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Rome : vers l'Empire |
La situation en - 44 | ||
Marc Antoine se croit déjà victorieux. C'est alors que les troupes d'Hirtius lui "tombent dessus" et il perd tout à fait l'initiative. Ses hommes sont épuisés et il doit fuir. Le 21 avril, une autre rencontre se tient près de Mutina, Octave y participe avec ses légions. C'est encore une défaite pour Marc Antoine dont le camp est attaqué par Hirtius mais celui ci y perd la vie. Marc Antoine doit effectuer une pénible retraite à travers les Alpes, poursuivi par Brutus. Puis, grâce aux trois légions apportées par Publius Ventidius Bassus sur la côte ligure, il peut se retirer auprès de Lépide. Octave "récupère" les légions sénatoriales que conduisaient les consuls, mais le sénat confie à Brutus la conduite de l'armée. Pendant ce temps, Sextus Pompée réunit une armée.
En juillet, Octave se voit
refuser par le Sénat le consulat après le triomphe.
Lépide a mis son armée à la disposition de Marc
Antoine. Brutus occupe la province de Macédoine, Cassius
conteste la Syrie à Dolabella. Sextus Pompée est investi
par le Sénat du commandement des
forces navales. Le Sénat cherche à isoler Octave de son
armée. Celui ci, avec huit légions, investit Rome et est
facilement élu consul le 19 août, par les Comices, avec
Quintus Pedius, un membre de sa famille. Une de ses premières
décisions est de révoquer
l'amnistie concernant le meurtre de César. Il se montre prudent
vis à vis de Marc Antoine. Celui ci bénéficie du
soutien non seulement de Lépide mais aussi de Lucius Munatius
Plancus, proconsul de la Gaule chevelue, et d'Asinus Pollion, proconsul
en Bétique. Marc Antoine dispose ainsi de vingt-trois
légions.
- à Lépide, la Gaule narbonnaise et l'Espagne,
avec 3 légions
- à Marc Antoine, la Gaule chevelue et la Gaule cisalpine, avec
20 légions et
- à Octave, l'Afrique, la Sardaigne et la Sicile, avec 20
légions.
Cet accord prévoit que les décrets pris par les triumvirs doivent avoir force de loi et n'ont pas besoin d'être ratifiés par le Sénat. Chaque triumvir peut afficher la liste des ennemis qui peuvent être exécutés sans jugement et dont les biens sont confisqués. C'est la proscription qui rappelle celle de Sylla. Les 3 hommes marchent sur Rome et s'en empare sans résistance. Cet accord est concrétisé par la lex Titia, votée en novembre - 43, par les Comices Centuriates. Pour cinq ans, les triumvirs disposent des armées et peuvent désigner les magistrats, en particulier les consuls. La lex Titia confirme la décision des triumvirs d'attribuer des colonies aux vétérans dans dix-huit villes d'Italie. Un senatus-consulte valide définitivement le testament de Jules César et Octave devient Caius Julius Caesar Octavianus soit Octavien.
Les proscriptions * ont lieu en novembre et décembre - 43 et concernent les anti-césariens et les sénateurs qui ont voulu bloquer la carrière d'Octave. Mais les triumvirs ont besoin d'argent et les victimes sont choisies en fonction de leur fortune. Près de 300 sénateurs et 2 000 chevaliers sont ainsi condamnés. Et peu échappent à la mort. Cicéron, par exemple, est exécuté en Campanie, le 7 décembre.
Proscription : cela revient à "interdire le feu et l'eau", autrement dit à déclarer le proscrit hors-la-loi. N'importe qui peut et doit l'assassiner. Les têtes sont mises à prix.
Durant cet automne - 43, les
anti-césariens sont dans
la même
situation, Cassius ruine l'Asie en exigeant le tribut de dix
années.
En effet il a réussi à rallier quatre légions
stationnées
en Egypte que Cléopâtre a envoyé contre lui,
chassé
le gouverneur de Syrie, Dolabella, conquis la Phénicie et la
Judée
et l'a assiégé à Laodicée où ce
dernier
est mort. Brutus a composé son armée à partir de
troupes
diverses, soldats de Pompée errant en Thessalie, troupes
destinées
à Caius Antonius le frère de Marc Antoine, qui est
bientôt
capturé et exécuté. Il rejoint avec son
armée
Cassius à Smyrne. Il réprime une révolte des
Lyciens
et la cité de Xanthe, assiégée, est
incendiée
tant les habitants sont désespérés selon
Plutarque.
Brutus retrouve Cassius à Sardes et ils s'apprêtent
à
quitter l'Asie. Les triumvirs, après l'élimination des
adversaires
politiques, doivent vaincre les armées nombreuses
commandées
par les césaricides. Sextus Pompée tient la Sicile et le
détroit de Messine.
Côté triumvirs : 20 légions (100 000
fantassins
dont beaucoup de vétérans) et 13 000 cavaliers.
Côté régicides : 18 légions (80 000
hommes, les légions sont en sous effectif et formées
surtout
de recrues levées en Orient) et 20 000 cavaliers (dont la
moitié
auxiliaires et l'essentiel fourni par des princes d'Asie).
Mouvements avant les batailles de Philippes (source wikipedia)
Dans le camp des césaricides, Cassius n'est pas pressé de combattre, parce que s'ils ont plus d'argent que leurs ennemis, ils ont moins de soldats. En revanche Brutus voit dans les escarmouches favorables à leur camp, un signe positif et de plus nombre de déserteurs passent chaque jour dans le camp des triumvirs. Le 3 octobre - 42, une première bataille permet à Marc Antoine d'enfoncer l'armée de Cassius et de prendre son camp par une attaque frontale et de le piller. La cavalerie de Cassius se débande et fuit vers la mer. Pendant ce temps, Brutus attaque en direction du camp d'Octavien, repousse ses légions et Messala qui commande la légion la plus à l'aile droite rencontre peu d'obstacle et met le camp d'Octavien à sac. Celui ci raconte plus tard qu'il ne doit son salut qu'à un rêve prémonitoire qui l'a fait quitter le camp avant. Cassius se réfugie sur l'acropole de Philippes mais la poussière lui cache la réussite de l'attaque de Brutus, alors qu'il perçoit fort bien la déroute de ses propres troupes, alors il décide de se tuer. Brutus ne se rend pas compte du désastre dans l'armée de Cassius. Les pertes sont significatives, selon Messala Corvinus, l'un des commandants de Brutus, cité par Plutarque, les régicides comptent 8 000 morts, les triumvirs, 16 000. Mais le combat n'a pas désigné de vainqueurs.
La situation des triumvirs n'est
pas brillante. Ils sont
rationnés car la mer est sous le contrôle de Sextus
Pompée, et un renfort de deux légions conduites par
Domitius Calvinus venu d'Italie a été pratiquement
anéanti par la flotte de républicaine de Murcus et
Ahenobarbus le jour même de cette bataille. Mais Brutus l'apprend
bien plus tard. Les triumvirs doivent conclure rapidement, l'ennemi
pouvant se renforcer facilement. Marc Antoine cherche la bataille. Le
23 octobre - 42, poussé par ses officiers qui le pressent de
combattre, Brutus accepte le combat. Marc Antoine déborde par le
Sud les césaricides avec l'essentiel de ses troupes et il occupe
une colline que Brutus n'a pas défendue. Brutus répond
à cette invasion par la construction de redoutes. C'est
l'offensive d'Octavien, selon Appien, qui s'empare du camp ennemi et
décide de la victoire. Brutus recule vers les hauteurs où
il pense reprendre l'avantage et son camp. Mais ses hommes
l'abandonnent, la retraite devient déroute
et il se tue, selon Plutarque, en disant :
"La vertu n'est qu'un vain mot"
ou est décapité par Octavien selon Suétone.
Sur place, les vainqueurs licencient une partie de leurs troupes et fondent une colonie romaine sur le site qui deviendra Colonia Augusta Julia Victrix Philippensium. La provinces orientales reconquises, un nouveau partage s'opère.
- à Lépide, les provinces africaines, c'est
à dire l'Africa vetus, créée en - 146.
- à Marc Antoine, la Gaule chevelue, la Narbonnaise, la Gaule
cisalpine et tout l'orient romain, à pacifier.
- à Octavien, l'Italie sans la Sicile et l'Espagne et Sextus
Pompée qui a grossi sa flotte des éléments de
Brutus qui ont pu le rejoindre, comme Statius Murcus, à
éliminer.
Octavien est rentré très malade des batailles de
Philippes et on a cru qu'il ne survivrait pas. Peu de temps
après, il est chargé de la périlleuse
tâche de fournir des terres en Italie aux légionnaires
victorieux des batailles de Philippes. 18 cités voient leur
territoire partagés entre les légionnaires. Des plaintes
montent de tous côtés. Lucius Antonius, consul et
frère de Marc Antoine associé à Fulvie,
l'épouse de ce dernier, veulent se débarrasser d'Octavien
et soulèvent les provinciaux alors que les sept légions
de Cisalpines sont commandées par Asinius Pollion pour le compte
de Marc Antoine. Lucius Antonius se retranche dans Pérouse. Avec
l'aide d'Agrippa, Octavien réagit rapidement et assiège
Pérouse, qui est prise et pillée début - 40, sans
réaction de la part de Pollion. Octavien répudie Clodia.
Pendant ce temps Sextus Pompée a armé des
trirèmes, s'est associé aux pirates et effectue des
rapines dans les ports.
Buste de Marc Antoine
La situation alimentaire devient
difficile en Italie en raison
du blocus exercé par Sextus Pompée. Octavien
équipe une flotte, et charge Salvidienus Rufus de le chasser
avec de nombreuses troupes. Effectivement, Sextus Pompée doit se
replier en Sicile, mais quand Rufus tente de traverser le
détroit de Messine, c'est un échec. A la fin de
l'été - 40, Marc Antoine revient en Italie, attiré
par les nouvelles de la guerre de Pérouse. Il est venu avec une
armée, mais les habitants de Brindes, soucieux de
préserver la paix, lui interdisent le port et l'entrée de
la cité. On s'achemine vers la paix de Brindes entre Octavien et
Marc Antoine, voulue par les troupes et préparée par
Mécène et Asinius Pollion,
début Octobre - 40. Fulvia est morte de maladie à
Sicyone. Cette nouvelle et l'attitude menaçante de Pompée
facilitent le rapprochement entre les deux hommes, la
responsabilité
de la guerre de Pérouse incombant à Fulvia.
La nouvelle distribution des territoires pour les triumvirs devient :
- à Lépide, les provinces africaines
- à Marc Antoine, l'Orient qui commence à Scodra chez les
Illyriens, au nord de l'Albanie actuelle (Shkodra), à l'est de
la rivière Drin
- à Octavien, la Gaule et l'Occident, Rome étant
neutralisée.
Pour sceller cet accord, Marc Antoine épouse Octavie, la soeur d'Octavien. Les deux triumvirs ont attribué à l'avance les consulats jusqu'en - 35. Marc Antoine a besoin de troupes pour faire face aux attaques des Parthes qui ont envahi la Syrie pendant la guerre de Pérouse. Il charge Publius Ventidius Bassus de repousser cette invasion avec des légions de vétérans jusque là stationnées en Gaule. Il s'agit d'abord de punir Orodes II qui a soutenu Brutus et Cassius dans leur lutte contre les triumvirs. Et surtout d'arrêter l'invasion qui a entraîné de fait, l'occupation de la Syrie et de la Palestine, par les Parthes conduits par le romain Quintus Labienus. Ils ont installé un hasmonéen, Antigonos à la place d'Hérode, comme roi et grand-prêtre à Jérusalem. Les raids parthes pénètrent en Anatolie et atteignent même l'Ionie.
Ventidius
se tire honorablement
de cette mission, par une campagne rapide. Dans une première
rencontre, il est vainqueur de l'armée parthe et peu de temps
après, il est cerné dans son camp par une nombreuse
armée ennemie. Il subit patiemment les insultes et simule la
peur. Quand les Parthes confiants, attaquent et sont à 500 pas
du camp, nous dit Frontin, il effectue une sortie brusque et disperse
les assaillants. Pacorus qui commande une autre armée parthe,
pense que le camp romain est vide et lance à son tour à
l'assaut. Il se trouve face au reste des légions
qui selon Justin, "massacre toute la troupe des Parthes avec le roi
Pacorus lui-même". Selon Strabon, cet événement
s'est passé près de Gindarus en Cyrrhestique (en Syrie du
Nord). Puis Quintus Labienus est capturé et
exécuté selon Justin. Ensuite Ventidius marche sur
Samosate de l'Euphrate et l'assiège.
La piraterie de Sextus
Pompée risque de provoquer un
soulèvement des couches populaires qui souffrent de
disette à Rome. Tous les convois de blé vers l'Urbs sont
arrêtés par les 250 navires de Sextus Pompée, qui
s'est proclamé "fils de Neptune" et bien sûr, le
blé sicilien ne vient plus! En - 39, sous la pression populaire,
les négociations sont entreprises entre les trois triumvirs et
Sextus Pompée aboutissent à l'accord de Misène
en Campanie (sur le territoire actuel de la commune de Bacoli), cet
accord est aussi appelé Paix de Pouzzoles. Au termes de cet
accord, les proscriptions sont sans effet sauf pour les meurtriers de
César, les survivants sont réintégrés dans
leurs droits, et outre la Sicile,
la Sardaigne, la Corse et le Péloponnèse sont
laissés sous la domination de Pompée pour cinq
années. La promesse de lui donner le consulat pour
l'année - 33 est aussi faite. Octavien épouse
Scribonia, l'arrière petite fille du triumvir Pompée et
la fille de Lucius Scribonius Libo, un compagnon de Sextus
Pompée. Ce dernier lève le blocus, licencie ses troupes
et s'engage à ne pas construire de nouveaux navires, à ne
pas recruter ni recevoir les transfuges et purger la mer des pirates.
Mais il installe en Corse une base pour une flotte de galères
rapides. Et il a d'autres repaires en Sicile et en Sardaigne. En fait
les promesses ne sont tenues par aucun des protagonistes et les
hostilités vont reprendre des l'année - 38. Octavien
répudie Scribonia dès qu'elle a accouché et refuse
de rétablir dans leurs droits tous les exilés et
proscrits tandis que Marc Antoine refuse de laisser l'Achaie. Alors
Sextus Pompée prépare ses navires et laisse libres les
pirates. Agrippa doit réduire une révolte en Aquitaine.
Marc Antoine prépare sa
campagne contre les Parthes
tandis qu'Octavien
rassemble ses légions et fait construire une nouvelle flotte
à Rome et à Ravenne. En - 38, la guerre est
déclarée, Octavien demande du soutien à Marc
Antoine qui ne réagit pas, mais Lépide prépare en
Afrique des légions pour lui. Sextus Pompée a perdu une
partie de ses troupes qui a profité de l'amnistie pour rentrer
à la maison, mais ses
équipages et ses troupes sont bien entraînés au
combat naval. En - 37, la campagne commence par un succès, la
trahison de Ménas, le préfet de la flotte de
Pompée, lui livre la Corse et la Sardaigne ainsi que trois
légions. Mais la lutte devient difficile, les navires d'Octavien
sont plus grands et plus lourds que ceux de Pompée. Celui ci
combat comme un pirate, procédant par raid, et n'engageant le
combat qu'en cas de victoire certaine. Les défaites
d'Octavien s'accumulent mais il persiste. Le commandement de la flotte
est confié à Caius Calvisius Sabinus, fidèle
à Octavien mais peu expérimenté. Malgré
l'aide de Ménas, l'affrontement se termine par une lourde
défaite devant Cumes. Cette flotte est encore
écrasée en Sicile devant le promontoire de Sylla et enfin
sombre dans une tempête. Octavien débauche un autre
officier de Pompée, Ménécrate, mais celui ci
revient plusieurs fois vers son ancien patron. Au moins cela profite
aux marins d'Octavien et leur apprend le métier.
Pendant ce temps, Marc Antoine,
active ses préparatifs
contre les Parthes à Antioche où il retrouve
Cléopâtre qu'il n'a pas vu depuis quatre ans. La campagne
de Ventidius a repoussé la frontière avec les Parthes sur
l'Euphrate et Hérode en profite pour reconquérir
Jérusalem avec le gouverneur romain de Syrie, au prix d'un
siège de cinq mois. Marc Antoine fait trancher la tête au
dernier roi hasmonéen Antigone II Mattathias en - 37. Le
triumvir compte sur les divisions au sein de la cour parthe. En effet
Orodès a abdiqué après la mort de son fils Pacorus
et Arsace XV Phraate IV lui succède. Ses méthodes
brutales envers les nobles provoquent des révoltes et Marc
Antoine reçoit en Syrie l'un d'eux qui lui propose de faire du
royaume parthe un protectorat romain. Mais cette tentative
échoue, le souverain parthe ayant
découvert cette trahison.
Marc Antoine a retrouvé
Cléopâtre et
délaisse Octavie. Le climat s'envenime entre les deux triumvirs.
Préparée par Mécène, l'entrevue de Tarente
est la dernière rencontre entre les deux hommes. Octavie
facilite les relations entre les deux rivaux et Julia, la fille
d'Octavien est promise en mariage et "fiancée" à
Antyllus, le fils aîné de Marc Antoine, selon Appien.
Octavien prête vint mille légionnaires pour combattre les
Parthes et Marc Antoine prête cent vingt galères pour en
terminer avec Sextus Pompée nous dit Plutarque. Le triumvirat
est reconduit, mais les légions d'Octavien n'arriveront jamais.
Octavien réussit à
inverser le cours du conflit
avec Sextus Pompée et Agrippa, après avoir fait
construire le Port Jules, en Campanie, près de Naples et
avec une
flotte forte de 400 navires, sort vainqueur d'une bataille navale
à Mylae (Milazzo) en - 37.
Marc Antoine veut repousser les
frontières de Rome
aussi loin que possible vers l'Est. Il prépare donc une
expédition considérable, près de 100 000 soldats,
16 légions et de nombreux asiatiques et il évite l'erreur
de Crassus et se dirige directement vers son allié le roi
d'Arménie, Artavazde III et s'apprête à attaquer
l'Atropatène, un vassal des Parthes, mais il entre en campagne
au milieu de l'été. Il s'engage avec la partie
la plus mobile de son armée qui compte plus de 30 000 cavaliers
et laisse en arrière Statianus et tout son matériel de
siège, gardé par deux légions et des contingents
alliés. Bien entendu, Phraate IV ordonne l'attaque de ce faible
corps et détruit tout le matériel de siège. Marc
Antoine décide de réduire Phraaspa par la famine mais
cette cité résiste bien et longtemps. L'automne arrive et
une pénible retraite de l'armée romaine suit avec la
trahison d'Artavazde et le harcèlement constant des cavaliers
parthes. Marc Antoine limite les pertes en utilisant souvent la
formation de la tortue et en suivant une route plus directe qu'à
l'aller et qui borde la montagne, cela limite les attaques de la
cavalerie parthe. Mais ce sont les conditions hivernales de ce repli
qui causent le plus victimes, on estime à un bon tiers
l'ensemble des pertes subie par l'armée romaine qui est revenue
et a bénéficié des vivres et des vêtements
apportés par Cléopâtre en - 36.
Voir plus de
détails sur cette campagne ici
Pendant ce temps, Octavien et
Lépide ont massé plus de vingt légions et trois
flottes pour prendre la Sicile. Le 1er juillet - 36, de trois
côtés, l'offensive contre l'île démarre.
D'abord, seul Lépide réussit à débarquer et
assiège Lilybée, Octavien et Statilius Taurus sont
empêchés par la tempête. Papia, un officier de
Pompée réussit à capturer ou couler des transports
de troupes qui convoyaient quatre légions pour Lilybée.
Reconstituant sa flotte, Octavien réussit à
débarquer mais Octave est rejeté vers l'Italie par une
offensive navale de Sextus Pompée qui lui coule de nombreux
navires et isole les trois légions débarquées et
commandées par Cornificius. Mais Agrippa s'empare de Lipara, une
île éolienne que Sextus avait fortifiée et
réussit à envoyer trois autres légions en renfort
et à
prendre Tyndaris sur la côte nord. Les efforts conjugués
des armées des triumvirs menacent enfin Messine où Sextus
peut résister longtemps. Il propose à Octavien de
régler leur différent par une bataille navale. Ce
dernier, bien que vaincu à de nombreuses reprises
accepte le défi. La bataille est violente et les navires
disposent de tours qui projettent des pierres, des flèches, des
javelots enflammés. Agrippa a équipé la flotte
d'Octavien de grappins qui agrippent les navires ennemis et le combat
devient "terrestre" et très meurtrier. La flotte de Sextus
Pompée est quasiment détruite, Octavien remporte une
victoire navale décisive, à Nauloque, en - 36. Sextus
Pompée, abandonne son armée en Sicile et fuit avec
dix-sept galères vers l'Asie où il est pris et
exécuté à Milet, en - 35, dans le domaine de Marc
Antoine. Ce dernier voyant venir Octavie avec le renfort de 2 000
légionnaires seulement, lui ordonne de rester
en Grèce pour l'attendre mais retourne à Alexandrie.
C'est le début de la rupture entre les deux triumvirs.
Buste d'Agrippa
Lépide est fort peu
intervenu dans la lutte contre les ennemis des triumvirs mais il a
réussi à éviter de prendre partie pour Marc
Antoine ou Octavien. Il assiège Messine et rallie les soldats de
Pompée vaincu en acceptant leur proposition de piller la ville,
en opposition avec la volonté d'Agrippa. Ainsi, Lépide
est à la tête de vingt légions et veut retrouver
une influence digne de son titre. En septembre - 36, il réclame
la Sicile à Octavien qui refuse. Celui ci se présente un
peu plus tard dans son camp seul et sans armes. Il harangue les troupes
et Lépide manque de se faire tuer en s'opposant à cette
"désertion" générale. Octavien lui fait perdre sa
charge de triumvir et le relègue en Italie dans le Latium mais
lui laisse la charge de Grand Pontife. Il y résidera
pendant 23 ans. Octavien rentre à Rome en vainqueur, il proclame
le retour de la paix en Italie et reçoit la puissance
tribunicienne (le privilège des tribuns de la plèbe). Il
dispose de 45 légions et 600 navires, il est maître de
l'Occident.
Pendant ce temps, Marc Antoine
effectue une campagne contre le roi d'Arménie, Artavazde III,
jugé responsable de son échec contre les Parthes et
présumé comploter contre lui. En trois semaines, ce
dernier est vaincu et fait prisonnier, son trésor est pris et
l'Arménie devient une province romaine. Le triumvir laisse ses
légions en Arménie et rentre à Antioche avec un
butin considérable. Le roi d'Arménie figure dans le
triomphe de Marc Antoine, chargé de chaînes d'or, à
Alexandrie. Un général romain effectuant un triomphe
ailleurs qu'à Rome, voilà un motif d'insatisfaction qui
sera exploité par la propagande d'Octavien. En - 34, il
répartit les trônes orientaux entre les trois enfants
qu'il a eu de Cléopâtre et envoie le texte de ces
Donations au Sénat pour approbation :
Le fils aîné,
Alexandre a, dans ce partage, la Médie, l'Arménie et le
royaume des Parthes ... à conquérir.
Le cadet, Ptolémée Philadelphe, reçoit la
Phénicie, la Syrie et la Cilicie.
La soeur, Cléopâtre Séléné, devient
reine de la Cyrénaïque et de la Crète.
Césarion, Ptolémée XV, est déclaré
fils de Jules César (et donc son héritier) et roi des
rois.
Octavien a besoin de
succès militaires et aussi d'occuper ses troupes. Il pense en
premier aux peuples menaçants aux frontières de l'Italie
et commence des campagnes en Illyrie et en Dalmatie. En - 35, il combat
le peuple illyrien des Iapudes ou Iapydes qui menace Trieste. Il fait
construire une route de Senia (Zengg), port des Liburnes à
Siscia (Sisak), capitale des Segestani, sur la Save où il met
une garnison de vingt cinq cohortes. Il vainc les Liburnes et est
blessé dans un assaut sur
l'oppidum de Metulum (Vincica) où il montre son courage. Il
prend la place de Sida et soumet des Pannoniens. La flotte et Agrippa
jouent un grand rôle dans ces campagnes. Pour contrôler les
Salasses, il fonde deux colonies dans le Val d'Aoste. En Afrique, il
réunit la Maurétanie Césarienne (Algérie
centrale et occidentale) à la province à la mort de son
prince Bocchus II. Marcus Valerius Messalla Corvinus réprime une
nouvelle révolte des Aquitains.
carte des deux Maurétanies (Césarienne et Tingitane) et
le l'Africa romaine (origine
wikipedia)
La situation entre les deux
triumvirs est de plus en plus
conflictuelle. Le triumvirat s'achève en fin - 33 et il n'est
pas question de le renouveler. Octavien accuse Antoine devant le
Sénat d'avoir démembré l'Empire. A cette nouvelle,
Marc Antoine fait rassembler ses légions, environ seize et
rejoint Ephèse où se concentrent huit cents navires
Octavien arrache aux Vestales le testament que Marc Antoine avait
déposé et en fait lecture au Sénat. En - 32, les
deux consuls, Gnaeus Domitius Ahenobarbus et Caius Sosius sont des
partisans de Marc Antoine et le second veut mettre Octavien en
accusation au mois de février. Octavien répond par un
nouveau coup d'état, menaçant les consuls au
Sénat, avec l'appui de ses soldats. Les deux consuls et trois
cents sénateurs partent pour Ephèse rejoindre Marc
Antoine et Cléopâtre qui est admise au sein de
l'état-major. Les préparatifs de la future guerre
s'accélèrent. En mai, Marc Antoine décide de
répudier Octavie. Octavien fait prêter un serment solennel
par tous les citoyens romains de l'Italie et il obtient que le
Sénat déclare la guerre à Cléopâtre,
selon les rites traditionnels, mais sans proposer le moindre
accommodement pour éviter le recours à la violence.
En - 31, Octavien obtient le
titre de Dux pour diriger la
grande guerre contre l'Egypte et devient consul. Marc Antoine est
déchu de son consulat de - 31 et de tous ses titres. A la fin de
l'hiver - 31, Agrippa profite de l'étalement des positions
de Marc Antoine pour intervenir dans la Grèce
méridionale. A la tête de la flotte d'Octavien, environ
deux cents cinquante navires légers avec des équipages
expérimentés suite à la guerre contre Sextus
Pompée, il s'attaque aux transports qui convoient le blé
d'Egypte puis il s'empare du port de Méthone, au sud du
Péloponnèse où Bogud, l'ex roi de
Maurétanie, trouve la mort. Agrippa prend ensuite Corcyre tandis
que Marc Antoine réside à Athènes avec
Cléopâtre. L'armée d'Octavien débarque sur
la
côte épirote et descend la mer Adriatique jusqu'à
la rivière Acheron. Antoine est surpris dans son quartier
général de Patras et rejoint rapidement sa flotte
menacée d'étouffement. Les deux armées s'observent
et le 2 septembre commence la bataille d'Actium.
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