retenus à Samos viennent d'être relâchées
pour faciliter la trahison de cette ville.
Les Athéniens approchent de Chios et aperçoivent trois
vaisseaux ennemis, ils se lancent à leur poursuite mais une
tempête s'élève, les vaisseaux de Chios parviennent
à se réfugier dans le port et les trois vaisseaux
athéniens de pointe s'échouent près de la
ville et leurs équipages sont pris ou tués. Le reste de
l'escadre a trouvé un refuge dans le port de Phaenikunte puis
ils cinglent vers Lesbos et prépare le siège de la ville.
Par ailleurs, les Athéniens de Samos capturent six vaisseaux
péloponnésiens près de Knide mais pas leurs
équipages et attaquent la ville sans murailles mais
échouent et repartent à Samos. Une nouvelle convention
est signée en novembre entre les Spartiates et les Perses plus
avantageuse
pour l'armée péloponnésienne, Astyokhos devient le
commandant de la flotte.
Les Athéniens débarquent sur l'île de Chios et
fortifient Delphinion, proche de la ville et pourvue de ports. La
situation à Chios est tendue entre Pédaritos et les
habitants pour soupçons de complicité avec
Athènes. Des secours sont demandés à Astyokhos
qui les refusent. La flotte de Samos provoque les vaisseaux de Milet
qui ne réagissent pas. Chios a beaucoup d'esclaves et les
Athéniens étant fermement installés, les
désertions d'esclaves se multiplient. Astyokhos se résout
à aider Chios, mais il apprend que vingt-sept vaisseaux
dirigés par le spartiate Antisthénès viennent
après un détour par la Crète, avant de soutenir
Pharnabazes dans l'Hellespont. Elle transporte onze commissaires
spartiates chargés de le conseiller et éventuellement de
le remplacer. Arrivés à Kaunos, ils demandent à la
flotte de Milet de venir à leur rencontre. Astyokhos vogue
donc vers Kaunos, au passage, il pille Cos en Méropide et il
cherche à surprendre une flotte de Samos de vingt vaisseaux,
dirigée par Kharminos qui surveille les vingt-sept vaisseaux
péloponnésiens.
Astyokhos se dirige vers Syme mais le mauvais temps éparpille sa
flotte. A l'aurore, son aile gauche est en vue des
Athéniens qui attaquent aussitôt, coulent trois
vaisseaux et en endommagent d'autres. Et soudain, ils sont
cernés par le gros de la flotte de Milet et doivent fuir vers
Halicarnasse en perdant six vaisseaux. Les deux flottes
péloponnésiennes abordent à Knide et font les
réparations. Les commissaires spartiates y rencontrent
Tissaphernes et critiquent les conventions établies avec la
Perse, si bien que le satrape se retire en colère.
Les Spartiates se rendent à Rhodes à l'appel des
principaux citoyens et convainquent les Rhodiens d'abandonner le
parti d'Athènes. Les Athéniens avertis partent de Samos
mais arrivent trop tard. Pendant ce temps, la situation
d'Alcibiade auprès de Sparte s'est dégradée.
Astyokhos reçoit de Sparte l'ordre de le faire périr.
Alcibiade se réfugie auprès de Tissaphernes en octobre et
l'incite à mécontenter les Spartiates à commencer
par réduire les soldes des soldats et aussi de faire durer la
guerre pour laisser au Grand Roi la possibilité d'user les uns
par les autres. Ces idées
correspondent à celle de Tissaphernes et Alcibiade gagne sa
confiance. L'appui de la marine phénicienne promis aux
Spartiates est en pratique négligeable. Alcibiade prend
contact avec les soldats athéniens de Samos, les
triérarques sont informés de son envie de rentrer
à Athènes sous un régime oligarchique et en
approuve le principe. Des entretiens ont lieu en Perse entre Alcibiade
et certains Athéniens où l'amitié de la Perse est
conditionnée à l'abandon de la démocratie.
A Samos, la seule voix discordante est celle du stratège
Phrynikhos qui ne voit dans les propos d'Alcibiade que le désir
de revenir à Athènes. Cependant la conjuration
prend de l'ampleur et on se prépare à envoyer
à Athènes, Peisandros et quelques autres
députés négocier le retour d'Alcibiade, la
réconciliation avec Tissaphernes et le renversement de la
démocratie. Phrynikhos annonce l'attaque prochaine de Samos qui
n'est pas fortifiée et décide de faire rapidement
élever des murailles, et aussi de se tenir sur ses gardes.
Pendant ce temps Alcibiade réconcilie Tissaphernes avec les
Athéniens.
En décembre, les députés de Samos sont
envoyés à Athènes et leur propos se résume
à ceci : En rappelant Alcibiade et en renonçant à
la démocratie, on peut obtenir l'alliance du Grand Roi et
triompher des Péloponnésiens. Les partisans de la
démocratie et les ennemis d'Alcibiade ne peuvent réfuter
l'argument que tout doit être fait pour gagner la guerre et que
le régime oligarchique peut être modifié plus tard.
Le peuple cède. Pesandros et dix commissaires se rendront
auprès de Tissaphernes et d'Alcibiade pour prendre les mesures
adéquates. Phrynikhos et Skironides sont relevés de leur
commandement et remplacés par Léon et Diomédon qui
rejoignent la flotte de Samos en hiver - 412 et dirigent une attaque
contre Rhodes. Les Athéniens débarquent, les vaisseaux
péloponnésiens étant au sec et battent une troupe
rhodienne puis s'installent à Khalkè pour surveiller la
flotte péloponnésienne.

Pièce représentant Tissaphernes
Xenophantidas vient à Rhodes, envoyé par
Pédaritos. Il s'agit de secourir Chios qui est totalement
entourée par la muraille des Athéniens. Mais
Pédaritos n'attend pas, il dirige les auxiliaires disponibles et
avec l'aide des habitants de Chios, attaque le retranchement
protégeant la flotte athénienne. Une partie du
retranchement est enlevée, Pédaritos prend quelques
vaisseaux mais les Athéniens accourent, repoussent les habitants
de Chios. Les troupes de Pédaritos sont vaincues. Beaucoup de
pertes sont à compter chez les habitants de Chios et
Pédaritos est tué. La situation devient rapidement
pénible pour Chios. Pendant ce temps Pesandros et les dix
commissaires sont venus discuter avec Tissaphernes. Les
Athéniens acceptent de céder l'Ionie et les îles
adjacentes mais quand Alcibiade réclame pour le Grand Roi, le
droit de construire des vaisseaux de guerre et de naviguer le long des
côtes avec autant de bâtiments qu'il voudra, les
Athéniens refusent et se retirent furieux à Samos.
Tissaphernes craignant le pillage du continent et la défaite
navale des Spartiates, veut maintenir l'équilibre entre les deux
camps grecs, fait revenir les Spartiates à la négociation
et conclut un nouveau traité.
En mars - 411, les Béotiens s'emparent par trahison d'Oropos que
garde une garnison athénienne. Les Erétriens ont
participé à cette trahison et voulant soulever
l'Eubée demandent de l'aide aux Péloponnésiens de
Rhodes. Mais la priorité est à Chios. Tout la flotte
péloponnésienne quitte Rhodes et arrivé à
la hauteur de Tropion, les vaisseaux athéniens sont vus en
provenance de Khalké. Aucune des deux flottes n'engage le
combat. Les Athéniens se replient à Samos, les
Péloponnésiens à Milet. En été, le
spartiate Derkylidas et une petite armée vient par la terre dans
l'Hellespont pour soulever Abydos, la colonie de Milet. Les habitants
de Chios après la mort de Pédaritos ont reçu le
Spartiate Léon et aussi douze vaisseaux de Milet. Ils tentent
une sortie en masse et avec leurs trente deux vaisseaux attaquent les
trente deux vaisseaux athéniens. La lutte est vive, ils prennent
une position fortifiée et les vaisseaux ne sont pas vaincus mais
à la tombée de la nuit les habitants de Chios et leurs
alliés se replient dans la ville. Derkylidas arrive à
Abydos et la population se soulève en sa faveur et celle de
Pharnabaze. Lampsaque suit son exemple. Strombikhides à Chios
apprend cette nouvelle et accourt avec vingt-quatre vaisseaux, dont des
transports convoyant des hoplites. Les habitants de Lampsaque font une
sortie et sont vaincus, la ville sans fortifications est prise dans la
foulée. Strombikhides va à Abydos, mais il ne peut la
prendre d'assaut. Il se rend sur rive opposée, à Sestos
(actuellement Akbas), en Chersonèse de Thrace et il
établit une
forteresse et une
garnison. Astyokhos en profite pour venir à Chios, prendre les
vaisseaux et repartir vers Milet.
La
révolution oligarchique des Quatre Cents - 411
Pendant ce temps, en avril mai - 411, la démocratie est
renversée. Les commissaires de retour de chez Tissaphernes
engagent les "riches" de Samos à établir le régime
oligarchique et à se passer d'Alcibiade. Une moitié des
commissaires accompagnent Peisandros à Athènes. En
voyage, ils convertissent les villes traversées au régime
oligarchique. A Athènes la situation est mûre, une
conjuration a éliminé Androkles, le chef le plus influent
de la faction populaire, ennemi d'Alcibiade Une proclamation a
été faite selon laquelle la gestion des affaires
reviendrait à Cinq Mille citoyens pris parmi les plus
aptes à défendre l'Etat par leur fortunes et leurs
personnes. Un climat de terreur règne dans la cité.
L'assemblée est convoquée à Kolonos et on propose
l'élection de cinq présidents élisant eux
mêmes cent citoyens, chacun s'adjoignant trois citoyens. Ces
Quatre Cents se réunissent en conseil et ont plein pouvoir pour
administrer la république, ils réunissent les Cinq Mille
quand ils le jugeraient à propos. Les principaux acteurs de
cette opération sont selon Thucydide, Antiphôn,
Peisandros, Phrynikhos et Théraménès. Il n'y a
aucune opposition à ces projets et les Quatre Cents s'installent
au Conseil et envoient à Décélie, un héraut
pour le roi Agis, l'informant qu'ils sont prêts à se
réconcilier avec lui.
Agis persuadé que la ville est en pleine agitation, ne
répond pas et demande l'envoi d'une armée nombreuse
venant du Péloponnèse. Puis avec les troupes
fraîches arrivées depuis peu et la garnison de
Décélie, il vient près des murs
d'Athènes, estimant la ville mûre pour une conquête
rapide. Mais les Athéniens envoient leur cavalerie et une partie
de leurs hoplites, de leurs fantassins légers et de leurs
archers. Et les Péloponnésiens trop avancés
subissent des pertes, Agis se replie sur Décélie et il
renvoie les renforts dans le Péloponnèse. Les Quatre
Cents continuent d'envoyer des députés et sur les
conseils d'Agis, une ambassade est envoyée à Sparte pour
traiter de la paix.
Pendant ce temps, une réaction contre l'oligarchie se dessine
à Samos. Les stratèges Léon et Diomédon
engagent les soldats à la résistance et le parti
oligarchique est purgé. Les officiers Thrasibule et Thrasyllos
prennent parti pour la démocratie. Les soldats se
réunissent en assemblée, relèvent de leur
commandement les stratèges et triérarques suspects
d'opinion oligarchique et élisent d'autres triérarques et
d'autres stratèges dont Thrasibule et Thrasyllos. Les soldats de
la flotte péloponnésienne se plaignent du refus de
combattre d'Astyokhos face aux Athéniens en pleine
sédition. De même Tissaphernes est accusé de ne pas
faire venir ses vaisseaux phéniciens. Enfin la décision
de combattre est prise et toute la flotte, forte de cent douze
vaisseaux, cingle vers Mikalè. La flotte athénienne,
forte de quatre vingt deux vaisseaux, mouille à Glaukè
proche de Mikalè. Voyant la flotte péloponnésienne
arriver, les Athéniens se retirent à Samos pour attendre
le retour de la flotte de l'Hellespont, commandée par
Strombikhidès. Les Péloponnésiens se
préparent à voguer vers Samos quand ils apprennent
l'arrivée de Strombikhidès et ils reviennent
aussitôt à Milet. Les Athéniens disposant
maintenant de cent huit vaisseaux se dirigent vers Milet pour livrer
bataille mais personne ne vient à leur rencontre, ils rentrent
à Samos où Thrasybule convainc les soldats réunis
en assemblée de voter la grâce et le retour d'Alcibiade.
Celui ci rentré à Samos, embellit la situation et
ses relations avec Tissaphernes. Il est élu stratège par
les soldats et refuse de cingler sur Athènes pour punir les
Quatre Cents comme on lui demande.
Les Péloponnésiens de Milet, voyant le retour
d'Alcibiade, prennent Tissaphernes en grippe et une mutinerie
éclate contre Astyokhos à l'initiative des marins
siciliens. Les Milésiens attaquent par surprise et prennent le
fort construit par Tissaphernes à Milet. Les alliés
soutiennent l'opération mais Likhas le spartiate la
désapprouve. A Samos, une délégation des Quatre
Cents vient apaiser l'armée, mais les soldats ne veulent pas les
entendre. Puis les envoyés des Quatre Cents peuvent s'exprimer
mais les soldats restent fort irrités et veulent faire un raid
sur Athènes. Thucydide écrit qu'Alcibiade est le seul qui
peut contenir la foule. Pendant ce temps, Tissaphernes se rend avec
Likhas à Aspendos où cent quarante sept vaisseaux
phéniciens sont arrivés. Mais ces vaisseaux n'iront pas
plus loin, le prétexte invoqué par Tissaphernes est que
cette flotte n'atteint pas le nombre de vaisseaux fixé par le
Grand Roi.
A Athènes, le retour des délégués
envoyés à Samos, rapportant les paroles de fermeté
d'Alcibiade suscite une opposition entre les partisans de ce dernier,
tels Théraménès et Aristokratès face
à Phrynikhos, Aristarichos, Peisandros et Antiphon qui
dirigent le Conseil des Quatre Cents. Une fortification est
édifiée à Eétiôneia , une digue
extérieure au Pirée.

Dessin représentant la fortification d'Eétiôneia
Théraménès accuse les dirigeants de construire ces
fortifications pour y recevoir les ennemis. Phrynikhos est
frappé à mort en pleine agora par un péripole *.
Une flotte sicilienne commandée par Hégésandridas
apparaît dans la région, fait une incursion à
Egine et se dirige vers Epidaure. Théraménès
soutient qu'une flotte allant vers Egine ne peut aller vers Epidaure
sauf si elle vient à Eétiôneia ! L'agitation se
développe, les hoplites construisant le mur
d'Eétiôneia sous le commandement d'Aristokratès,
s'emparent d'Alexiklès, un stratège proche des oligarques
et l'enferment dans une maison au Pirée Aristarichos d'un
côté et Théraménès de l'autre se
rendent au Pirée et les hoplites décident de
détruire la muraille. Le lendemain Alexiklès est
libéré, la muraille démolie et les hoplites du
Pirée marchent sur Athènes et obtiennent la tenue d'une
assemblée au théâtre de Dyonisos.
* Péripole : éphèbe armé à la
légère pour maintenir l'ordre.
Le jour
prévu pour cette assemblée, la flotte
d'Hégésandridas, forte de 42 vaisseaux passe par le
travers de Salamine, les Athéniens se précipitent vers le
Pirée et embarquent précipitamment ou garnissent les
remparts. L'escadre ennemie double le cap Sounion et va à
Oropos. L'Eubée est vitale pour Athènes, le
stratège Thymokharès part vers Erétrie avec une
escadre qui, complétée par les troupes présentes
en Eubée, atteint trente six vaisseaux. La flotte
d'Hégésandridas arrive bientôt, averti par un
signal d'Erétrie et force les Athéniens à
s'embarquer. Mais les soldats ne sont pas près des vaisseaux,
car ne pouvant acheter des vivres au marché, les
Erétriens refusant de leur vendre, ils ont du aller se fournir
dans les dernières maisons de la ville. Les Athéniens
sont contraints d'engager l'action au dernier moment en avant du port
d'Erétrie. Les Athéniens résistent quelque temps
puis sont mis en fuite et poursuivis jusqu'au rivage. Les
Athéniens qui se réfugient à Erétrie sont
massacrés par les habitants, ceux qui rejoignent le fort
survivent. Les vaisseaux qui rejoignent Khalkis sont sauvés. La
flotte athénienne perd vingt deux vaisseaux et leurs
équipages. Toute l'Eubée fait défection sauf
Oréos occupée par les Athéniens. La stupeur est
grande chez les Athéniens qui s'attendent à voir l'ennemi
attaquer le Pirée dépourvu de vaisseaux.
Mais les Athéniens équipent quatre vingt vaisseaux et
convoquent une assemblée dans laquelle le pouvoir des Quatre
Cents est aboli et transmis aux Cinq Mille. Le retour d'Alcibiade et de
ses partisans est voté. Le stratège Aristarkhos part avec
des archers jusqu'au fort d'Oenoè à la frontière
de la Béotie. Ce fort athénien est assiégé
par les Corinthiens et les Béotiens. Aristarkhos livre le fort
aux Béotiens en disant aux défenseurs qu'Athènes a
conclu un accord avec Sparte, qui stipule que ce fort doit être
remis aux Béotiens. Mindaros qui a remplacé Astyokhos
dans le commandement de la flotte péloponnésienne,
répond favorablement à le demande de Pharnabaze qui
réclame la flotte pour faire basculer les villes de l'Hellespont
encore fidèles aux Athéniens. Il conduit la flotte de
soixante treize vaisseaux à l'improviste et avec discipline pour
échapper à l'escadre de Samos. Mindaros doit
relâcher une petite semaine à Ikaros en raison de la
tempête puis aborde Chios. Trasyllos, informé du
départ de Mindaros, quitte Samos avec cinquante cinq vaisseaux
et le poursuit. Il rejoint près d'Erésos Thrasybule et
cinq vaisseaux et augmente sa flotte de deux vaisseaux venant de
l'Hellespont et quelques vaisseaux de Méthymne, atteignant le
nombre de soixante sept vaisseaux.
Mindaros repart de Chios après s'être ravitaillé,
et longeant la côte pour ne pas être repéré,
sa flotte relâche dans le port de Kartéries, puis passe
aux Arginuses et atteint Rhoeteion dans l'Hellespont. Les dix huit
vaisseaux athéniens de Sestos voient les
Péloponnésiens entrer dans le détroit. Ils se
retirent de nuit dans la Chersonèse, évitent les seize
vaisseaux ennemis d'Abydos, mais au matin sont pris en chasse par la
flotte de Mindaros. Tous sauf quatre se réfugient à
Lemnos ou à Imbros. Mindaros rassemble les vaisseaux d'Abydos et
les siens, sa flotte regroupe quatre vingt six vaisseaux. Il
assiège Elaeunte mais ne peut la prendre, il revient à
Abydos. Les Athéniens qui assiègent Erésos, sont
avertis des derniers événement et quittent
immédiatement cette place pour l'Hellespont. Ils capturent deux
vaisseaux péloponnésiens qui, dans la poursuite se sont
éloignés de leur flotte et mouillent à Elaeunte.
Ils rappellent les vaisseaux réfugiés à Imbros et
Lemnos et se préparent à la bataille pendant cinq jours.

Carte de l'Hellespont avec Sestos, Abydos, Dardanos et Troie !
Les batailles de Cynossema et d'Abydos octobre - 411
Les Athéniens longent la côte et avancent vers Sestos et
les Péloponnésiens d'Abydos viennent à leur
rencontre. La flotte athénienne avec soixante seize vaisseaux
s'étend le long de la Chersonèse, la flotte
péloponnésienne, forte de quatre vingt six vaisseaux
s'aligne entre Abydos et Dardanos. Mindaros et les vaisseaux les plus
rapides sont à l'aile gauche, les Syracusains à l'aile
droite. En face, Thrasybule commande l'aile droite et Thrasyllos l'aile
gauche. Mindaros tente de déborder l'aile droite
athénienne, pour ensuite enfoncer le centre et rejeter la flotte
adverse vers la côte. Thrasybule devine la manoeuvre,
étend son aile droite et réussit à
déborder Mindaros mais le centre athénien est
affaibli ce dont profite les Péloponnésiens qui
attaquent en surnombre et repoussent leurs adversaire vers la
côte. Puis ils débarquent et sont vainqueurs. Personne ne
peut secourir le centre athénien. Trasybule est pressé
par les nombreux vaisseaux ennemis et Thrasyllos a la vue
obstruée par le promontoire de Kynosséma et les vaisseaux
syracusains le gênent aussi. Alors les
Péloponnésiens "euphoriques" chassent les
Athéniens dans toutes les direction et leur ligne se
désagrège. Thrasybule s'en rend compte, cesse
d'étendre sa ligne, et rapidement, combat les vaisseaux qui le
pressent et les met en fuite. Puis il attaque les vaisseaux ennemis
dispersés au centre, leur cause des avaries et les force
à fuir. Thrasyllos obtient le même résultat avec
les vaisseaux syracusains qui voyant la défaite, se pressent de
quitter le champ de bataille. La victoire reste aux Athéniens
qui cependant capturent peu de vaisseaux ennemis en raison de la
proximité des ports où se réfugier. Les pertes
sont de 21 vaisseaux péloponnésiens et syracusains
capturés contre 15 pour les Athéniens. Mais
psychologiquement après une série d'échecs, cette
victoire redonne confiance aux Athéniens et l'arrivée de
cette nouvelle inattendue à Athènes remonte le moral.
Peu de temps après, une flotte péloponnésienne
sort d'Abydos pour être renforcée par une escadre
syracusaine. Les navires athéniens, commandés par
Thrasybule l'attaquent et l'issue du combat reste longtemps incertaine.
Au crépuscule, l'arrivée imprévue d'Alcibiade
et de dix-huit trières décide de la victoire des
Athéniens, selon Xénophon et Diodore de Sicile.
Les Péloponnésiens retournent à Abydos
mais subissent de graves dommages. Les Athéniens capturent
trente navires ennemis et récupèrent les quinze
bâtiments perdus à la bataille de Cynossema.
La flotte athénienne de Sestos après des
réparations rapides, vogue sur Kysikos qui vient de faire
défection. En chemin, ils attaquent huit vaisseaux de
Byzance au mouillage et les capturent puis ramènent Kyzikos
sous la domination athénienne et lui imposent une contribution.
Pendant ce temps, Alcibiade rentre avec treize vaisseaux à
Samos, en fait équiper neuf supplémentaires, impose
très fortement Halicarnasse et fait fortifier Cos selon
Thucydide. La flotte athénienne se disperse, quarante
vaisseaux restent dans l'Hellespont, Thrasyllos rentre à
Athènes demander des troupes et des vaisseaux. Les habitants
d'Antandros (en Troade) se plaignant du lieutenant de Tissaphernes,
Arsakès, font venir des hoplites d'Abydos et chassent la
garnison perse installée par ce dernier. Tissaphernes venant
dans l'Hellespont, Alcibiade vient l'accueillir et lui offre des
cadeaux. Mais Tissaphernes, craignant d'être puni par le
Grand Roi, le retient prisonnier et l'enferme à Sardes
d'où il s'échappe au bout de trente jours avec
Mantithéos. Ils partent à cheval vers
Clazomènes et rejoignent bientôt les Athéniens
de Sestos qui se sont repliés à Cardia à la
nouvelle de l'attaque imminente de Mindaros avec soixante vaisseaux.
La bataille de Cyzique mars - 410
Mindaros prépare avec Pharnabaze une nouvelle
offensive. Au printemps - 410, Sparte aligne une nouvelle flotte de
quatre vingt vaisseaux avec l'aide de l'argent perse. Avec le soutien
de troupes de Pharnabaze, Mindaros assiège la cité de
Cyzique (située sur l'actuelle péninsule de Kapu-Dagh).
Athènes réussit avec l'argent récupéré
par Alcibiade, Thrasibule et Théraménès, à
aligner une flotte de quatre-vingt-six vaisseaux portant une armée
commandée par Chareas. Cette flotte entre dans l'Hellespont, de
nuit, pour dissimuler le nombre des vaisseaux aux Spartiates d'Abydos et
établit une base dans l'île de Proconèse (actuellement
Marmara). Le lendemain, la troupe de Chareas débarque près
de Cyzique, puis Alcibiade avec une quarantaine de vaisseaux selon Plutarque
avance en tête vers Cyzique, tandis que les deux divisions de Thrasybule
et Théraménès restent tapies derrière. Mindaros
tombe dans le piège et attaque ce qu'il pense être une petite
flotte ennemie, avec tous ses navires. La flotte d'Alcibiade fuit et celle
de Mindaros la pourchasse. Alcibiade dépasse le port et soudain fait
demi tour face aux vaisseaux de Mindaros, les divisions de Thrasybule et
Théraménès arrivent juste pour couper toute retraite.
Mindaros comprenant le piège fuit vers une plage au sud de la
cité où sont les troupes de Pharnabaze. Les troupes d'Alcibiade
poursuivant les vaisseaux spartiates sautent à terre et tentent de les
tirer vers la mer avec des crochets mais les troupes de Pharnabaze viennent
secourir les Péloponnésiens et sont maintenant plus nombreuses.
Thrasybules débarque des troupes et donne l'ordre à
Théraménès de combiner une opération avec Chareas
et de se joindre à la lutte. Alcibiade et Théraménès
sont tenus à distance jusqu'à l'arrivée de Thrasybule et
Théraménès qui renversent la situation et la victoire est
athénienne. Mindaros combat courageusement et trouve la mort ainsi que
beaucoup de Spartiates, tous les vaisseaux spartiates sont capturés et
ramenés à Proconèse sauf ceux qui sont sabordés et
ceux de leurs alliés syracusains sont brûlés par leur
équipage. Pharnabaze se retire et Cyzique accueille les Athéniens.
Puis c'est au tour de Chalcédoine de tomber aux mains des Athéniens
malgré les Péloponnésiens, les Béotiens et les
Mégariens de la garnison et le soutien de Pharnabaze. Les Athéniens
deviennent maîtres de l'Hellespont et les Spartiates démoralisés
demandent la paix qu'Athènes refuse imprudemment.
La
bataille de Notion printemps - 408
Les pertes spartiates sont conséquentes mais pour les Athéniens, le
principal résultat est la reconquête de la voie vers le Pont Euxin,
vitale pour l'approvisionnement d'Athènes. Une garnison est installée
à Chrysopolis de Chalcédoine en Bythinie. Les
Péloponnésiens sont chassés de l'Hellespont. La démocratie
revient à Athènes de même qu'Alcibiade qui n'est plus banni et
devient généralissime. Mais Tissaphernes est remplacé par Cyrus
le jeune fils du Grand Roi. Cyrus ne joue pas les Athéniens contre les
Spartiates et réciproquement, il compte sur les Spartiates pour l'appuyer le
moment venu contre son frère. Agis voit à Décélie beaucoup
de transports chargés de blé arriver au Pirée et se rend compte
que bloquer les Athéniens par terre est inutile si on ne s'empare pas des terres
d'où le blé arrive par la mer. Selon Xénophon, il propose d'envoyer
Cléarque, le proxène des Byzantins, à Chalcédoine et à
Byzance. Ce projet est exécuté, quinze vaisseaux fournis par les
alliés sont équipés et Cléarque part avec ces vaisseaux de
transports. Il rencontre neuf vaisseaux athéniens dans l'Hellespont qui lui en
coulent trois et se réfugie à Sestos puis à Byzance. Sparte fait
des offres de paix à Athènes qui sont rejetées par le
démagogue Cléophon. Alcibiade repart avec cent vaisseaux, quinze cents
hoplites et cent cinquante cavaliers, débarque à l'île d'Andros,
bat les troupes spartiates mais ne prend pas la ville. Sparte a envoyé Lysandre,
un périèque, pour commander la flotte. L'argent perse coule à
flot tandis qu'Alcibiade doit aller en Carie pour pouvoir payer ses soldats. En son
absence, Antiochus, en dépit des ordres d'Alcibiade, part avec deux vaisseaux
rempli de soldats vers Ephèse et provoque la flotte ennemie. Lysandre envoie
quelques galères pour les chasser. Les Athéniens venant au secours
d'Antiochus, arrivent en ordre dispersé et se heurtent à la flotte de
Lysandre en ordre de bataille et sont vaincus à la bataille de Notion. Antiochus
est tué, quinze vaisseaux et beaucoup d'Athéniens sont prisonniers.
Alcibiade revenu à Samos, présente la bataille à Lysandre avec
toute la flotte, ce dernier ne répond pas. Alcibiade est accusé d'abandon
de poste, d'avoir négocié en secret avec les Perses et les Spartiates.
Il est désavoué et démis de ses fonctions, et remplacé par
Conon.
La
bataille des Arginuses, dernière victoire des Athéniens,
été - 406
A Sparte, en - 406, la charge de navarque est attribuée à
Callicratidas qui s'entend mal avec Cyrus, ne bénéficie pas de ses
largesses et subit le résultat des intrigues de Lysandre. Mais avec l'aide
de Chios et de Milet qui lui fournissent 50 vaisseaux et des fonds, il assemble une
flotte de 170 vaisseaux, alors que Conon qui commande la flotte athénienne ne
peut mettre en ligne que 70 vaisseaux en raison du découragement de ses
marins. Callicratidas dirige sa flotte vers Méthymne de Lesbos défendu
par une garnison athénienne, et s'en empare après plusieurs assauts.
Conon conduit sa flotte de manière à être poursuivi par la
flotte de Callicratidas. L'avant garde péloponnésienne est si
animée dans la poursuite qu'elle se détache du reste de la flotte.
Conon donne alors le signal de l'attaque générale, près du port
de Mytilène. Une partie des poursuivants tente de rejoindre la flotte et
l'ensemble est dans un grand désordre quand la rencontre se produit. Les
vaisseaux athéniens brisent les rames et tentent d'éperonner leurs
adversaires. L'aile gauche des vaisseaux athéniens met en fuite ses adversaires
et les poursuit longtemps si bien que l'ensemble de la flotte
péloponnésienne se réunit et isole ces vaisseaux athéniens
du reste de la flotte de Conon et ne lui laisse comme seule ressource que celle de
s'échouer sur la côte. Les équipages rentrent à pied à
Mytilène. Callicratidas poursuit les vaisseaux de Conon et veut assiéger
la ville. L'Athénien a fait bloquer l'entrée du port, aidé par les
habitants de l'île. Et le combat est particulièrement violent, les
Athéniens projettent des pierres et des flèches sur les assaillants qui
montent à l'assaut de leurs vaisseaux. Conon a perdu trente vaisseaux mais les
équipages sont sauvés. Callicratidas bloque la flotte athénienne.
Conon réussit à envoyer les deux vaisseaux les plus rapides se sa flotte,
un vers le large et un vers Athènes portant un messager. Ce dernier parvient
à échapper à ses poursuivants. Diomedon vient secourir Conon mais
Callicratidas l'attaque et lui prend dix vaisseaux. Diomedon s'enfuit. A Athènes,
l'assemblée décide de venir secourir Conon avec cent dix vaisseaux qui
sont équipés en trente jours. Les équipages sont formés de
tous les hommes en âge de servir, hommes libres, métèques ou esclaves.
La flotte, commandée par huit stratèges, vogue vers Samos et
récupère dix vaisseaux samiens, puis trente chez les alliés.
Callicratidas, apprenant la nouvelle laisse cinquante vaisseaux commandés par
Etéonicos et avec les cent vingt qui restent, part pour le cap Malée de
Lesbos afin de surprendre les Athéniens qui se trouvent aux Arginuses. Mais le
mauvais temps reporte le combat au lendemain.
Les Athéniens qui ont des équipages peu expérimentés et des
vaisseaux qui tiennent moins bien la mer, ont innové sur le plan tactique. La
flotte est divisée en huit divisions autonomes commandées chacune par un
stratège et elle est répartie en une double ligne pour éviter que
les Spartiates n'utilisent les tactiques du
diekplus et du periplus. Les forces de cette flotte sont dans les ailes. Dans
chacune, quatre divisions de quinze vaisseaux athéniens sont alignées,
deux devant et deux derrière pour les appuyer. Le centre composé de
Samiens et les autres alliés est plus faible et sur une seule ligne ce qui
rappelle la tactique de Miltiade à Marathon. Les
Spartiates placent leurs dix vaisseaux à droite, les Béotiens et les
Eubéens sont à gauche. Les Athéniens étendent au maximum
leurs lignes pour éviter d'être débordés. Callicratidas qui
commande l'aile droite, ne pouvant suivre avec une flotte moins nombreuse, la divise
en deux pour attaquer des deux côtés les Athéniens. Le combat est
violent et les éperonnages nombreux. Alors que son vaisseau attaque une proie
facile, Callicratidas, placé à l'avant, tombe à l'eau et
disparaît. Les Spartiates sont démoralisés et finissent par fuir
à Phocée. Les pertes sont pour les Spartiates de soixante quinze
vaisseaux coulés et vingt cinq avec leurs équipages pour les
Athéniens. Théraménès et Thrasybule sont chargés
de rechercher les hommes équipant les vaisseaux sombrés avec quarante
sept vaisseaux, le reste de la flotte allant contre Etéonicos, débloquer
Mytilène, mais une grosse tempête empêche d'exécuter les
ordres.
Lorsque les Athéniens apprennent la nouvelle de cette victoire, ils apprennent
aussi que les corps des guerriers flottant sur l'eau n'ont pas été
ensevelis et que les carcasses des vaisseaux n'ont pas été visitées
pour sauver les blessés et qu' environ un millier d'Athéniens sont morts
faute d'être secourus. Conon est rapidement disculpés mais les huit
stratèges sont relevés de leurs fonctions et convoqués à
athènes. Deux nouveaux stratèges sont nommés en remplacement,
Philoklès et Adeimantos. Les huit stratèges sont jugés et
condamnés à mort et les six présents (Périclès le
jeune, Thrasyllos, Aristokratès, Diomédon, Erasinidès et Lysias
sont exécutés après une parodie de procès et dans un
climat de violence et d'illégalité que seul le philosophe Socrate,
à l'époque Pritane, refuse de cautionner. Protomachos et
Aristogénès ne sont pas rentrés à Athènes et ont
préféré l'exil. A Sparte, le remplacement de Callicratidas par
Lysandre est demandé à la fois par les habitants de Chios et les
alliés mais aussi par Cyrus le jeune. Aracos est nommé navarque avec
Lysandre comme adjoint mais c'est à ce dernier qu'on confie la flotte.
Au début de l'année - 405, Lysandre traverse la mer Egée et
arrivé à Ephèse, ordonne à Etéonicos de venir
de Chios avec ses vaisseaux et rassemble tous les autres qu'il peut trouver. Il
en fait construire d'autres à Antandros. Lysandre est reçu par
Cyrus et lui demande de l'argent. Cyrus lui procure les tributs payés par
les villes et lui recommande de ne pas combattre les Athéniens sauf s'il
a beaucoup plus de vaisseaux qu'eux. Lysandre paye la solde de son armée
et cingle vers la Carie où il prend d'assaut Cédrées, ville
alliée d'Athènes puis navigue vers Rhodes. Les Athéniens,
basés à Samos, ravagent les territoires perses et reçoivent
trois nouveaux stratèges : Tydeus, Menandros et Kephisodotos. Leur flotte
comprend cent quatre vingts vaisseaux et trente six mille hommes soit un peu plus
que celle de Lysandre. Conon lui propose en vain la bataille près
d'Ephèse. Lysandre et sa flotte traverse la mer Egée jusqu'à
la côte de l'Attique où il a une entrevue avec le roi Agis, comme le
décrivent Diodore et Plutarque. Puis il revient vers l'Hellespont et Abydos.
La bataille
d'AEgos Potamos Août - 405 et la fin de la guerre
Lysandre attaque Lampsaque par terre et par mer, prend la ville et fait un riche
butin et les Athéniens arrivent trop tard. Ils s'approvisionnent à
Sestos selon Xénophon et s'installent au Fleuve de la Chèvre
(AEgos Potamos, aujourd'hui Indjelimen). Ils se présentent au petit matin
face à Lysandre qui ne répond pas. Et pendant cinq jours la
situation de reproduit. Alcibiade voyant que les soldats vont jusqu'à
Sestos pour se ravitailler conseille aux stratèges athéniens de
s'installer près de Sestos, mais les stratèges ne l'écoutent
pas, Tydeus lui demande de se retirer car il ne commande plus la flotte. Au moment
où les Athéniens revenus au camp sont dispersés, Lysandre qui
a gardé ses troupes prêtes, donne le signal de l'attaque ainsi qu'aux
hoplites de l'harmoste Thorax. Conon voyant la flotte péloponnésienne
attaquer, donne le signal de courir vers les vaisseaux, mais les équipages
sont dispersés, en grande partie pour rechercher du bois et les vaisseaux
sont presque vides. Huit vaisseaux dont celui de Conon et la galère Paralienne
gagnent le large et tous les autres vaisseaux sont capturés par Lysandre et la
plupart des soldats athéniens sont massacrés par les troupes spartiates
débarquées. Trois mille Athéniens sont prisonniers. Cette
victoire de Lysandre est due à l'indiscipline des Athéniens. Mais elle
prive Athènes de sa dernière flotte. Conon et les huit vaisseaux vont
à Chypre chez Evagoras pendant que la Paralienne apporte à Athènes
la nouvelle du désastre. Lysandre convoque les alliés pour décider
du sort des prisonniers. A l'exception du stratège Adeimantos qui s'est
opposé au décret athénien de couper la main de tous les prisonniers
qu'il pourrait faire, tous les prisonniers athéniens sont mis à mort, seuls
les alliés et les esclaves sont épargnés. Lysandre envoie le beau
navire capturé, décoré des plus belles dépouilles annoncer
la nouvelle de sa victoire et ensuite fait la conquête de l'empire athénien
sauf l'île de Samos.

Scène de massacre de prisonniers troyens autour du tombeau de
Patrocle venant d'un vase.
Lysandre ensuite oblige plusieurs dizaines de milliers d'Athéniens
expatriés à rentrer à Athènes. Et dans cette
cité, la famine commence ses ravages puisque tout son ravitaillement,
et en particulier le blé du Pont Euxin, ne peut rentrer, il n'y a plus
de flotte athénienne ! La guerre est perdue pour Athènes
à la suite de cette seule bataille ! Tous les officiers de marine
expérimentés sont morts ou bannis. Les Spartiates sont
repoussés par des Athéniens qui résistent
vaillamment. En novemble, Le Pirée est bloqué par Lysandre
avec cent cinquante vaisseaux et les deux rois de Sparte, Agis et Pausanias
viennent vers Athènes assiégée. Mais la ville
fortifiée reste imprenable. Les Spartiates attendent les effets de
la famine qui le 22 avril - 404 oblige les Athéniens à se rendre.
Les dernières troupes athéniennes à Samos capitulent.
Corinthe et Thèbes veulent raser Athènes. Les Spartiates
méfiants refusent d'aller plus loin que la destruction des Longs
Murs et des fortifications du Pirée (au son des flûtes).
Théraménès négocie la reddition d'Athènes
à Sparte. Athènes ne peut posséder plus de douze vaisseaux
et devient alliée de Sparte sous son hégémonie. Tous les
bannis peuvent rentrer dans la cité. L'Assemblée accepte cette
paix. Le conseil des Trente est imposé par les Spartiates. L'arsenal
est démoli. C'est la fin de la Guerre du Péloponnèse