CONFLITS ET BATAILLES DE L'HUMANITÉ |
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Rome, vers les guerres civiles |
La situation de Rome
au milieu du IIème siècle La conquête de l'Hispanie Viriathe et les Lusitaniens Numance et les Celtibères La guerre de Jugurtha Une histoire d'escargots La guerre des Cimbres et des Teutons La réforme de Marius |
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Rome est dans une situation qu'elle n'imaginant pas le
siècle précédent. Débarrassée de sa
grande rivale, Carthage, elle a réduit à peu
de choses les royaumes hellénistiques qui
menaçaient sa suprématie. La Macédoine est vaincue
et toute la Grèce forme les premières provinces, en -
146, tout est fini. La puissance séleucide a subi la loi des
légions et a perdu le droit d'avoir une flotte et des
éléphants, au traité d'Apamée de Phrygie en
- 188. Une très lourde indemnité doit en outre être
payée à Rome, c'est sans doute ce qui provoquera la
sécession des Asmonéens en Palestine. Le roi de Pergame a
légué son royaume au Sénat qui en fera la province
d'Asie en - 133. Il ne reste plus que l'Egypte Lagide qui a choisi
l'alliance romaine, comme puissance en Orient. Pendant ce temps, une
guerre meurtrière mobilise Rome en Hispanie.
Au cours de la deuxième guerre punique, les
Ibères ont bien accueilli les Romains de Scipio, pour
être libéré de la domination carthaginoise. Mais
devant la politique coloniale des Romains, ils se ravisent. En
effet, Rome a hérité de Carthage, ses
possessions en Hispanie du Sud. Etymologiquement, Hispanie signifie
côte aux lapins. Les richesses du sous sol,
déjà exploitées par les Barcides attirent
l'intérêt du Sénat qui crée deux nouveaux
prêteurs en - 198, correspondant aux deux provinces Hispania
citerior, tournée vers la Méditerranée et
Hispania ulterior, tournée vers l'Océan.
L'intérieur du pays est nommé par les Romains,
Celtibérie. Dès -
197, les Turdétans, au sud, se
soulèvent contre l'établissement d'un tribut. Cette
révolte s'étend très vite vers le Guadalquivir et
ensuite dans l'Hispania citerior où le prêteur
Caius Sempronius Tuditanus est vaincu et tué. Il faut l'envoi
d'un consul, Marcus Porcius Caton (Caton l'ancien) et une campagne de
deux ans pour en venir à
bout.
1ère division de l'Hispania au début du IIème
siècle (source wikipedia)
La participation de nombreux Celtibères à la révolte des Turdétans et leur refus de s'engager comme auxiliaires dans l'armée romaine, incite le consul à mener sur leur territoire une démonstration de force. Le résultat de cette opération est une hostilité résolue et durable envers Rome, les Celtibères s'allient aux Lusitaniens. Une lutte multiforme marque ces années où de nombreux peuples parmi lesquels les Vaccéens et les Vettons, entrent en conflit avec Rome, soutenus généralement par les Lusitaniens et les Celtibères qui, retranchés dans leurs montagnes, coupent les communications des Romains. En - 190, le prêteur Lucius Aemilius Paullus est vaincu et en - 187, Caius Atinius meurt de ses blessures au combat.
Mais la situation change en - 181, pour la première
fois, le prêteur Quintus Fulvius Flaccus, pénètre
dans le territoire des Lusitaniens et des Celtibères. dont il
dévaste la partie citérieure de leur territoire. C'est en
- 179, que le prêteur Tiberius Sempronius Gracchus remporte
une victoire décisive. Ce dernier conclue un accord tenant
compte des traditions de ces peuples ibériques qui va procurer
un état de paix pendant dix sept ans. Et pendant ce temps la
romanisation progresse. Mais les gouverneurs romains continuent leurs
pratiques abusives, par exemple en saisissant puis taxant le blé
des habitants à un prix considérable et ils ne sont pas
inquiétés. Alors les
Lusitaniens conduits par un chef nommé Punicus attaquent en -
152, et battent les deux prêteurs en leur infligeant des pertes
sévères. Voyant cela, les Vettons se lancent dans la
guerre et avec les Lusitaniens, ravagent la région autour de
Carthago Nova. Rome réagit en envoyant un consul, Quintus
Fulvius Nobilior, mais la nouveauté, c'est que les deux consuls
commencent leur office le 1er janvier au lieu du 15 mars. Cette
avancée du calendrier prépare le nouvel an qui va
bientôt suivre le même chemin.
Quintus
Fulvius Nobilior est venu avec 30 000 hommes, des cavaliers
numides, et des éléphants, attaque les
Arévaques qui se sont soulevés mais il est battu en
perdant
6 000 hommes, le 23 août, jour de la fête des Vulcanales,
par Carus, le chef des Arévaques. Depuis, aucun
général romain ne livrera une bataille ce jour là.
Les Arévaques, après la mort
de leur chef, se réfugient dans leur cité de Numance
(près de l'actuelle Soria, à mi chemin entre Vallalolid
et Saragosse).
Nobilior les poursuit et livre bataille sous les murs de Numance. Les
éléphants repoussent les Arévaques dont les
chevaux sont effrayés, vers la
forteresse mais un éléphant est blessé par un jet
de pierre et furieux, sème la
panique avec les autres éléphants dans les rangs romains.
Les Arévaques contre-attaquent
et battent les Romains qui perdent 4 000 hommes. Après d'autres
échecs et la perte
d'un corps de cavalerie, la situation des Romains dans la
Citérieure est si mauvaise que leur place d'Ocilis
où sont situés leurs magasins militaires et leur caisse,
se rend aux
insurgés. Nobilior passe l'hiver dans son camp soumis aux
attaques fréquentes des Arévaques.
Mais le prêteur Mummius attaque dans le Sud, les
Lusitaniens éparpillés sur la rive droite du Tage, puis
il passe sur la rive gauche et "nettoie" toute la province
méridionale. Le Sénat remplace le "mauvais" Nobilior par
le consul Marcus Claudius Marcellus et envoie dans le Nord de nombreux
renforts. La politique modérée du consul obtient des
résultats. Les Arévaques auxquels il a donné un
espoir de paix, envoient des députés à Rome. Les
Lusitaniens et les Vettons font leur soumission. Toute la
péninsule est soudain calme. Les négociations à
Rome n'aboutissent pas, la faction romaine des Arévaques jugeant
qu'il fallait envoyer un consul et une armée chaque année
en Hispanie. Le consul Marcellus reçoit l'ordre de reprendre les
opérations militaires l'année suivante, en - 151, mais il
réussit à conclure un traité avec les
Arévaques avec des livraisons d'otages et une redevance en
argent.
Viriathe
et les Lusitaniens
Mais le nouveau consul Lucius Licinius Lucullus arrive en
Hispanie et trouve la paix signée. Finies les perspectives de
gloire et de profit.! Mais qu'à cela ne tienne, il attaque les
Vaccéens, un peuple celtibère qui était proche des
Romains et assiège une de leurs ville : Causa ou Cauca. Les
habitants se rendent en versant une riche capitulation en or. Mais une
fois dans la cité, les légionnaires tuent 20 000 hommes
et le reste est vendu comme esclaves. Bien entendu, les autres
cités se vident et aucun pillage n'est plus possible. A
Pallantia, les Romains doivent lever le siège, manquant de
vivres et ils sont harcelés par les Vaccéens jusqu'au
bord du Douro. Lucullus descend vers le Sud et passe l'hiver
près du prêteur Servius Sulpicius Galba qui vient
d'être battu par les Lusitaniens. En 150, ces deux
généraux attaquent ensemble les Lusitaniens et
remportent un succès près du détroit de
Gadès. Galba promet à 3 peuples lusitaniens vivant sur la
rive droite du Tage de les établir ailleurs. 7 000 d'entre eux
viennent dans l'espoir d'une distribution de terres fertiles mais ils
sont
rapidement taillés en pièces et vendus comme
esclaves.
Un homme a réussi à s'échapper du
piège tendu par Galba., un pâtre lusitanien, Viriathe. En
- 147, il intervient quand les Lusitaniens sont acculés sur une
colline par le proconsul Gaius Vestilius. Ils sont prêts à
se rendre quand il les exhorte à ne pas croire aux promesses des
Romains. Ils se dispersent et sur son ordre, rejoignent un lieu
prévu à l'avance où Viriathe a réuni mille
chevaux avec lequel il couvre la retraite. Les Romains manquent
de cavalerie légère et s'abstiennent de les poursuivre.
Viriathe retient l'armée romaine pendant deux jours, puis il
s'échappe et rejoint le lieu de rendez vous
général des Lusitaniens. Le proconsul le poursuit et
tombe dans une embuscade où il meurt ainsi que la moitié
de ses soldats. Viriathe surprend 5 000 hommes des milices espagnoles,
envoyés en renfort sur les bords de l'Ebre et les
détruit. Il devient rapidement le maître de la
région des Carpétans et il est reconnu comme roi par
l'ensemble des Lusitaniens.
En - 146, Viriathe attire sur la rive droite du Tage, le
prêteur Gaius Plautius et le bat si nettement qu'il doit rentrer
dans ses quartiers d'hiver en plein été. Puis, il
élimine l'armée du prêteur Claudius Unimanus et
remporte une victoire face à Gaius Nigidius. L'étonnement
et la honte pousse le Sénat à envoyer un excellent
officier, le consul, Quintus Fabius Maximus, mais on lui adjoint deux
légions "neuves". Les premières rencontres sont à
l'avantage de Viriathe. Le consul refuse le combat et tient ses soldats
enfermés dans son camp d'Urso (près de Séville).
Il attend l'année - 144, que ses troupes soient aguerries mais
il est remplacé par le prêteur Quinctius. Ce dernier
essuie plusieurs défaites face aux Lusitaniens auxquels se sont
joint les Celtibères en - 143 et rentre lui aussi en plein
été dans Corduba. Son successeur, Quintus Fabius Maximus
Servilianus, descend dans la péninsule avec deux légions,
trois cents cavaliers numides et dix éléphants, tente de
pénétrer en
Lusitanie, repousse péniblement une attaque contre son camp et
il
est contraint de se replier dans la province romaine. Viriathe le
poursuit mais ses troupes retournent chez elle subitement.
En - 141, Servilianus reprend l'offensive, occupe de
nombreuses cités, fat mettre à mort 500 chefs, fait
couper les mains aux sujets romains passés à l'ennemi et
vend comme esclaves le reste des prisonniers. Viriathe surprend les
Romains en train d'assiéger Erisané, il les bat et les
rejette sur un rocher où il les tient captif. Mais il leur
accorde la paix, se contentant de la reconnaissance par Servilianus de
l'indépendance de la Lusitanie et de son titre de roi. Les
comices soulagées ratifient le traité. Le consul est
remplacé par Quintus Servilius Caepio qui n'accepte pas ces
concessions. Il entre en Lusitanie en - 140, et avance jusqu'à
la région des Vettons et des Gallèques. Viriathe,
affaibli, évite la bataille et habilement échappe
à son adversaire. En - 139, Caepio est renforcé par
l'armée de la province du Nord, commandée par Marcus
Popillius Laenas. Viriathe demande la paix, les Romains exigent la
remise de tous les transfuges et celle du beau père de Viriathe.
Ils ont tous la tête tranchée ou les mains
coupées. Alors, comme pour Carthage quelques années
plus tôt, d'autres exigences plus dures arrivent : les
Lusitaniens doivent livrer leurs armes. Viriathe se souvient de ses
compatriotes désarmés par Galba et refuse. Trois de ses
fidèles le convainquent de renouer les négociations avec
Caepio et ils en profitent pour obtenir une amnistie en échange
de la tête de Viriathe. De retour au camp, ils assurent Viriathe
du succès de leurs négociations et dans la nuit le
poignardent dans son sommeil.
Les Lusitaniens, lui font des funérailles solennelles
et élisent un nouveau chef de guerre, Tautamus qui
conçoit un plan hardi : surprendre et enlever Sagonte. Mais il
n'a ni la sagesse, ni le talent de Viriathe et il est attaqué au
passage du Baetis et doit se rendre. Les Lusitaniens sont vaincus.
A ce moment, le questeur Lucius Cornelius Sylla arrive
d'Italie avec le corps de cavalerie que Marius lui avait ordonné
de recruter. De retour de ce siège, en allant vers Cirta,
l'armée romaine est menacée d'enveloppement par les
cavaleries des deux rois qui se sont alliés, Jugurtha
abandonnant le tiers de son royaume à Bocchus si les Romains
sont chassés d'Afrique ou si la guerre lui laisse ses
frontières intactes. C'est presque la fin du jour,
l'armée romaine n'est pas en formation de combat et l'attaque
est soudaine. Les cavaliers numides et maures en surnombre, rompent les
rangs des légionnaires mais les vétérans forment
le cercle et soutiennent le choc.
Marius et sa garde, dans la confusion générale,
aide les siens en mauvaise posture, attaque l'ennemi regroupé
mais la nuit tombe. Le consul occupe deux collines voisines, l'une est
petite mais pourvue d'une source abondante, il y envoie Sylla et la
cavalerie, l'autre est plus vaste et escarpée, facile à
défendre. Le consul rassemble les légionnaires et les
mène sur cette seconde colline. La position est telle que le
combat s'arrête, mais les deux rois installent leurs combattants
autour des deux collines. Salluste nous explique que les
Africains "manifestent leur
joie par des sauts, des cris pendant la plus grande partie de la nuit".
Il ajoute que Marius prescrit un silence absolu. Au point du jour, les
Romains attaquent au son des trompettes et surprennent au réveil
Maures et Gétules au réveil et ils ne peuvent fuir, leurs
pertes sont abondantes.
Continuant son trajet vers Cirta, Marius poste ses troupes
comme si l'ennemi était à ses côtés et
veille particulièrement à la confection du camp.
Arrivés à proximité de Cirta, les
éclaireurs rapportent que l'ennemi est là, quatre corps
ennemis convergent vers l'armée romaine. Sylla est
attaqué en premier et formant ses cavaliers en escadrons
serrés, se jette sur les Maures. Pendant ce temps, Bocchus
atteint l'arrière garde romaine, Marius étant à
l'avant garde où le gros des forces de Jugurtha attaque. Alors
ce dernier rejoint Bocchus et s'adresse en latin aux
légionnaires. Il leur dit qu'il vient de tuer Marius et que le
combat est inutile en brandissant son épée
ensanglantée. Les légionnaires sont paralysés et
leurs ennemis encouragés. Mais Sylla vient d'éliminer ses
adversaires et prend de flanc les Maures. Bocchus se retire, mais
Jugurtha ne veut pas laisser échapper la victoire et soutient
ses hommes qui sont néanmoins écrasés. Il doit se
retirer. Marius pendant ce temps fait fuir la cavalerie ennemie et vole
au secours de ses troupes.
Les ennemis sont taillés en pièce, les fuyards
poursuivis et capturés. L'armée rentre à Cirta,
dans ses quartiers d'hiver. C'est une victoire incontestable et les
pertes ennemies sont significatives. Bocchus qui craint que les Romains
gagnent la guerre et le traitent en ennemi, envoie à Cirta une
ambassade pour demander l'envoi de négociateurs romains chez le
roi
des Maures. Marius envoie Sylla et Manlius ce qui représente un
risque avec un roi aussi changeant. Sylla prend la parole et tout en
rappelant les événements passés, se montre
conciliant et le principe d'envoyer une délégation au
Sénat est accepté. Puis sous l'influence de Jugurtha,
Bocchus change d'avis.
Marius ayant placé toutes ses troupes dans leurs
quartiers d'hiver, va mettre le siège devant une forteresse
royale où Jugurtha a installés tous les transfuges. Alors
Bocchus se décide et envoie 5 députés vers Marius
et si ce dernier l'accepte, à Rome, avec le pouvoir de
négocier et de conclure la paix. Ces députés sont
détroussés en chemin par des brigands gétules et
arrivent en piteux état chez les Romains. Sylla les accueillent
avec bienveillance et les conseillent sur le langage à tenir
avec Marius et devant le Sénat. Marius revient après la
prise de cette forteresse et étant avisé des demandes de
Bocchus, réunit un conseil qui autorise les
députés à se rendre à Rome et un armistice
est accordé pendant ce temps. Trois députés
deviennent des ambassadeurs et partent pour Rome avec Cn. Octavius
Ruson, les deux autres rapportent les faits à leur roi.
Les ambassadeurs plaident la faute du roi
entraîné par les menées criminelles de Jugurtha et
demandent l'amitié et l'alliance des Romains. Ils
reçoivent cette réponse :
- "Le Sénat et le peuple romain n'oublient ni les
bienfaits, ni les injures. A Bocchus on pardonne sa faute, puisqu'il la
regrette. Un traité d'amitié et d'alliance lui sera
accordé quand il l'aura mérité."
Bocchus
apprenant cette nouvelle, demande à Marius de lui envoyer Sylla
comme plénipotentiaire. Ce dernier part avec une garde de
cavaliers et de fondeurs baléares auquel il ajoute des archers
et des vélites. Et en chemin, les Romains vont traverser le camp
de Jugurtha avec Volux, le fils de Bocchus pour guide et arriver sain
et sauf. Bocchus semble prêt à se tourner
complètement du côté de Rome, mais quand Sylla lui
demande de livrer Jugurtha, il refuse. Puis il cède aux
pressions de Sylla et fait venir Jugurtha pour une conférence
destinée à la négociation, l'escorte de celui ci
est
éliminée et il est chargé de chaînes et
livré aux Romains en - 105.
A Rome, Jugurtha marche devant le char de triomphe de Marius,
le 1er
janvier - 104, avec ses deux fils. La guerre a duré sept ans. Le
prisonnier est affamé dans sa prison de Tullianum puis
étranglé sur l'ordre de Marius (selon Plutarque), comme
le sera plus
tard Vercingétorix.
La Numidie est partagée entre Bocchus qui agrandit son royaume
de Mauritanie et Gauda, le demi-frère de Jugurtha qui monte sur
le
trône de la Numidie réduite à sa partie orientale.
Pendant 40 ans ces "souverains" sont soumis à Rome,
jusqu'à l'arrivée de Juba 1er, l'arrière petit
fils de Massinissa.
La
guerre des Cimbres et des Teutons ( - 113 - 101)
Vers - 120, les Cimbres, un peuple germanique vivant dans le Jutland
(dans le Danemark actuel), avaient fui leur territoire devant la
montée
des eaux consécutive à un fort tremblement de terre selon
Appien. Un
autre peuple germanique, les Teutons, originaires du Mecklembourg ou du
Holstein,
descend vers le Sud pour les mêmes
raisons et les rejoint durant leur traversée de l'Allemagne
actuelle. Les Cimbres sont commandés par Boïorix et
Teutobokhe dirige les Teutons. Avec
femmes et enfants, ces peuples en marche descendent vers le
sud, à l'est du fleuve Oder et rencontrent les premiers celtes
en Bohème,
ce sont les Boïens qui les refoulent. Mais les Romains ne
comprenant pas que ces Gaulois constituent un glacis protecteur contre
les invasions viennent combattre ces Gaulois danubiens, les
Cimbro-Teutons passent et
traversent le pays des Scordisques, correspondant à la Serbie
actuelle, où les troupes
du
consul Caius Porcius Cato ont été anéanties en -
114.
Les Boiens ont ils appelés ces Germains au secours contre les
légions romaines ? Sont ils trop affaiblis par les attaques de
la République ?
Ces Cimbro-Teutons, déjà accompagnés de Celtes,
pénètrent en Norique dans le pays des Taurisques
s'approchant des
passes des Alpes de Carniole et assiègent Noréia
(Krainburg). Le
consul Gaeius Papirius Carbon
défend le passage sur les hauteurs à proximité
d'Aquilée. Il est venu avec une forte armée, leur
ordonne de quitter le pays des Taurisques, amis du Peuple Romain et
leur fournit des guides pour les reconduire à la
frontière. Les envahisseurs
reculent et suivent les guides qui les emmènent vers une
embuscade
tenue par Carbon. Mais les troupes romaines sont vaincues et en grande
partie éliminées en Carinthie, près de
Noréia en - 113. Un orage a séparé
les armées, évitant aux Romains un désastre plus
important et l'invasion de l'Italie. Les Cimbro-Teutons pillent la
Pannonie et l'Illyrie et après 3 années, repartent
vers le Jura et s'entendent avec
les Helvètes puis les Séquanes. L'avance est lente car
ils
s'arrêtent pour cultiver et récolter. Parmi les
Helvètes, les Tigurins, sur le lac de Morat, conduits par
Divicon, les Thugènes et les Ambrons, attirés par le
butin des Cimbro-Teutons, les rejoignent.
Les Cimbres combattent d'une façon proche de celle des
Gaulois, avec la tête couverte d'un heaume de bronze, une grande
épée, un petit bouclier et le haut du corps revêtu
d'une cuirasse. Ils attaquent en masse et les premiers rangs se
tiennent attachés par des cordes passées dans leurs
ceintures, lors des combats les plus périlleux. Ils sont
guidés par des prêtresses, habillées de blanc
retenus par une ceinture de fer. Ils se déplacent avec de lourds
chariots (wagenburg).
Ces hordes qui atteignent 300 000 personnes avec les femmes et
les enfants, remontent
jusqu'au nord du Jura et pénètrent en Gaule vers la
Franche-Comté. Ils se
heurtent aux Belges qui les arrêtent vigoureusement. Mais les
Eburons qui ont des liens avec les envahisseurs acceptent le
dépôt du butin qui ralentit leur marche et 6 000 Cimbres
restent pour le garder. Le pillage et la
destruction s'abat sur la Gaule du Centre qui se bat vaillamment. Puis
en
- 109, cette foule en armes se tourne vers la Provincia romaine et le
consul Marcus Julius Silanus voit arriver des "députés".
Les Cimbro-Teutons demandent des terres
pour s'y installer en paix et proposent leur bras. A Rome, on est en
pleine lutte pour les
lois agraires ! Silanus les renvoie avec dédain et attaque leur
camp et il est
sévèrement battu, son camp est aux mains de l'ennemi. Il
faut à nouveau lever des troupes ce qui est difficile (1). Le
Sénat reporte les lois votées sous Gaius Gracchus qui
abrègent le service militaire. Les Cimbres ne
décident pas d'envahir l'Italie mais redemandent des terres et
soumettent les tribus celtes alentour.
Les envahisseurs sont étonnés de retrouver les
légions sur un espace aussi grand et décident de se
séparer et d'attaquer simultanément en différents
endroits la Provincia. Le consul Cassius Longinus traverse le
Rhône près de Genève pour bloquer les
Helvètes tandis que son lieutenant Marcus Aurelius Scaurus se
place
face aux Cimbres. Longinus est attaqué à l'improviste et
son armée est taillée en pièce sur les bords du
lac Léman en - 107. Aurelius Scaurus est fait prisonnier par les
Cimbres tandis que son armée fuit le combat.
Les chefs décident de franchir les Alpes et d'attaquer
l'Italie et ils discutent du plan d'invasion quand Scaurus
enchaîné et interrogé, les dissuade d'attaquer Rome
l'invincible. Boïorix furieux le transperce de son
épée. Mais les chefs changent d'avis et décident
de soumettre d'abord la Provincia. Les Gaulois sous domination romaine
ne veulent pas s'allier à ces barbares qui ont pillé
sauvagement les peuples de la Gaule. Seuls les Volques Tectosages qui
sont ulcérés de la garnison que les Romains ont
installée dans leur capitale Tolosa, acceptent de s'allier aux
Cimbro-Teutons. Copill le roi des Tectosages, conclut un traité
d'amitié avec Boïorix et capture les légionnaires
qui tenaient garnison à Tolosa et les met aux fers.
En - 106, Quintus Servilius Cepion, vient en Provincia avec
des
troupes fraîches d'Italie. En l'absence de Copill et des
Cimbro-Teutons, il assiège Tolosa qui résiste longtemps
et n'est
prise que par trahison et copieusement saccagée. La rumeur des
trésors
apportés de Delphes et accumulés à Tolosa est
connue en Italie mais les devins gaulois ordonnent que le trésor
soit enfoui au fond d'un lac sacré dans la cité.
Cependant, Tolosa contenait beaucoup d'or et d'argent et le consul
Cepion mit la main sur un butin évalué à 110 000
livres d'or et 1 500 000 livres d'argent. Légalement ce butin
devait être livré à la République, mais le
consul se l'approprie. L'année se termine sans combats, de
nombreux renforts romains arrivent d'Italie dans la Provincia
.
Parcours des Cimbres et des Teutons ( - 120 - 101 ) site Wikipedia
Le nouveau consul Cneius Mallius Maximus veut passer à
l'offensive
mais le Sénat a décidé de partager le commandement
entre l'ancien consul et le nouveau. Et ces deux hommes s'entendent
fort mal, Cepion se croit supérieur à Mallius et il veut
faire la guerre en toute indépendance. Cette mésentente
est rapidement connue des ennemis qui envoient un corps d'armée
composé de Cimbres et d'Ambrons, près du camp de Mallius,
à Arausio, près d'Orange, le 6 octobre - 105.
Pour remporter une "facile victoire", Cepion vient placer son camp
entre celui de Mallius et les ennemis. Ceux ci croyant à une
réconciliation des 2 généraux romains envoient des
messagers pour négocier la paix au camp de Mallius. Cepion
furieux, les
arrête en chemin, les insulte et les menace de mort. Le
récit de cet événement change rapidement
l'attitude des Cimbres et des Ambrons qui vouent aux dieux tout ce que
la victoire fera tomber entre leurs mains.
Ils attaquent et prennent l'un après l'autre les camps
de Cepion et de Mallius, les légionnaires combattent avec le
Rhône dans le dos. 80 000 soldats et 40 000 valets et esclaves
sont tués, le reste est prisonnier mis à part dix hommes
dont Cepion, Mallius et Sertorius qui repassent les Alpes. Les
vainqueurs
détruisent
méthodiquement tout ce qui a appartenu aux Romains : les
prisonniers sont pendus aux arbres, l'or, l'argent et les chevaux sont
jetés dans le Rhône, les armes et les bagages sont
cassés. La route de la Provincia est libre et la côte est
ravagée depuis le Rhône jusqu'aux Pyrénées.
Là, les Cimbres seuls entrent en Ibérie, tandis que les
autres peuples les attendent en Gaule.
A Rome, le désastre d'Arausio provoque la stupeur et
des réactions. Un plébiscite abroge l'impérium du
proconsul Cepion, c'est la première fois depuis Tarquin !
L'autre consul prend des mesures énergiques. Il empêche
tous les hommes âgés de moins de 35 ans de quitter
l'Italie. Il recrute 9 légions et les fait entraîner de
manière plus intense, les faisant encadrer par les
spécialistes de l'entraînement des gladiateurs. Une loi
est votée permettant au consul de nommer personnellement la
moitié des tribuns militaires qui étaient jusque
là tous élus. Rome nomme au consulat, en - 104, pour la
deuxième fois le
général Gaius Marius, absent et le maintient 5 ans dans
cette charge.
Marius vient dans la Provincia, désertée par les
Cimbro-Teutons et fortifie le moral de ses troupes par
l'entraînement et des travaux de défense. Pour
assurer l'approvisionnement régulier de ses troupes, il fait
creuser un canal entre Fos et Arles, appelé Fossae Marianae, la
fosse Mariane.
Dans la Provincia, une
révolte éclate dans plusieurs régions et les
Tectosages sont les premiers à se soulever. Sylla est
chargé par Marius de briser ces révoltes, il vainc
plusieurs fois les insugés, écrase l'armée des
Tectosages et capture son roi Copill par trahison.
Pendant ce temps, les Cimbres ravagent une grande partie de
l'Ibérie sans rencontrer beaucoup de résistance mais sont
arrêtés par les Celtibères. Ils décident de
quitter le pays, repassent les Pyrénées et rejoignent
leurs alliés. Ensemble, ils décident d'envahir l'Italie
par deux voies distinctes pour diviser les forces romaines, et rendez
vous est pris sur les berges du Pô. Marius
s'est approché des forces ennemies pour les observer, au
confluent de l'Isère et du Rhône. Les Teutons avec
les Ambrons et les Thugènes, suivant la route prise en - 113, se
dirigent par la Provincia vers les cols alpins.
Voyant les Ambro-Teutons suivre le Rhône, Marius se
retire vers la mer pour protéger les deux voies romaines qui
conduisent en Italie et se retranche dans cette position. L'avant-garde
ennemie arrive, se répand, range ses chariots et dresse ses
tentes face aux retranchements romains. Les provocations et
défis sont nombreux, les légionnaires s'impatientent mais
Marius les arrête.
Décus par le peu de succès de leurs
provocations, les Ambro-Teutons attaquent le camp romain trois jours de
suite et sont repoussés avec des pertes. Alors ils poursuivent
leur route en suivant la voie domitienne et défilent pendant six
jours entiers devant le camp romain. Marius ne répond pas aux
provocations et une fois la horde passée, il la suit de
près le long du Rhône, jusqu'à la région
d'Acquae Sextiae (Aix en
Provence). En arrivant, Marius installe et fortifie son camp sur une
colline élevée entre la cité et les campements
ennemis des Ambrons et des Teutons séparés. Le site
manque d'eau et les esclaves et domestiques ainsi que les troupes
légères liguriennes descendent en puiser à la
rivière Caenus et y rencontrent des ennemis.
Le combat commence là, les renforts arrivent des deux
côtés et la bataille devient générale. Les
Ambrons accourent et attaquent au pied de la colline et sont
arrêtés par les Ligures, puis viennent les légions
qui taillent en pièce la masse des Ambrons qui sont venus en
renfort et les poursuivent jusqu'à leurs chariots formant un
rempart et où les femmes accueillent les fuyards et les
légionnaires à coup de hache ou d'épée.
Mais Marius est inquiet car les fortifications ne sont pas
terminées. Le lendemain, dans le camp romain on soigne les
blessés et achève la fortification du camp.
Le
troisième jour, les légions se déploient sur la
colline et les Teutons provoqués par la cavalerie romaine,
montent à l'attaque. Le combat est équilibré
jusqu'à midi, moment où le soleil frappe ces Germains peu
habitués à ces températures. C'est alors que
Marcellus, envoyé pendant la
nuit avec 3 000 légionnaires d'élite dans un bois
épais derrière le camp ennemi, débouche sur
l'arrière garde teutonne qui se replie en désordre vers
le cœur de la bataille. La confusion gagne toute l'armée des
Teutons qui est dispersée, tuée ou capturée. Le
roi
Teutobokhe et quelques chefs sont faits prisonniers chez les
Séquanes et
rapportés au camp de Marius.
Pendant ce temps, les Cimbres et les Tigurins remontent le
Rhin vers sa source, traversent les Alpes au col du Brenner et
descendent par la vallée de l'Adige en laissant les
Helvètes en hauteur pour garder les passages et aussi pour
soutenir les Cimbres si nécessaire. En - 102, le consul Quintius
Lutatius Catulus chargé de la défense des
frontières recule à l'approche des Cimbres et se
retranche sur la rive gauche de l'Adige près de Trente. Les
Cimbres traversent l'Adige après l'avoir comblé de rocs,
de troncs d'arbre et de terre. Les légionnaires fuient
jusqu'à la
rive sud du Pô. Les Cimbres, maîtres de la
Vénétie et du territoire situé au nord du
Pô, attendent leurs alliés pendant tout l'hiver. Marius
ramène son armée victorieuse et rejoint les
légions de Catulus au début de l'été.
Les Cimbres ne veulent pas combattre et négocient pour
gagner du temps. Apprenant de Marius la destruction des Ambro-Teutons,
ils décident de combattre. Boïorix et Marius conviennent du
lieu et de la date de la bataille. Ce sera 3 jours plus tard soit le 30
juillet - 101, dans les Campi Raudii, situés près de
Verceil, une vaste plaine propice à la fois à la
cavalerie romaine et au déploiement des masses d'infanterie de
Cimbres. Marius prend position à l'est pour profiter du vent
violent qui souffle fort et su soleil qui va se lever.
L'infanterie des Cimbres avance en masse compacte. Les
combattants des premiers rangs sont attachés les uns aux
autres. La cavalerie, forte de 15 000 hommes est bien
protégée par des cuirasses d'acier mais elle erre dans
les brouillards du matin et tombe soudains sur les escadrons romains
plus solides. Cette cavalerie est rejetée en arrière. Les
légions du centre, celles du consul Lutatius, avancent pour les
poursuivre. L'infanterie des Cimbres se déploie en demi-cercle.
Marius qui commande les 2 ailes renforcées de l'armée
romaine se rend compte du danger, mais les légionnaires ne
peuvent être rattrapés.
Marius, après le sacrifice d'une brebis, s'écrie
"la victoire est à nous", et il se précipite dans la
mêlée, avec ses
soldats motivés. La bataille est
longue et sanglante. Le soleil se reflète sur les armures des
légionnaires, éblouissant les ennemis. Le vent rabat
la poussière du champ rendant la situation des Cimbres plus
inconfortable. La bataille est favorable aux Romains. Boïorix est
tué, les autres chefs se rendent ou se suicident. Les femmes,
sur les chariots combattent furieusement et voyant le sort qui les
attendent, se massacrent mutuellement. Les Tigurins, restés sur
les hauteurs des Alpes, retournent en Helvétie.
Les pertes sont faibles pour l'armée romaine. Les
chiffres sont variés pour les pertes des Cimbres : de 140 000
tués et 60 000 prisonniers jusqu'à 100 000 tués et
captifs, ce qui semble plus probable. Sylla vient pacifier les Alpes de
Norique. Les 2 consuls célèbres ensemble leur triomphe.
Marius est considéré comme le vainqueur mais celui ci
juge prudent de ne pas mécontenter les légionnaires de
Catulus qui ont plus souffert de la bataille.
Détail de la bataille de
Verceil
La
réforme de Marius
La fin du IIème siècle voit une transformation
des légions. La cause en est le grand nombre de campagnes et
leur coût élevé en pertes humaines. Les campagnes
ibériques, la guerre de Jugurtha et surtout les campagnes
contre les Cimbres et les Teutons ont saigné la population en
âge de combattre. Le système classique comprenant
les hommes capables de payer leur équipement ne fournit plus
assez de soldats. Marius en préparant sa campagne contre
Jugurtha, enrôle des soldats jusque là
écartés de l'armée car trop pauvres. Ils sont
équipés par l'Etat. Les citoyens les plus riches sont
moins présents dans la légion. L'armée devient
professionnelle, la guerre est devenue un moyen de vivre pour les
soldats. Il n'y a plus de distinction entre hastati, principes et
triarii, il y a
uniformisation de l'équipement. L'effectif de la
légion passe de 4 200 hommes à 6 000 hommes. La
légion est composée de 10 cohortes de 600 hommes chacune
qui deviennent l'unité tactique. Il faut ajouter 1 200
vélites et 300 cavaliers. Les cohortes sont disposées en
quinconce, les espaces vides permettant le passage des cohortes
placées devant ou derrière.
Juste avant la bataille de Verceil ( - 101), Marius fait
modifier la fixation de la pointe du pilum à sa hampe. En
remplaçants les rivets de fer par une cheville en bois fragile,
le pilum se plantant dans un bouclier de bois est tordu donc
inutilisable mais reste attaché au bouclier, gênant le
soldat ennemi.
(1) La dispense du service militaire est octroyée comme
récompense. Les tribuns obtiennent des exemptions pour leurs
amis. Les classes supérieures s'éloignent aussi du
métier des armes. Scipio Emilien emmène en Ibérie
une armée privée, composée en partie de ses
"clients".
Suite de l'histoire de Rome ici :
Rome la fin de la
République
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