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ASIE / EXTRÊME ORIENTLe Japon des Originesjusqu'en 710 |
La période Jômon
La période Yayoi La période Kofun La période Asuka |
Le peuplement préhistorique de l'archipel est mal connu. Sa position géographique au centre de plusieurs cordons d'îles, le rattache au Kamtchatka au Nord, aux Philippines et à la Nouvelle Guinée au Sud, sans oublier le détroit large de moins de 180 km aujourd'hui qui relie le Japon à la Corée et à la Chine et qu'on pouvait traverser à pied sec il y a 30 000 ans.
Carte du Japon en - 20 000
A la même
époque, Hokkaido est reliée au Kamtchatka et aux
côtes sibériennes et par là viendront
les Aïnu. Des migrations suivant tous ces axes, ont enrichi le
peuplement du Japon à l'aube de l'histoire. C'est depuis la
Corée que viendront les flux migratoires les plus
significatifs. En outre, des courants en provenance du Sud Est
accréditent l'arrivée de population venant de
Malaisie. C'est entre - 8 000 et - 6 000 que la montée des
mers coupe ces passages terrestres vers le continent et que le Japon
devient un archipel.
La Période Yayoi : - 300 / + 250
l'époque Yayoi (du site Wikipedia) ![]() |
Le bronze est importé du continent et les Japonais en font des armes, des épées droites à double tranchant surtout destinées à différents rituels. Les chroniques chinoises décrivent le Wa (expression qui désigne un nain qui marche courbé), correspondant à la carte du Sud de l'archipel, il s'agit d'un ensemble de communautés tribales (une centaine), les kunis. La terre utilisable pour l'agriculture est limitée et le contrôle des terres est un motif récurrent de conflits entre les clans. Les guerriers portent une armure qui protège la tête, le cou, le torse, les épaules, les bras et le ventre. Le bronze est ensuite produit localement, après avoir servi à la production de biens liés au culte, des pointes de lances et les célèbres hallebardes spatulées de Kyushû sont des exemples de productions militaires. Ces armes sont d'abord importées puis fabriquées sur l'archipel où on a retrouvé des moules en pierre. A l'époque des 3 Royaumes, les annales chinoises décrivent une quarantaine de royaumes perpétuellement en guerre entre eux. Les relations diplomatiques avec la Chine sont attestées dès le 1er siècle. En 57, l'empereur Kangwu offre un sceau au roi du Wa-Na (appellation chinoise). Les relations sont suivies avec les gouverneurs chinois des provinces du Nord et ces derniers font admettre la suzeraineté de l'Empereur de Chine. L'empereur du Japon n'a pas réussi à ce moment, à imposer son autorité sur Kyushû. | Dotaku,
cloche de bronze réalisée avec le bronze importé
![]() |
Un des kunis semble dominer le Nord Kyushû et comme les Ebisu (nom donné par les Japonais aux Aïnu, qu'on peut traduire par barbare) sont belliqueux, il est arrêté vers le Sud, et va s'établir dans le Yamato. La première capitale est Makimuka.
Trois royaumes coréens ont réussi à rester indépendants de l'Empereur de Chine, malgré l'invasion de la Corée en - 109 - 108 par les armées de Wou Ti ou Wudi et ils occupent le Sud de la péninsule : Bakan, Shinkan et Benkan, formés eux-mêmes de petits états. La chute de la dynastie des Han est l'occasion de troubles dont profitent de nouveaux royaumes coréens pour se former et s'agrandir : le Shiragi ou Silla annexe le Bakan au Sud Est, le Ko-gu-ryo absorbe le Shinkan au Nord et le Kudara ou Päk-ce se forme au détriment du Benkan au Sud Ouest. Entre Shiragi et Päk-ce, sur la côte Sud, une zone, le Kaya (ou Gaya) reste libre des 2 états voisins. Les Japonais vont s'installer dans ce territoire riche en fer, au milieu du III ème siècle et l'appeler Mimana.
Expansion de la culture Yayoi ( - 300 - 0) http://www.hogaku.it
Les empereurs du Japon Keiko Tenno, Seimu Tenno et Chüai Tenno sont aux prises au Kyushû, avec les révoltes des Kumazo soutenues par le royaume coréen de Shiragi. Selon la légende, l'impératrice Jingô Kogô monte une expédition vers 200, rassemble la flotte à Matsuura en Hizen, et après une escale à Iki et à Tsushima, bat la flotte coréenne devant les côtes du Shiragi. L'armée débarque sans obstacle et ramasse un considérable butin. Les annales du royaume de Wei, en Chine, mentionnent à la tête de ce pays de Yamatai, la princesse Pimiko ou Himiko, une prêtresse chamane qui noue des relations avec le royaume de Wei (Période des trois royaumes en Chine), vers 240 et décède en 248. Ce Yamatai comporte 28 "provinces" ou kuni, mais leur localisation est incertaine.
Les armes restent encore simples : flèches à pointes d'os, de pierre taillée, de bronze ou de fer, épées droites, lances et hallebardes en fer.
Exemple de Kofun :
tombe de l'empereur Nintoku
à Sakai, date du Vème siècle, (origine
Wikipedia)
La période Kofun est caractérisée par des
marques d'une plus grande hiérarchisation sociale. Ainsi les
kofun, c'est à dire les tombes de personnages importants dont la
forme fait penser à une entrée de serrure, peuvent
atteindre plusieurs centaines de mètres. On trouve aussi pour la
première fois des traces d'équipements de chevaux comme
si des cavaliers venus de Corée avaient fondé un nouvel
ordre. Au IV ème siècle, le clan Yamato domine les autres
et commence son ascension au centre de l'archipel, dans la région
de Nara. Il réunit progressivement de nombreux clans autour de
lui. L'instabilité qui domine en Corée après
l'effondrement de l'Empire de Chine a augmenté
l'émigration coréenne vers le Japon, l'élevage du
ver à soie et le tissage se développe dans l'archipel. La
crainte d'une attaque de l'archipel par une Corée unifiée
pousse le Yamato à agir et c'est vers 364,
qu'une armée japonaise
débarque en Corée pour soutenir la ligue de Kaya
face au Shiragi. Deux attaques contre le royaume de Shiragi (Silla)
sont repoussées et le Koguryo intervient. En 399, l'armée
japonaise est battue par les cinquante mille soldats envoyés par
le Koguryo. L'autorité des souverains du Yamato est reconnue par
le peuple des Kaya. Sur leur territoire, le Mimana devient un
protectorat japonais, appelé Nihonfu. Un important camp militaire
est installé dans le territoire de Mimana où une
vice-royauté est créée dans l'archipel. La lutte
contre les Aïnu se poursuit toujours vers le Nord. Vers 400, la
frontière de l'Empire, dans le Nord de la grande
île, Honshu, atteint Sendai sur la côte Pacifique
et le fort de Nuttari, sur la rive droite de la péninsule de
la Shinanogawa, sur la mer intérieure.
Carte
représentant les territoires occupés par les
Ebisu, dans les îles Honshu et Hokkaïdo en 400
Les uji (clans) ont évolué, leur nombre est réduit et leur puissance a augmenté. Leurs chefs font partie des grandes familles remontant aux compagnons des premiers empereurs. Ceux du Yamato, les plus puissants sont consultés par le mikado, et portent le titre d'omi ou de muraji. Le peuple est regroupé par spécialités professionnelles comme les scribes, tisserands, armuriers, ces groupes sont nommés be ou tomo. La construction navale fait de rapides progrès. Après des luttes sanglantes pour le trône au sein de la famille impériale, l'empereur Richu Tenno crée 4 shogun en 401 pour veiller à la défense de l'empire. Il fait construire dans chaque province des magasins pour conserver les impôts en nature (riz, chanvre, soie et étoffe) ainsi que les revenus des propriétés de l'état. Ils sont gérés par un Soga, sorte de ministre des finances et par ce moyen, son clan réussit à contrôler l'administration. On peut considérer que c'est à ce moment là que démarre l'histoire véritable du Japon débarrassée de ses mythes.
Les rapports avec la Chine se développent et vers 480, l'empereur Yüryaku s'adresse à l'empereur de Chine Zhonghdi et se plaint que l'Etat de Koguryö (au nord de la Corée), l'empêche de se rendre à la cour de Chine payer son tribut et demande l'aide militaire de la Chine. L'empereur Song lui octroie le titre de "Général pacificateur de l'Est et Roi des Wa et sa domination sur le Mimana est reconnue. Des tentatives d'usurpation venant de clans puissants sont possibles. Ainsi dans le Nihongi, on peut relever qu'en 498, Heguri no Matori no Omi s'empare du gouvernement et essaie de régner sur le Japon. Mais il est écrasé par le prince royal avec l'aide militaire d'un clan rival, Muraji Otomo no Kanaura. Ce qui montre que l'empereur, en théorie chef suprême et inviolable, doit compter sur une grande famille.
Au VI ème siècle, l'introduction du Bouddhisme
commence vers 522, sous l'empereur Kentaï-kenno. Mais le peuple
refuse cette religion étrangère. Le Shiragi devient une
menace pour le Päk-ce, et le Mimana. L'empereur renforce le corps
expéditionnaire de Corée, d'où les artisans
viennent s'installer en grand nombre dans les régions de Nara
et de Naniwa, actuelle Osaka. Ces "kikajin" relèvent directement
de l'empereur. Le roi du Päk-ce, vers 522, envoie à ce
dernier, une lettre, des textes bouddhiques et une statue dorée
de Bouddha. Kimmei Tenno accueille favorablement les messagers mais
réserve sa réponse pour l'adoration de la statue.
Deux camps vont s'affronter à la cour.
- les Nakatomi, uji sacerdotal favorable au shintoïsme,
alliés aux Mononobe, uji guerrier (l'Omuraji, chef militaire
est dans leur clan), sont partisans de la tradition.
- les Soga, uji civil de lignée impériale sont des
réformateurs qui pensent que le bouddhisme va ruiner le
crédit de leurs adversaires.
Epée de l'époque Kofun à pommeau circulaire
(Musée des Arts Asiatiques de San Francisco)
Les armes de bronze du III ème siècle font place aux armes de fer dès le siècle suivant. L'armement est composé de lances longues, d'arcs et de boucliers pour l'infanterie légère, d'une armure, d'un casque et d'une épée à lame droite et à double tranchant pour les guerriers. Les cavaliers se battent en armures de fer avec des épées le plus souvent.
Pendant que la lutte entre les deux camps se durcit, le Japon est défait en Corée, par les armées alliées de Chine et du Shiragi, il perd sa possession du Mimana vers 562. Chaque camp soutient un prétendant au trône. Une guerre féroce va déterminer les vainqueurs, c'est vers 589, près du mont Shigi-San, que le prince Atsusebe, supporté par Soga Umako est victorieux du prince Amaho no Oji soutenu par Monya Mononobe et Nakatomi Katsumi. Les Mononobe vont être exterminés. Le prince Atsusebe devient l'empereur Sushun et le bouddhisme triomphe, ainsi que les Soga. Sushun veut se débarrasser d'Umako mais ce dernier le fait assassiner en 592 et le remplace par sa propre soeur Suiko, veuve de l'empereur Bidatsu Tenno. Elle devient la première impératrice régnante. Soga Umako fait désigner pour héritier le neveu de l'impératrice qui sera connu sous le nom de Shôtoku Taishi. Les autres clans se rallient au clan Soga et l'autorité centrale s'affermit.
Ce prince nommé régent en 593, fait construire de nombreux temples, les bonzes ouvrent des écoles. Le bouddhisme devient une religion de savants. Le prince Shôtoku, soucieux de rapprocher le système politique japonais du modèle chinois, envoie des ambassades à la cour des souverains Souei. Il institue une hiérarchie des fonctionnaires (chin), comprenant 12 grades distingués par la couleur de leur bonnet et publie des injonctions appelées "Constitution des 17 articles" en 604. Le Bouddhisme est "recommandé" et la suprématie de l'empereur est affirmée, son autorité est absolue. Les rapports sociaux sont codifiés selon les principes confucéens.
Prince Shôtoku (www.columbia.edu)
Shôtoku tente de reconquérir le Mimana et profite d'une défaite des troupes chinoises en 612 face au Koguryo pour agir mais c'est un échec. Après la mort de Suiko en 628, le clan Soga continue de choisir les empereurs et les princes qui contestent cette autorité sont rapidement éliminés. La violence reste présente dans la vie politique. Ainsi Kogyoku, la petite fille de Shôtoku, qui devient impératrice, refuse le prince héritier que Soga Iruka, le petit fils d'Umako a choisi. Ce dernier, est prêt à renverser la dynastie car il sent son pouvoir chanceler. Un complot est préparé par le prince Naka no Ôe et le clan Nakatomi.
En 644 ou 645, en pleine réception des ambassadeurs coréens par l'impératrice Kogyoku Tenno, une partie des conjurés mettent à mort Soga Iruka, tandis que le reste investit la demeure de Soga Emishi, le' tuent et incendient tout, la maison et les documents d'archives qu'elle contient. C'est la fin de la toute puissance des Soga. 645 est une date importante ; c'est la première utilisation du nengo (date de règne), on entre vraiment dans l'histoire du Japon. L'impératrice Koguyoku abdique en faveur du prince Karu no Oji qui devient empereur sous le nom de Kôtoku Tenno. Cet empereur a pour premier ministre Nakatomi Kamatai et règne jusqu'à sa mort, en 654. L'impératrice Kogyoku remonte sur le trône et y reste jusqu'à se mort en 661, à l'âge de 68 ans, sous le nom de Saimei Tenno. Le prince Naka no Ôe succède à sa mère sous le nom de Ten-chi Tenno.
C'est aussi l'époque du "Grand Changement", l'Edit de Taikwa renforce la centralisation, de forte inspiration chinoise (T'ang), cette réforme globale est aussi la fin officielle de l'esclavage. Les anciens royaumes indépendants deviennent des provinces gouvernées par un kami nommé par l'empereur. L'exécutif est remanié, 3 chanceliers et 3 ministres exécutifs dépendent directement de l'empereur. La capitale se déplace à Naniwa (actuelle Osaka).
Nakatomi Kamatai reste ministre de plusieurs empereurs
successifs et tombe gravement malade en 669. Ten-chi Tenno lui
octroie le nom de famille de Fujiwara (champ de glycine). C'est
dans cette famille que seront choisies les impératrices.
Ces réformes sont poursuivies par les successeurs jusqu'au
Taiho ryo promulgué en 701 par Mommu Tenno.
La bataille navale de Hakusukinoe ou Baekgang : 663
Vers 655, le Shiraji soutenu par les forces impériales
chinoises envahit le Päk-ce et des Coréens demandent l'aide
du Japon. L'empereur Ten-chi (Tenji), envoie une expédition qui
sera défaite sur mer, vers 663, près de l'embouchure du
fleuve Hakusukinoe (Paekchou en coréen). Selon les annales du
Nihon Shoki, la force envoyée par le Yamato comprend une flotte
de 1 000 navires et une armée de 32 000 soldats. La flotte
japonaise alliée à celle du Päk-ce,
commandée par Abe no Hirafu (Abe no Ômi), est
défaite par la flotte de l'empereur T'ang alliée
à celle du Shiragi à la bataille de Hakusukinoe ou
Baekgang. Les pertes sont sévères en hommes et en
navires, la moitié des vaisseaux japonais sont détruits.
Le Japon est exclu de la Corée.
La guerre Jinshin 672
En 670, l'empereur Tenji Tennô sent qu'il va bientôt mourir. Il n'a pas eu de fils de son impératrice Yamato-hine et il a cherché parmi les enfants de ses épouses non impériales, un fils digne de de devenir empereur. L'aîné est le prince Takeru, muet de naissance et mort à sept ans. Ensuite vient le prince Otomo, très travailleur, intelligent et cultivé tout à fait "présentable" mais sa mère est d'origine modeste et campagnarde. Un autre fils plus jeune, le prince Oama a les mêmes qualités que son frère mais une origine plus élevée. L'empereur décide que le prince Otomo lui succèdera, mais il interroge le prince Oama et lui demande s'il veut prendre le trône. Oama répond qu'il ne veut pas du trône, qu'il souhaite qu'Otomo soit le prochain empereur et il ajoute qu'il veut être moine et se retirer dans un temple à Yoshino. L'empereur rassuré, annonce officiellement son choix et fait jurer à six courtisans d'aider le prince Otomo à devenir empereur, puis il meurt quelques jours plus tard.
Le prince Otomo exerce les activités d'un empereur
et il est suivi par Soga no Akae, Soga no Hatayasu, Kose pas Omi
Hito, Ki no Ushi et d'autres sujets. Pendant ce temps, le prince
Oama fait le moine au temple de Yoshino, mais il cherche une
solution pour chasser Otomo. Et, en secret il recueille des
armes et recrute des soldats pour préparer un coup d'Etat.
En automne 672, Oama quiite le monastère et se dirige
vers Otsu où sont le palais et l'empereur. Mais il faut
combattre en chemin et l'adversaire est surtout le clan Omi
qui soutient l'empereur. Les combats sont acharnés et
les pertes nombreuses dont le prince Yamabe dans le camp de
l'empereur. La guerre dure un mois et à la fin,
l'empereur ne sait plus où se cacher, il sort sur le
mont Nagara et s'étrangle. Le prince Oama entre à
Asuka et procède à un triomphe.
Le prince Oama monte sur le trône en 673 et sera connu sous
le nom de Tenmu Tennô (673 -710). Il réussit
à transformer l'administration japonaise sur le
modèle chinois, sans heurt. L'empereur décide la
construction d'une cité-capitale, selon un plan
géométrique, où la Cour doit s'
installer avec les diverses administrations. Une réforme
agraire est décidée sur le modèle
chinois de l'alternance. Il s'agit de faire tourner les terres de
culture des plantes annuelles pour que les mêmes agriculteurs
ne bénéficient pas toujours des meilleurs champs.
Les paysans vivent globalement mieux et paient plus d'impôts
ce qui est le but recherché.
L'armée japonaise est réformée. Chaque province forme une circonscription militaire où tous les sujets doivent le service. La population augmentant, le recrutement concerne un quart des hommes valides et en 689, un tiers.
En 710, une nouvelle capitale est fondée, Nara ou Heijo-kyo, destinée à être permanente.
Le Japon est passé en quelques siècles
de la préhistoire à la protohistoire puis à
l'histoire.