CONFLITS ET BATAILLES
DE L'HUMANITÉ
|
Les
Origines
Au Sud Ouest de la péninsule arabique, bordant la mer Rouge et
la mer d'Oman, une région fertile voit naître une
civilisation placée sur le chemin de l'Egypte à l'Inde.
Dans la région de l'Hadramaout en particulier, des installations
relevant d'une culture mégalithique datent du 3ème
millénaire. Le relief accidenté, la mousson qui tombe
deux fois par an sur les massifs montagneux a facilité
l'agriculture sédentaire. A partir du XVème
siècle, les Sabéens venant du Nord, forment un
état dirigé par des prêtres rois à l'Ouest,
sur la mer Rouge, avec pour capitale Sirwah, puis Ma'rib, tandis qu'au
Sud Est, sur la mer d' Oman, le royaume minéen (Ma'în),
fondé plus tôt par les Crétois, selon Pline, couvre
une grande partie du Yémen.
Écriture sud-arabique
L'écriture sudarabique est utilisée depuis le
XIIème
siècle, elle sera utilisée par les différents
royaumes sudarabiques. Au Xème siècle, d'après la
légende, la reine ou la princesse de Saba, Bilquis pour les
Arabes, Makeda pour les Éthiopiens, rend
visite au roi hébreu Salomon. Pendant que le royaume de
Ma'ïn décline, celui de Saba atteint son apogée au
VIIIème siècle et il fonde des colonies sur la route
commerciale vers la Palestine et vers la côte africaine. Des
inscriptions assyro-babyloniennes
contemporaines attestent les relations entre les Sabéens et le
Moyen Orient. Vers -750, le roi de Saba fait construire le barrage de
Ma'rib si essentiel à l'agriculture du royaume et qui
assurera la richesse de cette région jusqu'au VIème
siècle. Il est détruit par une grosse inondation
en 524, et reconstruit vers 542-543 mais la cité est peu
à peu abandonnée.
Au VIIème siècle, c'est le règne de
Karib'il Watâr le Grand, qui réussit à unifier tout
le Yémen occidental et contrôler les royaumes du
Qatabân et du Hadramaout. Ce "mukarrib" (mot qui signifie
fédérateur), va procéder par conquêtes
militaires comme dans le Jawf ou dans le wâdî Markha,
ou par des alliances dans le cas des royaumes de Hadramaout,
Qatabân, Haram, et de Kaminahû qui lui permettent
d'anéantir le royaume d'Awsân. Cette politique a
pour but de contrôler les voies de commerce et en particulier
celle des aromates, aussi les Sabéens bâtissent deux
villes fortifiées sur le wâdî Raghwân :
Kutal et Arârat. Mais le souverain sabéen ne
réussit pas à occuper le royaume de
Nashshân dans le Jawf même si son palais royal est
saccagé.

ruines de Mar'ib
Les Sabéens vont entrer en
contact avec les populations de l'Erythrée ou des comptoirs
sont installés dès le IXème siècle. Ils
fondent la cité d'Axoum dans le Tigré. Cette
hégémonie sabéenne s'estompe vers le VIème
siècle. C'est le royaume du Qatabân dont la capitale est
Tamna, qui le premier recouvre ses prérogatives sur les
territoires du Sud Ouest et leurs souverains prennent à leur
tour le titre de "mukarrib". Au
Nord, les cités du Jawf s'intègrent dans le royaume de
Ma'in qui domine le commerce des aromates et fonde des comptoirs en
Arabie centrale et septentrionale. On a retrouvé les traces de
ces marchands jusqu'en Egypte et à Délos. Ce royaume
acquiert une grande prospérité, néglige la
puissance militaire
et se contente dans ce domaine de construire de redoutables murailles
autour des grandes cités. Il a repris sous son autorité
des cités précédemment sabéennes comme
Yathill et Nashshän.
Le royaume de Qatabân s'étend vers l'Ouest et s'impose par
des campagnes victorieuses contre Saba et Hadramaout dont la capitale
est Shabwa. Cette suprématie dure jusqu'au IIème
siècle et l'apparition d'une nouvelle puissance l'Himyar. Ce
royaume est établi vers - 110 et son économie est
basée sur l'agriculture, l'exportation de l'encens et de la
myrrhe et avec sa flotte nombreuse, il se livre au commerce de l'ivoire
africain vers l'empire romain. Il tente d'empêcher les Grecs
naviguant pour le compte des Lagides de naviguer vers les Indes. Le
royaume minéen n'est plus
aussi prospère en raison de l'arrivée massive de
populations nomades venant des déserts arabiques. Il a disparu
quand le préfet d'Egypte, Aelius
Gallus, traverse la mer Rouge avec 10 000 soldats en - 25, descend
la côte vers le sud et met le siège devant les murs de
Ma'rib. Mais vaincu par le climat, il doit se retirer. Vers l'an 69,
une union politique semble réalisée entre Saba et le
Himyar. Mais peu de temps après une guerre va opposer ces deux
puissances pendant deux siècles. Les Axoumites profitent de
cette rivalité pour occuper le littoral de la mer Rouge au
IIè siècle.
Les royaumes situés dans les wadis qui
bénéficiaient du commerce des aromates sont fort
affaiblis. Le commerce caravanier vers la Mésopotamie est
supplanté par le commerce maritime dominé par les
Romains. Seul le Hadramaout d'où proviennent l'encens et la
myrrhe et qui dispose du port de Qana, garde sa
prospérité. C'est alors que ses rois deviennent à
leur tour mukarrib et fondent une colonie dans le Zafâr (actuel
sultanat d'Oman). Cette puissance s'appuie sur une cavalerie efficace,
elle s'étend vers l'Ouest dans les
deux premiers siècles, monte des expéditions dans le Jawf
et, au sud, conquiert et anéantit le royaume de Qatabân,
puis s'avance vers le Himyar. Ce dernier conquiert le royaume de Saba
vers
la fin du IIIème siècle malgré l'intervention du
royaume d'Axoum et l'Hadramaout vers 300. A partir du IVème
siècle, le royaume Himyarite domine tous les royaumes
sudarabiques et les Ethiopiens sont
repoussés vers
378. Le commerce est prospère avec Rome et le
royaume d'Axoum par le port d'Adoulis. Mais l'entretien des
installations d'irrigation de l'arrière pays n'est plus
assuré.
Carte des royaumes caravaniers
sudarabiques avec l'extension maximale du Qatabân
Au Vème siècle le monothéisme
apparaît dans la région et le christianisme se
répand tandis que le prince himyarite Dhou Nouwas craignant
de subir l'influence de l'empire byzantin choisit le judaïsme.
Mais le prosélytisme du royaume d'Axoum provoque un conflit
violent et Dhou Nouwas ne tarde pas à attaquer Najran au
nord, une cité où les chrétiens sont nombreux.
Le massacre qui suit la prise de la ville et celui de Zafar
provoquent une première invasion du roi d'Axoum Caleb en 523
qui se heurte à une défense efficace. Encouragé
par l'empereur Justinien qui lui fournit une flotte aux environs de
525, une deuxième invasion est décidée. Les
Africains traversent le détroit avec environ soixante-dix
navires et sont arrêtés par une chaîne devant la
rade de Sa'îd. Une tempête se lève et disperse
une partie de la flotte vers le Nord et les Axoumites
débarquent à al-Makha ou Mukha. Là Caleb est
victorieux dans un combat contre l'armée himyarite, la ville de
Zafâr est prise et le roi himyarite est éliminé.
Le Yémen est conquis et le christianisme devient religion
officielle. Un himyarite chrétien est placé sur le
trône par le Négus, il se nomme Abraha et vers 540,
il lance une offensive contre La Mecque qui n'aboutit pas en
raison d'une épidémie de variole. Une fois la paix
conclue avec Byzance, le roi sassanide
Khosroes Ier, sollicité par le royaume d'Himyar, attaque les
Axoumites et les chasse vers 571 et le Yémen devient une
satrapie perse vers 577. L'usage de l'écriture sud-arabique
disparaît au milieu du VIè siècle. La guerre
entre la Perse Sassanide et Byzance reprend en 622 et le nouvel
empereur Heraclius chasse les Perses de tous les territoires
qu'ils ont conquis et en 629 la paix est signée. Mais
l'anarchie règne en Perse, une dizaine de souverains se
succèdent sur le trône.
En 628, Baydhan, le satrape perse du Yémen se rallie à
l'islam, peut être pour arbitrer les luttes incessantes entre
juifs et chrétiens et peu à peu des soldats perses
suivent cet exemple. C'est pendant le califat d'Abou Bakr vers 633, que
le Yémen est gagné à la nouvelle foi, les tribus
bédouines fournissant les soldats de cette conquête
nommée bataille de la Ridda (Apostasie). Al-Mohâdjir Ibn
abou-Omayya mène un des corps expéditionnaires vers
l'Hadramaout, Sowaïd Ibn Mogrin, un autre corps contre Tihama, sur
la côte de la mer Rouge et Mân Ibn Hadjiz un
troisième corps contre la tribu de Bani-Solaïm. Les
Yéménites participent ensuite aux campagnes de la
conquête à commencer par celle de la Syrie,
commandée par Khaled Ibn al-Walid en 634. Le Yémen
est rapidement divisé en 3 mikhlaf (province) : Sanaa, Janad et
Hadramaout.
Représentation par
Ptolémée de l'Arabia Felix.