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Rome et la conquête de l'Italie |
Les guerres samnites Les Fourches Caudines La bataille de Sentinum - 295 La conquête du Sud L'évolution de l'armée romaine |
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Face aux Éques et aux Volsques, les
Herniques
ont rejoint le camp de Rome et de ses alliés Latins.
L'avancée
vers le Sud en est facilitée. Elle est ponctuée par la
construction
de citadelles comme Cora, Norba et Signia qui contrôlent le
passage
entre le territoire des Volsques et celui des Éques. Ces
derniers
cessent rapidement de lutter, mais les Volsques reconquièrent
systématiquement
le terrain perdu. Il faut à l'armée romaine une guerre
entre
- 389 et - 377 pour s'assurer la maîtrise des marais
Pontins
avec les forteresses de Satricum et de Setia. A mesure que les
succès
de Rome et de ses alliés sont décisifs en Italie
centrale,
la discorde s'installe. La domination romaine est devenue
insupportable.
En voici un exemple : Rome est appelée comme arbitre entre les
habitants d'Aricie et
ceux
d'Ardée en querelle au sujet d'un territoire litigieux. Les
Romains
tranchent en s'adjugeant le territoire convoité.
L'affaiblissement
de l'ennemi commun mine l'alliance. Le partage des marais Pontins
provoque
une rupture. Les Herniques s'allient aux Latins contre Rome. Lanuvium,
Praneste, Tusculum et Tibur ainsi que plusieurs place fortes
installées
en pays se soulèvent et sont réduites par la force.
Les révoltes sont partielles et les cités hostiles sont
vaincues
facilement et en détail. En - 373, Tusculum est absorbée
par Rome sans être détruite. La lutte contre les Herniques
est plus âpre et le premier consul issu de la plèbe,
Lucius
Genucius y perd la vie en - 362. Mais la victoire reste à Rome
et
de nouveaux traités d'alliance sont signés.
carte du Latium et de la Campanie (origine Ancient World Mapping Center)
La première guerre samnite
En - 354, Rome conclut une alliance avec les Samnites dans le but de prendre les Latins, les Éques et les Volsques à revers et aussi pour repousser les invasions gauloises. En - 349, la Ligue Latine refuse d'envoyer ses contingents à Rome. L'année suivante, Rome et Carthage signent un traité d'alliance. Mais en - 343, les Samnites menacent les Sidicins de Teanum qui font appel à l'aide des Campaniens qui à leur tour appellent Rome à leur secours. Celle ci ne répond pas mais quand Capoue propose de se livrer à Rome, c'est la "deditio", le Sénat n'hésite plus et décide d'envoyer les légions. Vers - 342, une armée romaine conduite par Marcus Valerius Corvus remporte une pénible victoire près du mont Gaurus, au nord-ouest de Naples. En - 341, près de Suessula, le consul Cornelius Cossus s'est engagé imprudemment dans la vallée proche de Caudium et se retrouve encerclé par l'armée samnite. Le tribun Decius Mus réussit à occuper une colline escarpée sans être vu par l'ennemi. Par une attaque générale les Romains font fuir les Samnites et 40 000 boucliers auraient été ramassés. Les deux belligérants ont besoin de faire la paix : Rome fait face au soulèvement général des Latins, tandis que les Samnites font un effort contre Tarente. La paix est signée et Rome conserve Capoue.
Rome et les Samnites combattent Capoue et les peuples latins. En - 340, Titus Manlius Imperiosus remporte la victoire décisive de Trifanum face aux Campaniens et Latins alliés. Le consul Decius Mus se sacrifie pour que les Romains en difficulté soient victorieux contre les Latins à la bataille de Veseris. Rome fonde un état qui réunit Rome et Capoue. La Ligue latine est dissoute et le Latium définitivement soumis. Entre les Samnites et Rome, c'est cette dernière qui profite le plus de cette alliance et Rome va vite retrouver ces farouches guerriers parmi ses ennemis. Mais les Samnites sont aux prises avec les troupes rassemblées par Alexandre le Molosse, l'oncle d'Alexandre le Grand, venu en Italie à l'appel de Tarente. En détruisant la cité volsque de Frégelles, les Samnites poussent les Romains à y fonder une colonie et les cités de Fabrateria et Luca à se donner à Rome.
Rome domine la côte jusqu'à
Naples.
Cette cité est menacée par Rome et pour y faire face, les
Samnites y placent une garnison. Les Romains traitent avec les Grecs
qui
se débarrassent de la garnison samnite de Paleopolis (l'ancienne
ville de Naples). En - 327, la cité est tenue par Rome. Le
Sénat
est
sollicité par des cités d'Apulie telles Luceria et Arpi
que
Tarente ne peut plus protéger des attaques des Samnites. En -
325,
les légions traversent le Samnium en combattant et pillant,
atteignent
le pays des Vestins et entrent victorieuses en Apulie. Les Samnites
désespérés
rendent les prisonniers, implorent la paix et envoient aux Romains la
dépouille
du chef du parti de la guerre, Brutulus Papius. Le Sénat Romain
ne souhaite pas la paix. Les Samnites choisissent un nouveau chef
militaire,
Cavius Pontius et se préparent au combat.
guerriers Samnites
Les Fourches Caudines - 321
Les nouveaux consuls, Titus Veturius
Calvinus
et Spurius Postumius Albinus répondent au bruit insistant des
captifs
qui annoncent que Luceria est sur le point de tomber sous les assauts
de
l'armée samnite. Cette position clé permet de
contrôler
l'Apulie et une armée romaine de 40 000 hommes suit la route
directe
qui relie Capoue à Luceria et traverse des vallons et des
marécages
environnés de collines boisées où sont
cachés
de nombreux ennemis. Les légionnaires s'avancent mais
près
de Caudium, la sortie de la vallée est obstruée par des
pierres
et des arbres et des forces samnites conséquentes. Faisant demi
tour, les Romains se rendent compte que la route est coupée. Sur
les côtés, les collines sont couvertes de soldats. ils
comprennent
qu'ils sont pris au piège et se battent sans efficacité,
ne pouvant manœuvrer. Les consuls capitulent et Cavius Pontius se
contente
de demander le démantèlement des forteresses de
Frégelles
et Calès, l'évacuation des colonies et de renouveler le
traité
d'alliance. Les consuls acceptent ces conditions, remettent 600
cavaliers
en otages et engagent leur parole et celles des officiers
supérieurs.
En outre les légionnaires doivent passer désarmés
sous le joug, consuls en tête. Ainsi ils peuvent sortir libres
des
Fourches Caudines (actuellement Stretto di Arpaja).
Le Sénat considère ce traité comme sans valeur et les consuls réclament d'être livrés aux Samnites et leur souhait est rapidement exécuté. Les Samnites n'obtiennent pas la paix qu'ils souhaitent, le Sénat romain se montrant plus déterminé à poursuivre la guerre. Les Samnites libèrent les consuls et se ruent au combat, prenant Luceria et Frégelles pendant que Rome reconstitue son armée. Ayant rassemblé toutes les troupes disponibles sous la conduite de son meilleur général, Lucius Papirius Cursor, Rome envoie deux colonnes, la première passant par la Sabine, longe l'Adriatique et se dirige vers Luceria, la seconde traverse le Samnium et repousse les Samnites devant elle. Les deux colonnes se rejoignent à Luceria qu'elles assiègent et battent les Samnites venus briser le siège. La cité se rend en - 319, les cavaliers romains captifs sont libérés et la garnison samnite passe à son tour sous le joug. Rome fait payer cher leur défection aux Latins qui ont soutenus les Samnites et prennent la ville de Saticula en Campanie, proche du Samnium, en - 316.
Carte de l'Italie au temps des guerres samnites (wikipedia)
Mais les Romains sont soudain en difficulté. Les Soraniens expulsent leur garnison romaine, les Ausones se révoltent et menacent Calès. Les Samnites attirent les habitants de Nucérie puis de Nola dans leur camp. Capoue s'agite et une armée samnite s'approche de cette cité espérant la faire basculer dans son camp. Rome réagit rapidement, attaque Sora et l'armée venue la secourir est vaincue, Sora est de nouveau sous contrôle romain. Les Ausones sont durement "punis" et à Capoue, un procès est instruit contre les chefs du parti samnite. L'arméesamnite, après une défaite devant Capoue, évacue la Campanie, suivie par les légions qui prennent leur quartier d'hiver devant Bovianum en - 314. Nola et Frégelles sont reprises, et pour assurer leur domination sur l'Apulie et la Campanie, les Romains construisent de nombreuses citadelles et laissent une demi légion comme garnison permanente à Luceria. Le censeur Appius Claudius décide en - 312 la réalisation de la voie reliant Rome à Capoue qui rattache la Campanie à Rome. Les Samnites sont cernés par des forteresses et en Italie, on commence à se rendre compte que ce peuple est le dernier à se dresser contre la domination de l'Italie. Les Samnites réussissent à convaincre les Etrusques et les Ombriens de rejoindre la coalition contre Rome.
Les Étrusques se réveillent et mettent le siège pendant deux ans devant Sutrium occupée par les Romains. En - 310, le consul Quintus Fabius Rullianus rétablit la situation et poursuit l'armée étrusque dans la forêt Ciminienne, qu'aucun Romain n'a jamais vue. Le Sénat désapprouve cette audace mais intervient trop tard. Les Samnites avisés de la position critique du consul Rullianus, battent et blessent gravement le consul Gaius Marcius Rutilus. Les Étrusques se mobilisent massivement et accompagnés des Sénons, rencontrent l'armée romaine commandée par le dictateur Lucius Papirius Cursor qui les défait et les alliés y perdent l'élite de leur armée. En - 308, les Étrusques demandent la paix et en Campanie, seule Nucérie résiste et bientôt, se rend en - 308. Les armées consulaires réduisent les Ombriens et les Marses. Les Samnites ne peuvent obtenir la paix. En - 306, les Herniques déclarent la guerre aux Romains et menacent les légions dans leur dos. Mais Rome envoie de nouvelles troupes qui battent les Herniques. En - 305, une armée romaine part de Campanie, dirigée par Tiberius Minucius puis par Marcus Fulvius et passe les cols de montagne. Une autre conduite par Lucius Postumius, suit le littoral de l'Adriatique. Elles se rassemblent devant Bovianum, la principale cité samnite et remportent une victoire face au général samnite Statius Gellius qu'elles capturent ainsi que la cité. C'est l'arrêt des combats et le retrait des garnisons samnites de Sora et d'Arpinum. Rome reçoit les demandes de paix des peuples sabelliens et offre des conditions de paix tolérables dans le centre de l'Italie, les Romains sont moins accommodants avec les cités et les Herniques qui ont soutenu la coalition.
casque des guerriers de l'Italie centrale
Pour les Samnites, cette paix ne semble pas compatible avec leur liberté et ils s'emploient à préparer la revanche. En - 299, une coalition regroupe les Etrusques, les Ombriens, les Samnites et les Gaulois, principalement des Sénons. Les Romains s'étaient servis des Lucaniens pour empêcher Tarente de participer aux précédentes coalitions contre Rome. Aussi les Samnites interviennent d'abord en Lucanie et concluent un traité d'alliance. A cette nouvelle, Rome déclare la guerre en - 298 et envoie une armée en Étrurie et une autre plus importante vers le Samnium. La première bataille de cette guerre est celle de Camerinum en - 298, où les légions commandées par Lucius Cornelius Scipio Barbatus sont défaites par une coalition des Gaulois et des Samnites. En Étrurie, un combat indécis a lieu près de Volterra. Mais les Romains rassemblent leurs légions et remportent face aux Samnites les victoires de Tifernum par Quintus Fabius Rullianus et Maleventum par Publius Decius Mus. Les Romains ont pu regrouper leurs forces parce que des cités étrusques traitaient avec Rome. Les Samnites ont tout fait pour éviter une paix séparée. Leur général Gellius Egnatius propose de venir combattre en Étrurie. Cela rend leur courage aux Étrusques. Les Samnites constituent 3 armées, l'une reste en défense, la seconde part vers la Campanie et la troisième, la plus forte, est conduite par Egnatius et arrive en Étrurie sans combat.
En - 295, la coalition se regroupe en Ombrie, tandis que les consuls Publius Decius Abus et Quintus Fabius Rullianus à la tête d'une armée de 60 000 hommes, (toutes les troupes non mobilisées pour la Campanie sont rassemblées), convergent vers l'Ombrie de part et d'autre du Tibre. Une des réserves romaines fait mouvement vers l'Étrurie et subit un échec devant Chiusi face à une coalition de Gaulois et de Samnites. Mais l'annonce de la venue des légionnaires suffit à dissuader bon nombre de cités étrusques qui abandonnent leurs alliés. Egnatius est pressé de se battre car il sait que les Gaulois quittent rapidement une alliance. Mais les Romains sont en vue, au pied des Apennins, près de Sentinum (actuellement Sassoferato).
La bataille est rude. A droite, Quintus Fabius Rullianus fait
face avec
ses deux légions à Egnatius et les Samnites et le combat
est longtemps équilibré. A gauche, Publius
Decius Abus voit sa cavalerie mise en désordre par les chariots
de guerre gaulois. Alors Publius Decius Abus se dévoue,
lui
et l'armée ennemie aux dieux Mânes et à la
déesse
Tellus (dieux infernaux) et il se jette au milieu des bandes gauloises
et y trouve la mort. En voyant cela, les légionnaires qui
reculaient,
contre attaquent avec vigueur pour le venger. A ce moment, la cavalerie
campanienne envoyée par Quintus Fabius Rullianus, prend les
Gaulois
à revers et c'est là que se forge la victoire. Les
Gaulois
fuient et ensuite, les Samnites reculent. Leus chef Egnatius est mort,
comme 9 000 Romains et 25 000 Gaulois nous dit Tite Live. Les Gaulois
sont
refoulés vers le Nord et les restes de l'armée samnite
rentrent
au pays en passant par les Abruzzes. La coalition est rompue, Rome
garde
le contrôle de l'Ombrie. Enfin, les légions romaines
menées par les consuls Lucius Papirius Cursor et Spurius
Carvilius Maximus, envahissent le territoire samnite et
remportent la victoire finale à la bataille d'Aquilonia en - 293
C'est la fin des guerres samnites en - 290
guerrier de Capestrano (Abruzzes) VIème siècle
La conquête du Sud
Ayant les mains libres au Nord (Volsinies demande la paix en - 294) et au Centre de l'Italie, (une campagne rapide de Curius Dentatus stoppe les tentatives des Sabins du Centre en - 290, année où les Samnites épuisés demandent aussi la paix), les Romains s'intéressent à la Grande Grèce, bien moins puissante que par le passé. Suite à la victoire de Sentinum, le Samnium et le Picénum sont conquis. Il ne reste plus que Tarente et sa flotte pour gêner Rome. Cependant ces deux cités avaient les mêmes ennemis, en particulier les Samnites. Mais Rome impose son "protectorat" aux Lucaniens et aux Apuliens et le traité d'alliance avec Carthage, signé en - 306, exclut les Puniques de l'Italie mais la réserve à l'Urbs jusqu'à la pointe du Bruttium. Enfin, en assumant les responsabilités de Capoue, Rome contrôle les mercenaires campaniens qui servaient en Italie du Sud et en Sicile, les Carthaginois ou les Siciliotes. Ainsi les Mamertins, en - 288, traversent le détroit et s'emparent de Messine.
L'expansion romaine profite des discordes entre les cités grecques. Ainsi, en 282, Thurii, qui dépendait de Tarente demande face aux Lucaniens, l'aide de Rome qui intervient et y place une garnison. Rhegion, Locres et Crotone, connaissent la même situation. Rome envoie une flotte de 10 vaisseaux croiser dans le golfe de Tarente en dépit des accords passés en - 302. C'est une défaite pour les Romains qui perdent une partie de leurs navires. Thurii est reprise dans la foulée. Rome cherche à négocier mais Tarente appelle Pyrrhus, ex roi d'Épire et excellent tacticien.
Pyrrhus, musée du Capitole
Ce dernier débarque à Tarente en mai - 280, avec
un corps
expéditionnaire complété par les contingents
envoyés
par les Diadoques, de 25 000 soldats expérimentés, dont 2
000 archers et 3 000 cavaliers et une nouveauté en Italie, 20
éléphants.
Tarente est impressionnée par ces troupes et craint de tomber
sous
la férule de Pyrrhus. La première rencontre avec les
légions
a lieu près d'Héraclée en juillet - 280. Les
légionnaires
romains conduits par Valerius Laevinus supportent le choc de la
phalange,
mais les éléphants interviennent de façon
décisive
et les Romains paniquent en particulier la cavalerie qui est
taillée
en pièces. Pyrrhus est vainqueur mais la résistance des
légionnaires
lui a causé de lourdes pertes et en particulier de nombreux
officiers.
Cette victoire lui apporte le soutien des Samnites. En revanche les
Etrusques
sollicités refusent de le soutenir car les Romains ont
pressé
les dernières cités en guerre à faire la paix.
Laevinus
est chargé d'occuper la Campanie pour éviter toute
aventure.
Malgré tout, Pyrrhus décide de marcher sur Rome. Il ne va
pas plus loin que Preneste car il n'est pas sûr de ses
arrières,
ni de ses alliés. Il a envoyé Cinéas
négocier
à Rome une paix aux dures conditions. En échange d'un
retour
sans rançon des prisonniers romains, une alliance serait
conclue,
mais Rome devait renoncer à ses annexions faites vers le Sud.
Pyrrhus
pense se constituer un royaume en Italie du sud et profiter de sa
victoire
d'Héraclée. Le Sénat hésite et Appius
Claudius
l'aveugle vient en personne forcer le rejet de ces propositions. En
raison
de la mauvaise saison, Pyrrhus se retire à Tarente.
La guerre reprend donc au printemps - 279, en Apulie du Nord
et en Daunie
que Pyrrhus tente de détacher de Rome en assiégeant la
colonie
de Venusia. Une grande bataille a lieu en été, à
Ausculum,
sur les bords de l'Aufide. Les Romains apportent des catapultes tirant
de longs traits métalliques, montées sur des chariots
destinées
à lutter contre les éléphants, mais c'est pour
eux,
une nouvelle défaite. Pyrrhus a de nouveau perdu beaucoup de
soldats
mais il profite des circonstances et envoie une nouvelle ambassade
à
Rome. Pyrrhus est sollicité par les
Macédoniens pour
devenir
leur roi, Ptolémée
Kéraunos
vient de mourir, tué dans l'invasion des Celtes. Mais les
Grecs
de Sicile l'appellent pour commander la lutte contre Carthage qui,
inquiète
des visées de Pyrrhus sur l'île et au delà sur
l'Afrique,
envoie une flotte mouiller dans le port d'Ostie et Magon dissuade Rome
de conclure la paix avec l'Épirote.
Par un nouveau traité, d'alliance pour la première fois,
Rome et Carthage s'engagent à ne conclure qu'ensemble un accord
avec Pyrrhus. En septembre - 278, celui ci débarque en Sicile
avec
la moitié de ses troupes. Il doit éviter les Campaniens
de
Reghion et les Mamertins de Messine qui s'opposent à son projet.
Les Puniques sont seuls à faire face à Pyrrhus qui, en -
277,
remporte une série de succès et enlève aux
Puniques
toutes leurs possessions sauf Lylibée. Carthage propose à
l'Épirote une paix avantageuse, en
échange d'une indemnité de guerre et de la fourniture de
vaisseaux pour ramener son armée, Lylibée restant aux
Carthaginois.
Cette proposition est rejetée et Pyrrhus assiège en vain
cette cité pendant deux mois et y renonce.
En - 276, il est tout à son projet de préparer la guerre contre Carthage en Afrique, comme l'avait fait Agathocle et pour cela, il se comporte en tyran auprès des Siciliotes. Aussi, l'hostilité des cités grecques est telle qu'il ne peut rester en Sicile. Il est appelé par ses alliés italiens et reprend son projet de royaume en Italie. Il laisse la Sicile à l'automne - 276 et subit avec la flotte syracusaine une défaite face aux Puniques dans le détroit. Une tentative contre Rhegion, soutenue par les Mamertins de Messine, se solde par de lourdes pertes. Pendant ce temps, Rome a reconstitué ses forces et a vaincu, un à un les peuples qui se sont ralliés à l'Épirote.
En - 275, Pyrrhus doit remporter un succès contre Rome et il recherche l'affrontement. Il remonte d'Apulie par le Samnium et rencontre l'armée du consul Manius Curius Dentatus près de Malévent, dans un terrain montagneux qui ne lui permet pas d'utiliser son armement lourd, tandis que les Romains ont appris à se défendre contre les éléphants. C'est une défaite pour Pyrrhus qui laisse dans la citadelle de Tarente, son fils Hélénos et son lieutenant Milon. A l'automne, il repart pour l'Épire. Le second consul, L. Cornelius Lentulus remporte une victoire contre les Samnites et les Lucaniens aux Campi Arusini. La pression romaine s'accentue sur Locres et Tarente qu'une flotte carthaginoise vient secourir, en violation du traité. Pyrrhus rappelle en - 274, Hélénos et une partie des troupes disponibles, Milon défend la citadelle jusqu'au bout et Tarente tombe en - 272. Par superstition, les Romains renomment le lieu de leur victoire contre Pyrrhus, Bénévent. Peu de temps après la bataille de Bénévent, un ambassade égyptienne vient proposer un pacte d'amitié qui est volontiers accepté par le Sénat Romain.
L'évolution de l'armée romaine
L'armée romaine a bien évolué depuis Servius Tullius au 6ème siècle. Les longues guerres contre les cités étrusques ont transformé la légion de 4 000 lourds fantassins qui ressemblait à la phalange grecque. Les citoyens moins fortunés sont à présent intégrés et l'infanterie de la légion comprend 6 000 hommes. La cavalerie s'est significativement renforcée, passant de 600 à 1 800 cavaliers. Après la défaite subie face au Gaulois sur l'Allia vers - 390, la légion abandonne le "combat compact" de la phalange pour une formation souple : elle est fragmentée en manipules (*) divisés en centuries où se retrouve l'ordre suivant :
- les hastati en première ligne, recrutés parmi les plus jeunes, portent un casque (type étrusco-corinthien), un vaste bouclier, le scutum remplace les clipeus d'antan (bouclier rond), une cuirasse en mailles saillantes, le thôrax alusidôtos, une épée au côté droit et une lance, la hasta. Ces unités engagent l'ennemi et si le combat devient trop dur, retournent derrière les principes d'où ils pourront effectuer des contre-attaques.
- les principes sont 6 pieds derrière, déjà aguerris dans les combats, ils ont le meilleur équipement parmi les légionnaires.
- les triarii en dernier portent l'armement lourd typique de l'hoplite : un casque de bronze à haut cimier, une cuirasse, un grand bouclier, une épée courte et pointue, et un lourd javelot ou pilum. C'est sur eux que repose l'espoir de réparer un échec survenu aux deux premières lignes.
Le centurio prior qui commande la centurie de tête est
élu
jusqu'aux réformes de Marius.
(*) manipule : littéralement, la quantité de
tiges de
blé que le moissonneur prend dans sa main gauche pendant que sa
main droite les coupe avec une faucille.
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