CONFLITS ET BATAILLES DE L'HUMANITÉ |
Le
nomadisme et ses origines
Ce sont des peuples sédentaires, du moins en Eurasie, qui ont
formé les premiers nomades, à partir d'une certaine
taille des troupeaux. La domestication des premiers mammifères
remonte au VIIème millénaire, ainsi les égagres,
chèvres peu farouches vis à vis de l'homme, puis vont
s'ajouter les moutons, les boeufs (aurochs), les cochons etc... Cet
élevage pour la nourriture va occasionner un semi nomadisme
saisonnier. Mais la diminution des ressources agricoles, une
organisation en tribus et un certain attrait pour la vie nomade vont
faire basculer un certain nombre de peuples vivant dans les steppes ou
les régions arides mais aussi plus au nord dans les
régions boisées de Russie.
Ainsi les Scythes, peuples de langue iranienne (iranien
oriental), évoluent dans l'Asie Centrale au début du
2ème millénaire. Ils participent à la culture
d'Andronovo, cultivent des céréales et pratique un
élevage sédentaire. Puis à l'âge du
Bronze, vers le XIVème siècle, ces sédentaires
deviennent cavaliers nomades. Dans cette culture de Karassouk, la
métallurgie se développe dans un style animalier. Au
milieu du IXème siècle, un changement climatique affecte
le sud de la Sibérie et transforme des régions semi
désertiques en steppes humides. Il en résulte un
accroissement significatif de la population proto-scythe et un
déplacement vers l'Ouest au VIIIème siècle avant
notre ère. Des raids de cavalerie dès le IXème
siècle vers la Médie, l'Assyrie et l'Ourartou sont tout
à fait possibles. Peut être s'ajoute-t-il un
mouvement de populations, parmi les causes de ce déplacement, un
refoulement possible dû aux Xiongnu. Hérodote nous parle
des Massagètes qui auraient chassés les Scythes.
Au VIIème siècle les Scythes arrivent dans le
Bosphore cimmérien (au nord de la mer Noire) et
pressés
effectivement par les Massagètes, ils refoulent les
Cimmériens qui étaient sur place depuis au moins l'an -
1000. La
conquête de ces terres ressemble à une course poursuite
car les Cimmériens qui combattent comme fantassins ont appris
des Scythes le combat à cheval. Une partie des Cimmériens
fuit vers l'Asie Mineure, traverse le Caucase vers - 710 et se heurte
au royaume d'Ourartu où le roi Argisthi II est vaincu. Les
Scythes ayant franchi les montagnes du Caucase, participent activement
aux guerres que se livrent les Assyriens, les Mèdes et les
Babyloniens. Parfois les Scythes et les Cimmériens conjuguent
leurs efforts pour menacer l'Assyrie, ainsi vers - 680, Téouslipa
ou Teushpa ou Chaishpish, un roi cimmérien
conduit une offensive conjointe dans le Taurus, provoquant la
rébellion des Ciliciens. L'assyrien Assarhaddon intervient et
remporte la victoire aux Portes Ciliciennes. Ensemble aussi, ils
attaquent en - 678, le royaume phrygien et renversent leur roi Midas
qui se donne la mort. Les Scythes remportent aussi une victoire contre
les Mèdes de Phraortes en - 653. Assarhaddon fait la paix avec
eux et donne sa fille en mariage au chef scythe qu'il nomme Bartatua et
qui porte aussi le nom de Prototyeos. Avec les Assyriens, les Scythes
anéantissent l'armée cimmérienne, vers - 638. Le
fils de Bartatua, Madyas soutient les Assyriens contre les
Mèdes.
Vers - 628, les Scythes subjuguent la Médie,
envahissent la Mésopotamie et sèment la terreur en
Syrie-Palestine, conduits par leur roi Madyas. En - 625, sous le
règne
d'Assurbanipal II, les Scythes envahissent l'Ourartu et
détruisent la forteresse de Teishebaini (aujourd'hui Kamir Blur
en Arménie), battant le roi urartéen Sardour III
puis son fils Rusa III. On a retrouvé des flèches
incendiaires de
section triangulaire qui ont mis le feu par delà les murailles
aux toits en bois. Les lanciers à cheval et les fantassins
pénètrent dans la citadelle après avoir
détruit une porte latérale. Les Scythes s'avancent vers
l'Egypte et Hérodote nous précise que le pharaon
Psammétique 1er obtient d'eux "par des présents et
des prières" qu'ils se retirent en - 611.
Sardour II sur son char
(source wikipedia)
En chemin, à partir de - 680, les Scythes se sont
installés en Russie
méridionale, au nord de la mer Noire et sont au contact des
cités grecques fondées par les Milésiens :
Panticapée en Chersonèse Taurique (la Crimée
actuelle et plus précisément vers le détroit de
Kertch) et Olbia, près de l'actuelle Odessa. Ces cités
vivent tellement du commerce qu'Hérodote les appelle emporia
(comptoirs commerciaux).
A la fin du VIIème siècle, les Scythes changent
de camp et
participent avec les Mèdes et les Babyloniens à
l'élimination de l'empire assyrien, et en 612, Ninive est
détruite. Une fois les Assyriens disparus, le roi mède
Cyaxare chasse les Scythes par un stratagème : les
Mèdes laissent aux Scythes un camp abandonné rempli de
vins et de vivres et
une fois qu'ils sont ivres, les massacrent. Vers - 600, les Scythes
retraversent le
Caucase et reviennent au nord du Pont-Euxin, tandis qu'un partie se
tourne vers l'Inde et une autre se réfugie en Lydie chez le roi
Alyatte. Dans le Kouban, des liens étroits se nouent entre les
Scythes et les Méotes.
Archer scythe
Les contacts des Scythes vont être nombreux avec le
monde grec qui les nomme Skytai ou Skutai (qui veut dire archers),
eux-mêmes se nomment
Skolotes (les hommes au bouclier), tandis que les Perses les appellent
Saces comme
tous les nomades. Dans
le Pont-Euxin
où les Ioniens ont fondé les premières colonies
à Sinope et à Trébizonde, vers - 756 selon
Eusèbe, les Scythes vont rencontrer pour la première fois
les
Grecs. Leurs colonies s'organisent en cités grecques à
partir du VIIème siècle. Les Scythes délaissent
les rivages du Pont-Euxin et au début de la colonisation grecque
du Pont, vivent dans les steppes proches du Caucase. Les premiers Grecs
qui s'installent au bord de la mer d'Azov sont en contact avec les
Sindes, un peuple Maïote d'agriculteurs. Puis au début du
VIème siècle, les Scythes avancent jusqu'au Dniepr,
près d'Olbia. Des échanges sporadiques de lots de
marchandises depuis les bouches des grands fleuves permettent les
premiers contacts. Puis les échanges se développent
à partir d'Olbia et Panticapée. Les Scythes importent du
vin, de la céramique, des bijoux et objets métalliques
correspondant aux commandes des Scythes aisés. Les Scythes
fournissent surtout du blé, du bois, mais aussi de la cire, du
miel du
bétail, du cuir et de la fourrure, ainsi que de l'or. En outre,
les Scythes
fournissent des esclaves. A
Athènes, le tyran Pisistrate fait venir comme
demosioi (esclaves publics) des archers scythes, achetés en
Thrace ou sur les côtes du Pont, pour effectuer un service de
police urbaine. A l'époque de la
bataille de Salamine, ils sont
300 puis ce nombre monte jusqu'à 1 200. Il faut acheter
chaque année trente à quarante esclaves qui parfois
combattent en temps de guerre selon Schoemann, ces archers scythes sont
encore à Athènes sous Périclès. Au fur et
à
mesure que les Grecs fondent des cités, les Scythes
"remplissent" l'espace un peu vide que les premiers colons grecs ont
trouvé.
Les Scythes sont répartis du Kouban à l'Est
jusqu'au delta du Danube à l'Ouest. Ils occupent aussi la
Chersonèse Taurique. Hérodote
les distinguent entre Scythes laboureurs, au nord d'Olbia, les Scythes
nomades, au nord de Tanaïs et les Scythes royaux (dont l'un des
membres est choisi pour roi), vers la
Crimée. Au Kouban, ils
cohabitent avec les Méotes sédentaires et les marins
grecs aux confins de leurs voyages. La rive orientale du Don est
occupée par les Sauromates qui deviendront les Sarmates. Les
Scythes jouent le rôle d'intermédiaires entre les emporia
grecques et les nombreux peuples de la steppe et ceux qu'on appelle
Hyperboréens (dans le grand nord). Les Scythes se livrent
à
l'agriculture et ils fournissent ainsi en blé et en bois, les
cités
grecques jusqu'à Athènes. Ils pratiquent l'élevage
et ils conservent leurs
talents d'excellents cavaliers. Ils connaissent la selle et la tactique
consistant à provoquer l'ennemi en lui lançant des
flèches et une fois proche de lui, faire demi tour et continuer
à tirer avec précision en se retournant sur sa selle. En somme la tactique nommée
'flèche du Parthe"
La guerre de Darius contre les Scythes
Mais ils conservent aussi leur art de la guerre. Ainsi quand
Darius, peut être pour priver les Grecs de ce partenaire
commercial qui leur fournit du bois de construction pour leur flotte,
sans doute pour les punir des raids qu'ils ne manquent pas
d'effectuer dans son empire, ou parce que leur roi lui refuse la main
de sa fille selon Justin, décide de leur faire la guerre, il
mène une importante armée et traverse les
Détroits.
Hérodote nous raconte comment le Grand Roi prépare sa
campagne, fait réunir les troupes, préparer une flotte et
construire un pont sur le Bosphore, à Chalcédoine, vers -
515. Le roi scythe Idanthyrse est bien renseigné et il se
rend compte qu'il ne peut se mesurer dans une bataille à une
telle armée. Il envoie des ambassades aux rois des pays voisins
concernés par cette invasion et leur propose une alliance mais
il ne peut compter sur eux. Alors il décide de ne livrer aucun
combat en rase campagne et de se retirer en comblant les puits et en
brûlant toutes les cultures. La plus grande partie des Scythes,
comprenant les femmes, les enfants et les troupeaux, se replie
vers le Nord tandis que les meilleurs cavaliers conduits
par Skopasis et Taxakis, se portent
au devant de l'armée perse. Ils rencontrent l'ennemi à
trois jours de marche de l'Ister (Danube). Puis en restant en
permanence à un jour de marche de l'armée
perse, ils dévastent entièrement la région.
Des Perses poursuivent les cavaliers scythes qui se replient vers le
Tanaïs (à l'extrémité orientale du lac
Maiotis (actuelle mer d'Azov) ce qui amène l'armée perse
chez les Boudines, un des peuples qui a refusé l'alliance
scythe. Les Perses incendient leur capitale construite tout en bois. La
poursuite reprend vers le nord mais les Perses arrivent bientôt
dans un désert qui demande sept jours de marche pour le
traverser. Là, Darius fait construire huit fortins
espacés de soixante stades. Mais les cavaliers scythes
contournent les campement et repartent apparemment en direction de
l'Ouest. Les travaux sont arrêtés et la poursuite reprend.
Les Perses rencontrent un autre groupe de cavaliers qui les
entraîne vers l'Est. Les peuples traversés laissent passer
les Scythes et les Perses, mais les Agathyrses, peut être
alliés aux Perses, leur refusent le passage. Alors les cavaliers
scythes attirent les Perses vers leur territoire. Et cela continue
jusqu'à ce que les
Perses manifestent de la lassitude. Alors les Scythes laissent en
évidence quelques troupeaux que les Perses affamés
dévorent. Hérodote précise qu'à ce jeu, les
troupes de Darius étaient acculées à la
famine. Darius poursuit ces cavaliers scythes jusqu'à la Volga
et stoppe puis décide une nuit d'abandonner le campement et les
blessés pour rentrer en Perse. Il retraite comme il peut
jusqu'au Danube mais les Scythes étonnamment, perdent sa trace. C'est pendant cette retraite que
l'Athénien Miltiade tente de faire couper le pont pour
isoler Darius et libérer les cités grecques d'Ionie, mais
selon Cornelius Nepos, "Histiée de Milet en empêcha
l'exécution". Les pertes de
Darius sont conséquentes, Justin livre les chiffres suivants :
sept cent mille hommes au départ laissant
quatre-vingt mille morts.
En - 495, le roi scythe Aristagoras envisage
une riposte contre la Perse et il propose une alliance offensive au roi
de Sparte Cléomène. Mais ce projet échoue, car
Darius prend Abydos, une colonie spartiate. Les Scythes pillent la
Thrace et occupent la Chersonèse. Après cette victoire
contre le Roi des rois, le prestige des Scythes augmente au nord du
Pont Euxin. La pression sur les cités grecques s'accroît
au
point que certaines comme Olbia, passe sous protectorat scythe. Une
nouvelle dynastie royale va régner durant un siècle
fondée par Aripeithes. La Scythie prospère et se renforce
politiquement.
équipement du guerrier scythe
Philippe II contre les Scythes
Au
Vème siècle, les rapports sont bons avec les Grecs du
Pont. Vers - 440, une nouvelle dynastie de rois scythes s'installe et
forme une alliance avec le royaume du Bosphore. L'un deux, Ateas semble
le plus puissant, il réussit à contrôler les
cités grecques de l'Ouest du Pont Euxin. Vers - 340, il a
réuni l'ensemble des tribus
scythes entre le Danube et la mer d'Azov et s'est avancé au sud
du Danube, dans la Dobroudja. il fait la guerre aux Triballes et impose
un tribut à une partie des Thraces. En difficulté dans sa
campagne
contre la tribu des Histriens de Thrace, Ateas demande le soutien de
Philippe II de Macédoine qui a épousé sa fille et
selon Justin, lui propose de
l'adopter pour lui succéder sur le trône de Scythie. Mais
bientôt le roi des Histriens meurt et le besoin de soutien
disparaît. Ateas renvoie les ambassadeurs macédoniens
venus demander une contribution aux frais de guerre et élude
leurs questions. Plus tard, Ateas refuse de fournir des vivres aux
troupes macédoniennes assiégeant Byzance.
Philippe lève le siège et décide
d'attaquer les Scythes. La rencontre a lieu dans les plaines de la
Dobroudja, en Roumanie, en -
339. Les Scythes sont vaincus et le roi Ateas meurt à 90 ans !
Les Macédoniens perdent une grande partie du butin sur le chemin
du retour.
Les Scythes contre Alexandre
Les
Scythes participent brillamment à la bataille de
Gaugamèles du côté perse. Darius III les a
placés sur son aile gauche,
face à l'aile droite d'Alexandre. ils sont 4 000 cavaliers
accompagnés de 1 000 Bactriens et une centaine de chars à
faux selon Arrien. Cette cavalerie se bat courageusement et inflige
l'essentiel des pertes de la cavalerie macédonienne : 60
Hétaires (les Compagnons) disparaissent. Alexandre retrouve des
Scythes en Bactriane appelés Abiens, ce sont des Saces et
Quinte-Curce comme Ammien parle du fleuve Tanaïs qui est en fait
l'Araxe et non le fleuve qui se jette dans la mer d'Azov. Alexandre
veut fonder une cité près de ce fleuve mais les Scythes
massacrent les garnisons isolées. Leur
technique de combat est identique. Alexandre fait transporter ses
troupes sur des radeaux en protégeant le mieux possible ses
soldats des flèches scythes, les rameurs eux mêmes sont
protégés par leur cuirasse. Arrivés à
terre,
les Macédoniens chassent les Scythes avec leurs arcs et leurs
frondes et la cavalerie, l'infanterie légère et les
sarrissophores, bien que moins nombreux que les Scythes, les poussent
à la fuite. L'ennemi laisse mille morts sur le champ de
bataille, précise Appien. Selon lui, la maladie d'Alexandre qui
a bu une eau malsaine oblige les Macédoniens à
s'arrêter et sauve les Scythes.
Mais
en - 331, son gouverneur de la Thrace, Zopyrion (ou Zepirion) se lance
dans une expédition en Scythie et met le siège devant
Olbia. Cette expédition est un échec, son armée
est écrasée par les Scythes alliés à la
cité
d'Olbia et selon Justin, Zopyrion périt dans cette campagne.
Vers - 310, les Scythes participent à la bataille de la
rivière Thatis aux côtes du roi Satyros II en lutte
contre son frère Eumèlès. C'est l'action de la
cavalerie scythe qui décide de la victoire. (voir plus bas). Au
temps des Diadoques, Diodore de Sicile écrit que Lysimaque
combat avec succès les Thraces et les Scythes
coalisés vers - 313.
La menace sarmate et le
dernier royaume scythe
Depuis le milieu du 4ème siècle, les Sarmates exercent à l'est, une pression croissante sur les Scythes et vont lentement les refouler vers l'Ouest. Pendant ce temps les Scythes, devenus sédentaires, créent des villes et se protègent derrière leurs remparts. Présents depuis le VIème siècle au delà de la Volga, les Sarmates vivaient en bonne intelligence avec leurs "cousins" les Scythes. Il semble qu'ils ont participé à la guerre contre Darius. Ce peuple est fortement imprégné par la guerre à laquelle participe les femmes. Celles ci tiennent un rang élevé dans la société sarmate. La pression sarmate augmentant, les Scythes se concentrent dans la Chersonèse Taurique et le bas Dniepr et le bas Boug mais poursuivent leur migration vers l'ouest en atteignant le territoire de l'actuelle Hongrie. Au IIIème siècle, la rive nord du Pont Euxin est pratiquement* conquise par les Sarmates et le nord ouest de la Chersonèse est âprement disputée entre Scythes, Sarmates et Grecs. Ainsi, une reine sarmate nommée Amagê défend la cité de Chersonèse contre les Scythes. Leur roi Skilouros et son fils Palakos, au IIème siècle, remplacent les établissements grecs, par exemple Kerkinitis, par des forteresses scythes pour se défendre contre les Sarmates et la politique expansive du roi du Pont Mithridate Eupator. Parmi ces forteresses, citons Neapolis, la capitale, Palakion et Chabaioi. Cette Petite-Scythie soumet Olbia et impose un tribut au royaume du Bosphore. A la fin du IIème siècle, Palakos obtient le soutien des Roxolans pour attaquer la cité de Chersonèse. C'est un échec pour les Scythes, ils sont vaincus par Diophante, le général en chef de Mithridate Eupator venu défendre Chersonèse assiégée. Selon Strabon, 6 000 soldats du royaume du Pont repoussent 50 000 Roxolans faiblement armés conduits par Tasios. C'est la fin de la puissance scythe,
*
En effet, des groupes scythes ont perduré quelque temps dans la
steppe boisée de l'actuelle Ukraine, comme par exemple à
Ryjanivka, au milieu du IIIè siècle.
cavalier sarmate
La présence
romaine et la fin de l'histoire scythe
Parmi l'ensemble des tribus sarmates, les Roxolans
traversent le Don au
IIème siècle et peu de temps après sont une
puissance autour du Pont-Euxin. Mithridate Eupator annexe la
Chersonèse et le Bosphore Cimmérien vers - 107. Olbia
redevient indépendante au Ier
siècle avant notre ère. Puis vient l'influence romaine.
Au début du Ier siècle de notre ère, le roi du
Bosphore Aspourgos, client de l'Empire Romain et "Ami des
Césars", est vainqueur des
Scythes. Ces derniers reprennent le siège de Chersonèse
qui appelle les Romains à son secours. Plautius Silvanus, le
légat propréteur de Mésie, intervient pour faire
lever le siège. Des soldats de la XIème légion
stationnent en Crimée. Au Ier et IIème siècle, les
Scythes combattent souvent le royaume du Bosphore et celui ci finit par
l'emporter Au début du IIIème siècle, le royaume
du Bosphore est sous la tutelle de Rome. A l'est du Don, les Huns
battent les Massagètes qui sont venus au IIIème
siècle. Au milieu du IIIème siècle, sous la
poussée des Goths venus d'Ukraine, les Scythes sont
refoulés vers les montagnes du sud-ouest de la Crimée.
Les Goths poursuivent leur marche vers l'Ouest en faisant des
incursions avec des groupes d'Alains et de Sarmates, dans les provinces
danubiennes proches. Le roi du Bosphore Rhescuporis IV
Tiberius Julius subit l'invasion des Goths et des Boranes et leur
autorité. A ce moment, Chersonèse est
défendue par des sections de la XIè légion
claudienne, de la 1ère légion italique et de la flotte
mésienne augmentées de cohortes auxiliaires
recrutées en Espagne. Une inscription de 250 mentionne un
centurion de la 1ère légion italique nommé Marcus
Ratius Saturnin. Ensuite l'empereur Gallien évacue les forces
romaines de la cité de Chersonèse et rassemble ses
troupes pour faire face, avec succès, aux attaques des Goths et
leurs alliés par le nord du Pont-Euxin. Mais en 268, les
Germains préparent une considérable expédition
maritime à partir de la Méotide (par l'actuel
détroit de Kertch). 6000 navires selon l'historien byzantin
Zosime, sont rassemblés à l'embouchure de la Tiras
(Dniestr) pour l'invasion des provinces romaines du Pont Euxin selon
Ammien Marcellin. Des Ostrogoths, des Gépides, des Peuces, des
Hérules et des Celtes avancent par mer et à terre mais ni
Panticapée ni Chersonèse, pourtant désertée
par les légionnaires, ne sont attaquées, Gallien
réussit à les faire fuir. En 276, Florien commande les
armées romaines victorieuses des Germains dans le Caucase et
reprend la lutte victorieusement. Mais il doit bientôt cesser sa
campagne pour réduire l'usurpateur Probus. Le roi du Bosphore
cimmérien Teiranès Tiberius Julius, "Ami de César
et des Romains", est vainqueur des Germains déjà
affaiblis par l'empereur Florien. Mais entre temps le dernier royaume
scythe a disparu. Enfin les Huns terminent cette histoire scythe vers
375. Les Scythes sont assimilés par les divers groupes
d'envahisseurs : Iaziges, Roxolans, Aorses, Siraques, Ourgues, Alains,
Goths et Huns.
L'armée scythe
La puissance militaire des Scythes a permis quelques
siècles de paix. L'équipement des cavaliers, principale
force de l'armée scythe, comprend des
éléments protecteurs chez les nobles : casque, cuirasse,
jambières, alors que l'ensemble des cavaliers n'ont que le
bouclier, petit et rectangulaire. Il n'y a pas de cavalerie lourde
comme chez les Parthes ou
les Sarmates. Les armes offensives sont principalement l'arc
composite de petite taille, rangé avec les flèches dans
un
goryte, étui et
carquois combinés. Ils utilisent aussi la lance,
l'épée courte ou longue, et moins souvent la hache, la
masse, la fronde et le lasso. Il semble qu'ils ont utilisé des
chiens de guerre.
Les Scythes ont conservé les traditions de la steppe boisée et ils portent dans leur vie nomade, des cheveux longs, des longues vestes en fourrure, un pantalon recouvert jusqu'à mi cuisse d'un caftan et sur la tête, d'un bonnet comparable au bonnet phrygien mais dressé et droit.
L'arc scythe
L'arc est l'arme fondamentale des Scythes. Il est de petite
taille, de 60 à 80 centimètres en moyenne et sa structure
est composite, c'est à dire que le bois qui le compose est
renforcé à l'extérieur par du tendon
séché et à l'intérieur par des lamelles de
corne collées. L'arc devient ainsi plus souple et plus
résistant. La corde est faite de crin de cheval ou de tendon
d'animal. Les flèches ont une longueur comprise entre soixante
et soixante dix centimètres avec des pointes
systématiquement à douille, le plus souvent en bronze.
Les pointes de fer sont tardives, IVè et IIIè
siècle
et plutôt sur le Don moyen. La pointe de flèche à 3
tranchants, caractéristique des Scythes est abondante aux
IVè et IIIè siècles. La cadence de tir est de 10
à 12 flèches par minutes et la
pénétration à courte portée, très
grande. La portée moyenne d'un arc scythe est de 200 à
300 mètres en tir peu précis. L'utilisation du poison sur
les flèches scythes n'est pas prouvée, la mention que
fait Ovide sur les flèches des nomades pendant son exil dans le
Pont Euxin concerne les Sarmates.
La lance scythe est longue, de 1,70 mètres à
2,20 mètres et peut être lancée, elle dispose d'une
pointe et d'un talon de fer. Le bouclier est fait soit de baguettes de
roseau ou d'osier renforcées de cuir, soit de bois et de
cuir renforcé de métal, soit de bandes métalliques
attachées à un support de cuir par du fil de bronze ou de
fer. de nombreux Scythes pauvres, combattant en fantassins, utilisent
la fronde.
L'élite guerrière porte une cuirasse à
écailles, montée sur un vêtement de cuir
épais, prenant la forme d'un gilet ou d'une veste. Les Scythes
portent, à l'image des Grecs, des cnémides y compris pour
les cavaliers. Le casque est moins fréquent, du type de Kouban,
fort arrondi. Mais ils portent aussi des casques de modèle grec,
attique, corinthien, thrace et un modèle de confection locale
à lamelles métalliques.
En combat contre une troupe ennemie, l'armée scythe
commence par un tir de saturation de ses archers de cavalerie voire par
ses frondeurs. Et quand la cible est affaiblie, on envoie la cavalerie
d'élite qui est la plus protégée. Un exemple de
cette action offensive est donnée quand vers - 310, les Scythes
agissent comme alliés du roi du Bosphore, Satyros II.
Diodore de Sicile précise que les Scythes alignent 10 000
cavaliers et 20 000 fantassins. Le combat oppose Satyros à son
frère Eumèlès qui est soutenu par un peuple de la
région du Kouban, les Thatéens.
Ayant établi un camp de chariots, Satyros enfonce le
centre du dispositif ennemi avec la cavalerie scythe puis la rabat
à droite pour écraser l'aile gauche
d'Eumèlès. Cette faculté de garder sa
cohésion après avoir traversé la ligne ennemie, se
regrouper et lancer avec succès une deuxième charge dans
une autre direction contre un autre corps ennemi, est rare dans une
armée antique.
L'armée scythe est capable d'évoluer avec vitesse
et précision. et de concevoir des stratégies complexes.
"Nous sommes en état de guerre constante, nous sommes tantôt agresseurs, tantôt agressés, ou encore nous avons des différents à propos des territoires de pâture ou du partage de butin" |
déclare le scythe Toxaris cité par le grec Lucien au IIè siècle avant notre ère. |
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