Les premiers hommes venus d'Afrique il y a environ 1,5 million d'années recherchaient un climat sec et chaud comme celui qu'ils connaissaient, ils s'établirent donc dans le Caucase méridional. La progression vers la plaine russe est très lente. Au paléolithique supérieur, l'homme moderne s'installe le long des fleuves qui coupent la plaine russe, ainsi sur les bord du Don, le site de Kostienki. On y trouve des oeuvres d'art parmi les plus anciennes soit il y a 32 000 ans.

Bison de Kostienki en os de mammouth
(http://www.paleog.com/)

Les hommes vivent dans de grands abris allongés avec des foyers multiples. Ces "maisons" couvertes avec les peaux soutenues par des pieux peuvent couvrir une très large surface. A Kostienki, sur le Don, un habitat représente une aire de 36 mètres de longueur sur 18 mètres de large; il est bordé de grandes fosses d'où la terre a été extraite pour former un bloc protecteur à la base du système de couverture. Ces fosses, garnies de grands os, ont été utilisées par la suite comme réserves de graisse destinée à ournir les foyers.

Mais on a trouvé récemment dans la Taïga septentrionale, en particulier sur le site de Byzovaya, près du fleuve Petchora, dans la république des Komis en Russie du Nord, près du cercle polaire, une terre à mammouths fréquentée par des hommes qui ont laissés des traces d'une culture moustérienne, comprenant des bifaces en amandes et des racloirs. Ces outils évoquent l'industrie néandertalienne, datée entre - 32 000 et - 28 500. Comme le dit Ludovic Slimak, soit les outils sont déposés par les hommes de Néanderthal et cela retarde leur disparition en Europe de 7 000 ans, soit ce sont des Homo sapiens et alors la culture moustérienne n'est pas limitée aux hommes de Néanderthal. Les restes de mammouths, de rennes, de chevaux et de boeufs musqués complètent ces fouilles.

Racloir moustérien de Bizovaya
http://www.inrap.fr/

La culture de Tripolié


L'une des plus anciennes cultures est celle de Tripolié appelée aussi Cucuteni-Trypillian. elle s'étend sur une vaste zone des Carpates au fleuve Dniepr, soit actuellement en Roumanie, Moldavie et Ukraine. C'est une culture néolithique tardive qui commence vers le milieu du Vème millénaire. Près de 3 000 sites ont été identifiés, le plus souvent de petite taille, mais aussi et plus tard, des communautés agricoles de grande taille contenant une population pouvant aller jusqu'à 15 000 habitants, comme à Talianki ou Dobrovody en Ukraine, constituées de centaines de logements entourés de fossés. Les habitations sont construites soit en sous sol; soit demi-creusées dans le sol. Les murs sont en bois ou en roseau recouverts d'argile, la toiture est en paille de chaume ou de roseau.




Vue d'une "hutte" de la culture de Tripolié
(wikimedia)


Les habitants pratiquent l'élevage, surtout des bovins et aussi des porcs, des chèvres et des moutons et peut être des chiens de boucherie, l'agriculture (blé, seigle et pois), la pêche et la cueillette et aussi la poterie, la confection de textiles et le travail du cuivre venu des Carpathes ou de Thrace. Jusqu'en - 2600, cette culture est limitée au sud-est à la Transylvanie et à l'ouest de la Moldavie. Puis dans la période qui va jusqu'en - 1200, cette culture s'étend jusqu'au fleuve Dniepr. enfin dans la dernière période, jusqu'en - 750 / 600, la culture atteint la région de Volhynie au nord-ouest de l'Ukraine, les rivières Sloutch et Horyn dans le nord de l'Ukraine, et le long des deux rives du fleuve Dniepr, près de Kiev. Tous les 60/80 ans les villages sont brûlés et souvent reconstruits à l'identique.

Ces colonies sont installées de préférences sur les terrasses fluviatiles élevées et toutes protections naturelles renforcées par des clôtures et des fossés. Des remparts de bois et d'argile renforcent la protection des habitations. Le rôle de ces fortifications est discuté : protection des troupeaux d'animaux domestiques contre les prédateurs sauvages ou protection contre les attaques ennemies ? De même, l'évolution des village vers des grandes colonies est - elle une réponse aux attaques des envahisseurs dans la steppe ouverte?


La culture de Tripolié semble en contact avec la culture de Sredny Stog, plus méridionale. Cette dernière est située au nord de la mer d'Azov, entre le Dniepr et le Don et commence vers - 4500. La domestication du cheval semble y être connue au début du IVème millénaire..  

Culture de Tripolié (- 4500 - 600)
(en.wikipedia.org)

Mais les hommes sont montés bien plus au Nord puisqu'on a trouvé au nord du lac Onega en Carélie, un très grand cimetière mésolithique, utilisé entre la seconde moitié du VIIIè millénaire et le début du Vè millénaire . Mais si la culture de céréales commence à l'âge de bronze moyen (fin du 2ème millénaire), l'exploitation massive des sols en Russie nord occidentale ne commence qu'avec l'introduction des charrues à soc de fer.



Zone d'extension des céramiques cordées (wikipedia)


Vers - 3000, le climat devient sensiblement plus froid et sec, c'est la fin de l'optimum climatique. Les sites habités diminuent ou disparaissent. La culture des céramiques cordées apparaît dans le nord et surgissent les Peuples des haches de bataille naviformes (en forme de navire), en pierre.




hache naviforme
wikipedia


Pendant ce temps, dans le sud de la Russie et jusqu'à l'Oural, se développe en ce IIIème millénaire, la culture de tombes à fosses ou Yamna. Les défunts sont recouvert d'ocre, on l'appelle aussi culture des tombes à ocre. Elle est issue de la culture Sredny Stog, située dans l'actuelle Ukraine, près de la mer d'Azov, entre le Dniepr et le Don et de la culture des Kourganes qui en découle. Les Pontiques de Foltesti s'infiltrent sur le territoire de la culture de Tripolié et soumettent leurs habitants vers - 3000


Selon Hérodote, les Cimmériens seraient les premiers envahisseurs de la Russie méridionale venus de l'Orient, vers l'an - 1000. Probablement d'origine iranienne, ces nomades viennent dans des chariots et s'installent dans la Chersonèse Taurique (la Crimée d'aujourd'hui) vers le IXème siècle. Puis ils nouent des relations avec les Proto-slaves agriculteurs sédentaires dans la steppe boisée plus au nord. Les contacts sont fréquent avec la culture caucasienne de Koban, leurs armes en particulier sont très proches. Dans leur art, on trouve souvent des motifs géométriques.





La Chersonèse Taurique (wikipedia)



Ensuite, comme cavaliers, ils se montrent très agressifs que ce soit au nord ou vers le Caucase qu'ils franchissent et font de profonds raids au détriment de l'Ourartou et vont même aller jusqu'en Egypte !  Entre temps, ils sont repoussés par de nouveaux cavaliers, les Scythes. Au VIIIème siècle, ils sont dans la région et au VIIème siècle, ils sont pressés par les Massagètes, ils arrivent dans la Chersonèse Taurique et refoulent les Cimmériens. Ils vont occuper toute la rive nord du Pont Euxin (la Mer Noire actuelle), et attaquer en profondeur le Proche Orient en poursuivant les Cimmériens. Mais ils commercent pacifiquement avec les cités grecques telles que Panticapée et Olbia. Ils s'étendent vers le nord et une partie des Scythes vivent dans la forêt. Le commerce avec les Grecs consiste surtout à fournir du blé et le bois nécessaire à la construction des navires grecs. C'est ce qui va provoquer l'attaque du Grand Roi perse Darius et son immense armée. C'est un échec pour la Perse, les Scythes reculent et pratiquant la tactique de la terre brûlée, rendent l'armée perse inefficace, l'affame et l'assoiffe, et lui inflige de lourdes pertes.  


Mais au IVème siècle, les Scythes vont céder à la pression d'autres cavaliers venus de l'Est, les Sarmates. La lutte est longue entre ces deux peuples, mais la supériorité des Sarmates vient sans doute de leur connaissance des étriers, capitale pour une armée composées majoritairement de cavaliers, alors que les Scythes ne les connaissent pas. Ces deux peuples d'origine iranienne, apportent leurs coutumes et leur religion guerrière. Les Grecs, bien implantés dans des colonies s'appuyant sur des ports, font des emporia (centres de commerce), installés judicieusement dès le VIIème siècle, en Chersonèse, à l'embouchure du Don, près de l'actuel détroit de Kertch. Les Grecs fournissent du vin, des bijoux et des objets de métal. La poussée des Sarmates vient jusqu'à l'ouest de la mer Noire et se mêle, aux premiers siècles, de tribus de Bastarnes, combattant à pied aussi bien qu'à cheval (ce sont des Germains) et probablement les Peucins.




    Cavaliers sarmates sur la colonne de Trajan
Origine wikipedia






Pendant ce temps, au nord, dans les plaines, entre les sources de la Vistule et celles du Dniepr, vivent les Protoslaves. Leur territoire d'origine est réduit, autour du cours du haut Dniepr et de son affluent la Dresna entre le nord de l'Ukraine actuelle et la Biélorussie. Ils sont appelés Vénèthes par Tacite et probablement Stavanoi par Ptolémée. Ils sont bien implantés dans le bassin du Pripet et atteignent le bassin de la Vistule. La structure de ces populations est un ensemble de petites unités tribales dirigées par des chefs puissants mais dont le conseil du clan joue un rôle important. Il n'y a pas encore de guerriers professionnels. Leur façon de faire la guerre est la guérilla forestière que décrit Tacite. Il nous dit que les Vénèthes combattent à pied, avec des boucliers et que ce peuple est en état d'expansion militaire, liée probablement à des migrations. L'économie est à prédominance pastorale et agricole. Leur habitat consiste en de petites huttes en bois, enterrées ou semi-enterrées, composant de petits villages et des châteaux forts massifs.


Ces migrations sont en rapport avec l'invasion sarmate qui se produit vers les années 30 - 70 de notre ère et qui disloque la civilisation de Zarubincy. Celle ci, composées de Bastarnes et d'autres peuples dont les ancêtres des Vénèthes, occupe depuis le IIè siècle avant notre ère, le bassin du Dniepr moyen, entre Ukraine du Nord et Biélorussie. cette civilisation est marquée par un habitat non fortifié, abritant une famille au sens large, aux limites de la forêt et de la steppe. Des flèches de type sarmates et des abandons de sites fortifiés ont été retrouvés, tandis que des tumuli sarmates sont nombreux de cette époque sur la rive droite du Dniepr.


En Ukraine, bordant la mer Noire et s'étendant vers la Moldavie, la Roumanie et la Pologne du sud actuelles, vers le IIème siècle de notre ère, la culture Chernyakhov semble intégrer des groupes différents. Sur une base iranienne, se superposent des influences daces et gètes. Puis les tribus germaines de Goths, originaire du sud de la Suède selon Jordanes, se mettent en mouvement au IIème siècle sous la pression démographique et venant par la Vistule, atteignent le Danube puis les rives de la mer Noire vers 180. Ils sont dirigés par la dynastie royale des Amales et dominent le Bosphore cimmérien, (la Crimée) vers 242. Au milieu du IIIè siècle, suite à une augmentation importante de leur population, les Goths se divisent en deux groupes, les Wisigoths ou "Goths sages" se déplacent vers le Danube tandis que les Ostrogoths ou "Goths brillants", restent en Ukraine. C'en est fini de la domination sarmate.






Migrations des Goths vers la mer Noire
(origine wikipedia)

Les Ostrogoths fondent un puissant royaume autour de la mer Noire, à l'ouest du Dniepr et soumettent les Gépides, un autre peuple germanique. Les Alains sont aussi présents dans cette steppe, à l'est du Dniepr Les Goths sont non seulement d'excellents guerriers mais aussi de bons navigateurs. Vers 257, les Ostrogoths construisent une flotte sur la mer Noire. Ils excellent à l'arc écrit Jordanes, un Goth romanisé du VIè siècle. Vers 267, les Goths pillent la Thrace, la Macédoine et la Grèce, puis sont vaincus par l'empereur romain, Claude II le Gothique. Vers 350, les Goths fondent la ville de Kiev qui devient leur capitale. Cette domination des Goths couvre la Russie de la mer Noire à la mer Baltique sous le règne d'Ermanaric et dure jusqu'à la fin du IVè siècle




Les Huns dans la steppe russe


Vers 375, l'irruption des Huns sur le rive nord de la mer Noire, provoque la fin du royaume gothique d'Ermanaric. Selon Jordanes, les Huns sont conduits par un chef nommé Balamir ou Balamber et Ermanaric a conquis de nombreux territoires vers le Nord. Selon Ammien, ce roi "très guerrier" tente de résister, mais effrayé par les rumeurs qui circulent sur les Huns, il se donne la mort. En fait ce vieux roi est battu avant de se tuer par désespoir. Une partie des Goths se replie vers l'empire romain.


D'où viennent les Huns ?


Les Xiongnu qui menacent la Chine depuis des siècles sont tenus en échec par les armées de Qin Shi Huangdi équipées d'arbalètes à répétition à la fin du IIIè siècle avant notre ère. A la suite d'une "guerre civile", vers - 60, la confédération hunnique se sépare en deux. Le clan des Hou-han-yé, à l'est, s'allie aux Chinois, tandis qu'à l'ouest, le clan des Tché-Tché bousculent les Wou Souen et les Kang Kiu. Ces nomades migrent massivement vers l'ouest, lentement d'abord puis au milieu du Ier siècle de notre ère, ils atteignent le lac Baïkal. Au IIème siècle, les Huns apparaissent dans les steppes de l'Oural. Ce mouvement est à l'origine de l'invasion des Sarmates au Ier siècle. Ensuite le mouvement s'accélère pour des raisons diverses, les facteurs économiques et démographiques jouent et les modifications climatiques aussi. Alors ils s'engouffrent dans le long corridor des invasions vers l'ouest entre le sud de l'Oural et la mer d'Aral. Ils sont maîtres de l'Asie centrale et dépassent la mer Caspienne au IIIème siècle. Ce peuple en marche n'est pas homogène, il s'agit d'un peuple turcophone auquel sont agrégés des contingents mongols et ougriens.



Arc composite Hun
(samarkandia.com)


Ils traversent la Volga vers 374 et dévastent le territoire des Alains entre la Volga et le Don. Une partie des Alains se réfugient vers le Caucase, une autre partie se joignent aux Huns. Déjà ils englobent d'autres peuples barbares contraints de suivre le mouvement. Leur force vient de leur stricte organisation militaire et de la redoutable efficacité de ces archers montés, rapides et souples sur leurs chevaux. Leur tactique habituelle consiste à faire converger des groupes de cinq cents ou mille cavaliers venant de plusieurs directions et attaquant à distance par des nuées de flèches. En cas de riposte de l'ennemi, ils se replient vers d'autres groupes placés en embuscade. Ils utilisent de longues épées à double tranchant, l'arc composite et la pique. Ils sont alliés aux Sarmates dans la guerre contre les Goths. Les Ostrogoths sont défaits et le plus grand nombre est intégré dans l'empire hunnique. Les Huns avancent vers l'Ouest et vers 376, ils sont vainqueurs des Wisigoths qui résident dans la Roumanie actuelle. Les Wisigoths demandent à Rome la permission de traverser le Danube qui est accordée. L'avancée des Huns concerne aussi le centre et le nord de la Russie. Les Slaves* sont submergés par le nombre et la rapidité de ces cavaliers et refoulés vers l'ouest. En 378, la Thrace est envahie.

* Slave signifie soit le glorieux (de slava), soit ceux qui parlent (de slovo).




Empire hunnique pendant la première moitié du Vè siècle (wikimedia)
En rouge, les frontières modernes.


Les Huns sont partagés en trois hordes dirigées par trois frères, les fils du Ephtal Ier le Bossu, assassiné vers 386 par l'esclave de son fils Monzouk qui lui succède. Monzouk fait la guerre à l'Empire romain d'Orient sous les règnes de Théodose Ier à Théodose II. Il meurt à la guerre vers 408 et son frère Ruga lui succède. Il fait la guerre contre Honorius, l'empereur de Rome, puis après la mort de ce dernier en 423, fait la paix et fournit 20 000 cavaliers huns à Valentinien III. Il se bat ensuite contre l'Empire romain d'Orient et son empereur Théodose II et il est empoisonné par ses deux neveux Bleda et Attila en 434. Bleda choisi par Rugila pour lui succéder devient le roi des Huns et décider de cesser de fournir 20 000 cavaliers à l'Empire romain d'Occident. Il fait la guerre à Théodose II et double le tribut payé par l'Empire romain d'Orient. Il obtient en outre la promesse que cet empire cesse de s'allier avec les peuples barbares ennemis des Huns. Bleda peut ainsi étendre son empire jusqu'aux Alpes, au Rhin et à la Vistule. Il a peut être tenté d'éliminer son frère Attila. Bleda profite de l'invasion de l'Arménie par les Sassanides qui mobilise les forces de l'Empire romain d'Orient pour attaquer celui-ci. Dans ce conflit, Attila n'aide son frère qu'en dernier recours. Bleda meurt d'un excès de boisson en 445 et Attila reste seul roi des Huns.



Il envahit la partie de la Pannonie encore sous domination romaine et se fait nommer maître de la milice par Valentinien III. En janvier 447, un tremblement de terre abat en grande partie la muraille Théodosienne de Constantinople et une famine importante frappe l'empire romain d'Orient. Attila se précipite, traverse le Danube, prend Naissu (Nisch) et ravage la Thrace jusqu'à Arcadiopolis mais son armée piétine, le tribut payé par l'empire est interrompu. Attila entame des négociations de paix qui durent jusqu'en 449. Théodose II accepte de payer à nouveau le tribut et l'Empire doit céder une bande de terre au sud du Danube mais il meurt peu de temps après ses successeurs refusent de payer le tribut à Attila.   



Attila (musée du Louvre)


Mis en échec en Orient, Attila se tourne vers Rome. Il a reçu une bague en 450 de Justa Gratia Honoria, la soeur de l'empereur Valentinien III, ayant le titre d'Augusta, qui est exilée à Byzance et lui demande secrètement de l'aide. Attila considère cette demande comme une proposition de mariage et accepte le bijou comme dot. Puis il demande à Valentinien III la Gaule comme héritage impérial du à sa fiancée. Valentinien refuse et Attila déclare la guerre à l'empire romain d'Occident qui cesse ses versements. En janvier-février 451, Attila concentre son armée dans la plaine hongroise, rallie les Germains de la rive droite du Rhin. Il envahit la Gaule avec une immense armée, environ 200 000 hommes comprenant en majorité des Germains. Attila brûle Metz le 7 avril et assiège Orléans qui est délivrée le 14 juin par le patrice Aetius commndant l'armée romaine et le roi Théodoric qui dirige l'arméewisigothique. Attila se retire vers Troyes. Cette campagne est marquée par la bataille des Champs Catalauniques (Campus Mauriacus), fin juin 451 où il est arrêté par cette armée de Gallo-romains et de Wisigoths coalisés. C'est un échec pour Attila, le roi des Wisigoths est tué, les Huns évacuent la Gaule. Mais Attila est encore assez puissant pour lancer en 452 une attaque sur l'Italie. Rome n'est épargnée que par l'influence du pape Léon Ier sur le roi des Huns. Padoue et Vérone sont mises à sac, les réfugiés de ces deux cités fondent ce qui deviendra Venise. Le nouvel empereur romain d'Orient, Marcien menace la Pannonie et traverse le Danube. Attila doit se retirer pour défendre cette frontière. Puis il se rend vers le Caucase pour renforcer l'autorité hunnique sur cette frontière. Au printemps 453, Attila prépare une campagne contre l'empire romain d'Orient quand il meurt d'un saignement de nez.



Les querelles de succession, la fragilité de cet empire font que dès 454, l'empire d'Attila n'est plus. Ellac, le fils aîné d'Attila devient rapidement roi des Huns, mais ses frères, Ernakh et Dengitzic revendiquent leur part. Ellac réussit à les vaincre grâce aux auxiliaires germains et iraniens. Mais selon Jordanes, Ardaric, le roi des Gépides, un des plus puissants alliés d'Attila, prend la tête de la révolte des pays danubiens contre Ellac. Soutenu par les Ostrogoths et les Sarmates, il remporte la victoire en 454, en Pannonie près de la Save, à la bataille de Nedao, sur les Huns conduits par Ellac qui y trouve la mort. Les Huns refluent vers la Russie. Dengitzic devient roi des Huns à son tour, il attaque l'empire romain d'Orient et meurt en 468. Le troisième frère, Ernakh lui succède en 469. Il doit contrôler les proto Bulgares qui sont arrivés en 463 et il réussit à s'imposer. en 486 et 488, Ernakh  se bat en conduisant des proto Bulgares, la première fois aux côtés de Byzance et la seconde fois aux côtés des Gépides contre les Goths de Théodoric mais les deux fois il est vaincu. Les Huns sont encore assez  puissants pour vaincre les Perses Sassanides dirigés par Péroz 1er en 484. Ernakh règne jusqu'en 503 mais les Huns se divisent à la génération suivante en Kutrigures et Utrigures. Deux hordes remplacent l'union sacrée autour d'Attila. Cette désunion va favoriser la prise du pouvoir par les Avars. Pendant ce temps, les Slaves quittent les forêts du Dniepr et profitent du départ des Goths pour s'installer sur les terres fertiles de l'Ukraine  et de la Moldavie actuelles. Au début du VIè siècle, ils avancent sur les territoires au Nord du Danube. Ils profitent de la disparition des Huns pour entrer en contact avec l'empire byzantin. Dès la fin du Vème siècle les Bulgares Koutrigours  accompagnés parfois de Slaves attaquent la Thrace et la Macédoine dans l'empire byzantin. Les Slaves repartent sur la rive Nord du Danube avec leur butin.



Les Avars

Les Avars forment une nouvelle migration de cavaliers venus d'Asie qui atteint le Caucase au milieu du VIème siècle. Vaincus vers 552 par les Turcs, une partie des Avars migre vers l'ouest, atteint la Russie vers 560 et rapidement la Pannonie. Ils envoient des ambassadeurs à la cour de Byzance et s'entendent avec les Byzantins pour pacifier, moyennant finances les frontières orientales de l'empire. Les Bulgares, les Huns Kutrigures à l'Ouest et les Huns Utrigures à l'Est sont vaincus en Ukraine. Les Avars parlent turc et mongol, ils sont dirigés par un Khâgan et forment une confédération très organisée. Comme les Huns plus tôt, les Avars dominent effectivement toutes les communautés slaves. Leur khâgan Bayan jette son regard vers la Pannonie et s'allie avec le roi des Lombards Alboin. Ce territoire est aux mains de Cunimond, le roi des Gépides. Cunimond est écrasé en 567 par une double attaque venue de l'ouest pour les Lombards et du Nord pour les Avars qui se mêlent rapidement à la population slave. Les rapports sont d'abord courtois avec l'Empire romain d'Orient. En effet, les Slaves qui ont  emprunté aux Huns le chariot, l'utilisent à présent dans leurs migrations, emportant femmes et enfants, armes et bagages. Ils se déplacent pour trouver de nouvelles terres à mettre en valeur et s'y installer de gré ou de force, ce sont des sédentaires. Les Sclavènes font des incursions nombreuses au sud du Danube et en 581, cent mille slaves dévastent la Thrace, l'Hellade est ravagée. Les Byzantins, selon Ménandre, vont neutraliser le danger slave en détournant la puissance avare contre eux. Bayan accepte le marché et l'empereur Tibère II met à sa disposition  une flotte pour transporter soixante mille cavaliers cuirassés sur le Danube. Les Avars débarqués, mettent le feu aux villages slaves, les Slaves s'enfuient dans les bois. Les Avars veulent établir un rapport de vassalité sans affrontement sanglant. Ainsi, le khâgan envoie des émissaires auprès de Davrit et des principaux princes sclavènes, exiger leur soumission et le paiement d'un tribut. La réponse des Sclavènes est catégorique:

"C'est nous qui avons coutume de nous emparer de la terre des autres; ce n'est pas le contraire. De cela nous sommes certains, tant qu'il existera de par le monde la guerre et les épées."

Les propos s'enveniment et les Sclavènes tuent les envoyés avars. La vengeance de Bayan est terrible. Davrit est vaincu en 578 et il trouve la mort au combat. Les Antes sont vaincus en Bessarabie en 602 et leur nom disparaît. Il impose aux Slaves une domination qui s'exprime par le rôle qu'ils font jouer à leur sujets slaves dans la bataille. Frédégaire nous donne cette explication : "Chaque fois que les Avars partaient en campagne contre un autre peuple, ils restaient retranchés, l'arme aux pieds, tandis que les Slaves (connus sous le nom de Wendes) participaient seuls au combat. si les Wendes l'emportaient, les Avars s'avançaient alors pour piller; s'ils perdaient, les Avars les appuyaient jusqu'à ce qu'ils reprennent l'avantage". Cette domination est freinée par l'union des tribus slaves en particulier à l'époque de Samo.

Mais la guerre va reprendre entre les Avars et les Byzantins. La situation des Avars, sur la rive nord du Danube face aux Byzantins, sur la rive sud rappelle la situation des Daces face aux Romains sous la dynastie des Antonins. Les Byzantins ne veulent plus ou ne peuvent plus payer le tribut aux Avars !

Avars face à Byzance vers 600 (wikimedia)

Les campagnes des Avars contre Byzance

Les Avars semblent avoir persuadé les Lombards d'envahir le Nord de l'Italie, mais un traité est signé garantissant que les Lombards pourraient revenir en Pannonie et en Norique à l'avenir. Les Avars se tournent vers l'empire Byzantin, assiègent Smirnium pendant deux ans et détruisent la cité en 582. Bayan poursuit sa guerre contre Byzance, il prend la cité de Singidunum (actuellement Belgrade), en 584. En 586, une offensive des Avars détruit les cités fortifiées de Ratiana et Oescus sur le Danube. L'empereur Tibere II Constantin est incapable d'arrêter les Avars et Maurice qui lui succède leur paye un tribut de 100 000 pièces d'or. Les Slaves du Danube que les Byzantins appellent Sclavènes, profitent des conquêtes de Bayan pour s'installer en grand nombre en Pannonie et dans les territoires plus au sud. Mais Maurice adopte une politique plus ferme. Déjà en 585, Comentiolus remporte une victoire à Andrinople. Mais l'armée byzantine, en infériorité numérique évite toute bataille rangée contre les Avars. En 586 et 587, Comentiolus remporte des succès contre les Slaves et manque de capturer Bayan à Tomis sur les bords de la mer Noire, cet échec est du à un défaut de communication entre les forces byzantines.

En 588, Priscus remplace Comentiolus et les Avars en profitent pour avancer jusqu'à la mer de Marmara. En outre Maurice annonce la réduction prochaine de la solde des soldats d'un quart ce qui provoque des mutineries et l'abandon de la mesure. Les pillages par les Slaves se poursuivent. en 591, la paix est signée avec la Perse sassanide de Khosroes II. Débarrassé de la menace sassanide, l'empereur mène une politique vigoureuse contre les invasions slaves. Les Avars perdent Singidunum en 592. Maurice fait attaquer les Avars et les Slaves dans leur territoire et ainsi les soldats byzantins sont motivés par la perspective du pillage. Priscus empêche les Slaves de traverser le Danube. En 593, il les met en déroute sur la rive Nord du fleuve avant qu'ils ne traversent. Mais Priscus rejette l'ordre de l'empereur consistant à passer l'hiver sur la rive Nord du Danube. Les Slaves en profitent pour lancer des incursions en Mésie et en Macédoine, les villes de Aquis, Scupi et Zaldapa sont détruites. En 594, Maurice remplace Priscus par son propre frère Patros. Malgré un échec initial, Patros réussit à vaincre les Slaves à Marcianopolis (actuellement Devnya en Bulgarie) et à franchir le Danube pour perturber les Slaves se préparant à de nouvelles campagnes de pillage. Priscus est à nouveau chargé du commandement d'une armée plus à l'ouest, afin de protéger Singidunum des Avars en combinaison avec la flotte du Danube. Les Avars renoncent à leurs projets de détruire Singidunum.
Ensuite les Avars évitent la confrontation directe avec les Byzantins et se tournent vers les Francs et aucun raid important des Slaves n'a lieu entre 595 et 597. Mais renforcés par les tributs payés par les Francs, les Avars reprennent leurs campagnes sur le Danube, surprennent les Byzantins en 597 et assiègent l'armée de Priscus dans Tomis. Les Avars lèvent le siège en 598, devant l'arrivée d'une armée commandée par Comentiolus. Cependant Commentiolus est vaincu à Iatrus peu de temps après et ses troupes en déroute doivent s'ouvrir à la pointe de l'épée leur chemin vers le Sud. Les Avars avancent vers Drizipera près d'Arkadiopolis mais une grande partie de leur armée est anéantie par la peste. Maurice achète le départ des Avars. Un traité de paix est conclu entre Bayan et Maurice.

Ruines du fort militaire d'Iatrus reconstruit sous le règne de Justinien
(origine http://www.dainst.org/)

Mais les Byzantins veulent gagner du temps pour réorganiser leurs forces. Dès 599, les Avars sont battus par deux armées commandées l'une par Priscus et l'autre en aval par Comentiolus qui ont traversé le Danube, violant le traité de paix. Plusieurs fils du Khâgan sont tués. Priscus dévaste de grandes étendues de terre à l'est de la Tisza. Au bord de cette rivière deux autres batailles sont défavorables aux Avars. En outre, les attaques des Slaves en Istrie sont repoussées par l'Exarque de Ravenne, Callinicus en 599. En 601, Patros avance depuis la Tisza et maintient les Avars éloignés du Danube, et inflige aux Slaves, une grave défaite en Valachie. L'état Avars vacille, il est contesté par les Antes et plusieurs tribus Avars se sont révoltées, l'une d'elles est même passée dans le camp des Byzantins. L'empereur Maurice a tout à fait rétabli la frontière du Danube et les défenses avancées dans les territoires hostiles de Valachie et de Pannonie. Cependant la contre attaque contre les Avars en Pannonie a des effets imprévus. Les tribus slaves ne sont plus en sécurité sur la rive Nord du Danube, traversent en masse le fleuve pour aller sur la rive sud désertée par les armes impériales et les Avars. Ils arrivent parfois à pousser jusqu'aux "Longues Murailles" de la capitale de l'empire sans rencontrer de réelles résistances. Et parfois revenant avec un riche butin et "des foules considérables de prisonniers" comme le conte Théophylacte, ils sont surpris par les Byzantins et mis en déroute comme les détachements slaves commandés par Ardagast, vers la fin du VIè siècle.

C'est alors que Maurice veut faire des économies et ordonne à l'armée de passer l'hiver 602 - 603 sur la rive nord du Danube. La réponse des troupes est la même qu'une dizaine d'années plus tôt, l'armée se mutine, mais Patros n'ose désobéir aux ordres de son frère et il perd rapidement le contrôle des soldats. L'armée marche sur Constantinople et l'empereur est renversé et tué. C'est inespéré pour les Avars qui sont débarrassés pour trois ans de la menace des armées byzantines, le Khâgan Bayan meurt en 602, son empire est stabilisé. Le nouvel empereur byzantin Phocas doit affronter une grande offensive des Sassanides en 603.

Guerrier des tribus slaves du sud VIè VIIIè siècle
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Le redéploiement des forces byzantines du à la guerre contre les Perses puis la guerre civile entre Heraclius et Phocas, incite les Avars à poursuivre leurs incursions au sud du Danube et les Slaves à multiplier leurs installations et à contrôler plus efficacement les territoire au sud du Danube. Passé le premier contact un peu brutal, les populations grecques et slaves cohabitent et en fonction des proportions de chaque peuple, on peut voir les Slaves sous influence byzantine près de Thessalonique ou au contraire, la région du Danube, délaissée par les élites chrétiennes, devenir entièrement slavisée.

En effet, Justiniana Prima et Salona sont pillées vers 610, Novae et Justiniana Prima sont détruites par les Slaves et les Avars après 613, Naissus et Cerdica sont conquises et Thessalonique est trois fois assiégée et une bataille a lieu sur les bords de l'actuelle mer de Marmara à Heraclia en 619. Les Avars se tournent aussi vers l'Italie du Nord où ils sont vainqueurs du roi lombard Agilulf. En 626, 80 000 Avars participent au siège de Constantinople avec leur flotte et leur équipement de siège aux côtés des Sassanides Mais la cité est bien défendue par des soldats expérimentés et la marine byzantine réussit à couler la flotte des Avars et celle des Sassanides en deux batailles distinctes. Ce siège est un échec, les assiégeants fuient la cité.

Cavaliers avars
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Pendant cette période VIè et VIIè siècles, les Slaves profitent de l'espace laissé libre par les migrations germaniques vers l'Empire romain d'Occident, pour migrer vers l'Ouest jusqu'à l'Elbe au Nord et jusqu'au Danube et aux Carpates au Sud. Vers 620, les Slaves las d'être pillés par les Avars depuis la fin du Vè siècle, en Bohème, choisissent un Franc, Samo pour commander leur troupes, C'est un chef d'escorte militaire des caravanes de marchands. Samo remporte un victoire totale contre les Avars. Il est attaqué en 631 par le roi des Francs Dagobert avec ses Autrasiens alliés aux Alamans et aux Lombards, pour une agression de caravane franque par des Slaves que Samo refuse d'indemniser. La bataille a lieu à Wogatisburg (Kaaden-sur-l'Oder) et c'est une victoire pour Samo le roi de Bohème. Il reste à la tête des tribus slaves de Bohème et de Moravie et peut être plus loin, pendant environ 35 ans. A sa mort, cet état disparaît rapidement. Un autre culture existe dans le Nord Est de la Slovaquie, dans le Sud de la Pologne, en Biélorussie et dans l'Ukraine occidentale actuelles, à partir du cinquième siècle. Il s'agit de la civilisation de Prague Kortchak, ce sont des Sclavènes. On y produit des poteries faites à la main.

Les Avars perdent beaucoup de leur prestige après l'échec du siège de Constantinople en 626. Leur affaiblissement progressif et la réduction de leur territoire profite aux Slaves qui se déploient d'une façon plus ample vers la Grèce, l'Asie mineure, la Crète et aussi la Germanie. Une tribu slave, les Slovènes se scinde en deux groupes, le premier va vers le Sud, passe les Alpes et s'installe dans l'actuelle Slovénie, l'autre groupe remonte vers le nord-est dès le IVè siècle, vers le haut Dniepr puis le Volkhov, Puis il colonise les régions du lac Ilmen, assimilant populations baltes et finnoises. Au VIIè-IXè siècles, ces populations slaves forment leur propre principauté autour de deux noyaux urbains, Ladoga et Novgorod.


Les Khazars

Au VIIème siècle, une nouvelle puissance apparaît dans la Russie du sud, la basse Volga, l'Ukraine orientale, le nord du Caucase, il s'agit de l'état khazar. Ce peuple turcophone d'Asie est tout à fait différent des Huns et des Avars. Leur état, un Khaganat fondé en Ciscaucasie, est structuré et ils fondent des villes comme Itil leur capitale, près de l'embouchure de la Volga. Mais auparavant leur capitale est Balanjar et vers 720, Samandar. Leur revenu provient essentiellement des taxes sur le commerce et du tribut imposé aux peuples de la plaine russe. Ils se font connaître sous le règne de l'empereur byzantin Heraclius pour leur aide pendant sa campagne contre les Perses Sassanides. Etablis récemment au Caucase, les Khazars doivent mener plusieurs guerre contre le califat omeyyade. Dès 641, les Arabes atteignent le sud du Caucase. Les Khazars les arrêtent. Ils attaquent aussi d'autres Turcs, les Bulgares, en 642, près de la mer d'Azov et soumettent une partie de ce peuple, les autres partent pour la Dobrodja. Les Khazars se sédentarisent vers 652.

Région de Derbent (wikimedia)

Abd ar Rhaman ibn Rabiah, le frère de Salman ibn Rabiah, le gouverneur militaire de l'Arménie, est chargé d'envahir le Nord du Caucase et de vaincre les Khazars. Cette campagne se termine par une nette victoire des Khazars près de la ville de Balanjar, au cours d'une bataille où les machines de sièges sont utilisées des deux côtés selon Al-Tabari. Vers 670, les Khazars brisent la Confédération Bulgare. A la fin du VIIè siècle, ils soumettent la Crimée. Les hostilités reprennent au début du VIIIè siècle, avec des raids arabes à travers le Caucase. Selon les sources musulmanes, une dame de haute noblesse khazar, Parsbit ou Prisbit, surnommée la mère du khan, conduit les armées au combat. Vers 720, Thubayt al-Nahrani lance une expédition depuis l'Arménie vers Derbent appelée par Hécatée de Milet les Portes Caspiennes, dans l'actuel Daguestan. Les Khazars se portent à sa rencontre et la bataille a lieu à Marj al-Hajara en Arménie. Les Khazars remportent une grande victoire. Puis en décembre 730, un prince khazar nommé Barjik conduit une armée de 300 000 hommes pour envahir l'Arménie en réponse à ces raids du califat. Il traverse les gorges du fleuve Terek et met le siège devant Warthan, selon les Chroniques des Omeyyades de Al-Tabari. Il rencontre à Marj Ardabil, une armée moins nombreuse commandée par le général omeyyade Abu `al-Djarrah Uqbah ibn 'Abdullah al-Hakami. La bataille dure trois jours et les auxiliaires Mawali* abandonnent les forces du califat qui sont vaincues. Le général al-Djarrah est tué. Les Khazars occupent la ville d'Ardabil et en 731, le fils du khan Barjik dirige l'armée vers Mossoul. Maslamah ibn Abd al-Malik, le commandant des armées du califat, fait creuser des fossés hors de Mossoul pour arrêter cette incursion qui menace la capitale omeyyade Damas. Le commandant khazar fait installer un trône et y place la tête du général Abu `al-Djarrah comme un trophée. Les combattants arabes furieux de cette profanation combattent avec plus de violence et Barjik lui même est tué. Les Khazars sont défaits et se retirent au nord du Caucase. Une nouvelle campagne de l'omeyyade Marwan II, nouveau gouverneur de l'Arménie en 732, est sans résultat en raison des pluies très abondantes. La menace des Abbassides a peut être arrêté le conflit, la guerre se termine en 737.

Mawali : musulmans non arabes traités comme des citoyens de seconde classe par l'élite dirigeante arabe.

Evolution de l'empire khazar de 650 à 850 (origine wikipedia)

Les Magyars, un autre peuple turcophone, tributaire des Khazars, entreprennent une migration vers l'Ouest et soutiennent Byzance au début du VIIIè siècle quand celle ci est attaqué par les Arabes. Entre 716 et 718, le khan Tervel remporte une écrasante victoire avec sa cavalerie bulgare contre les cavaliers arabes aux environs de Constantinople. Sous l'autorité du khan Krum, il étend le premier empire bulgare, jusqu'en Ukraine, au delà du Dniestr. Cet empire bulgare a pour frontières les limites de l'empire carolingien à l'Ouest et l'empire khazar à l'Est.


En 758, un tarkhan (officier subalterne sous les ordres d'un khan Bek), nommé As ou Ras Tarkhan par les sources arabes, dirige une invasion de l'Arménie. Le khan Bek dirige l'armée permanente de l'empire khazar, mais l'état utilise aussi des régiments auxiliaires musulmans qui sont exemptés des campagnes contre d'autres musulmans et des levées tribales en cas de dangers éventuellement complétées par des auxiliaires des nations sujettes.




Expansion des peuples slaves entre le IIIè et le IXè siècle


Au VIIè et VIIIème siècle les Slaves remontent vers le Nord puis vers le Nord Est. Ils rencontrent un peuplement balte sur le Haut Dniepr et la Desna puis des peuples finnois se livrant à l'élevage. Ils occupent ainsi la région de Moscou et repoussent ces peuples vers le Nord Est..   


En 803, les Khazars franchissent le Caucase et lancent une attaque surprise en Arménie, pendant le califat d'Hâroûn al Rachîd. Cette expédition a pour résultat 100 000 prisonniers mais n'a aucune suite.


Au VIIIè siècle, sous le règne de Bulan, l'élite de l'empire khazar se convertit à la religion juive après un débat avec les représentants des trois religions, et choisit  l'hébreu comme langue écrite tandis que le peuple est soit chrétien, soit musulman, soit païen. Ce choix peut s'expliquer par le souci de préserver une indépendance par rapport à Byzance et au Califat.




Guerriers khazars (wikipedia)


Au IXè siècle, l'empire khazar est affecté par une migration venant de l'Orient. Ce sont les Petchénègues, un autre peuple turcophone, nomades. Ils sont utilisés au sein de l'armée khazare pour réprimer des révoltes internes. Puis les Khazars les chassent vers l'ouest avec l'aide d'une coalition de Turcs oghuz. Une guerre civile éclate dans le Khaganat, trois tribus khazares s'allient aux Protomagyars et poussés par les Petchenègues, s'installent dans l'Ukraine occidentale. L'empire khazar est maintenant l'ennemi de l'Empire Byzantin qui regroupe des Alains, et aussi des Petchénègues.


Dans le Nord de la Russie, les Varègues (commerçants scandinaves majoritairement Suédois), viennent pour commercer avec les nouvelles villes du Nord telles que Novgorod qu'ils appellent Holmgardr. Les tribus slaves et finnoises, en guerre perpétuelle, les unes contre les autres, font appel aux Varègues pour pacifier le pays.

 

 

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