CONFLITS ET BATAILLES DE L'HUMANITÉ |
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LE VIÊT NAM ANTIQUE JUSQU’À LA FIN DE L'OCCUPATION CHINOISE AU Xème SIECLE |
La civilisation
Hoabinhienne La Chine se tourne vers le Sud La révolte des soeurs Trung Le Champa Les Romains au Fou Nan Les autres soulèvements au Nam Viêt Les Ly antérieurs de 542 à 602 Les autres révoltes contre la Chine La bataille de Bach Drang 938 |
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La civilisation Hoabinhienne
L'industrie sur galet qui s'est développée dans
les grottes et abris sous roche du nord du Viêt-Nam actuel,
s'étend de - 16 000 à - 6000. Pendant cette longue
durée, la taille des galets (sur une seule face), s'affine et
les dimensions des outils diminuent. Dans les débuts, les outils
taillés s'apparentent à ceux trouvés au Sri Lanka
et en Tasmanie. Des haches courtes
à main,
caractérisées par un pédoncule permettant leur
emmanchement. Tout à la fin de cette période, la poterie
apparaît et une agriculture primitive est présente au
IVème millénaire.
L'industrie hoabinhienne est bien développée sur la rive
gauche du Fleuve Rouge, mais aussi en Annam. La civilisation
bacsonienne prolonge cette industrie avec des outils de plus en plus
polis. Les quelques vestiges humains retrouvés présentent
des affinités indonésiennes et
mélanésiennes. L'extension de cette culture est vaste,
elle s'étend du Haut Tonkin à la Malaisie.
Au IIème millénaire, la
métallurgie du bronze apparaît dans la plaine du Fleuve
Rouge (culture de Phung Nguyen). Au début du 1er
millénaire avant notre ère, c'est l'apogée de la
civilisation du bronze avec la culture de Dông Son qui est
portée par des mongoloïdes venus de Chine et qui a des
échanges avec les autres pays de l'Asie du Sud Est et dont les
productions artistiques influencent le Laos, le Cambodge et
l'Indonésie. Cette culture connaît aussi la
métallurgie du fer. Mais le travail du bronze est remarquable en
particulier ces tambours de bronze liés aux
cérémonie d'invocation à la pluie tel celui ci :
tambour de Ngoc Lu en bronze
source wikipedia
La Chine se tourne vers le Sud
En Chine, la période des
Royaumes Combattants se termine avec la victoire complète du
royaume Qin et l'avènement du premier empereur Che Houang Ti qui,
bénéficiant d'une armée nombreuse et aguerrie,
étend ses frontières vers le Sud. Une première
expédition est lancée en - 218 dans le Sud lointain,
c'est à dire plus loin qu'aucune armée chinoise
n'était encore allée. L'armée de An Duong ne
peut résister, mais l'armée chinoise ne réussit
pas à se maintenir en raison de la guérilla qui menace
ses approvisionnements et empêche son ravitaillement en
nourriture. En - 214, une nouvelle expédition menée par
le général Tchao T'o ou Zhao Tuo (Triêu-Da) vient
à son secours. Cette armée comprend, comme la
première, de nombreux hors-la-loi, mais aussi des pauvres et
des vagabonds dont l'empire veut se débarrasser en en faisant
des colons dans les territoires conquis. Triêu-Da est un ancien
général du royaume Qin. L'armée chinoise occupe
le pays et installe des garnisons puis atteint la mer de Chine
méridionale. 3 commanderies sont fondées dans le Nam-yue
(Nam-viêt) :
Nan-hai (Nam-hai) dans la région de Canton, Kouei-lin
(Quê-lâm) dans le Kouang-si septentrional et central et
Siang (Tuong) dans le Kouang-si méridional. Mais l'armée
chinoise doit évacuer le Tonkin vers - 208.
Nhâm Ngao ou Jen Ngao, peu avant sa mort, confie la
direction de la commanderie à Triêu-Da. Ce dernier, une
fois nommé, annexe les deux commanderies voisines et fait la
conquête du royaume de Âu-lac en - 208. En - 207, l'empire
T'sin s'effondre, Triêu-Da s'empare de Cô Loa, se proclame
roi du Nam-yue (Nam-viêt), royaume constitué des 3
commanderies, et fixe sa capitale à Phiên Ngu (P'an Yu)
près de l'actuelle Canton. Le Nam-viêt inclut alors le
Tonkin et le nord de l'Annam, une partie du Yunnan, le territoire de
Dong Au (Phu’o’c Kien), celui de Tây Viêt
(Canton) et l'île de Hai Nam. Triêu-Da est reconnu par
la dynastie Han vers - 196 mais l'impératrice douairière
Lu interdit le commerce de l'or, du fer et du matériel agricole
ainsi que les chevaux, les boeufs et les moutons avec le Nam-viêt.
Cette interdiction est rapportée à sa mort en - 179.
Triêu-Da laisse les chefs féodaux du Âu-Lac
administrer directement la population et divise le nouveau territoire
acquis en deux nouvelles commanderies : Kiao-tche (Giao-chi) qui
comprend une grande partie du Tonkin et Kieoutchen (Cuu-chân) qui
comprend la région de Thanh-hôa et le nord de l'Annam. Ce
royaume indépendant reste politiquement vassal de la Chine
jusqu'en - 111, dirigé par la dynastie fondée par
Triêu-Da qui meurt en - 137.
Partie sud de l'empire Han vers - 111
En - 112, l'empereur Wudi, une fois affaiblie
la menace des redoutables
Le
Champa
Pendant ce temps le centre et le sud du Viêt-Nam suit
une évolution différente. Les populations Cham, d'origine
malayo-polynésienne, venues probablement vers le
cinquième siècle avant notre ère, connaissent une
indianisation par les
marchands et les brahmanes depuis le deuxième siècle. Cet
apport culturel et religieux est
pacifique comme dans la thalassocratie du Fou Nan ou Phù Nam
(sud du Cambodge de
et la Thaïlande et
delta du Mékong). Le port d'Oc Eo (au sud de l'actuelle
province
d'Ain Giang), est une importante place commerciale étendue sur
450 hectares, connecté par un vaste système de canaux et
commerçant avec l'Inde, la Perse, la péninsule
malaise, la Chine et même Rome et la Grèce. Les Cham ont
connu aussi les
soldats de l'Empire chinois qui ont pénétré leur
territoire, au moment où ils font la conquête du
Nam-Viët. Cette invasion favorise le regroupement des Chams en
principautés autonomes. Ceux qui vivent dans le territoire
correspondant aux actuelles provinces de Quang Nam, Quang Ngai et Binh
Dinh, subissent la domination
chinoise et l'installation de la commanderie de Rinan,
près de Quang Tri.
Plusieurs révoltes éclatent et en 137 de notre
ère, cette commanderie
est attaquée violemment par les Chams et les Chinois sont
contraints de
l'évacuer, le responsable local ayant été
tué dans les combats. Vers - 192, un
fonctionnaire indigène, nommé Sri
Mara (K'iu-lien), se proclame
roi dans la "sous préfecture de Siang-lin (province de
Thua-thiên), du royaume du
Lin-Yi, (Lâm Ap), situé à
l'intérieur du Rinan. Ce royaume est déjà
indianisé, mais guère uni. En effet, c'est un
état fédéral rassemblant cinq
principautés (du Nord au Sud : Indrapura, Amarâvati,
Vijaya, Khautara et Panduranga et en outre le peuple Cham est
réparti en deux clans : le clan de l'aréquier (Kramuka)
dans l'état du Panduranga et celui du cocotier (Narikela)
dominant au Nord. La capitale du royaume est Indrapura.
Carte du Champa dans son extension maximale
source : http://www.cambodia-travel-guide.com
Une ambassade est envoyée au gouverneur chinois du
Nam-Viët vers 220 - 230. A la fin du IIème
siècle, le Champa, un état fédéral, est
fondé, au sud de la porte d'An Nam (Hoanh Son). Cette
confédération commence par
s'étendre vers le Nord
jusqu'à la porte d'An Nam, puis vers le Sud. L'activité
essentielle du Champa est tournée vers la mer : le commerce
international et
la piraterie, sa flotte de guerre est puissante. Le commerce est la
cause de leurs premiers conflits. En
effet, les "préfets" chinois prélevant 20 à 30 %
de commission sur leurs ventes d'épices, de bois de senteur et
de cardamone, les Chams, alliés
avec le Fou Nan, veulent faire la
conquête des terres jusqu'au Hoanh-Son, vers 248, ce qui
déclenche au Nam-Viêt une effervescence. Ils envahissent
le Cuu-chân mais bientôt doivent reculer face à
l'offensive chinoise. Toutefois, les Chams conservent le
territoire de
Khu-tuc, tandis que l'Empire conserve le Hoành-son qui marque
dorénavant la frontière. Mais les Chams poursuivent leurs
incursions dans le Cuu-chân et même dans le Giao-chi.
Tours du Champa dans la province de Ninh Thuan
Vers 270, Fan Hiong, le souverain du Lin-Yi, soutenu par
Fan-Sium, l'usurpateur du trône du Fou Nan, attaque le
protectorat chinois au Nord pendant une dizaine d'années et vers
280, la paix est conclue au désavantage de l'Empire. Son fils
Fan Yi lui succède vers 284 et il est le premier à
envoyer une ambassade à la cour de Chine. Au cours de son long
règne paisible, il renforce les défenses du royaume ainsi
que son armée, mais à sa mort en 236, son trône est
occupé par un usurpateur Fan Wen, conseiller du roi Fan Yi qui
met à l'écart les héritiers. Fan Wen installe la
capitale dans la région de Hué et fixe la
frontière avec l'Empire au niveau du Hòanh Son. En 348,
un nouveau raid des Chams prend le Nhât-nam et ravage le
Cuu-chân, cette fois ci, les habitants du Nam-Viêt ne
bougent pas. Son fils Fan Fo lui
succède en 349 puis c'est au tour de Bhadravarman I vers 377 qui
fonde le sanctuaire de My-son, le futur centre de tous les cultes
royaux. Depuis Fan Wen, les Chams protègent leurs villes par des
murs en brique et des tours en pierre. Khu-tuc est
protégé par une citadelle.
La Chine mène plusieurs expéditions pour
reprendre le
Nhât-nam et faire du pillage en pays cham, ainsi en 420, Dô
Tuê-dô, le gouverneur du Giao-chi, rapporte d'un raid
victorieux des éléphants et des buffles ainsi que de
l'or, de l'argent et des cotonnades. Mais à chaque faiblesse de
l'Empire ou de ses gouverneurs locaux, les guerriers chams
reviennent à la charge, avec selon les chroniqueurs chinois, des
arcs, des sabres, des lances et des arbalètes en bois de bambou.
La piraterie tolérée par le roi, qui semble en
profiter, gêne beaucoup le commerce chinois et en 431, les Chinois
ripostent et tentent une attaque par la mer sur le Champa, c'est un
échec. Vers 446, une expédition militaire chinoise
envahit le Lin-Yi, prend la capitale et occupe tout le territoire. Une
anecdote est racontée à ce propos de cette
expédition :
"Une armée de la dynastie Liu - Song commandée
par T’ân houo-tcheu rencontra des éléphants
couverts par des armures quand il a envahi le royaume de
Champa. Zong estima depuis que depuis que le lion est
censé être le roi de bêtes, les
éléphants doivent avoir peur des lions. Aussi il a dit
à ses soldats de porter des masques de tête de
lion. En conséquence, les éléphants peureux
se sont enfuis, et Champa a été vaincu."
Les
Chams deviennent vassaux des Chinois.
Au début du VIIème siècle, une nouvelle
guerre avec la Chine des Sui, pour
rompre cette domination chinoise est
commencée par le roi cham Sambhuvarman qui envahit sans
succès le Nam Yuê, elle se termine par le sac de la
capitale
Indrapura (Trâ Kiêu près de Dà Nang),
par le général chinois Liu Fang..Les empereurs Sui
veulent
récupérer les territoires administrés par les Han,
en Corée et au Viêtnam. Après avoir reconquis
facilement le Giao-chi en 602, l'armée chinoise poursuit vers le
Sud. Attaquée par les éléphants de guerre chams,
Liu Fang simule la retraite et fait creuser des fosses pour y
piéger les éléphants. Les éléphants
attaqués à l'arbalète font demi tour et
écrasent leurs propres troupes. L'armée chinoise est
victorieuse mais beaucoup de soldats périssent de maladies
tropicales comme le paludisme.
Cette invasion met un terme pendant deux siècles aux attaques du Giao-chi. Au milieu du VIII ème siècle, les Chinois ne disent plus Lin-Yi pour le royaume des Chams mais Huang Wang. Vers 750, le roi Rudravarman II déplace la capitale vers le sud : Kauthara (Nhatrang). Ce royaume affronte les raids maritimes des Javanais que les Cailendras lancent à l'assaut de la péninsule indochinoise. Un raid est noté au Giao-chi en 767, il est repoussé. En 774, dans le Kauthara, des "pirates effrayants" débarquent dans la baie de Nha-Trang, brûlent le temple de Pô Nagar et dérobent le "visage de Civa". Le roi Satyavarman les attaque et les vainc sur mer. Un nouveau raid des Javanais a lieu près de Phan-rang en 787, et un autre temple est détruit. Pendant ce temps, les attaques des Chams contre le Nam Yuê reprennent. La dynastie Tang est en décadence et les révoltes sont fréquentes au Nord du Hoanh Son, causées par le poids des impôts et le comportement des fonctionnaires. Tout le terrain perdu dans l'Indrapura est récupéré et le royaume cham gagne les préfectures de Hoan et Ai. Mais en 809, le gouverneur chinois Zhang Zhou attaque le roi Indravarman et remporte une éclatante victoire.
Au IXème et Xème siècle, Le Champa atteint sa plus
grande extension,
Carte du Fou Nan, du Champa et
du Nam Viêt avec le port d'Oc Eo
En 166, des Romains
viennent, officiellement envoyés par Marc Aurèle, en
ambassade pour l'Empire du Milieu qu'à Rome on appelle
Sérique. Munis du périple de la mer
Erythrée qui décrit un itinéraire bien
renseigné, entre la mer Rouge et la Chine, les voyageurs ont
fait escale en Egypte, contourné l'Inde, atteint la
péninsule malaise, séjourné brièvement au
Fou Nan et jeté l'ancre dans le golfe du Tonkin, au nord du Nam
Viêt. Puis par voie terrestre, ils ont rallié Luoyang,
après un périple de quatre ans.
Les annales chinoises en ont gardé la trace et selon le Heou Han
Chou (les Annales chinoises), " les envoyés du Ta T'sin (empire
Romain) dont l'empereur est An-toun (Marc Aurèle), sont
arrivés par l'Annam et ont offert des défenses
d'éléphants, des cornes de rhinocéros et des
écailles de tortue". Cela se passait sous le règne de
l'empereur Houan-ti', la neuvième année de la
période Yên-hi.
Au Vème siècle le Fou Nan mène une
politique expansionniste vers le Nord puis, au milieu du VIème
siècle est soumis par les Khmers, venus du nord par le Laos,
qui fondent le royaume du Chen-La. Les souverains du Fou Nan se
réfugient au Brunéi actuel. C'est la fin de la culture
d'Oc Eo qui a subi les progrès de la navigation et perdu
son rôle de relais commercial car les bateaux se dirigent
en ligne droite, délaissant ce site d'Oc Eo. Celui ci
disparaît totalement au début du VIIè
siècle, probablement suite à un phénomène
climatique qui submerge le delta du Mékong.
Les autres soulèvements dans le Nam
Viêt
Trinh
Thi
Trieu 248 - 251
Même après la chute de l'empire
chinois vers 220, le contrôle du Nam Viêt reste
inchangé. En 248, sous la domination
du royaume des Wu orientaux, une nouvelle révolte a lieu contre
la sinisation du pays et concerne à la fois le Giao-chi et le
Cuu-Chan. Elle nécessite l'utilisation de la force armée.
Mais il y a deux versions différentes de cet
événement:
Dans une tradition viêtnamienne
récente, elle est menée par, une jeune fille, Trinh Thi
Trieu et
son frère Quoc Trieu Dat, dans la
province de Thanh Hoa. A l'âge de 20 ans, elle fuit dans la
jungle et organise un camp militaire où un millier d'hommes et
de
femmes la rejoignent bientôt. Elle réussit à
libérer une portion de territoire et à mettre en place
une
administration. Mais en 251, la riposte des Chinois s'organise et
les Wu envoient une armée. Selon la légende, Trinh Thi
Trieu a remporté trente engagements contre ces soldats.
Elle
résiste plusieurs mois et on la montre dans la bataille :
"montant sur le dos d'un éléphant portant une
armure dorée, elle même tenant une épée dans
chaque main"
Voici une représentation de ce personnage de
légende :
Trinh Thi Trieu (wikipedia)
Dans le Sanguozhi (Les Annales des Trois Royaumes), il est
fait mention d'une révolte dans la commanderie du Giao-chi et du
Cuu-Chan en 248, mais aucune mention de Trinh Thi Trieu.
La révolte a été étouffée par Lu
Yin, 8 000 soldats
et des officiers subalternes de Wu, par des offres d'amnistie et des
cadeaux. Les rebelles cités dans ces Annales se nomment Gao Liang,
Qu Shuai et Wu Huang.
En 264, Wu partage la province de Giao en deux régions,
pour diminuer le pouvoir des gouverneurs et les soumettre plus
facilement. Les 3 commanderies de Nanhai, Cangwu et Yulin
dépendent du Guangzou, au nord avec Fanyu (canton) pour
capitale. Au sud, le Giao-châu correspond aux commanderies de
Hop-phô, Giao-chi et Cuu-chân, le Nhât-nam
étant pris par le Lâm Ap. Sa capitale est Long-biên
près de Bac-ninh.
Les
Ly
Antérieurs 542 - 602
Ly Bi ou Ly Bôn, un juge du Giao Châu, descendant
d'une famille de colons chinois installés depuis les Han,
rassemble
les tribus dans la vallée du fleuve Rouge, les arme et chasse
le gouverneur et les Chinois en 543. Il proclame l'empire Van
Xuân (le printemps
éternel) et prend le nom de Ly Nam Dê, en 544. Son
armée repousse une première intervention chinoise ainsi
qu'une attaque du
Champa, peut être allié aux Liang. La capitale de cet
empire est Long Biên (Hanoï). En octobre, le
général chinois Chen Baxian (Trân Bá
Tiên), est envoyé avec le commandement unique d'une forte
armée pour envahir le Van Xuân. Au printemps 545,
l'armée chinoise assiège de nombreuses villes, mais
l'invasion est bloquée par les forces Ly. Toutefois Chen
Baxian, lance une attaque d'hiver surprise sur la capitale pendant la
saison des moussons. La nouvelle administration doit évacuer
Long Biên et fuir dans l'actuel Laos. La résistance
continue et un nouvel échec se produit au lac
Diên-triêt (Vinh-yên) en 548, Ly Bôn
épuisé par cette vie
sauvage, est tué peu de temps après par des tribus
Laotiennes après avoir
transmis son commandement à son
frère Lý Thiên Bo et à
Triêu Quang Phuc son meilleur officier.
La résistance est
efficace, tandis que le régime des Liang connaît
l'usurpation de Hou Jing jusqu'à la fin de l'année 551,
Triêu Quang Phuc, conscient de la
supériorité de l'armée Liang, se retire dans des
terrains plus favorables, des marais et des marécages où
il peut utiliser des techniques de guérilla, il attaque de nuit,
saisit des marchandises, élimine beaucoup d'ennemis et
disparaît dans les marais avant que les Chinois lancent une
contre attaque. Lý Thiên Bo succède à son
frère, remporte un succès au Cuu-chân puis est
vaincu et meurt en 555. Triêu Quang Phuc devient à son
tour, empereur, sous le nom de Triêu Viêt Vuong
jusqu'en
571. Il bénéficie du retrait d'une grande partie des
troupes Liang qui sont indispensables en Chine en raison des troubles.
Il peut déclencher une offensive qui lui permet d'occuper Long
Biên en 550. Les troupes chinoises quittent le Van Xuân.
Cette indépendance du Van Xuân se prolonge jusqu'en
602.
Mais un cousin de Ly Thiên Bo, Ly Phât Tu réclame le trône et une guerre civile commence et ne donne aucune victoire décisive. Ly Phât Tu et Triêu Viêt Vuong signent un accord de paix. Le territoire au nord de Long Biên est dirigé par Ly Phât Tu et le sud reste à Triêu Viêt Vuong. Mais Ly Phât Tu prépare son offensive et vers 570, attaque Long Biên par surprise. Triêu Viêt Vuong est battu et se replie dans l'actuelle province de Nam-dinh où il meurt des suites de blessures par des flèches empoisonnées. En 571, Ly Phât Tu devient empereur sous le nom de Ly Nam Dé II, pour les 32 ans à venir.
C'est en 602 que la Chine est de nouveau puissante sous la
direction d'une nouvelle dynastie, les Sui. Le nouvel empereur Sui
Wendi (Yang Jian), ancien grand général des Zhou du Nord,
a conquis les Qi du Nord, éliminé les dynasties
méridionales en 589 et reconstitué l'unité de la
Chine. Il demande que les chefs des provinces
périphériques viennent à la cour. Ly Phât Tu
s'y refusant, les Sui envoient une forte expédition au Van
Xuân comme en Corée. Dans l'hiver 602, une
armée de 120 000 soldats commandée par Liu Fang (Luu
Phuong), envahit l'empire de Ly Nam Dé II
qui, après une défaite de son avant-garde, décide
d'abdiquer pour préserver la paix. L'empire de
Van Xuân n'est plus.
Les autres révoltes contre
la Chine
En 618, la dynastie Tang remplace la dynastie Sui aux commandes de
l'Empire du Milieu. Vers 679, elle change le nom de son protectorat en
An Nam, le Sud pacifié et le réorganise en 12 provinces
et ce sont des généraux qui sont envoyés en An Nam
pour gouverner. La garnison permanente compte 4 200 hommes.
Une "petite forteresse" est construite sur le bord de la rivière
Tô-Lich en 621, elle sera détruite trois fois.
Une expansion économique basée sur le tissage de
la soie, la fonte du cuivre, la construction de navires, la vannerie,
permet de compenser le déclin de la position commerciale de
l'Annam, due aux progrès de la navigation qui permettent de
naviguer directement du Champa à Canton. Mais l'exploitation
chinoise est plus pesante sous la dynastie Tang. Les tributs annuels
que doit envoyer l'Annam sont composés de défenses
d'éléphants, de cornes de rhinocéros,
écailles de tortue, or, argent, soie etc...
Les impôts sont lourds et les corvées des paysans
représentent une durée de 20 à 50 jours par an.
Les fonctionnaires chinois sont occupés à
s'enrichir en particulier lorsque le pouvoir central s'effrite au
VIII è siècle. Les famines dues aux inondations ou aux
sécheresses sont fréquentes, aussi les révoltes
vont se succéder.
En 722, Mai Thuc Loan déclenche un soulèvement
qui rassemble les paysans et les montagnards de Hoan, Diên et Ai,
s'allie avec le Lâm Ap et le Chen-La de terre (Nord du Fou Nan
occupé par les Khmers). Il fait élever une citadelle de
plus d'un kilomètre de longueur, dans la province du
Nghê-an, sur les bords du fleuve Lam. L'été, il se
proclame empereur sous le nom de Mai Hac Dê (le Noir). Il
réussit à s'emparer de la capitale Long Biên. Mais
la riposte chinoise intervient rapidement : le gouverneur Quang So
Khach et le général Duong Tu Huc viennent avec une
armée envahir l'Annam. Mai Hac Dê sort de la forteresse et
livre bataille mais il est vaincu et meurt en hiver 723. La domination
chinoise recommence. En 767, le gouverneur Zhang Boyi fait construire
une nouvelle citadelle au Nord de la rivière Tô-Lich.
Vers 780, un chef héréditaire de Duong-lâm (Tan-viên), Phung Hung et ses deux frères, Phung Hai, Phung Dinh, déclenchent une insurrection qui libère la région, prend d'assaut la nouvelle forteresse. Les forces chinoises sont obligées de se réfugier dans la forteresse de Long Biên qui est aussitôt assiégée. Le gouverneur Cao Chinh Binh se suicide et les autres officiers sont contraints d'évacuer l'Annam. Phung Hung se proclame roi mais il meurt l'année suivante. Son fils Phung An lui succède et lui attribue le titre de "Bô cai dai vuong" (grand roi père et mère du peuple). Mais Phung Hai et Phung Dinh, refuse de reconnaître Phung An comme souverain et un conflit interne commence qui voit la disparition de Phung Hai et Phung Dinh dans l'été 791. A l'automne de cette année, le souverain Tang envoie le général Trieu Xuong et une forte armée envahir l'Annam. Phung An se rend et ouvre les portes de la forteresse. Le contrôle de l'Annam est beaucoup plus raide, le nouveau gouverneur Zhao Chang fortifie les défenses.
Mais l'agitation reprend et en 803, les troupes annamites de
Long Biên, dirigées par Vuong Quy Nguyên, chassent
le gouverneur. En 806, le gouverneur Zhang Zhou fait construire une
nouvelle fortification appelée An-nam la thành. La
hauteur de ses remparts atteint 7 mètres et la fortification
s'étend sur 6 kilomètres. En 819, Duong Thanh tue le
gouverneur et s'empare de la capitale. La citadelle est reprise par
les forces chinoises et Duong Thanh y est tué. En 841, une
nouvelle mutinerie frappe les troupes. Ces révoltes
touchent différentes régions, du delta à la
montagne. Et des invasions extérieures viennent fragiliser
la domination chinoise.
La plus sérieuse de ces invasions vient du Nord Ouest, le royaume du Nan Zhao ou Nan-tchao (Nam Chiêu) situé au Yunnan. En 863, le delta est occupé et il faut trois ans au général chinois Gao Pian (Cao Biên) pour reprendre la capitale qu'il rebâtit. Les pertes annamites sont considérables. La nouvelle capitale est ceinte d'une double muraille (Dai-la-thành). Le premier ouvrage de défense est une simple levée de terre de près de 5 mètres de haut et 7 kilomètres de long. Le rempart proprement dit est haut de près de 9 mètres et long de 3 000 pas. Mais en 874, un soulèvement agraire ravage la Chine et la guerre civile va rendre les provinces autonomes. Dès 902, la Chine du Sud est partagée en 7 royaumes.
La chute de la dynastie Tang provoque le
soulèvement de la population d'Annam vers 905.
Le gouverneur chinois est chassé et Khuc Thùa Du est
proclamé nouveau gouverneur. En 907, son fils Khuc Hao lui
succède, c'est la fin de la dynastie des Tang. La Chine entre
dans la période des Cinq Dynasties et des Dix royaumes. Une
administration régulière est instituée, elle
couvre tout le pays et descend jusqu'à l'échelon de la
commune. La corvée est abolie mais Khuc Hao ne proclame pas
l'indépendance, il est investi par la cour impériale des
Hou Liang. Mais le gouvernement de Canton, en révolte contre les
Hou Liang, fonde le royaume de Nan Han (Nam Han) que le fils de Khuc
Hao, Khuc Thùa My ne reconnaît pas.
La
bataille de Bach Drang 938
Le roi de Nan Han furieux envoie ses deux généraux
Luong Khac Chinh et Ly Tien envahir l'Annam, capture le gouverneur et sa
famille et réintroduit l'administration chinoise vers 930.
L'année suivante, Duong Dinh Nghê, un ancien officier de Khuc
Hao, se révolte et rejette les Chinois. il règne six ans puis
il est assassiné par son général Kieu Công Tien
qui appelle le royaume de Nan Han à son secours. Ngô
Quyên, préfet d'Ai-châu et gendre de Duong Dinh Nghê
se précipite vers la capitale pour le venger en 938. Il tue
l'usurpateur et met la capitale en état de défense contre
les Nan Han, en particulier face à la force terrestre
commandée par Liu Kung en personne et à la flotte de
guerre, confiée à son fils héritier, Liu
Hung-Ts'ao (Hong Cao), nommé roi du Chiao-Chi.
La voie maritime d'invasion la plus "naturelle" passe
par la baie d'Along au fond de laquelle se jette le fleuve Bach Drang.
La flotte chinoise s'avance vers ce lieu. Ngô Quyên
prévoyant que Liu Hung-Ts'ao va attendre la marée
haute pour entrer dans le fleuve, fait planter des pieux dans
le lit du Bach Drang. Les pieux dont l'extrémité
pointue est faiblement immergée, sont invisibles à
marée haute. Les navires chinois entrant sans méfiance,
s'empaleront dès que la marée descendra. Quand la
flotte ennemie se présente, Ngô Quyên la
fait harceler avec des navires à fond plat. Au reflux,
ils reculent poursuivis par les lourds navires chinois qui
s'empalent sur les pieux et le reste de la flotte annamite
attaque les navires immobilisés. Liu Hung-Ts'ao est
tué avec la moitié de ses forces. Les marins
et les soldats qui ne sont pas noyés, sont capturés
en grande partie. Le roi Liu Kung, dépité,
retourne à Canton en 939. Cette date de 938, est
considérée comme la fin de la domination
chinoise. L'indépendance est acquise en 939.
La Chine jusqu'aux grandes invasions
Le Cambodge antique
jusqu'à l'apogée de l'empire khmer
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