Depuis environ 12 000 ans des hommes vivent sur le Toit du monde dans
des conditions qui se sont durcies avec le temps. Il y a 5 000 ans, des
immigrants néolithiques venus du nord de la Chine se
mêlent à ces habitants. La région qui deviendra le
Tibet est très émiettée par la géographie.
La population se concentre dans les vallées des grands fleuves,
seules propices à l'agriculture. Les régions d'altitude
sont réservées à l'élevage et leurs
habitants sont partiellement ou totalement nomades. Peu à peu se
forment des communautés d'agriculteurs dont va émerger
une aristocratie. L'évolution de ces petites communautés
vers une monarchie est longue et probablement venue sous l'influence de
visiteurs indiens comme pour le Champa et le Fou Nan. Cette
évolution vers la monarchie semble précoce pour la
dynastie Yarlung dans le Sud Est de l'actuel Tibet. La mythologie
tibétaine nous dit que vers -127, le royaume de Sheboye est
fondé dans la vallée du Yarlung au sud est de l'actuelle
Lhassa.
Dans l'Amdo (Qinghai en chinois), région du Nord Est du Tibet,
une population est venue de l'Asie centrale, au cours du premier
millénaire avant notre ère, principalement
composée de Qiang et se mêle aux populations autochtones.
Dans la dynastie Yarlung, une trentaine de tsenpo, rois mythiques, se
succèdent avant le premier souverain dont on connaît les
dates de naissance et de mort. Il s'agit de Tagbu Nyasig (dMus-long
dkon-pa bkra-gshis) qui règne de 579 à 619.
L'administration a déjà
évolué et les fonctions de premier ministre (dalun) et de
responsable de la collecte des impôts et des tribus (anben) sont
en place depuis le 16è tsenpo Zanam Zindé. Les "rois"
demeurent au château de Taktsé (voir l'image des ruines en
haut à gauche), dans le district de Chingwa jusqu'au
transfert de la cour à Lhassa au début du VIIè
siècle.
L'empire
tibétain
Avec son successeur, Namri Songtsen, le "royaume" de Sheboye change de
dimension. Il réussit à soumettre une par une toutes les
tribus voisines au début du VIIè siècle. C'est le
début d'une armée pour le plateau tibétain. Une
première ambassade est envoyée en Chine vers 608 - 609.
Namri Songsten est empoisonné vers 629, mais son fils, Songtsen
Gampo, châtie les opposants et lui succède. Il doit
rapidement agir en chef de guerre et allié au Zhang Zhung, son
armée combat et vainc le peuple Sumpa au Nord Est de l'actuel
Tibet. Les tribus proto-tibétaines réunifiées font
une tentative d'expansion vers le Nord. Le Zhang Zhung est un royaume
situé près du mont Kailash, dans la vallée de la
rivière Sutlej, qui redescend vers l'Inde. Songsten Gampo
devient le maître de tout le plateau tibétain. La capitale
du royaume est transportée à Lhassa vers 633. Le roi
demande le mariage avec une princesse chinoise de rang impérial
en 634, c'est un refus de la part de la cour impériale.
Plateau tibétain à la fin du VIè siècle
(à partir de wikipedia)
Songsten Gampo accuse Tuyuhun d'avoir torpillé sa demande en
mariage. En 638, une campagne avec le Zhang Zhung dans la
région du lac Kokonor, est victorieuse contre l'empire Tuyuhun
en déclin. Les sources chinoises parlent d'une armée
tibétaine de 100 000 hommes. Il assiège la
préfecture de Songzou et renouvelle sa demande en mariage.
Tuyuhun est vassal de l'Empire chinois, une première
armée chinoise vient pour tenter de lever le siège, elle
est vaincue par les Tibétains. Une seconde armée
commandée par Niu Jinda défait l'armée
tibétaine qui se replie. Il s'agit de contrôler une
importante route commerciale, la branche sud de la Route de la Soie.
Mais l'empereur Taizong a conscience de la puissance du monarque
tibétain et une négociation menée du
côté tibétain par le chancelier mGar, s'engage
à Chang'an
La chaise à porteurs (rencontre de mGar et de l'empereur
Taizong (wikimedia)
En 638, l'empereur Taizong accepte :
- Le mariage d'une princesse Tang,
- L'envoi de maîtres parlant et écrivant le chinois,
- L'autorisation de membres de la famille royale tibétaine
d'étudier à l'Université d'Etat de Chang'an
- L' envoi de spécialistes de la soie, de la brasserie, du
papier et du moulin à grain.
Les 2ème et 3ème points sont rapidement
exécutés, l'envoi de la princesse Wencheng Gongzhu n'est
effectif qu'en 641, le dernier point n'est pas respecté. La paix
règne avec la Chine jusqu'à la fin de son règne. A
partir de 640, Songsten Gampo repart en guerre dans l'ouest :
conquête vers la vallée de Katmandou, conquête
du Zhang Zhung (645) et intervention militaire au Népal pour
"punir" Amsuvarma, le souverain usurpateur du royaume des Licchavi qui
a également refusé sa demande en mariage.
Statue du roi Songtsen Gampo (flickr.com)
Songsten Gampo épouse une princesse népalaise
nommée Bhrikuti après avoir aidé Narendeva
à reprendre son trône à Katmandou.
L'écriture tibétaine apparaît pendant le
règne de ce roi. Le ministre Thonmi Sambotha, un des 17
étudiants envoyés en Inde étudier les langues
indiennes et les textes bouddhiques, conçoit l'alphabet et la
grammaire tibétaine à partir de l'alphabet
devanâgarî. Le Bouddhisme pénètre
également pendant ce règne, mais la religion
traditionnelle "Bon" résistera pendant des siècles et
influencera le Bouddhisme tibétain. Songsten Gampo meurt en 649.
Son jeune fils Gungri Gungtsen lui succède mais le pouvoir est
exercé par mGar. Il en est de même avec le nouvel empereur
Mangson Mangtsen qui règne à partir de 655,
jusqu'à la mort de mGar en 677.
Pendant cette période, le royaume Xianbei d'Azha dans la
région du lac Kokonor, au Nord Ouest du Tibet, est conquis
après une campagne de trois ans. Mangson Mangtsen sollicite le
mariage avec une princesse chinoise qui est refusé en 658.
L'armée tibétaine attaque avec succès Kachgar
(dans l'actuelle province chinoise du Xinjiang), et enlève
Les Quatre Garnisons : Koutcha, Qarachah, Kachgar et Khotan,
alliée aux Turcs occidentaux, en 663. Puis ils soumettent les
Turcs Nushibi de On Oq (Turcs occidentaux) en 667. Ces
opérations permettent le contrôle du Corridor du
Wakhan qui permet de franchir l'Hindu Kush et relie aujourd'hui
l'Afghanistan à la Chine.
Au printemps 670, l'armée
tibétaine attaque le bassin du Tarim sous souveraineté
chinoise. Les Tibétains capturent les "Quatre Garnisons", ce nom
est donné par les Chinois pour désigner Qarachahr,
Koutcha, Khotan et Kashgar. Le Tibet domine la Route de la Soie et
complètent leur occupation par la prise de la cité de
Dunhuang vers 676. La conquête d'Aksou avec des troupes
khotanaises fait abandonner la région par la Chine jusqu'en 692
- 694. En 676, des incursions dans la province chinoise de Gansu sont
lancées en dépit de la Grande Muraille. Shanzhou,
Kuozhou, Hezhou, Diezhou, Migong et Danling sont attaquées. Mais
l'empire chinois réagit et les Tibétains sont
défaits à Longzhi. En 677, l'armée
tibétaine repousse l'armée chinoise près du
Kokonor. Les Tibétains restent maître du terrain et des
oasis du Tarim.
Routes de la Soie (berzinarchives.com)
Mangson Mangtsen meurt
vers 678 -677. Son fils Dusong Mangpojé serait né en 670
selon les Annales des Tang. Le fils de mGar, Khri-'brinHe est
régent et Thrimalo, la mère de Dusong Mangpojé,
est co-régente de fait. En 680, le Tibet prend le contrôle
du royaume de Nanzhao
indépendant situé approximativement dans l'actuel Yunnan.
Le clan des Gar, la famille du régent est très
impliqué dans la conduite des affaires du royaume, le
régent joue un rôle comparable aux maires du palais en
France à la même époque.
En 678, les Tibétains capturent la forteresse d'Annrong dans le
Shanxi. Puis ils s'étendent sur des territoires tribaux Chiang.
Ils atteignent Liangzhou au Ganzu et au sud atteignent les
frontières de l'Inde et au nord ils approchent du domaine des
Turcs. En 685, un nouveau Gar remplace son frère
décédé. En 689, le général chinois
Wei Daijia est envoyé par l'impératrice douairière
Wu Zetian, l'impératrice du Ciel, conduire une armée et
36 généraux pour
attaquer le Tibet. Il rencontre des forces tibétaine près
de la rivière Yinshijia River. Après quelques
succès initiaux, il tente d'envahir le Tibet, mais il est
finalement vaincu par les Tibétains. Comme la température
est basse et le niveau des provisions faible, les pertes de
l'armée chinoise sont conséquentes. Wei Daijia se retire
à Gaochang, une oasis dans le Sinkiang actuel.
Entre 692 et 694, le Tibet perd les Quatre Garnisons du Tarim et la
Chine de Wu Zetian avec l'aide de princes turcs, reprend le
contrôle de la Route de la Soie. La lutte est vive entre les
Tibétains et les Chinois. En 695, Gar Tridin est vainqueur des
Chinois dans le Gansu. Mais à la suite d'une défaite,
Dusong Mangpojé élimine le clan de Gar au cours d'une
partie de chasse en 698. Gar Tridin se suicide, c'est la fin de ce
clan.
A partir de 700, Dusong Mangpojé demeure dans le nord est du
pays absent de la cour. La puissante mère du souverain dirige le
Tibet et l'impératrice du Ciel dirige la Chine. En 700, les
Tibétains sont battus par l'armée chinoise
commandée par le général T'ang Hiouying. En 702,
ces deux puissances concluent un traité de paix. Les raids turcs
contre la Chine ont du peser dans la balance. En 703, le Tibet envahit le
royaume de Nan Zhao, leur suzeraineté est reconnue. En 704, Dusong
Mangpoyé conduit l'armée tibétaine dans le Mywa
(actuellement le Yunnan) et meurt durant cette campagne. Tride
Tsuktsen lui succède après un court intermède qui
voit le prince Lha Balpo, le fils aîné de Dusong
Mangpoyé, monter sur le trône puis être
déposé peu de temps après. Thrimalo installe sur
le trône un enfant d'un an, Gyältsugru qui va régner
un demi siècle sous le nom de Tride Tsuktsen. Une révolte
est brisée au Népal et les Tibétains reprennent le
Ferghana aux Chinois.
En 712, l'impératrice douairière meurt et Tride Tsuktsen
accède au trône à l'âge de huit ans. Entre
temps en 710, une princesse chinoise, Jincheng Gongzhu est venue
à Lhassa pour épouser le roi tibétain de sept ans.
Avec elle, viennent de nombreux artisans chinois, spécialistes
de la fabrication du papier, le décorticage du riz et l'élevage
des vers à soie. Cette reine est une fervente bouddhiste, et
cinq temples sont construits.
Les Tibétains s'allient avec les Turcs orientaux et les Arabes
et en 717, ils participent aux côtés des Turcs à
l'attaque de Kashgar où les Chinois ont réinstallé
leur roi client Ikhshid. Ce roi est remplacé par Alutar. Mais la
Chine envoie deux armées, l'une conduite par le Qaghan d'Onoq,
Ashina Xin et composée de mercenaires Karluqs, la seconde
commandée par Jiahui et composée de réguliers
Tang. Selon les sources chinoises, cette rencontre se termine par une
victoire pour les Tang !
En 720, le Tibet investit la
principauté ouïgoure de Bug-cor dans l'oasis de Dunhang
(sur la Route de la Soie). En 722, les annales chinoises précisent
que les Tibétains attaquent le Gilgit et donc qu'ils ont pris le
contrôle du Ladakh et du Baltistan (au Nord du Pakistan
actuel). Le Tibet et ses alliés turcs sont en guerre
contre la Chine dans la fin des années 720. Les alliés
sont victorieux au début du conflit et en 727, ils prennent le
contrôle de l'Azha, près du lac Kokonor et capturent la
forteresse chinoise du Guazhou qui renferme les fournitures pour tous
les territoires dominés par les Chinois, ils s'emparent d'Anxi
dans le Gansu.
Puis l'armée chinoise remporte ses combats contre
les Tibétains en 725 et 727 et leur reprend la ville de
Che-pou-tching. Mais une révolte éclate dans la
Chine du Sud et les Tibétains remportent une grande victoire
vers 730, mais ne peuvent reprendre les oasis du Tarim. Une paix est
décidée entre les Tibétains et les Chinois, la
frontière passe à l'Est de Kokonor.
Puis le Tibet reste allié avec les Turcs orientaux et Tride
Tsuktsen épouse la fille de leur Qaghan tandis que la Chine fait
alliance avec le Califat pour attaquer et vaincre les Turcs orientaux
en 736. Une fois qu'ils ont fait la paix, les Chinois attaquent les
Tibétains par surprise et leur infligent plusieurs
défaites à l'Est. Les Tibétains attaquent Gilgit
en 737 et obligent leur roi à leur rendre hommage.
En 747, le général impérial chinois Gao Xianchi
(Kao Sien-tche), d'origine coréenne, franchit le Pamir et
établit un protectorat chinois à Gilgit. Le roi du
Cachemire, Mouktâpîda et la dynastie turque des Châhi
qui domine la vallée du Caboul sur le Kapiça, sont de
fidèles alliés de la cour de Chine. Le roi vassal des
Tibétains est fait prisonnier à Gilgit. En 749, le roi
turc de Qoundouz, appelé Che-li-mang-kia-lo par les Chinois
appelle à l'aide l'Empire chinois contre un prince montagnard
allié des Tibétains. Gao Xianchi franchit le Pamir avec
un corps expéditionnaire et chasse les partisans
tibétains. En 750, le Tibet a perdu pratiquement tous les
territoires qu'il a pris à la Chine.
Mais le royaume de Nanzhao est en guerre contre la Chine et s'allie
avec le Tibet. Gao Xianchi intervient à Tachkent et fait
décapiter le roi turc allié des Chinois parce qu'il
refuse de payer le tribut à la Chine. Les Turcs occidentaux
se révoltent et demandent l'aide des Karlouks et des Arabes
de Sogdiane. En Juillet 751, Gao Xianchi est vaincu par les troupes
arabes alliées aux Tibétains et aux Karlouks à
la bataille de Talas, probablement dans le Kirghizistan actuel,
tandis qu'en août, une armée impériale chinoise
conduite par Yang Guozong et forte de 80 000 soldats est vaincue par
le Nanzhao et le général chinois An Lushan est aussi
vaincu face aux mongols Khitan, à l'ouest de Liaohe.
L'influence tibétaine reprend, la Chine est affaiblie, mais
les Arabes ne profitent pas de leur victoire pour avancer vers l'Est.
Les Bouddhistes du bassin du Tarim se réfugient au Tibet.
En 755, une conspiration menée par les ministres Lang et Bai se
termine par l'assassinat du souverain Tride Tsuktsen. Mais cette
révolte est matée par l'armée et les deux
ministres sont tués. Trisong Detsen, le fils cadet du souverain
défunt monte sur le trône. La situation internationale est
favorable, la Chine est affaiblie par la révolte d'An Lushan et
les menaces venues de la steppe, la guerre civile chinoise dure
jusqu'en 763. Mais la Chine tente de rétablir sa situation. Le
Tibet allié aux Ouighours attaque la Chine et une armée
de 200 000 soldats tibétains atteint la frontière en
octobre 763, vainc les forces chinoises présentes à Zouzhi
le 12 novembre et prend la capitale Chang'an le 18 novembre, l'empereur
Taizong s'enfuit. Selon la version chinoise, en quinze jours, les
troupes tibétaines sont défaites. Selon la version
tibétaine, la Chine accepte de payer un tribut annuel de
50 000 rouleaux de soie, beaucoup de provinces et de forteresses
chinoises sont sous le contrôle de Trisong Detsen et les
Tibétains installent un nouvel empereur, Li Chenghong, le cousin
de Taizong, sur le trône. La domination tibétaine
s'étend au sud jusqu'au Bengale et au nord jusqu'à la
Mongolie. Mais en 765, les Chinois soutenus par les Ouighours battent
les Tibétains.
En 783, le traité de paix de Ch'ing-shui, entre la Chine
et le Tibet octroie à ce dernier toutes les terres de la
région de Kokonor mais les hostilités continuent. L'empereur
chinois Dezong s'allie avec les Ouighours qui sont vainqueurs des
Tibétains près de la ville d' Ouei-tcheou, dans le Sichouan .
Des troupes tibétaines combattent aux côtés du Siam,
suite à la demande de soutien du roi Imobsun, contre les Chinois
au Yunnan. Puis Trisong Detsen cherche à s'agrandir vers l'ouest,
atteint la rivière Oxus (Amou-Daria) et constitue une menace pour
le calife Haroun al Rachid au point que ce dernier s'allie avec l'empereur
de Chine. Il en résulte une longue guerre à l'Ouest avec
les Arabes. L'armée tibétaine semble avoir
été jusqu'à Samarcande et Kaboul et les
prisonniers arabes ont été engagés sur le front de
l'Est. Mais pendant ce temps là, le Tibet ne lance aucune
offensive contre la Chine. Le royaume du NanZhao devient
indépendant vers 794 et s'allie à la Chine.
Trisong Detsen a beaucoup développé le Bouddhisme au
Tibet. Le premier monastère est fondé en 779 et le
bouddhisme est déclaré religion d'Etat en 792. Trisong
Detsen meurt en 797. Son fils aîné, Muné Tsenpo
lui succède la même année. Peu d'informations sont
disponibles sur cet empereur qui meurt en 797, peut être
empoisonné par sa mère. La situation est aussi obscure
pour Mutik Tsenpo, un autre fils de Trisong Detsen qui semble n'avoir
pu régner.
Extension maximale du Tibet vers 800 (wikipedia)
Le troisième fils de Trisong Detsen, se nomme Sadnalegs ou
Tri Desongtsen et il règne de 800 à 815. La guerre
contre les puissances arabes se poursuit mais de plus en plus en
faveur des Arabes. En 809, les Tibétains et les Karluqs
assiègent Samarcande et le souverain abasside Al Mamun
traite avec les Tibétains mais le gouverneur
tibétain de Kaboul se soumet aux Abbassides vers 812, les
Tibétains sont peu à peu refoulés vers l'est.
En 810, les Arabes onquièrent le Gilgit sans aucune
réaction du Tibet. En 815, Tri Ralpachen, un des fils de
Mutil Tsepo, lui succède. Son règne est
marqué par des guerres avec les Ouighours et les Chinois
avec la volonté de contrôler le bassin du Tarim. Une
première incursion des Tibétains en territoire
Ouighour, vers le Nord, date de 816. En réponse les Ouighours
font une incursion en territoire tibétain en 821. La Chine,
en proie à des révoltes à répétition
de gouverneurs est véritablement en guerre civile. Aussi,
à la suite d'un petit raid tibétain, l'Empire chinois
promet des alliances matrimoniales aux Tibétains et aux Ouighours.
Un mariage et un traité sont finalisés entre l'empereur de
Chine Muzong et l'empereur du Tibet, Tri Ralpachen en 822. La
frontière entre les deux empires est délimitée et la
Chine reconnaît l'occupation du Gansu par les Tibétains. La
paix est assurée entre les deux pays pour une vingtaine
d'années.
Tri Ralpachen est un fervent bouddhiste et il invite de nombreux
lettrés indiens tels Surendrabodhi, Shilendrabodhi et
Danashila. Il s'agit de réviser les traductions des textes
sacrés du Mahayana et du Hinayana de façon à
ce qu'ils soient plus accessibles aux Tibétains. Un très
grand nombre de temples sont construits. Mais au Tibet, l'opposition
des Bön face à l'influence croissante des monastères
bouddhistes se transforme en rivalités politiques qui s'intensifient.
En 838, Tri Ralpachen est assassiné par ordre de son frère
Langdharma qui est ouvertement opposé au Bouddhisme.
Langdharma monte sur le trône en 838. Son règne
voit un afflux de réfugiés au Nord suite à
l'effondrement de l'état Ouighour vers 840. Cet empereur
favorise la religion traditionnelle le Bön et mène
une politique anti-bouddhique qui se termine en 842, quand un
moine ayant caché un arc sous ses vêtements le tue
au cours d'un spectacle. En raison de l'opposition entre ses deux
fils Yumten et Osung qui revendiquent le pouvoir et entraîne
une morcellement de l'empire, Langdharma est le dernier empereur
du Tibet. La Chine reprend le contrôle de la Route de la
Soie. Ces deux successeurs sont opposés sur le plan
religieux, Yumten suit la politique anti-bouddhique de Langdharma,
tandis que Osung rétablit de nombreux sanctuaires
bouddhistes. Yumten s'installe dans le Ü-Tsang (centre et
ouest tibétain, tandis qu'Osung est allé dans l'Est.
L'empire du Tibet se fragmente. Après l'assassinat d'Osung
son fils Namde Osung fuit vers l'Ouest à Ngari et s'allie
avec le chef de la tribu Tashitsen de la dynastie Thi puis fonde le
royaume de Gugé.
Porte au royaume de Gugé
Les
armes des Tibétains
La principale force de l'armée tibétaine vient
d'une cavalerie "blindée" qualifiée parfois de
cataphractaire. Ces cavaliers portent l'arc le long de la lance
mince et longue. Ce sont des archers montés portant une
armure solide. Les hommes et les chevaux portent des cottes de
maille. L'infanterie est solide, les lanciers portent une armure
plus légère, les archers sont moins
protégés mais utilisent des arcs composites et
combattent à distance, les guerriers de l'Himalaya
et ceux des montagnes combattent en ordre lâche avec
l'épée mais les guerriers du Népal combattent
avec la Kukri.
Archer monté tibétain (www.artdelaguerre.fr)
Même si les Tibétains sont souvent les agresseurs,
ils disposaient de défenses sérieuses et les annales
des Tang signalent qu'il y avait une tour de garde tous les 100 li
soit environ 58 kilomètres. Ces tours sont carrées,
circulaires ou semi-circulaires et parfois, au Tibet oriental, ont
un plan en étoile. La hauteur est variable et atteint parfois
dans l'est, huit fois la largeur de leur base. La tour est souvent
couronnée par un hourd de bois.
Forteresse de Yumbu-Langang photographiée par une
expédition allemande en 1938 (wikipedia)