En 14 de notre ère, à la mort d'Auguste,
Tiberius Claudius Nero, fils de Livie, adopté par
l'empereur en 4 après la mort de ses petits fils Lucius et
Caius, Tibère donc, est désigné par le
Sénat pour devenir empereur, à l'âge de 56 ans. Et
il est confronté tout de suite à une révolte de
trois légions en Pannonie, provoquée par Percennius et
Vibulenus. Tacite dans ses Annales écrit :
"... révolte
sans motif, si ce n'est le changement de prince,
qui leur montrait la carrière ouverte au désordre
et des récompenses à gagner dans une guerre civile."
Drusus et Séjan la dissipent. Peu de temps
après, en
Germanie quatre légions de Germanie inférieure et des
vexillaires se révoltent à leur tour, Germanicus y met
bon ordre. A la fin de l'année, Germanicus, à la
tête de détachements des légions de Vetera, (12
000 légionnaires, 26 cohortes alliées et huit ailes de
cavalerie, composées chacune de 500 à 1000 cavaliers),
traverse le Rhin, saccage le territoire des Marses et
détruit le sanctuaire le plus sacré, celui de Tanfana ou
Tamfana. Au retour, la cavalerie de Germanicus est attirée dans
une embuscade par Arminius et l'infanterie vient à son secours
et la sauve.
En 15, Germanicus mène une campagne en Germanie. Il
investit le territoire des Chattes en même temps que
l'armée du bas Rhin se bat contre les Chérusques et
les Marses soulevés par Arminius. L'été,
Germanicus partage son armée en 3 corps:
Il s'embarque sur le Rhin avec les quatre légions de
haute Germanie.
Caecina s'engage dans le pays des Bructères avec les quatre
légions de basse Germanie.
Albinovanus, avec la cavalerie, avance dans le territoire des Frisons.
Germanicus est vainqueur des Bructères qui pratiquent
la tactique de la terre brûlée, un des aigles
perdus dans le désastre de Varus est retrouvé.
Germanicus atteint la forêt de Teutobourg, rend les derniers
honneurs aux légions de Varus et se lance à la poursuite
d'Arminius. Mais en septembre, après avoir déjoué
une embuscade des Bructères, des Tubantes et des
Usipètes, il renonce à cette poursuite et donne l'ordre
de revenir derrière le limes. La retraite de Caecina est
pénible sous le harcèlement d'Arminius qui inonde
la route des Longs Ponts et l'officier romain doit abandonner son camp
qu'Inguiomer, l'oncle d'Arminius pille, trop attiré par le
butin, mais ainsi, Caecina parvient à forcer le passage et
à défaire les ennemis. Albinovanus dirige la cavalerie
vers la mer et suit le rivage. Caecina, selon Tacite est "sauvé"
par l'intervention d'Agrippine, l'épouse de Germanicus dont la
détermination empêche la destruction des ponts de Vetera
décidée pour empêcher l'invasion de la Gaule et
ainsi permet aux légions de traverser le Rhin. Les pertes
en matériel et en chevaux sont considérables.
Germanicus (- 15 . 19)
(origine wikipedia)
En 16, une nouvelle campagne est préparée par
Germanicus. Il rassemble son armée aux bouches du Rhin et au
début de l'été la convoie sur une flottille de
mille transports jusqu'à l'embouchure de l'Ems. Puis il se
dirige vers le Weser, rencontre Arminius à Idistaviso et
celui ci accepte le combat. L'armée de Germanicus comprend
huit légions et un grand nombre d'auxiliaires germains et
gaulois. L'infanterie est placée avec la rivière
à droite et la forêt où se déploie
la cavalerie à gauche. Les auxiliaires avec leur lance et
leur bouclier ovale, sont placés dans la première ligne
pour faire face aux charges des cavaliers germains. En arrière,
des archers auxiliaires soutiennent ces fantassins. La deuxième
ligne romaine est composée d'un noyau de prétoriens
flanqué par deux légions, la troisième ligne
se compose de légionnaires et d'auxiliaires. Les Germains
forment un grand arc de cercle autour des légions romaines.
Arminius dirige sa cavalerie sur les flancs de l'armée romaine
mais les légions tiennent bon avec les auxiliaires et Arminius est
blessé à la cuisse par le centurion Quintus Minucius. Les
Germains à l'aile gauche commencent à se retirer dans les
bois face aux cavaliers de l'armée romaine, et Arminius utilise
ses forces de réserve pour mener un assaut frontal contre cette
ligne d'auxiliaires. Mais Germanicus a ordonné à ses
cavaliers de charger de flanc et en queue les cavaliers germains. L'
assaut d'Arminius est repoussé et c'est la déroute chez
les Germains, Arminius réussit à s'enfuir,
méconnaissable, le visage couvert de sang. Germanicus remporte
la victoire, les pertes sont lourdes des deux côtés. Les
Romains ne font pas de prisonniers.
Schéma de la bataille d'Idistaviso (origine :
http://utenti.lycos.it/campagneparallele/)
A l'automne, Germanicus retourne vers la mer du Nord et
l'armée est transportée par la flotte. Elle est
malmenée par la tempête et dispersée sur les
côtes jusqu'en Bretagne. Germanicus et le vaisseau amiral est
poussé vers la côte des Chauques et manque de mourir
dans la tempête. La campagne se termine par une invasion du
territoire des Marses, tandis que Silius pénètre
chez les Chattes. Le deuxième aigle perdu par Varus est
récupéré. Pendant l'hiver, Germanicus est
rappelé par Tibère et le commandement
supérieur de l'armée du Rhin est supprimé. Pour
Rome c'est la fin des tentatives de repousser la frontière
jusqu'à l'Elbe. Le 26 mai 17, Germanicus a droit au
triomphe pour ses campagnes de Germanie et il part rapidement en
Orient assurant le commandement général de cette
partie de l'Empire. Les Parthes en effet, occupent l'Arménie
qui est un protectorat romain. Germanicus fait une
démonstration de force et occupe sans combat
l'Arménie. Il place sur le trône Zénon
Artaxias avec l'approbation de la noblesse en 18. Le souverain
parthe, Artaban III, recherche la prolongation de la paix avec
Rome. En 35, à la mort de Zénon, Tibère place
sur le trône d'Arménie, Mithridates. Archelaos, le roi de
Cappadoce est convoqué à Rome pour répondre devant
le Sénat des troubles qu'il a suscité dans ses
états. Tibère le fait emprisonner jusqu'à sa mort
et transforme la Cappadoce en province romaine en 17.
La
révolte de Tacfarinas ( 17- 24)
En Afrique, une révolte commence en 17, ayant pour
motif la revendication des terres fertiles accaparées par la
colonisation romaine. Une précédent révolte
concerne déjà les Musulames en 5 ou 6. Un Gétule
nommé Tacfarinas, ancien militaire ayant servi dans les troupes
auxiliaires de l'armée romaine puis déserté,
réussit à rassembler la confédération des
Musulames et s'allie avec Mazippa, le chef des Maures, à l'Ouest
et avec les Cinithiens (peuple saharien vivant près de la petite
Syrte, à l'Est. Il commence par diriger une bande de voleurs de
bétail puis entraîne ses hommes à combattre comme
les Romains. Face à la Legio III Augusta, il pratique une guerre
comme les Numides, faite d'attaques soudaines suivies d'abandon rapide,
d'embuscades et de harcèlement. Le proconsul d'Afrique, Marcus
Furius Camillus part en campagne pour le combattre. Selon Tacite, il
réunit en un seul corps la Legio III et tous les auxiliaires
qu'il trouve et il marche contre Tacfarinas. Cette armée est
bien moins nombreuse que la troupe de Numides et de Maures et Camillus
essaie de faire espérer la victoire aux adversaires, aussi
Tacfarinas, trop confiant, accepte le combat dans le Sud Ouest de la
Tunisie actuelle. Camillus dispose la légion au centre, les
auxiliaires et les ailes de cavalerie sur les flancs et remporte la
victoire. Juba II semble avoir participé à cette victoire
car il frappe, en 18, des monnaies en souvenir de ce fait d'armes.
Après cette défaite, Tacfarinas pratique
efficacement la guérilla, il assiège et détruit
une cohorte de la Legio III, qui tient une fortification près
de la rivière Pagyda, sous le commandement de Decrius, en 18
et qui a fait une sortie imprudente. Lucius Apronius Caesanius, qui
succède à Camillus, remporte une victoire contre
Tacfarinas près de la ville de Thala. Mais la guerre n'est pas
terminée et l'armée de Tacfarinas menace aussi les villes
de la côte. Il envoie une ambassade à Tibère pour
proposer la fin de la guerre contre l'octroi de terres mais l'empereur
s'estime insulté par un déserteur. En 20, la Legio IX
Hispana est envoyée pour lutter contre cette révolte
et en 21, la Legio VIII Hispana qui stationne dans l'actuelle
Croatie, part en Afrique. Le gouverneur Quintus Junius Blaesus
annonce une amnistie, fait sans doute des concessions au sujet
des terres et beaucoup de combattants quittent Tacfarinas. Il
change l'aspect de cette guerre, divise son armée en 3
divisions indépendantes, fortifie les positions et
renforce les garnisons. Puis après l'été,
il ne revient pas avec son armée pour hiverner à
l'abri dans l'Africa Vetus, comme ses prédécesseurs,
mais il agit comme en début de campagne. Il envoie son aile
gauche contre les Garamantes pour protéger Cirta, fait
surveiller par son aile droite les débouchés de
l'Aurès et il tient le territoire des Musulames, patrouille
dans le désert d'un abri à l'autre et finit par
capturer le frère de Tacfarinas en 22. Puis il est
rappelé et récompensé par Tibère.
Mais, une légion est enlevée et les Maures se
révoltent à l'avènement de Ptolémée.
Tacfarinas étend la révolte de la
Maurétanie à la Grande Syrte, les Romains sont
débordés. Incapables de capturer Tacfarinas, ils tentent
de diviser les tribus en promettant des terres. La Legio IX est
rappelée en 23. Tacfarinas a reconstitué une petite
armée mais le nouveau proconsul Publius Cornelius Dolabella
s'allie avec le roi Ptolémée pour le combattre et
s'inspire des méthodes de Blaesus. En 24, Tacfarinas,
soutenu par le roi des Garamantes qui lui envoie des troupes
légères, nous dit Tacite, investit Tupusuctu (Thubusque)
en Maurétanie Césarienne, près de l'actuelle
Tiklat en Algérie. Dolabella demande le soutien du roi
Ptolémée, divise son armée en quatre corps,
attribue des chef maures à des contingents de troupes
légères. Dolabella apprend que des huttes venaient
d'être montées près des ruines d'un fort
appelé Auzéa (ou Auzia), à proximité
de Thubascum en Algérie, dans un place entourée de
forêts. Il envoie ses escadrons de cavaliers et des cohortes sans
bagages à l'attaque, au lever du jour. Les ennemis sont encore
endormis, sans armes et vite pris ou tués. Tacfarinas ne
pouvant fuir, évite la captivité par une mort au
combat près de Tlemcen, qui entraîne beaucoup de
légionnaires. Cette longue guerre de sept ans est finie,
les Garamantes envoient des ambassadeurs.
Les
révoltes en Gaule
Pendant ce temps, la Gaule romaine bouillonne. Les
impôts de plus en plus lourds provoquent un mécontentement
qui se transforme en révolte en 21. Dans les actuelles provinces
d'Anjou et de Touraine, la nouvelle de la mort de Germanicus et le
faible moral des légionnaires du limes germain favorise ce
mouvement. Julius Sacrovir, un noble Eduen, citoyen romain et le
Trévire Julius Florus sont à la tête du mouvement.
Un corps de cavaliers est formé à la romaine selon
Tacite. Florus prépare l'insurrection en Belgique tandis que
Sacrovir s'adresse aux peuples de l'Ouest et du Centre. Le message
passe très bien et la conjuration se met en place,
organisée par Sacrovir qui prudemment, recommande d'attendre que
toutes les cités soient prêtes et que lui même en
donne le signal. Mais les Andecaves et les Turons s'arment trop
tôt et les légions romaines entrent en scène. Le
légat Acilius Aviola fait venir une cohorte de Lugdunum et
réduit les Andecaves. Un corps de légionnaires est
envoyé par Visellius, le gouverneur de la Basse Germanie, pour
combattre les Turons. Des nobles gaulois combattent aux
côté des Romains, Sacrovir même y participe.
Florus continue son action chez les Belges, mais un corps de
cavalerie est levé par les Romains dans la capitale des
Trévires, (l'oppidum de Titelberg est devenu la cité d'
Augusta Treverorum, Trèves). Florus tente de les
entraîner dans le massacre des Romains installés dans le
pays, mais seuls quelques uns suivent. Après cet échec,
Florus rassemble ses "clients" et tente de gagner la forêt des
Ardennes pour y former un foyer d'insurrection. C'est alors que
les légions de Visellius et de Silius arrivent par des chemins
opposés et leur ferment le passage. Julius Indus, un
Trévire hostile à Florus, commande le corps de cavalerie
trévire fidèle et dissipe la foule d'insurgés en
désordre. Florus s'échappe quelques temps mais se tue et
la révolte cesse dans le Nord.
Mais l'irrésolution de Tibère facilite la
poursuite de l'insurrection par Sacrovir. Ce dernier réussit
à faire basculer les cohortes éduennes auxiliaires
disciplinées qui s'emparent de la cité d'Augustodunum
(Autun), la capitale des Eduens et y proclament la liberté de la
Gaule. Sacrovir y recrute des crupellaires, esclaves publics
affectés au métier de gladiateurs, revêtus d'une
armure en fer d'une seule pièce. Il arme la jeune noblesse
gauloise qui étudie la langue et la science des Romains, ainsi
que les habitants d'Augustodunum et les paysans. Il a bientôt 40
000 hommes dont 8 000 seulement portent l'armure. Les armes sont des
épieux, ou des instruments de chasse. Chaque jour, de nouveaux
volontaires viennent grossir la troupe. Seuls les Séquanes
rejoignent le mouvement.
Deux légions et un corps d'auxiliaires venus du Rhin
entrent dans le territoire des Séquanes, dispersent les
insurgés et dévastent les villages traversés. Les
soldats sont pressés de piller le pays le plus riche de la
Gaule. A douze milles d'Augustodunum, l'armée éduenne
attend, rangée dans la plaine. Les crupellaires sont au centre
et en première ligne, les cohortes et les "civils armés"
forment les ailes. Le légat Silius commandant 12 000
légionnaires aguerris, envoie les cavaliers envelopper les
flancs de l'armée gauloise et les légionnaires attaquer
en face. Les ailes plient rapidement et les paysans peu armés se
débandent. Les crupellaires peu sensibles au javelot ou à
l'épée sont plus résistants. Les
légionnaires utilisent leur dolabra (hache) pour percer les
cuirasses ou des leviers et des fourches pour faire basculer ces
pesants ennemis qui, à terre, ne peuvent se relever.
Sacrovir entraîné par la fuite des siens arrive
à Augustodunum où il compte se défendre mais
il trouve le peuple et les magistrats découragés et
il se tue avec ses amis. La répression n'est pas
sévère, Tibère ne voulant pas faire durer les
troubles qui réjouissent ses ennemis à Rome.
En 24 également, une
révolte d'esclaves éclate dans le Sud de
l'Italie. Titus Curtisius, un ancien soldat des cohortes
prétoriennes, tient des réunions secrètes autour
de Brindes puis affiche des appels à la liberté des
bergers. La situation des
esclaves dans ces latifundiae, n'a guère changé depuis
Spartacus. Mais au même moment, trois birèmes font
escale au port de Brindes, elles font partie de la flotte de Ravenne.
Le questeur Catius Lupus réquisitionne les équipages et
intervient rapidement. Tibère alerté, envoie de Rome une
forte troupe dirigée par Staïus, un tribun de la Garde
Prétorienne qui capture aisément Curtisius. Une autre
révolte d'esclaves, plus semblable à celle de Spartacus,
éclate en 64 quand des gladiateurs s'échappent de
l'école de Preneste.
En 25, c'est au tour des Thraces de se soulever car ils
n'obtiennent pas l'exemption du service militaire et craignent
d'être dispersés dans des contrées lointaines.
Poppaeus Sabinus, le gouverneur de la Macédoine reçoit
l'ordre de réprimer la révolte. Les rebelles sont
installés dans les gorges au milieu des bois et sur les collines
découvertes. Sabinus leur parle avec modération en
attendant les renforts : une légion de Mésie
dirigée par Pomponius Labeo et les Thraces fidèles avec
leur roi Rhémétalcès. Une fois l'armée
rassemblée, Sabinus marche contre les rebelles, chasse ceux qui
se tiennent sur les collines découvertes et s'installe sur une
montagne étroite qui s'étend jusqu'à la
première forteresse bien défendue. Il utilise ses archers
pour repousser les guerriers qui s'agitent devant les remparts mais une
sortie brusque jette le désordre parmi les archers. Une cohorte
de Sicambres intervient opportunément pour chasser les Thraces
rebelles.
Puis Sabinus va camper en face du camp ennemi et laisse les
Thraces fidèles dans les retranchements avec licence de piller
et de dévaster pendant la journée. Mais rapidement, les
Thraces cessent de garder le camp et ne songent qu'à festoyer et
s'enivrer. Les rebelles renseignés sur cet état de fait,
s'organisent pour à la fois attaquer le camp romain et attaquer
ces pillards. Ils attaquent de nuit et tandis que les Romains les
repoussent facilement, les Thraces auxiliaires sont surpris en
plein sommeil et massacrés avec conviction,
considérés comme des traîtres favorables à
l'esclavage. Sabinus le lendemain dispose son armée en bataille
mais les rebelles ne quittent point leurs positions retranchée.
Alors Sabinus commence à assiéger la place et fait
édifier une contrevallation d'une longueur de quatre mille pas.
Puis il resserre son enceinte et construit une terrasse d'où
sont envoyés des pierres, des feux et des javelines. Mais c'est
le manque d'eau et la discorde qui affaiblissent les
défenseurs. Enfin, par une nuit de tempête, les
rebelles se lancent à l'assaut désespérément
et perturbent par leurs cris les légionnaires. Beaucoup sont
tués, peu réussissent à passer et le
lendemain les survivants sont forcés de se rendre. La
révolte cesse en partie en raison de l'hiver rigoureux et
précoce du mont Hémus.
Une nouvelle flambée de violence éclate en 28 au
delà du Rhin. Les Frisons se révoltent et tuent les
collecteurs d'impôts. Selon Tacite, c'est l'avidité des
Romains qui en est responsable. Drusus, voyant qu'ils étaient
pauvres, leur avait imposé des cuirs de boeufs pour l'usage des
troupes. Et depuis, pas de soucis jusqu'à l'arrivée du
primipile Olennius, chargé du commandement de la Frise. Il
décide que les peaux livrées seront d'auroch, condition
impraticable en Germanie. Ils doivent livrer leurs boeufs, puis leur
champ et enfin leurs enfants et leurs femmes comme esclaves. Ils
prennent les soldats qui lèvent le tribut et les mettent en
croix. Olennius s'enfuit à Flevum, un fort où un corps
important de romains et d'alliés observent les côtes de
l'Océan. Le fort est assiégé. Le propréteur
de la basse-Germanie, L. Apronius marche contre eux avec l'armée
qu'il dirige et une bonne part des troupes de la Germanie
supérieure, en particulier de la cavalerie. Il descend le Rhin
et quand il arrive, les Frisons ont délaissé le siège
et défendent leurs foyers. Le terrain n'est pas propice à
une avance rapide, des lagunes bloquent les légions. Apronius
fait construire des chaussées et des ponts mais l'arrivée
de ces troupes est si échelonnée que les Frisons
repoussent tout ce qui est envoyé contre eux. Les renforts
continuent d'arriver mais le spectacle des combattants en fuite les
démoralisent. Enfin, les légions arrivent avec la
Vème en tête et après un dur combat, l'ennemi
est repoussé, et les blessés ramenés en
arrière. De nombreux tribuns, préfets et centurions sont
morts. Neuf cents romains sont tombés et quatre cent autres
isolés dans une maison où ils craignent d'être
trahis, se donnent la mort. La soumission est incomplète, cette
"victoire" du bois de Baduhenne permet aux Frisons de vivre "libres"
sur leurs terres jusqu'au milieu du III ème siècle.
Fin du règne de Tibère et
intermède de Caligula
Tibère s'est retiré en 27 sur l'île de
Capri en laissant le pouvoir à Séjan, le préfet du
prétoire. Avant de périr pour avoir tenté de
renverser l'empereur, il a en 20, rassemblé toute la Garde
Prétorienne, les neuf cohortes, dans un même camp, les
Castra Pretoria, au Nord Est de Rome. Les Prétoriens qu'Auguste
avait dispersés, vont devenir un contre pouvoir. En 35,
Tibère intervient dans les affaires parthes. Il autorise
le général Vitellius à pousser Tiridatès
III, un prince parthe vers le trône au détriment du roi
Artaban III et quand celui ci tente de mettre la main sur
l'Arménie, il pousse l'Ibérien Mithridates à
conquérir l'Arménie et à repousser le roi
parthe. Mais en 37, Artaban reconquiert son trône. Cette
année là, Tibère meurt à près
de 80 ans et le 3 ème fils de Germanicus, Caius Augustus
Germanicus a 25 ans et lui succède seul quand Tibère
avait prévu un autre co-héritier, son petit fils
Tiberius Gemellus, fils de Drusus. Ce nouvel empereur,
arrière petit fils d'Auguste et aussi d'Antoine, est mieux
connu sous le nom de Caligula (petite botte), nom qui vient de sa
présence dans les camps militaires de Germanie, quand enfant,
il vivait avec son père Germanicus. Il libère
Hérode Agrippa, enfermé par Tibère et lui confie
la Gaulanitide, la Batanée, la Trachonitide (Sud de la Syrie et
Transjordanie) et l'Auranitide. En 39, la dernière
légion relevant du Sénat (Legio III Augusta)
dépend d'un légat impérial, Caligula
prépare une campagne en Germanie pour combattre les
Alamans, avec Servus Sulpicius Galba et Publius Gabinius
Secundus, mais c'est une mascarade et ce sont des auxiliaires qu'il
présente comme des prisonniers. De la même façon,
l'année suivante, un projet d'expédition en Bretagne
s'arrête au bord de la mer. En 40, après avoir
déposé Hérode Antipas, le tétrarque
de Galilée et de Pérée, qui revendique le
titre royal, Caligula confie cette tétrarchie à
Hérode Agrippa. La même année, Caligula
invite à Rome son cousin Ptolémée, le roi
de Maurétanie. Jaloux semble-t-il de son luxe, il le
fait tuer et annexe son royaume. Une raison plus politique a
été proposée. Caligula aurait
supprimé Ptolémée II car il faisait partie de la
conspiration de Gnaeus Cornelius Lentulus Gaetulicus, un partisan de
Séjan.
Buste de Caligula
Musée du Louvre
Une révolte d'Aedemon, l'affranchi de Ptolémée,
retarde la romanisation. Sous ce nom grec, il s'agit d'un africain.
Selon Pline, dans son Histoire Naturelle, l'armée romaine
intervient sous le Principat de Claude, mais selon Dion Cassius,
la révolte est terminée avant la mort de Caligula,
le 24 janvier 41. Aedemon est soutenu par la partie de
l'armée restée loyale à son roi et par des
citoyens refusant l'intervention directe de Rome, tel le
berbère Sabalus qui devient un des chef des rebelles. Face
à lui, Licinius Crassus Secundus Frugi remporte quelques
engagements en commandant les unités romaines venues des
provinces. Les habitants de Volubilis sont fortement impliqués
dans la lutte contre Aedemon. La révolte est prise au
sérieux à Rome et deux officiers sont envoyés :
le légat Gaius Suetonius Paulinus et Gnaeus Hosidius Geta, le
commandant de la Legio VIII Hispana. La lutte est dure tant les
adversaires connaissent le terrain et entraînent les Romains
vers le Sahara. Paulinus part de la Moulouya et traverse l'Atlas
jusqu'à l'oued Gir. Geta lui succède et réussit
à vaincre deux fois Sabalus qu'il poursuit. Quand les Romains
manquent d'eau, un berbère réalise un rituel de pluie,
Geta accepte ce rituel et la pluie vient à tomber. Sabalus qui
est témoin de la scène, imagine que Geta a des "pouvoirs"
extraordinaires et se rend. En 42, la révolte est finie. Claude
devenu empereur, divise la Maurétanie qui correspond à
l'Ouest de l'Algérie actuelle et au Nord du Maroc, en deux
provinces, la Maurétanie Tingitane et la Maurétanie
Césarienne.
Caligula est tué par des officiers prétoriens,
c'est le troisième complot contre lui et Claude, à 51
ans, se retrouve juché sur les épaules d'un
prétorien, alors qu'il pense mourir. Les Prétoriens
veulent que l'Empire continue et imposent leur candidat au
Sénat qui souhaite mettre fin au régime impérial.
Claude a accepté de payer ces soldats une forte somme. Hérode
Agrippa qui a soutenu Claude dans son accession au pouvoir est
récompensé. Il reçoit la Judée et la Samarie.
En Germanie, Sulpicius Galba combat avec succès les Chattes de
même que Publius Gabinius Secundus face aux Chauques. En 42, une
tentative de soulèvement du gouverneur de Dalmatie, Furius
Camillius Scriboniatus échoue car les légions VII et XI
refusent de suivre. Depuis 44, la mort d’Hérode Agrippa, la
Judée est gouvernée en direct par des procurateurs romains
et la situation se dégrade pendant tout le règne de Claude.
En 48, malgré l'opposition de l'aristocratie romaine, l'empereur
accorde aux Gaulois, le droit d'accès aux magistratures de l'Etat,
en commençant par les Eduens. En 53, Claude retire Chalcis au jeune
Hérode Agrippa II. Claude renforce le limes du Rhin et du Danube,
ainsi le fort de Hofheim est bâti face aux Chattes vers 49. Claude
est un grand bâtisseur, il fait construire de nouvelles routes,
perfectionne les installations portuaires et achève l'aqueduc
apportant les eaux des monts Simbruins, commencé sous Caligula
et terminé en 47. Domitius, le fils d'Agrippine, adopté
par Claude en 50 au détriment de son fils Britannicus,
reçoit le nom de Claudius Neron. Ce dernier épouse en 53,
Octavie, la fille de Claude.
L'aqueduc Claudien terminé en 47
Les
débuts de la conquête de la Bretagne (43 - 50)
En 43, Verica, un prince de Bretagne est écarté du pouvoir par les Catuvellauni et les Trinovantes et vient demander l'aide de Rome. Ce n'est pas la première fois qu'un prince de la maison royale de Camalodunum vient demander protection à Rome. Sous Auguste, Tincommius, le roi des Atrébates, s'est réfugié à Rome en demandant de l'aide. A la mort du "roi" Cunobelinus, Caratacus et Togodumnus, deux de ses fils s'emparent du pouvoir et expulsent le troisième, Adminius. Ce dernier vient auprès de Caligula chercher du soutien et lui proposer de débarquer en Bretagne, sans résultat. Mais les deux frères, respectivement roi des Trinovantes et roi des Catuvellauni, s'attaquent aux Atrébates, alliés des Romains et chassent leur roi Verica. Claude dispose d'un bon motif d'intervention : se poser en arbitre entre les Bretons et une véritable raison : empêcher qu'un puissant royaume celtique se forme et donne aux sujets gaulois des idées de révolte. Il peut compter sur certains Bretons qui craignent l'expansion des Catuvellauni : les Atrébates à l'Ouest et les Brigantes au Nord, ainsi que la neutralité bienveillante de Prasutagus, le roi des Icènes dont le territoire correspond aux actuels comtés de Suffolk, Norfolk et Cambridge.
Selon Dion Cassius, Verica persuade Claude d'envoyer une
armée dans l'île. L'empereur semble avoir besoin d'une
victoire pour conforter son pouvoir fragile et il donne comme raison de
cette campagne, le fait que les successeurs de Cunobelinus (connu sous
le nom de Cymbeline chez Shakespeare), veulent étendre leur
domination et se soustraire à la suzeraineté romaine,
ainsi l'écrit Tacite. Tout est bien organisé à
l'avance : l'intendance, le regroupement des unités, et
même des éléphants sont envoyés pour
impressionner les barbares que Rome n'a évidemment pas
prévenu de la nouvelle guerre. Claude donne un nom à
cette île : Britannia. A Rome, le consul Vitellius est
aux commandes. En mars ou avril, Aulus Plautius et Gnaeus Sentius
embarquent à Gesoriacum (Boulogne) avec 4 légions, 3
venant de Germanie ( II Augusta, XIV Gemina et XX Valeria Victris) et
une de la région du Danube ( IX Hispana), débarquent sans
résistance à Rutupiae (actuellement la plage de Deal, au
sud de Ramsgate, près de Richborough et prennent d'assaut
l'oppidum des Cantiaci, près de Canterbury.
Puis les Romains rencontrent une défense plus
sérieuse sur la Medway. Les Bretons n'ont pas pris au
sérieux la mobilisation romaine, sans doute le souvenir des
gesticulations de Caligula. Mais à présent ils se
rassemblent derrière la rivière Medway sous le
commandement de Caratacus et Togodumnus. Une bataille très
violente oppose des combattants très déterminés.
La bataille de Medway dure deux jours !
Le premier jour, des cavaliers auxiliaires bataves
réussissent à traverser la Medway et neutralisent
les chariots de guerre bretons. Plautius ordonne à
Vespasien de franchir la rivière avec la II Augusta. Puis,
l'une après l'autre, les trois autres légions suivent
le même chemin et combattent, mais la nuit est tombée.
Le deuxième jour, les Bretons sont plus nombreux mais ne disposent plus de l'avantage des chariots de guerre. Le combat est encore plus vif mais une charge violente commandée par Hosidius Geta, réussit à couper en deux la ligne bretonne et les Bretons s'enfuient avec Caracatus vers la Tamise, connaissant bien les endroits fermes et praticables comme le confirme Dion Cassius. Les légionnaires poursuivent les Bretons dans les marais et subissent ainsi des pertes sensibles.
Après cette bataille décisive, il reste à
franchir la Tamise. Mais Plautius campe au bords du fleuve, veille sur
le terrain conquis et appelle Claude qui se rend en Britannia en
Juillet et reste 16 jours dans l'île pour franchir la Manche
dans les deux sens avant les marées d'équinoxe.
Aussitôt que l'empereur est là, c'est la
bataille de la Tamise.
Les cavaliers germains traversent le fleuve à la nage tandis que
les légions passent sur des pontons préparés à
l'avance, en plusieurs endroits. Les Bretons sont attaqués de
tous côtés et c'est une véritable hécatombe.
Togodumnus est tué dans la bataille. Dans la foulée, la
cité de Camalodunum (actuellement Colchester) est prise et
devient rapidement une colonie de vétérans.
Puis Claude confie le gouvernement et la soumission de l'île à Plautius, rentre en Gaule et y fait une longue tournée ainsi qu'en Italie du Nord et revient à Rome en début d'année 44. A la fin de l'année 43, la Britannia est officiellement rattachée à l'Empire et Claude à cette occasion, crée une nouvelle légion, la Legio XXII Primigenia. Très vite la pénétration romaine rayonne depuis Camulodunum et entre 43 et 47, Plautius pousse ses légions, la IX Hispana au Nord à Lindum (Lincoln), la XIV Gemina à l'Ouest, vers Bagendon (près de Bristol) et la II Augusta au Sud Ouest, commandée par le
légat Vespasien à Maiden Castle (Weimouth) et vers Exeter. Vespasien et son fils Titus se distinguent dans cette campagne de Britannia.
Romains faisant la tortue sur la colonne Trajane
La bataille de Caer Caradoc
En 50, le successeur d' Aulus Plautius, Publius Ostorius Scapula livre
une bataille décisive au lieu dit Caer Caradoc. Caracatus s'est
retranché dans un terrain en collines, difficile d'accès
pour les assaillants. Quand la pente est douce, des murs de pierre
brute sont édifiés. Son armée est composée
surtout de guerriers ordovices complétés par des silures.
Scapula commande une troupe moins noimbreuse et il est
réticent devant l'assaut des lignes fortifiées bretonnes,
mais l'enthousiasme de ses légionnaires le fait changer
d'avis. Les légionnaires montent à l'assaut et
traversent facilement la rivière (probablement la Severn
ou la Teme) et subissent une pluie de projectiles. Ils forment la
tortue et démontent les pierres du rempart. Au corps à
corps les Romains repoussent les Bretons qui se retirent et sont pris
entre les légionnaires et les auxiliaires. L'épouse et la
fille de Caracatus sont capturées mais Caracatus
s'échappe vers le nord et cherche un refuge chez les Brigantes.
Scapula soumet les Icènes et les Brigantes puis fonde une
colonie à Camalodunum, pour tenir en respect les Silures (dans
le sud de l'actuel Pays de Galles). En 51, la guerre se déplace
vers l'Ouest, chez les Ordoviques (au Nord de l'actuel Pays de Galles).
Cartismandua, la reine des Brigantes, au nord, livre, aux Romains,
Caractatus venu se réfugier chez elle. Les Icènes se
soulèvent probablement en raison de la manière
dont les Romains ont désarmé leurs guerriers. Caracatus,
prisonnier à Rome a pu parler au Sénat. Il y fait une
telle impression qu'il est gracié et sort libre de vivre
en paix à Rome selon Tacite.
suite de la conquête de la Bretagne
La
guerre de Mithridate (45 - 49)
Pendant ce temps; au Pont Euxin, les rapports entre le roi
du Pont, Polemon II et le roi du Bosphore Mithridate VIII sont tendus.
Le roi du Pont, comme son grand père Polemon Ier, veut
réunir les deux royaumes avec l'appui de Rome. Ainsi Caligula
en 38, a reconnu la revendication de Polemon II. Claude en 41, admet
la séparation des deux royaumes or le roi du Pont mène
une action militaire contre le royaume du Bosphore avec le soutien
de troupes romaines, celles de Chersonèse et peut être
de l'armée de Mésie. Mais cette gesticulation est
stérile, Mithridate monte sur le trône et succède
à son père. Claude reconnaît le royaume du
Bosphore et offre des compensations en Cilicie à Polémon.
Mais Mithridate prépare une guerre contre Rome écrit
Dion Cassius. Claude en est informé par Cotys le frère
que Mithridate a envoyé en ambassade. L'empereur réagit
rapidement et en 44, il envoie le légat de Mésie, Didius
Gallus, à Panticapée avec une partie de ses troupes.
Mithridate est chassé de la capitale et Cotys est
proclamé roi du Bosphore. Didius Gallus repart avec
l' essentiel de ses troupes, laissant à Panticapée
quelques cohortes sous le commandement de Julius Aquila. Mithridate
tente de recouvrer son royaume, il s' appuie sur le roi des Sarmates,
Siraces, Zorsines et attaque le royaume des Dandarides, un
allié du royaume du Bosphore.
Cotys et Aquila parviennent à s'allier aux Aorses, les ennemis traditionnels des Siraces qui sont vaincus. Mithridate s'enfuit et se rend à Eunones, le roi des Aorses. Claude fait preuve de clémence, Mithridate est ramené captif à Rome. C'est la première intervention de troupes romaines au Nord du Pont Euxin. Tacite précise que les légions sont à trois jours de marche du fleuve Tanais quand Zorsines, le roi des Siraces, se soumet. Le retour des légions se fait par voie maritime et plusieurs navires sombrent au cours d'une violente tempête. Des Romains sont noyés ou éliminés sur les plages de Tauride par les populations hostiles. Auparavant, en 43, la Lycie perd sa liberté et est réunie à la Pamphylie en punition de troubles et en 44, l'île de Rhodes où des citoyens romains ont été mis en croix, est rattachée à l'Empire qui contrôle à présent toutes les rives de la Méditerranée.
En 47, la Germanie s'agite à nouveau. L'empereur
Claude envoie aux Chérusques, Italicus, le neveu d'Arminius
élevé à Rome, pour devenir leur roi mais
celui ci devenu tyran est chassé par les Chérusques
puis rétabli par les Longobards, selon Tacite. Les Chauques
menés par Gannascus, font des raids de pirates avec des
vaisseaux légers contre les côtes gauloises riches et
peu défendues. Corbulon fait descendre des galères par
le Rhin, les autres navires par les canaux et les lacs, chasse
Gannascus. Il rétablit la discipline parmi les légions
qui se livraient au pillage. Corbulon obtient de la part des Frisons,
la livraison des otages et le respect des limites du territoire
qu'il leur a assigné. C'est grâce aux Chauques qu'il
réussit à perdre Gannascus mais la mort de ce dernier
les irrite. Claude devant la popularité croissante de Corbulon,
exige que les légions se retirent de la rive droite du Rhin.
Corbulon emploie ses troupes à creuser un canal entre le Rhin
et la Meuse. En 51, L. Pomponius réprime une irruption des
Chattes.
En Orient,
Vardanès, le roi des Parthes, attaque l'Arménie. Le
gouverneur de la Syrie, Vibius Marsus le contient. Vardanès
songe à attaquer le royaume d'Adiabène, allié
de Rome, cependant une révolte de son frère
Gotarzès l'arrête Mais il est vainqueur de son
frère et poursuit ses conquêtes jusqu'au fleuve
Gindès. En 48, Vardanès est massacré par les
Parthes, Gotarzès redevient roi. Mais il est si cruel qu'une
délégation de Parthes vient à Rome demander
à Claude de leur donner pour roi Meherdatès, le fils
de Vononès 1er, retenu en otage à Rome. Claude y
répond favorablement en donnant l'ordre au gouverneur de
Syrie Caius Cassius, de conduire Meherdatès jusqu'à
l'Euphrate. Ce dernier malgré les conseils de Cassius perd
du temps, puis franchit le Tigre et livre bataille à
Gotarzès mais, en 50, il est vaincu et capturé par
Gotarzès.
Au printemps 51, Mithridates
est assiégé dans le fort de Gorneas, avec le
préfet Caelius Polliio et le centurion Casperius par Rhadamiste,
le fils du roi d'Ibérie. Mithridates, trahi par Pollio, est
tué dans une entrevue avec Rhadamiste. Julius Pelignus, le
gouverneur de Cappadoce, reconnaît le nouveau roi
d'Arménie. Helvidius Priscus traverse le Taurus avec une
seule légion pour maintenir la paix en Arménie
mais doit rentrer en Syrie pour éviter une confrontation avec
les Parthes. Vologasos, le roi parthe, envahit l'Arménie et
s'empare aisément de Tigranocerte et d'Artaxata, les deux
capitales d'Arménie, Rhadamiste est chassé par les
Arméniens et le frère de Vologasos, Tiridatès
devient roi, la garnison romaine quitte l'Arménie. En 52,
Rhadamiste revient en Arménie et suite à une nouvelle
invasion parthe, il s'enfuit.
Dans la nuit du 12 au 13 octobre 54, Claude est empoisonné à soixante quatre ans. Selon Tacite c'est un plat de champignons probablement vénéneux que sa femme lui sert sans le déranger outre mesure. Aggripine recourt à un Grec qui sous prétexte de favoriser les vomissements de l'empereur, lui introduit dans la gorge une plume imprégnée de venin qui le fait expirer rapidement. Lucius Domitius Ahenobarbus mieux connu sous le nom de Néron, promet aux prétoriens des largesses égales à celle de Claude. Il est rapidement reconnu empereur par les cohortes prétoriennes, puis par le Sénat. Les mauvaises nouvelles d'Arménie arrivent enfin à Rome. Dès le début de son règne, il est confronté aux violences de Césarée ou les Syro-Grecs et les Hébreux s'affrontent. La garnison romaine composée de Syriens soutient les siens, les Hébreux s'arment de gourdins et d'épées, le procureur Félix fait charger ses troupes et les troubles continuant, on demande l'arbitrage de Néron qui tranche en faveur des Syro-Grecs. La tension monte en Judée ! En 60, les Roxolans apparaissent sur le Bas Danube et Néron envoie deux centurions remonter le Nil, vers le royaume de Méroé pour une reconnaissance avant une éventuelle conquête. En 64 ou 65, à la demande de Corbulon, le royaume du Pont de Polémon II est finalement annexé et intégré à la province de Galatie selon Suétone. La fin du règne de Néron est très sombre, le nouveau préfet du prétoire, Tigellin, est responsable de plusieurs lois réprimant les trahisons qui provoquent de nombreuses exécutions capitales notamment après la découverte de la conjuration de Pison. Enfin Néron ordonne que Corbulon se suicide suite à des soupçons de trahison en 67, alors les commandants militaires, à Rome et dans les Provinces envisagent de renverser l'empereur. Quand Néron revient de son long voyage en Grèce, l'atmosphère est glaciale, le gouverneur de la Gaule Lyonnaise, Gaius Julius Vindex se révolte, l'empereur ordonne l'élimination de tout patricien suspect. Galba, le gouverneur d'Hispanie, directement menacé, ordonne l'exécution de Néron et jure fidélité au Sénat et au Peuple de Rome. Le second préfet du prétoire corrompt les Prétoriens par des promesses de récompenses substantielles en juin 68. Le Sénat démet Néron qui se poignarde le 9 juin 68, clôturant la dynastie julio-claudienne.
L'un des buts de la campagne est d'éradiquer les
risques de "fermentation anti-romaine" en Gaule, attribués
aux druides. En venant en Britannia, les légionnaires
pourchassent les druides dont une partie se réfugie dans
l'île de Mona (actuellement Anglesey, dans la mer d'Irlande).
Néron donne l'ordre de prendre ce repaire et d'éliminer
ces "agitateurs". Le nouveau gouverneur Paulinus Suetonius,
prépare soigneusement l'assaut et fait construire :
"des navires dont la carène fut assez plate pour aborder sur une plage basse et sans
rives certaines... L'ennemi bordait le rivage : à
travers ses bataillons épais et hérissés de fer,
courraient, semblables aux Furies, des femmes échevelées,
en vêtement lugubres, agitant des torches ardentes ; et des
druides, rangés à l’entour, levaient les mains vers le
ciel avec d’horribles prières"
(Tacite)
Et tous les druides sont exterminés. Le temple
est détruit mais Suetonius apprend une terrible nouvelle,
Boudicca, la reine des Icènes, avec l'aide des Trinovantes
s'est révoltée et un grand massacre de citoyens
romains a eu lieu.
En effet, les Icènes sont favorables aux Romains
malgré une courte révolte en 48. Le vieux roi
Prasutagus, pour préserver l'avenir de sa femme et de ses
filles, a légué son royaume à Néron
et partagé ses biens entre sa famille et l'empereur,
conformément à la loi impériale. En 60, le
roi Icène meurt. Le royaume correspondant au Norfolk et
Suffolk actuels, est annexé. Néron envoie Catus
Decianus, son procurateur faire l'inventaire des biens du
défunt pour établir un partage équitable.
Mais Catus se comporte avec les Icènes en pays conquis.
Les vexations et les insultes pleuvent, la reine Boudicca est
flagellée, ses deux filles violées, ses neveux
jetés en prison et les nobles Icènes traités en
esclaves et dépouillés de leur patrimoine. Selon Dion
Cassius, des membres de la tribu doivent des sommes importantes aux
usuriers romains, dont une partie demande brusquement le remboursement
de leur prêt. Les Romains mettent les tribus bretonnes en
faillite !
statue de Boudicca à Londres (origine wikipedia)
Boudicca appelle les Bretons à la révolte et
les Trinovantes suivent. Le gouverneur Suetonius Paulinius est en
campagne avec la majeure partie de son armée dans l'actuel
Pays de Galles et attaque l'île de Mona. Le moment est bien
choisi. Selon Tacite, le reine se comporte en chef de guerre et
lève des armées, elle combat et monte sur un char.
Les Romains isolés sont attaqués. Mais l'effort
principal porte sur la nouvelle colonie située à
Camalodunum que les Trinovantes attaquent rapidement. La cité
n'a pas de murailles. Catus Decianus envoie 200 légionnaires
soutenir les vétérans de la Legio XX qui résistent
deux jours avec les citoyens en état de porter les armes dans le
théâtre de Claude. La cité est prise, pillée
et incendiée par une armée estimée à 120
000 hommes. Tous les Romains sont exterminés.
Les garnisons romaines éloignées ne
réagissent pas à l'exception de celle de Lincoln dans le
Nord, où le légat de la Legio IX, Quintus Petilius
Cerialis Caesius, décide de sauver la colonie attaquée et
arrive trop tard. Il est attaqué par des forces très
supérieures et perd toute son infanterie, la cavalerie
réussit avec peine à se replier et s'enfermer dans
Lincoln. Boudicca continue sa marche destructrice vers Londinium
(Londres) et massacre les Romains dispersés sur son passage.
Londinium est pillée et brûlée et les habitants qui
n'ont pu fuir sont massacrés. La cité de Verulamium
(près de Saint Albans) subit le même sort. Des couches de
terre brûlée sont appelées aujourd'hui par les
archéologues "la strate de destruction de Boudicca".
L'armée bretonne évite les forts et les postes
militaires. Paullinus averti, devance ses légions avec sa
cavalerie, décide d'abandonner Londinium et revient dans
l'Ouest pour rassembler le plus possible de troupes.
La bataille de Watling street (61), appelée aussi bataille de Paulerspury
Suetonius Paulinius est le dernier rempart de la Britannia,
aussi il ne veut rencontrer cette foule armée,
évaluée à plus de 200 000 personnes qu'avec
le maximum de légionnaires et dans un endroit bien choisi.
Il appelle la Legio II Augusta, basée à Isca
Dumnoniorum (près de l'actuel Exeter dans le Devon). Mais son
commandant provisoire Poenius Postumus, refuse de quitter son camp.
Il n'a donc qu'une armée de 10 000 hommes composée pour
l'essentiel de la Legio XIV Gemina, d'éléments de
la Legio XX Valeria Victris et tous les auxiliaires. Pour encourager
ces hommes alors qu' on estime à 70 000 les romains
exécutés en quelques jours,
comme Mithridate VI, 120 ans
plus tôt, Suetonius leur dit, d'après Tacite :
"Il y a plus de femmes que d'hommes dans leurs rangs. Ce ne
sont pas des soldats et ils ne sont même pas bien
équipés. Nous les avons déjà vaincus avant.
Gardez vos rangs; lancez vos javelots; précipitez vous vers une
attaque de proximité, brisez les avec vos boucliers, et taillez
un passage avec votre épée..."
Et toujours dans Tacite nous pouvons lire ce que Boudicca a
dit :
"Rien n'est à l'abri de l'orgueil et de l'arrogance
romains. Ils dégradent le sacré et déflorent nos
vierges. Gagner la bataille ou périr dans la gloire, c'est ce
que moi, une femme, ferai. Ma résolution est ferme, les hommes,
si cela leur convient peuvent survivre à l'infamie et vivre
en servitude"
Paulinius s'est installé dans une gorge étroite
ouverte sur une large plaine avec une forêt derrière lui,
la gorge protégeant l'armée romaine d'une attaque de
flancs, tandis que la forêt ferait obstacle à un assaut
par l'arrière. Les Bretons ont laissé leurs chars de
guerre au fond de la plaine avec leurs familles
comme les Cimbres à la bataille d'Aix, en - 102.
L'armée bretonne est ralentie par les civils, le bétail
et les chariots pleins du butin ramassé dans les cités
romaines. L'armée de Boudicca, canalisée par le terrain,
déclenche un assaut frontal. L'avantage du nombre (20 contre 1)
est annulé. Pendant leur progression, les Bretons
reçoivent les lourds pila qui se plantent dans les boucliers
qui deviennent inutiles. Une seconde volée cause beaucoup de
pertes chez ces guerriers sans cuirasses. Mais la détermination
est forte dans les deux camps.
Mais la ligne bretonne est tout à fait
désorganisée et Paulinus lance l'attaque des
légionnaires formée en coin. Les Romains, avec leur
armure, leurs armes supérieures et leur discipline,
bénéficient d'un avantage décisif dans ce combat
rapproché et repoussent la masse des Bretons. C'est alors que
les cavaliers romains interviennent, dans la mêlée,
la lance tendue. Les pertes s'accumulent chez les Bretons et ils
cherchent à sortir de ce piège mais ils sont
bloqués par les chars et la tuerie commence. Les
légionnaires attaquent aussi les femmes, les enfants et les
animaux. Tacite nous fournit une estimation pour les pertes : 80 000
Bretons et 400 Romains sont restés sur le sol.
Boudicca s'empoisonne d'après Tacite ou tombe malade
et meurt avec un somptueux enterrement selon Dion Cassius. La seconde
version est peu probable car Suetonius Paulinus exerce des
représailles terribles, et même affame les populations.
Poenius Postumus est traduit devant un conseil de guerre et se perce
de son épée. Le nouveau procurateur Julius Classicianus
est fort critique envers Paulinus, Néron envoie son affranchi
Polyclitus pour se rendre compte de la situation et réconcilier
le gouverneur et le procurateur. La tournée de Polyclitus
surprend beaucoup les Bretons, en particulier quand le gouverneur
ayant terminé une guerre si terrible, obéit à
un esclave! Le gouverneur est rappelé à la fin de
l'année et il est remplacé par un diplomate, Publius
Petronius Turpilianus car Néron qui a envoyé depuis
la Germanie, deux mille légionnaires, huit cohortes
alliées, et mille chevaux, veut éviter la
répétition de la catastrophe de 60-61. La conquête
de l'Ouest et du Nord est remise à plus tard.
Le lieu précis de la bataille n'est pas connu. Il
est près de cet axe routier construit par les Romains qui
est renommé Watling street.
La
campagne de Corbulon contre les Parthes (58-63)
Une campagne contre les Parthes devenus complètement
maîtres de l'Arménie est rapidement
décidée à Rome. Le légat consulaire Gnaeus
Domitius Corbulon est envoyé en Cappadoce et le légat de
Syrie Ummidius Quadratus doit mettre deux de ses quatre légions
à sa disposition. La concentration se fait près de
l'Euphrate. Hérode Agrippa II et Antiochus de Commagène
sont mobilisés, mais la guerre est retardée car Corbulon
déclare qu'il ne peut tirer aucun parti des troupes qu'on lui a
envoyées. Relâchement de la discipline, longue
période de paix, ces légions levées et
cantonnées dans les provinces grecques sont tout à fait
démoralisées. L'effectif des légions comprend des
vieillards ! Corbulon renvoie beaucoup d'hommes affaiblis par
l'âge ou les infirmités et en recrute davantage en
Galatie et en Cappadoce. Les quartiers d'hiver sont
déplacés dans les montagnes d' Arménie et
l'armée est soumise à une discipline très
dure. Les désertions sont nombreuses et très
sévèrement punies. Corbulon réclame
l'envoi d'une des meilleures légions d'Occident..
Mais Il ne se presse pas d'attaquer car sa mission est de laisser
le trône d'Arménie à Tiridatès et
de le contraindre à reconnaître la
suprématie romaine. Il entame des négociation avec
Vologasos (Vologèse 1er) qui accepte de livrer des otages
(peut-être ceux dont il craint la rivalité). La paix
provisoire dure jusqu'en 58.
Mais ni Vologasos, ni Tiridatès ne veulent demander
à Rome l'investiture du royaume d'Arménie. Tacite
écrit que le refus que fit Tiridatès de prêter
hommage est la vraie cause de la guerre. Au début de
l'été 58, Corbulon franchit l'Euphrate avec une
armée de 30 000 hommes entraînés.
L'expédition achève de les endurcir. Les quartiers
d'hiver sont pris en Arménie. Corbulon avance vers Artaxata
tandis que le roi ibérien Pharasmanès envahit
l'Arménie par le Nord et Antiochus de Commagène attaque
par le Sud. Vologasos, retenu par la révolte des Hyrcaniens,
ne peut soutenir son frère Tiridatès. En hiver,
Tiridatès réclame une entrevue avec Corbulon, dans
l'espoir de se rendre maître du général
romain, son plan échoue, il se retire précipitamment.
En avril 59, la forteresse de Volanda et deux autres
places d'Arménie sont emportées par Corbulon,
Cornelius Flaccus et Insteius Capito. Le 29 avril, Corbulon et
Tiridatès se rencontrent sous les murs d'Artaxata :
Tiridatès s'enfuit. Le 30 avril, Corbulon s'empare d'Artaxata,
et le même jour a lieu une éclipse signalée par
Pline.
De mai à septembre, Corbulon se dirige d'Artaxata
sur Tigranocerta et envoie les Ibériens ravager les terres des
Mardes. En septembre, les habitants de Tigranocerta se rendent
sans résistance à Corbulon : la citadelle est prise
d'assaut. En hiver, Corbulon reçoit les ambassadeurs des
Hyrcaniens, ennemis des Parthes, et à leur retour, il les
fait escorter jusqu'à la mer Rouge.
En été 60, Verulanus, lieutenant de Corbulon,
défend l'Arménie contre Tiridatès et le contraint
à la fuite. Néron investit du royaume d'Arménie,
le prince Tigrane, arrière-petit-fils d'Archelaos de
Commagène. En automne, Corbulon l'établit comme roi
d'Arménie, et se retire dans la
Syrie privée de gouverneur par la mort de Quadratus. En fin 60,
mort d'Izate, roi de l'Adiabène, son
frère aîné Monobaze lui succède. Corbulon
demande un gouverneur pour la Cappadoce et l'Arménie.
En 61, au printemps, Tigrane, le nouveau roi d'Arménie
lance des raids en Adiabène. Vologasos en réponse,
proclame à nouveau son frère Tiridatès, roi
d'Arménie et fait la paix en Hyrcanie. Il lance contre Tigrane
les auxiliaires adiabéniens dirigés par Monaesès
accompagné de Tiridatès et lève une forte
armée. Vologasos prépare en Mésopotamie un assaut
sur la Syrie. Corbulon envoie 2 légions conduites par Verulanus
Severus et Vettius Bolanus soutenir Tigrane, avec l'ordre d'avancer avec
prudence et met la Syrie en état de défense. A Tigranocerte,
ville bien fortifiée, Tigrane repousse l'attaque de Monaesès
et les légionnaires font une sortie et taillent les Adiabènes
en pièces selon Tacite. Vologasos envoie des ambassadeurs
auprès de Néron pendant l'été et Monaesès
se retire de l'Arménie. Néron renvoie les ambassadeurs sans
aucun aménagement et répartit les troupes romaines en Orient
et leur commandement entre Lucius Caesenius Paetus (IVè, Vè
et XIIè légion et les auxiliaires du Pont, de la Galatie et
de la Cappadoce) et Corbulon (IIIè, VIè et Xè
légion et les anciens soldats de Syrie).
A l'automne, Paetus effectue, au delà du Taurus, une
campagne inutile, prend quelques forts, revient à son point de
départ et s'en fait une gloire auprès de Néron
par une relation enjolivée. Puis il prend ses quartiers d'hiver
à Rhandeia sur l'Arsanias, un affluent de l'Euphrate pendant que
Corbulon rend étanche la rive romaine de ce fleuve par des
travaux de fortification adaptés : postes rapprochés,
grands bateaux surmontés de tours, équipés de
balistes et de catapultes. Au printemps 62, Paetus, avec ses
légions syriennes incomplètes qu'il n'a pas
réorganisées comme l'a fait Corbulon, est incapable
d'empêcher les Parthes de franchir les passes du Taurus. Les
troupes avancées sont balayées par l'offensive parthe
et en été, il est assiégé dans son
camp d'Arsamosata (actuellement Elazig dans la province turque du
même nom) et dans ses quartiers d'hiver. Paetus appelle Corbulon
à son secours. Celui ci part avec la moitié de
l'armée de Syrie et emporte des vivres sur des chameaux.
Il rallie des troupes éparpillées de Paetus mais avant
qu'il arrive, Paetus capitule et selon Tacite, les légionnaires
passent sous le joug et le résultat peut se résumer
ainsi :
Les Parthes lèvent le siège du camp romain.
L'Euphrate redevient la limite entre les deux empires.
Les Romains livrent toutes les places qu'ils occupent en Arménie
et tous leurs approvisionnements et évacuent l'Arménie
comme les Parthes.
On attend l'issue des négociations entre Vologasos et
Néron.
Paetus et Corbulon hivernent en Cappadoce. Et en 63, les ambassadeurs parthes demandent à Rome que Tiridatès soit couronné roi d'Arménie en présence des légions. C'est un refus, Rome ne peut accepter cette décision comme une conséquence de la capitulation. Elle ne peut y consentir qu'à la suite d'une victoire. La guerre est décidée. Paetus est rappelé. Corbulon qui est populaire à Rome, est investi du commandement de toutes les forces militaires des provinces d'Orient avec autorité sur les gouverneurs et les princes. Une nouvelle légion est envoyée de Pannonie. L'offensive reprend au printemps, Corbulon franchit l'Euphrate avec ses quatre meilleures légions et se dirige vers les forces rassemblées des Parthes et des Arméniens. Cette campagne est courte, quelques fortifications défendues par des Arméniens hostiles à Rome sont détruites, les gouverneurs réputés favorables aux Parthes sont chassés. Un nouveau traité est signé dans l'esprit de ce que demandent les Parthes:
La couronne d'Arménie est réservée aux
cadets des rois parthes. Tiridathe promet d'enlever de sa tête,
publiquement et en présence des deux armées, la couronne
royale pour la dépose devant l'image de l'empereur et de ne la
reprendre qu'après l'avoir reçu, à Rome, des mains
de Néron. C'est ainsi que cela se passe effectivement,
en 66, lorsque le prince parthe Tiridatès vient à Rome
avec trois mille cavaliers parthes et les enfants de ses trois
frères qu'il laisse en otage. Le traité de Rhandeia de
63 est ratifié. Néron envoie de l'argent et des ouvriers
pour reconstruire Artaxata. Une garnison romaine reste dans la
Sophène, une province voisine de l'Euphrate.
Néron, en rompant avec la tradition de ses prédécesseurs qui utilisaient les rois clients dans leur conflit avec les Parthes, et en faisant intervenir directement Corbulon et les légions, oblige Rome à organiser l'acheminement et l'approvisionnement des légionnaires. Il faut aussi rendre plus sûre la navigation en raison d'une piraterie endémique. Le port de Trapezus devient un pôle essentiel qu'il faut défendre des Alains.
Le
début de la guerre des Juifs
Néron, après ce règlement de la guerre
avec les Parthes, et la cessation des hostilités en Britannia,
décide de fermer "définitivement" les portes du temple de
Janus (qui sont ouvertes en temps de guerre). La fin de son
règne est marquée par la conspiration de Pison qui est
déjouée à temps, l'incendie qui détruit une
dizaine de quartiers de Rome et dont les chrétiens sont rendus
responsables. Ils sont traités avec toute la rigueur dont sont
habitués les incendiaires mais ces événements ne
concernent que Rome. Une autre région de l'Empire est pourtant
en ébullition. La Judée jouit d'un statut particulier depuis
Auguste. Il n'y a pas de légionnaires mais une aile de cavalerie
et cinq cohortes composées de fantassins de médiocre
qualité soit environ 3 000 soldats. A Jérusalem, la
garnison permanente est très faible et à l'époque
de Pâques, un détachement plus considérable
de soldats romains campe dans un portique voisin du temple. Sous le
procurateur Ponce Pilate, les soldats romains en garnison à
Jérusalem laissent à Césarée les enseignes
portant les images de l'empereur. La justice est rendue par les
autorités locales, au civil, lorsqu'un Hébreu est
impliqué. L'entrée du Temple reste interdite aux
païens. Sous le règne de Tibère, les antiques
coutumes sont respectées. Néanmoins, l'impôt
est refusé parce qu'il est impie. Flavius Josèphe
écrit que Judas le Galiléen, fils d'Ezechias, fonde avec
Sadok le Pharisien, la secte des Zélotes, déclenche une
révolte en 6 au moment du recensement fiscal et attaque la
garnison romaine de la capitale de la Galilée, saccage les
arsenaux royaux et meurt crucifié la même année.
Cette lutte contre Rome est aussi une revendication du trône
d'Hérode, Judas le Galiléen est un Asmonéen.
Après ces deux premiers empereurs patients, voici Caligula qui
donne le titre de roi à Hérode Agrippa et ordonne en 39
au gouverneur de Syrie, Publius Petronius d'entrer dans Jérusalem
avec ses légions et d'élever la statue de l'empereur dans
le temple. Le roi Agrippa se rend à Rome spécialement
pour convaincre son ami de renoncer et il obtient une concession
limitée à Jérusalem. Pendant son règne,
la haine pour le culte de l'empereur monte d'un cran avec la
persécution des Juifs d'Alexandrie. Agrippa fait relever les
remparts de Jérusalem ce que le pouvoir romain avait interdit.
Sous le règne de Claude, on en revient à la politique
suivie sous Tibère, une ordonnance valable pour tout l'empire
exempte les Juifs de toutes les charges publiques incompatibles avec
leurs pratiques religieuses et en particulier pour les obligations
militaires. Un procurateur romain, Cuspius Fadus, est nommé pour
Jérusalem, après la mort d'Agrippa, mais il est dessaisi
de deux pouvoirs d'Agrippa, la nomination du Grand Prêtre et
l'administration du Trésor du Temple qui sont confiés au
roi Hérode de Chalcis, le frère du roi défunt, et
en 48, à sa mort, Agrippa le Jeune lui succède.
Mais depuis 44 et la mort d'Hérode Agrippa, les
incidents avec l'autorité romaine sont quotidiens. Cuspius Fadus
(44 - 46) intervient pour des troubles sur la rive droite du Jourdain
en 44 et réprime en 45, la révolte de Theudas,
un "prophète" qui entraîne le peuple et finit
décapité. Il débarrasse la Judée des
partisans mais ils reviennent plus puissants. Son successeur
Tiberus Julius Alexander connaît la famine en Palestine et
fait crucifier Jacob et Simon, fils de Judas le Galiléen.
En 48, des émeutes éclatent en Judée parce
qu'un soldat romain, durant une fête religieuse à
Jérusalem, a montré son derrière à la
foule. Le procurateur Cumanus réprime la révolte et
selon Flavius Josèphe, cette action entraîne la mort de
20 000 Hébreux, mais quand, la même année, un
soldat romain déchire et brûle un rouleau de la Thora,
Cumanus fait exécuter le soldat pour éviter la
révolte. La guerre civile éclate entre ceux qui
refusent la présence romaine et ceux qui s'y accommodent.
Les Zélotes incendient les demeures des Judéens qui
refusent d'être leur complices et enlèvent des
personnages important pour les échanger contre ceux des
leurs qui sont prisonniers des Romains et très souvent
l'échange se fait. La faible présence militaire
romaine ne vient pas à bout des bandes de patriotes
retranchés dans les montagnes. En 51, Cumanus sévit
contre les Zélotes armés qui se vengent des
Samaritains qui ont tué des Galiléens traversant
la Samarie pour aller à Jérusalem. Le légat
Quadratus porte l'affaire devant l'empereur. En 52, conseillé
par Hérode Agrippa II, Claude donne raison aux Judéens,
exile Cumanus et le remplace par Felix. Le gouvernement
impérial ne prend pas la mesure du mouvement et
n'augmente pas le nombre de fonctionnaires. Le recrutement de la
garnison se fait presque uniquement chez les Judéens. La grande
masse des petits agriculteurs est étroitement liée aux
bandes d' "hommes au poignard". Des meurtres ciblés visent des
soldats romains isolés et des Judéens partisans de Rome.
Felix fait massacrer des milliers de fidèles qui ont suivi un
égyptien qui prédit la fin de la domination romaine et
les conduit pour contempler l'effondrement des remparts de
Jérusalem. Sous les procurateurs Albinus et Florus, la situation
empire.
Flavius Joseph ( 37 - 100)
origine : http://www-scf.usc.edu
A Césarée, premier port de Palestine, les Grecs et les Hébreux jouissent des mêmes droits civiques. Les Grecs demandent à l'autorité romaine d'enlever aux Hébreux le droit de cité. Burrus, le ministre de Néron approuve cette demande. Cette décision provoque de violentes émeutes. Les Grecs et les Hébreux se battent autour de la synagogue. Les Romains prennent parti pour les Grecs. Les Hébreux quittent la cité mais sont contraints par le gouverneur d'y revenir. Au cours d'une
émeute le 6 août 60, les Hébreux de Césarée sont exterminés. D'autres cités grecques connaissent la même situation, comme Ascalon, Skytopolis, Hippos et Gadara, mais aussi en Syrie, Tyr et Ptolémaïs et Alexandrie en Egypte. A Jérusalem, Florus fait prendre 17 talents dans le trésor du Temple, pour le service de l'empereur. Le peuple s'ameute, court au temple ..., invoque le nom de César, le supplie de les délivrer de la tyrannie de Florus (Flavius Josèphe). Les Hébreux modérés et les propriétaires réussissent à calmer la foule avec l'aide d'Agrippa II, l'administrateur du Temple. Mais l'influence des bandes de patriotes progresse dans le refus de la domination romaine. Les Hébreux s'opposent aux desseins de Florus d'occuper le Temple et la citadelle Antonia. Voyant qu'il ne peut atteindre les trésors, il sort de Jérusalem et laisse une cohorte puis repart pour Césarée. Les patriotes et les sicaires envahissent Jérusalem conduits par Menahem, l'un des fils de Judas le Galiléen. La poignée de soldats romains qui occupent la forteresse est massacrée, le palais du roi ne fait pas longue résistance. La ville de
Jérusalem est entre les mains des "nouveaux Macchabées" le 6 août 66. Les soldats d'Agrippa sortent librement mais les Romains commandés par le tribun Metilius, se rendent à condition d'avoir la vie sauve et sont mis à mort sauf leur officier qui se fait circoncire. Eleazar fait prisonnier Menahem etl'exécute. La forteresse de Massada est prise par surprise, par un groupe de Sicaires.
A l'automne 66 Cestius Gallus, le gouverneur de Syrie marche contre les insurgés avec 3 légions (VI, X et XIII). Il prend Joppé dont la municipalité est exécutée. En septembre, il est devant Jérusalem, entre dans la ville mais ne profite
pas des oppositions entre Judéens. Il doit lever le siège, sacrifier ses bagages, ses machines de guerre et son arrière garde pour assurer sa retraite rapide. Agrippa lui apporte un soutien militaire pour rétablir l'ordre. Mais en novembre, près de Beth-Horon, il tombe dans une embuscade et perd environ 5 000 fantassins et 400 cavaliers face aux troupes d'Eleazar qui utilisent des flèches enflammées et pratiquent les charges d'infanterie de masse. Plus personne ne parle de déposer les armes. Seuls les chrétiens ne veulent pas se battre pour le Temple et se retirent dans un ville appelée Pella, au delà du Jourdain. La révolte s'étend à la Galilée et en Idumée. La Samarie se joint bientôt aux révoltés.
La réaction de Néron est l'envoi d'un légat impérial, Titus Flavius Vespasianus, un militaire prudent et chevronné. Il rejoint la Palestine avec deux légions d'Occident qui ont combattu les Parthes, la V Macedonica et la XV Apollinaris (en l'honneur du dieu Apollon) auxquelles on a ajouté la Legio X Fretensis, la moins éprouvée de celles que Gallus a utilisées. Il bénéficie aussi de l'ancienne garnison de Palestine, des contingents envoyés par les rois vassaux, Antiochus de Commagène, Sohem de l'Iturée, d'Hémèse, Agrippa II et Malchus des Nabatéens. Les troupes auxiliaires comprennent :
- 3 000 cavaliers + 1000 cavaliers fournis par les 4 rois.
- 5 000 archers de Palmyre + 2 000 archers fournis par les 3 autres rois.
Soit en tout 50 000 hommes dont 15 000 soldats royaux. Cette armée est rassemblée au printemps 67, à Ptolémaïs et entrent en Palestine. Les insurgés ont été repoussé par la petite garnison d'Ascalon et ont renoncé à toute offensive contre l'armée romaine. Ils ne proposeront pas de batailles rangées face aux Romains ni ne porteront secours aux places assiégées. Vespasien ne divisera pas son armée et cependant la résistance est opiniâtre tant les fanatiques terrorisent
les pouvoirs locaux. Le légat consacre l'année 67 à prendre les places fortes de Galilée et fait la conquête de la côte jusqu'à Ascalon. La petite cité de Jotapata que défend Flavius Josèphe, retient les 3 légions pendant 45 jours. Vespasien rejoint Agrippa II, s'empare de Tibériade, de Gamala et du Mont Thabor. Les légions hivernent à Skytopolis et à Césarée.
A Jérusalem, la guerre civile fait rage entre les diverses factions qui se combattent avec acharnement. Vespasien invité à intervenir, ne tente pas de profiter de cette discorde. En 68, il occupe le territoire au delà du Jourdain et les cités de Gadara et Gérasa. Il s'installe près de Jéricho et de cet endroit, lance des troupes au sud pour occuper l'Idumée et au nord pour la Samarie et ainsi, en été, cerner Jérusalem de tous côtés. Le siège peut commencer. C'est à ce moment que la nouvelle de la mort de Néron arrive au camp de Vespasien. Le légat suspend les opérations et attend les ordres. La guerre est suspendue et Galba a d'autres soucis à ce moment là. L'année 69 est appelée, année
des quatre empereurs et la guerre civile revient à Rome.
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